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Read Ebook: Wupatki National Monument Arizona by United States National Park Service

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Ebook has 469 lines and 10740 words, and 10 pages

E. GREVIN -- IMPRIMERIE DE LAGNY

GUY CHANTEPLEURE

PASSAGERE

PARIS

CALMANN-LEVY, EDITEURS

LA PASSAGERE

PREMIERE PARTIE

-- Vous ? Vichy, cher ami!

Roger Lecoulteux z?zaye tr?s fort. Un peu courtaud pour l'?l?gance de son costume d'?t?, les cheveux trop blonds, la peau trop rose, semblable ? un gros enfant joyeusement rep? et fra?chement d?barbouill?, il s'est dress? devant Kerjean, il l'arr?te, g?nant les passants au milieu de l'all?e bitum?e qui, du Hall des Sources au Casino, traverse le Vieux Parc de Vichy.

-- Qu'est-ce qui vous attire ici, Kerjean?... Je parierais que c'est le meeting d'aviation.

-- Vous gagneriez.

-- Moi, je suis venu sur la demande de ma m?re qui commen?ait une cure, puis, la cure accomplie, ma m?re est partie... et, sur son conseil, je suis rest?... Toute une histoire!

-- Vraiment!

Kerjean sourit. Il est rare que Roger Lecoulteux ?mette de suite trois phrases, sans all?guer les actes ou citer les opinions de sa m?re.

-- Kerjean, cher ami, j'?tais au champ d'Abrest, hier... Comment ne vous y ai-je pas vu?... C'est surprenant!

-- C'est tr?s naturel... Dans une r?union de ce genre, on voit les pilotes illustres, on se fait montrer les constructeurs c?l?bres... et les ing?nieux obscurs, comme moi, ne peuvent que demeurer inaper?us...

-- Peste! Je sais, dans les milieux a?ronautiques, des gens qui ne vous consid?rent pas comme un ing?nieur obscur!... Vous ?tes toujours chez Patain?

-- Toujours.

-- Content?

-- Tr?s content.

-- Tant mieux, donc!... Cher ami... Je suis follement ?pris d'une jeune fille exquise. Ma m?re veut que je me marie... Elle pense qu'un homme doit se marier ? la fleur de l'?ge et que je suis ? point...

Lecoulteux s'est empar? de Kerjean; il lui a pris le bras, il l'entra?ne dans la direction du Casino.

Guillaume Kerjean est long et svelte, avec cette souplesse heureuse du corps, cette aisance particuli?re des gestes qu'une saine activit? physique et la pratique des sports d?veloppent chez les hommes robustes. Il s'habille de v?tements commodes qui ont l'allure anglaise et ne se distinguent par aucun raffinement visible. Dans le monde, les femmes ? qui on le pr?sente le trouvent laid. Cependant, elles ne nient pas que ces traits abrupts, cette maigreur brune et chaude, puissent para?tre int?ressants, sympathiques et presque beaux... Et peut-?tre regrettent-elles que, trop souvent tourn?s vers quelque myst?rieux probl?me dont l'?nigme les embrume, ces yeux, d'un gris changeant o? dort le bleu ardent de la flamme, n'en ?clairent que si fugitivement la sculpture maladroite et puissante.

Les voici au caf? de la Restauration, buvant un cocktail, en plein air.

-- Dites-moi, Kerjean, quand vous ?tiez ? l'Ecole centrale, avec Etienne Davran?ay et mon cousin Ligni?re, -- celui qui prospecte ? Madagascar, -- vous alliez souvent chez Mme Davran?ay?

-- Tr?s souvent. Davran?ay et moi, nous nous r?unissions chaque soir pour pr?parer les examens. J'?tais seul ? Paris et r?cemment arriv? de ma province. Comme Etienne, j'avais, tout jeune, perdu mon p?re. Ma m?re ?tait rest?e ? Foug?res, aupr?s du vieux tilleul... Ce fut, je crois, mon isolement de grand orphelin de vingt ans, livr? ? lui-m?me et aux p?rils de Babylone, qui me valut tout d'abord la sympathie vraiment cordiale et maternelle de Mme Davran?ay et m'ouvrit sa maison, o? je fus re?u en ami... J'en suis demeur? l'h?te habituel et bien reconnaissant pendant plusieurs ann?es... jusqu'? cette affreuse catastrophe... vous avez su?...

-- Oui... une explosion de chaudi?re... Etienne Davran?ay et deux de ses ouvriers tu?s... une horreur sans nom!... Mais vous voyez toujours Mme Davran?ay?...

-- Certainement... mais, depuis la mort de son fils, Mme Davran?ay n'habite plus gu?re qu'en passant son h?tel de la rue d'Off?mont...

-- On m'a dit... Elle ne quitte la Peupli?re que pour Monte-Carlo en hiver, Vichy, Aix en ?t?... Etrange cette passion du jeu s'emparant aussi compl?tement d'une femme de cet ?ge!

-- J'ai toujours vu Mme Davran?ay jouer avec fi?vre, m?me dans son salon tr?s familial...

-- Heureusement que Mme Davran?ay a de quoi faire!

-- Mais j'ignorais que vous fussiez en relations avec Mme Davran?ay, Lecoulteux?...

Le visage rose de Lecoulteux exprimait une satisfaction discr?te.

-- Puisque vous ?tes un fid?le de l'h?tel de la rue d'Off?mont et du petit ch?teau de Montjoie-la-Peupli?re, Kerjean, vous connaissez Mlle Phyllis Boisjoli, la filleule, la pupille de Mme Davran?ay... C'est elle que j'aime.

-- La petite Phyl!

La surprise avait fait sursauter Kerjean.

-- La petite Phyl! r?p?ta-t-il. Mais c'est une enfant!

-- Elle a dix-huit ans... moi, vingt-cinq... r?pliqua Lecoulteux. Pas si enfant, d'ailleurs! Quand l'avez-vous vue?

-- Mais, hier... J'ai rencontr? Mme Davran?ay et sa filleule ? la laiterie du Nouveau-Parc. La filleule savourait de grande tartines et de la cr?me... La petite Phyl!... Je crois bien que "Mlle Phyllis Boisjoli", comme vous dites, ne cessera jamais tout ? fait d'?tre ? mes yeux la gamine ? qui je racontais des histoires et qui, dans les jeux extravagants auxquels je prenais part -- le plus souvent avec la mission de d?livrer un princesse captive -- m'appelait le "Bon-g?ant"... J'avais vingt ans... j'en ai trente et un... calculez!"

-- Depuis ces temps pr?historiques, sugg?ra Lecoulteux, Phyllis Boisjoli a quelque peu chang?!

-- Oh! elle a beaucoup grandi... mais en v?rit?, c'est toujours ma mignonne et folle petite compagne de nagu?re... Comment voulez-vous que je puisse voir en elle une demoiselle ? marier?

Int?rieurement, Kerjean ajoutait:

-- Comment voulez-vous que je puisse voir en vous un mari pour elle?

Et soudain, cette id?e d'un mariage entre Lecoulteux et la petite Phyl lui parut si absurde qu'il se mit ? rire, joyeusement, de ce rire jeune, de ce rire neuf qui lui ?tait propre.

-- Ma m?re a pens? que Mlle Boisjoli serait une femme pour moi...

-- Et avez-vous quelque raison d'esp?rer que Phyllis partage cette opinion de Mme votre m?re?

-- Mon Dieu, cher ami, pas encore... Je sais que je ne suis pas ce qu'on appelle un homme s?duisant... et je sais que je ne suis pas un homme riche... Vingt-cinq mille francs de rente, qu'est-ce que cela?... Mais Mlle Boisjoli se trouve dans une situation particuli?re...

-- Ma vieille amie ch?rit et g?te sa pupille comme la plus tendre des m?res... Elle la dotera certainement.

-- On dit m?me que, n'ayant plus d'h?ritier direct, elle compte lui laisser sa fortune... Mais, voyez-vous que j'?pouse Phyllis avec une dot de cent ou deux cent mille francs... et qu'un beau jour Mme Davran?ay -- qui est de complexion apoplectique -- meure intestat?... Ah! je serai bien, moi!

Le rire de l'homme primitif sonna de nouveau.

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