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Read Ebook: L'Île du Levant by Otlet Paul

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Ebook has 175 lines and 14021 words, and 4 pages

L'ILE DU LEVANT

PAR

PAUL OTLET

BRUXELLES TYPOGRAPHIE ET LITHOGRAPHIE E. GUYOT 12, rue Pach?co, 12

L'ILE DU LEVANT

INTRODUCTION

Il y a un an et demi environ mon p?re m'annon?ait qu'il venait d'acheter de M. Philippart l'Ile du Levant, la derni?re de l'Archipel des ?les d'Hy?res, situ? dans la M?diterran?e. On peut juger de mon enthousiasme et de celui de mon fr?re en apprenant cette nouvelle. Une ?le en pleine mer! aller en bateau! Etre Robinson! Mener une v?ritable vie d'insulaire. Que de projets on formait d?j?, quel r?ve que d'habiter une ?le! Avec quelle impatience nous attendions les vacances! comme nous comptions les jours qui nous en s?paraient encore!

Cabine du capitaine et du second.

Grand salon, office, et une cabine.

Ensuite viennent la machine et la chaufferie.

Nous d?pass?mes bient?t la Seyne, l'h?pital de St Mandrier, le Mourillon et arriv?s ? la presqu'ile de Giens nous distinguons d?j? tr?s bien les trois ?les. Nous avions une mer d'huile sur laquelle se refl?tait le ciel bleu. J'en ?tais enthousiasm?. Il n'y avait pas 20 heures que nous ?tions encore ? Paris, sous un ciel gris, pataugeant dans la boue et envelopp? dans nos grosses pelisses.

Ah, pensais-je, comment ce peut-t-il qu'il y ait des gens assez sots pour rester tout l'hiver ? Paris enferm?s dans leur appartement, sous un ciel brumeux, au lieu de venir passer l'hiver dans le Midi.

Nous passons rapidement devant Porquerolles, les M?des Bogoud et Port-Cros. Enfin apr?s 3 heures 1/2 d'une travers?e magnifique nous nous amarions ? la bou?e plac?e dans la charmante petite baie de l'Avis. La yole nous conduisit aussit?t ? terre.

De cette terrasse on aper?oit devant soi le continent, ? gauche et ? droite s'?tend l'?le.

Quelle est l'?tendue de l'?le, demandais-je ? mon oncle Fernand?

--Sa superficie est de 1,400 hectares me r?pondit-il: Sa longueur de l'est ? l'ouest est de 8 kilom?tres, tandis qu'elle n'a qu'un kilom?tre et demi de largeur moyenne.

La pointe que vous avez devant vous sur le continent, repr?sente le cap B?nat, ? droite est le mouillage du Lavandon, distant de l'?le de 14 kilom?tres. Ce petit village que l'on aper?oit sur la hauteur est le village de Bormes dont d?pend le Lavandon: en regardant ? droite vous verrez la baie de Cavalaire, plus loin la pointe Camarat derri?re laquelle se trouvent St-Rapha?l, Cannes, Nice, Monaco, etc. Quant au c?t? gauche, le rocher que vous voyez pr?s de B?nat est le fort de Br?gan?on. Puis les Salins d'Hy?res, autre mouillage ayant un chemin de fer, et qui n'est distant de l'Ile du Levant que de 23 kilom?tres. Au dessus est la ville d'Hy?res, renomm?e pour la douceur de son climat.

En ce moment, mon attention fut attir?e par le soleil qui se couchait. Jamais je n'avais vu spectacle pareil. L'horizon semblait tout en feu; le soleil se confondait avec la mer, ce qui lui donnait des proportions gigantesques. La cloche du d?ner nous r?unit tous dans la salle ? manger.

Apr?s le repas nous caus?mes encore quelque temps, apr?s quoi nous pr?mes cong? de la famille pour nous retirer dans nos chambres respectives. Je m'endormis profond?ment apr?s les ?v?nements de la journ?e, trop profond?ment peut-?tre car je ne m'?veillai qu'? huit heures tandis que tout le monde ?tait d?j? lev? depuis deux heures.

On ne fit pas d'excursion ce jour-l?, car tous nous ?tions encore fatigu?s de notre voyage. Voil? les renseignements que je pus obtenir pendant la conversation.

L'?le du Levant est moins haute que les autres ?les, point culminant 129 m?tres quoique plus accident?e; elle est tr?s peu bois?e, car nos pr?d?cesseurs ont mis le feu aux for?ts et ce que l'incendie avait ?pargn?, ils l'ont coup?.

Le sol est g?n?ralement compos? de mica-schiste tr?s-friable. En certains endroits, l'on rencontre des rognons de granit bleu.

Les anciens br?laient dans une toile d'amiante les corps des grands, pour conserver leurs cendres pures et s?par?es de celles du b?cher.

Cette mati?re alors tr?s rare, et d'un prix excessif, est aujourd'hui fort commune. On en trouve dans toute l'Europe mais surtout en Italie, en Corse et en Savoie.

On trouve en grande quantit? la plante dont on extrait l'?ther v?g?tal et qu'on nomme vulgairement <>.

La journ?e du lendemain fut consacr?e ? la visite de la Colonie.

Les gardiens ?taient en grande tenue, sabre au c?t?.

Les d?tenus avaient leur temps partag? en travail des mains et en celui de l'esprit. Ils travaillaient dans les champs, ? la vigne, et on leur inculquait les premi?res notions d'orthographe et de calcul.

Le p?nitencier se compose de trois immenses dortoirs, un r?fectoire, une grande ?cole, une cinquantaine de cachots et de cellules, ateliers, de tailleurs, cordonniers, lingerie, vestiaire, etc.

Une tr?s grande chapelle de quatre autels est annex?e au p?nitencier, d'un c?t? et, de l'autre, se trouve la ferme et les ?tables.

Rien ne manque ? cette ferme; chevaux, mulets, vaches, boeufs, moutons, porcs, poulets, canards, oies, paons, pintades, dindons, tout y est.

?loign? du continent et, par cons?quent, de toutes les ressources qu'il offre, on est oblig? de parer ? toutes les ?ventualit?s.

Mon oncle Fernand nous conduisit voir la forge, de grands b?timents dans lesquels ?taient install?s des ateliers de menuiserie. En voyant de grandes roues et des courroies, je ne pus m'emp?cher de lui demander ? quoi cela pouvait servir.

--Dans le temps, me dit-il, une fabrique de pipes de bruy?re ?tait install?e ici et chacune de ces roues faisaient marcher un tour. Ces roues marchent au moyen d'une machine ? vapeur que nous allons voir.

Nous descend?mes dans la cave, o?, en effet, se trouvaient une machine et des chaudi?res.

--Cette machine sert aussi au moulin ? vapeur et ? la distillerie; elle devait encore servir pour le chemin de fer funiculaire qui devait ?tre install? entre la mer et la Colonie. D'ailleurs, cette plateforme que vous voyez l? a ?t? faite pour cela.

Et il nous montrait un chemin ayant une pente d'au moins 20 degr?s.

En continuant, nous visit?mes successivement la distillerie, l'atelier des tonneliers, la buanderie. Nous arriv?mes enfin au magasin.

--Ceci vous repr?sente, dit mon oncle Fernand, le magasin de vivres. Tous les matins, de 8 heures ? 8 heures et demie, les ouvriers viennent chercher ici ce dont ils ont besoin pour la journ?e. Comme il serait trop difficile et trop co?teux pour eux de faire venir leurs vivres de Toulon, nous nous en chargeons en vendant ici tout ce qu'il leur faut au m?me prix. Maintenant, il ne nous reste plus ? voir que le jardin l?gumier. Toutes ces maisons que vous voyez ?? et l? sont des maisons d'ouvriers. Il y en a pour loger une cinquantaine de familles. La maison que vous voyez l?-bas est la cantine, celle-ci est la boulangerie, voil? l'aum?nerie et celle-l? est la direction et le greffe o? j'ai mon bureau. Au-dessous du p?nitencier sont de grandes caves pour conserver le vin. Il y a l? d'immenses foudres pouvant contenir ensemble jusqu'? 250,000 litres de vin. Mais allons visiter le jardin. Le jardin l?gumier a la superficie d'un hectare environ, clos de murs. Il est pourvu d'un barrage qui retient les eaux n?cessaires pour son irrigation en ?t?.

Je fus tout surpris de voir trois immenses palmiers avec une quantit? de petits poussant tr?s bien en pleine terre. J'appris que l'on pouvait semer et planter pendant presque toute l'ann?e, qu'on mangeait des asperges et des pois en janvier, des fraises en novembre, des f?ves de marais en mars, etc., etc.

De l? mon oncle Fernand nous conduisit dans son bureau et ?tendit devant nous le plan de l'?le en nous disant:

>>L'?le du Levant peut se diviser en 12 parties: Les grottes, l'Arbousier, le grand Champ, le Ch?teau, la Colonie , la Vierge, la pierre de Fer, la Vall?e des Suisses, le Javieu, le Canier, le Titan et la Charbonni?re, au del? se trouvent le Phare et le S?maphore. La plupart des vallons sont situ?s au midi et par cons?quent ? l'abri du mistral; ils sont tous propres ? la culture. Il y a deux chevaux de selle ? l'?curie, tu monteras Basane et le garde, un vieux grognard, qui a parcouru l'?le en tous sens, t'accompagnera, mont? sur ma jument A?da.--Vous visiterez ainsi toute l'?le sans vous fatiguer.

Apr?s le d?je?ner une partie de chasse fut d?cid?e.

--Que rencontre-t-on ? la chasse? demandais-je.

--Nous repeuplons en ce moment la chasse de l'?le en y mettant des perdreaux et des faisans qui s'acclimatent tr?s bien et atteignent m?me des proportions extraordinaires. Le lapin y pullule et j'estime qu'il y en a en moyenne 10 par hectare, ce qui est ?norme. C'est une mauvaise engeance pour l'?le car ils grignotent et rasent tout.--On est oblig? de les tuer car ils se multiplient avec une rapidit? effrayante. Chaque femelle fait 3 ? 4 petits par trimestre.

Quant au gibier de passage on peut citer les sarc?les, les vanneaux, les cailles, les b?casses et les b?cassines qui s'y arr?tent au printemps et ? l'automne surtout au printemps ? leur retour d'Afrique. Ils tombent alors sur l'?le comme des masses inertes et on les tue assez facilement.

Le li?vre ne peut pas y tenir ? cause du trop grand nombre de lapins. Quoique de la m?me famille, ces deux b?tes ne peuvent se souffrir, et comme les lapins seront toujours en plus grand nombre dans l??le, le li?vre n'y pourra jamais vivre. Ces d?tails donn?s, nous nous m?mes en route. Il faisait une chaleur accablante. On se dirigea du c?t? de l'ouest avec l'intention de nous montrer le fort des Arbousiers. La chasse ?tant ouverte toute l'ann?e, puisqu'il n'y a d'autres propri?taires que nous et que nous sommes clos par la mer, on s'y adonne ? coeur joie.

Mais quelle chasse fatigante, toujours monter et descendre, marcher en pleine broussaille, se poster pendant des demi-heures enti?res sur un rocher sans bouger et ne pas faire de bruit, attendre qu'un lapin poursuivi ? fond de train par les chiens vienne ? passer dans la clairi?re. C'est l? qu'il faut ?tre habile! Il n'y a pas une seconde ? perdre pour tirer. Mais avant d'avoir eu le temps d'?pauler, le lapin est d?j? ? 10 m?tres de vous.

Apr?s une pareille chasse, qui souvent dure de 1 heure de l'apr?s-midi ? 6 heures du soir, soit 5 heures, je puis vous affirmer que l'on n'est pas f?ch? d'aller se coucher.

Le lendemain ?tait jour de courrier; tout le monde reste au ch?teau. On ne va pas ? la chasse tant grand le d?sir est de savoir les nouvelles qu'apporte la poste.

A Port-Cros, l'?le voisine, un vapeur fait 3 fois par semaine le service des ?les.

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