Read Ebook: L'Illustration No. 3740 7 Novembre 1914 by Various
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Ebook has 119 lines and 12216 words, and 3 pages
Voyez-vous, il y a des d?tails qu'on ne trouve que chez nous et qui sont la marque de notre ?me.
Ces fleurs, sur cette table, dans une tranch?e perdue au milieu des champs de betteraves et des labours, loin de tout jardin, citait la plus d?licate joie des yeux pour excuser le plus d?testable des menus. Elle assaisonna le plus d?licat des repas de guerre et je me souviendrai de ce poulet Marengo avec autant de gratitude que je me rappellerai le corton dont on l'arrosa.
Par un bienheureux hasard, la batterie qui ?tait devant nous annon?ait chaque service et, quand nous en f?mes au dessert, les gros canons se mirent de la partie.
Alors le colonel se leva et porta un toast, tr?s court, tr?s noble...
Je ne vous ai pas encore entretenu de ses poilus! Je voudrais vous en parler comme il en parle lui-m?me; ce serait rendre hommage aux meilleurs soldats de France, ? ceux de ce r?giment et ? ceux des autres corps, ? tous ceux qui vont au feu sans forfanterie, carr?ment, gaiement, et ? tous ceux qui, entre deux charges, se sont organis?s, dans leurs galeries souterraines, une existence de petits propri?taires troglodytes,--chasseurs ? l'aff?t toujours en ?veil, silencieux, joyeux et passionn?s trappeurs.
GASTON CH?RAU.
IMAGES DE GUERRE MODERNE
LE G?N?RAL GALLI?NI FAIT VISITER AU PR?SIDENT DE LA R?PUBLIQUE LE CAMP RETRANCH? DE PARIS
LE ROI ALBERT, LE PR?SIDENT DE LA R?PUBLIQUE ET LE G?N?RAL JOFFRE A FURNES
DEUX ENGAG?S DE LA GUERRE DE 1914
Ces deux soldats fraternellement unis, et pourtant si dissemblables, ont une bien belle histoire. La voici:
Mais ce n'?tait l? qu'un pr?ambule. Une obsession tourmentait le p?re D... Il en avait bien touch? un mot ? son ?pouse, mais la digne femme avait pouss? les hauts cris. Et ses affaires, et ses enfants, et elle-m?me! La guerre! A cinquante ans! Mais il ?tait fou!
Un jour, enfin, il n'y tint plus et se pr?senta au bureau de recrutement. On ?tait peu dispos? ? l'?couter; mais il montra tant d'?loquence qu'on finit par accepter ce v?t?ran ? la barbe plus blanche que grise, au nez orn? d'une paire de lunettes.
Voil? que l'assaut est ordonn? contre une position qui domine ces profondes carri?res ? sangliers o? les Allemands se retranchent. La nuit tombe. La t?che sera rude. Le colonel s'est port? en avant. En t?te des ?claireurs, il aper?oit le p?re D..., le corps pli?, le fusil ? la main, l'oeil aux aguets...
--Encore toi!
--Toujours moi, mon colonel.
--A ton ?ge! Mais tu n'es pas ? ta place, ici!
--Vous non plus, mon colonel!
--Tais-toi! Je te fais adjudant!
... Beaucoup sont demeur?s sur le plateau jonch? d?j? de tant de cadavres! Mais la position a ?t? enlev?e ? la ba?onnette. H?las! le vieux sergent n'aura pas vu la victoire. A 1.200 m?tres de la ligne de tranch?es, il a tir? le premier coup de fusil sur une ombre imprudente. La tache noire s'est effondr?e. Les obus, les fusils, les mitrailleuses ont ripost?. Un shrapnell a d?coiff? d'abord le p?re D..., effleurant son cr?ne. Le sang coule et l'aveugle:
--Hardi! les enfants. Et, si je tombe, ne perdez pas la direction. Le groupe d'arbres, ? gauche du croissant de la lune!
Il n'avait pas achev? qu'une balle lui brisait l'avant-bras droit. Il tomba.
--Veux-tu bien me laisser l?! A gauche du croissant, je te dis!
Il n'est plus bon ? rien pour aujourd'hui... Rampant ? travers les betteraves, il a pu r?ussir ? regagner la cr?te du plateau o? des ambulances l'ont recueilli.
Dans le train de bless?s, le p?re D... a retrouv? sa bonne humeur:
--Une fracture, les gars! une simple fracture! Le sang est bon. D'ici vingt jours, tout ?a sera raccommod?. Comme adjudant, plus de fusil ? porter. J'aurai quand m?me plaisir ? en descendre encore quelques-uns. La musique des <
En style de guerre 1914 on d?signe sous ces vocables l'obus et la mitrailleuse.
A chaque station, le p?re D... baise galamment les mains des demoiselles de la Croix-Rouge qui lui offrent de bonnes choses... Mais une ombre passe sur son visage... Il soul?ve son k?pi et grattant, de son geste familier, cette dure caboche auvergnate que les obus allemands n'ont pu entamer:
--Tout de m?me, qu'est-ce que va dire ma femme quand je rentrerai ? la maison?...
Dans l'h?pital o? est maintenant le p?re D... se trouve un autre engag? volontaire, mais de la plus jeune g?n?ration, celui-l?. Il n'a que dix-sept ans. On appelle l'un le <
Lui en fut quitte pour une forte contusion. A l'h?pital, les majors, le voyant surmen?, voulurent le rendre pour un mois aux jupes de sa m?re. Mais le <
LES CONTINGENTS CANADIENS DE L'ARM?E BRITANNIQUE OP?RANT EN FRANCE
LA CAVALERIE L?G?RE DES ARM?ES ALLI?ES
Si les aviateurs des diverses arm?es alli?es accomplissent chaque jour des prouesses, ces exploits n'ont en g?n?ral pour t?moins que les bataillons ennemis; les n?tres les connaissent seulement par le rapport ou... par les journaux. Pourtant, il n'est pas un soldat du front qui ne r?ve d'assister ? un combat a?rien, pr?t ? applaudir aux derniers tournoiements de l'avion allemand bless? ? mort. De ces rencontres il n'a encore ?t? pris, il ne sera peut-?tre pris aucun clich?. Des indications et un croquis fournis par un spectateur du combat que nous avons d?j? mentionn? ont du moins permis d'en repr?senter tr?s exactement la phase finale. C'?tait ? Jonchery, pr?s de Reims. Un avion allemand, du type <
LA CAMPAGNE SERBE CONTRE L'AUTRICHE
LA QUATORZI?ME SEMAINE DE GUERRE
La bataille continue avec une violence croissante sur tout l'immense front de la mer du Nord ? la plaine d'Alsace; mais entre la Lys et la mer se joue sans doute la partie d?cisive. Si ardente que soit la m?l?e dans beaucoup de r?gions, nulle part autant d'hommes ne sont aux prises; nulle part autant de races humaines ne particip?rent ? une guerre; nulle part aussi une telle accumulation de moyens d'attaque et de d?fense n'a encore ?t? constat?e. La bataille du droit et de la civilisation contre la barbarie a recrut? des soldats jusque parmi les peuplades vari?es de l'Inde, les Arabes et les Berb?res de l'Afrique du Nord, les n?gres de l'Afrique occidentale. Les navires de l'Angleterre et de la France prennent une part consid?rable et glorieuse aux combats sur la terre ferme; l'aviation y participe par des flottes a?riennes plus consid?rables et plus agissantes que celles jusqu'ici mises en ligne. Lorsqu'on conna?tra par le d?tail tous ces ?v?nements qui nous sont ? peine r?v?l?s, les fictions les plus extraordinaires de Jules Verne et de ses imitateurs para?tront bien d?pass?es.
LA BATAILLE DES FLANDRES
Les Allemands ont d'abord port? leur principale action sur les bords de l'Yser, entre l'embouchure du petit fleuve et Dixmude. Gr?ce ? des masses sans cesse renouvel?es ils avaient pu franchir le cours d'eau, et m?me d?passer le chemin de fer en occupant Ramscappelle et Perwyse. Les troupes belges ont eu recours ? la mesure supr?me des inondations: rompant les digues de l'Yser, tendant les barrages, nos amis ont amen? le flot insidieux dans la plaine basse des polders. En m?me temps, aid?s par nos troupes, ils enlevaient les villages occup?s, et, sur les chauss?es dominant les eaux, ont refoul? les colonnes ennemies du c?t? oppos?, en leur infligeant des pertes consid?rables. Aux derni?res nouvelles, Belges et Fran?ais avaient ? leur tour travers? la rivi?re et se portaient vers la route d'Ostende ? Dixmude o? d?j? serait parvenue ? Leffinghe une colonne qui longea les dunes, tandis qu'une autre occupa Lombaertzyde le 3 novembre. Nous sommes donc pr?s d'Ostende.
Devant cette difficult? de se diriger vers la fronti?re fran?aise par le littoral, devant l'inondation qui gagne chaque jour, l'ennemi a port? son effort vers le Sud, contre la ville d'Ypres. Ne pouvant aborder celle-ci par le Nord, ayant ?t? chass? de Dixmude r?duit en cendres et se trouvant en pr?sence de forces alli?es victorieuses occupant, entre Ypres et Roulers, les bourgs de Langemarck et de Parschendaele, il a d? se diriger sur un front ?tendu entre Roulers et Menin, o? il a engag? de nombreux corps d'arm?e; depuis lors, c'est au Sud-Est et au Sud d'Ypres que la bataille a lieu; elle fut particuli?rement ardente entre le canal d'Ypres ? la Lys et le ruisseau de la Douve, autour du village de Messines, situ? ? mi-chemin d'Ypres et d'Armenti?res. Les positions ou points d'appui ont ?t? pris et repris plusieurs fois; Anglais et Fran?ais ont rivalis? d'ardeur dans la r?sistance contre le flot allemand et dans les contre-attaques. Les nouvelles du 4 novembre disaient que nous avions maintenu notre front sur tous les points et que malgr? des alternatives d'avance et de recul, nous ?tions en progr?s. Sur le reste du th??tre flamand d'op?rations, c'est-?-dire dans la Flandre fran?aise, autour des villes populeuses de Lille, Roubaix, Tourcoing, Halluin et Armenti?res, le silence a ?t? complet, mais quelques indications furent fournies sur les combats livr?s par les troupes britanniques aux abords de la Bass?e. Les Allemands ont dirig? contre nos alli?s de violentes attaques, ? l'aide de forces tr?s sup?rieures en nombre. Un moment oblig?s de reculer, les Anglais ont repris vigoureusement l'offensive, repouss? l'ennemi et repris position en avant des points d'o? ils avaient ?t? chass?s. Toutes les attaques qui eurent lieu depuis dans cette direction sont rest?es infructueuses. Il en fut de m?me jusqu'? Arras, par les plaines de Lens et de Vimy.
A Arras, qui reste occup? par nous, l'ennemi a fait de violentes tentatives les 1er, 2 et 3 novembre; tout en continuant le bombardement de la malheureuse cit?, il a cherch? ? parvenir au coeur de celle-ci; mais nous tenions bon dans les villages de la banlieue imm?diate et les faubourgs; partout l'assaillant a ?t? repouss?.
PICARDIE ET CHAMPAGNE
Les combats se sont poursuivis au Sud d'Arras jusqu'? l'Oise. Entre Arras et la Somme, il semble que tout se soit born? ? des attaques contre nos positions, suivies de retours offensifs de notre part, nous faisant gagner quelques points retranch?s par l'adversaire. Mais plus au Sud, en arri?re, ? l'Ouest de Roye et de Nesle, des deux c?t?s du chemin de fer de Tergnier ? Amiens, l'ennemi a renouvel? l'effort entrepris depuis tant de semaines pour t?cher d'atteindre la capitale picarde. Il n'y a pas r?ussi; c'est nous qui, vers le 30 octobre, avons atteint, aux abords imm?diats de Chaulnes, le bourg de Lihons, et, plus au Sud, ? quelque distance de Roye, le village du Quesnoy-en-Santerre.
Contre le rideau ainsi avanc? vers l'Est, les Allemands ont dirig? de furieuses tentatives, pendant trois jours; jusqu'au 3 novembre, tous leurs efforts se sont bris?s contre la t?nacit? de nos soldats appuy?s par notre puissante artillerie; m?me, le 4, nous faisions un nouveau pas vers l'Est.
Sur l'Aisne, des ?v?nements auxquels les communiqu?s allemands ont donn? une importance vraiment excessive se sont produits en amont de Soissons, autour de la petite ville de Vailly. Nous avions entrepris sur les plateaux de la rive droite de la rivi?re une marche en avant qui, heureuse entre la for?t de Laigue et Soissons, a ?chou? sur les plateaux au Nord de Vailly--pr?s de Cond?--nos colonnes s'?tant heurt?es ? des forces tr?s sup?rieures. Cet insucc?s fut compens? le 1er novembre par l'?chec des Allemands qui tentaient de poursuivre leur avantage par des attaques de jour et de nuit. Le 2, les Allemands, une fois encore renforc?s, nous faisaient reculer sur la rive droite de l'Aisne jusqu'? Bourg-en-Comin, en amont de Vailly; mais mardi nous reprenions l'offensive et approchions de Bray-en-Laonnois par la reprise de la ferme du Metz. Depuis lors notre avantage s'affirme.
Sur le reste du front, en Champagne, les Allemands ont manifest? une recrudescence d'activit? se traduisant surtout par une violente canonnade ? l'aide de leur artillerie lourde et la reprise du bombardement de Reims. Plus ? l'Est, du 30 octobre au 2 novembre, nous avons gagn? de tranch?e en tranch?e au Nord de Souain, malgr? une action d'artillerie presque ininterrompue.
Dans l'Argonne, la bataille commenc?e la semaine derni?re, ? travers la for?t, entre Vienne-la-Ville et Varennes, a continu? toute la semaine. Les Allemands, pour s'assurer la communication ? travers ces grands bois, nous ont attaqu?s avec fureur; chacune de ces tentatives a ?t? repouss?e avec des pertes consid?rables pour l'ennemi, et, le mardi 3, nous le rejetions au Nord du chemin de Varennes.
Sur la Meuse, dans le massif des C?tes et dans la Wo?vre, il n'y a pas eu moins d'activit?; les Allemands cherchent ?videmment ? envelopper le camp retranch? de Verdun dans le but d'entreprendre le si?ge de cette grande place. L'arm?e qui manoeuvre de ce c?t?, vers Saint-Mihiel, en Wo?vre, au Nord de Verdun, a partout tenu l'ennemi ? distance et gagn? sur lui; elle a d?pass? Pont-?-Mousson et, sans doute, atteint la fronti?re. Au Nord de Verdun, o? le puissant fort de Douaumont avait ?t? canonn? pendant vingt-quatre heures sans subir, d'ailleurs, le moindre d?g?t, nos troupes ont oblig? les assaillants ? ?vacuer les positions lointaines d'o? ils essayaient le bombardement du fort.
Pendant que des d?tachements fran?ais op?rent dans la vall?e sup?rieure de la Seille, vers Ch?teau-Salins, l'ennemi a esquiss? une contre-offensive contre Nom?ny au Nord de Nancy; sa reconnaissance a ?t? rudement re?ue et rejet?e sur le territoire annex?.
Dans les Vosges moyennes, les Allemands ma?tres du cha?non du Ban-de-Sapt, qui se dirige du col de Saales vers Raon-l'Etape, bombardaient presque journellement Saint-Di?; une brillante attaque les a rejet?s sur le versant alsacien pendant que d'autres forces, franchissant le col de Sainte-Marie-aux-Mines, prenaient possession des hauteurs au-dessus de la petite ville portant ce nom.
La semaine, on le voit, a ?t? marqu?e par de nombreux ?v?nements de guerre, mais c'est vers la Flandre surtout que s'est port?e et que se porte encore l'attention.
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