Read Ebook: Les animaux et leurs hommes: Les hommes et leurs animaux by Luard Paul Lhote Andr Illustrator
Font size:
Background color:
Text color:
Add to tbrJar First Page Next Page
Ebook has 72 lines and 11116 words, and 2 pages
HISTOIRE DU CANADA DEPUIS SA DECOUVERTE JUSQU'A NOS JOURS.
PAR
TOME SECOND.
QU?BEC IMPRIMERIE DE N. AUBIN, RUE COUILLARD, No. 14.
HISTOIRE DU CANADA.
COLONIES ANGLAISES.
Objet de ce chapitre.--Les pers?cutions politiques et religieuses fondent et peuplent les colonies anglaises, qui deviennent en peu de temps tr?s puissantes.--Caract?re anglais d?rivant de la fusion des races normande et saxonne. Institutions libres import?es dans le Nouveau-Monde, fruit des progr?s de l'?poque.--La Virginie et la Nouvelle-Angleterre.--Colonie de Jamestown .--Colonie de New-Plymouth et gouvernement qu'elle se donne .--Immensit? de l'?migration.--L'Angleterre s'en alarme.--La bonne politique pr?vaut dans ses conseils et elle laisse continuer l'?migration.--New-Plymouth passe entre les mains du roi par la dissolution de la compagnie--Commission des plantations ?tablie; opposition qu'elle suscite dans les colonies; elle s'?teint sans rien faire.--Etablissement du Maryland et de plusieurs autres colonies.--Leurs diverses formes de gouvernement: gouvernemens ? charte, gouvernemens royaux, gouvernemens de propri?taires.--Conf?d?ration de la Nouvelle-Angleterre.--Sa quasi-ind?pendance de la m?tropole.--Population et territoire des ?tablissemens anglais en 1690.--Ils jouissent de la libert? du commerce.--Jalousie de l'Angleterre: actes du parlement imp?rial et notamment l'acte de navigation pass?s pour restreindre cette libert?.--Opposition g?n?rale des colonies; doctrines du Massachusetts ? ce sujet.--M. Randolph envoy? par l'Angleterre pour faire ex?cuter ses lois de commerce; elle le nomme percepteur g?n?ral des douanes. N?goce ?tendu que faisaient d?j? les colons.--Les rapports et les calomnies de Randolph servent de pr?textes pour r?voquer les chartes de la Nouvelle-Angleterre.--Ressemblance de caract?re entre Randolph et lord Sydenham. R?volution de 1690.--Gouvernement.--Lois.--Education.--Industrie.--Diff?rence entre le colon d'alors et le colon d'aujourd'hui, le colon fran?ais et le colon anglais.
Le Canada n'avait pas ?t? actuellement en guerre avec les Anglais depuis le trait? de St.-Germain-en-Laye en 1632. A cette ?poque recul?e, o? les colonies de l'Am?rique septentrionale naissaient ? peine, les combattans ?taient tous des Europ?ens, qui se disputaient des lambeaux du continent d? au g?nie de Colomb. Aucun d'eux n'avait pris les armes pour d?fendre le sol de sa vraie patrie; la terre qu'ils foulaient ?tait encore ? leurs yeux une terre ?trang?re. Mais en 1689 les choses avaient d?j? chang?. Il y avait alors des Canadiens, il y avait des Am?ricains, il y avait une patrie, ce mot si magique pour le soldat. Et chose remarquable, les Europ?ens laiss?rent pour ainsi dire le champ libre ? ces nouveaux hommes, qui essay?rent leur force et leur courage les uns contre les autres, et d?ploy?rent dans la lutte cette m?me ardeur et cette haine nationale dont leurs m?res-patries respectives donnaient le douloureux spectacle depuis des si?cles dans l'ancien monde.
Nous savons quel d?veloppement avait pris en 1689 le Canada en population, en industrie et en richesses. Pour bien appr?cier les moyens relatifs des parties bellig?rantes, et les dangers de la guerre pour ce pays, il est n?cessaire de poss?der la m?me connaissance relativement aux colonies anglaises, qui forment aujourd'hui une des premi?res nations du monde.
Apr?s les tentatives infructueuses de colonisation dont il a ?t? dit quelques mots dans une autre partie de cet ouvrage, l'Angleterre cessa de s'occuper de l'Am?rique, qu'elle ne fr?quenta plus que par ses p?cheurs et ses baleiniers. La France montra plus de pers?v?rance, elle s'obstina dans son entreprise jusqu'? ce qu'elle e?t r?ussi ? s'?tablir en Acadie et en Canada d'une mani?re permanente.
Mais ? peu pr?s dans le temps o? elle s'?tait assur?e un pied solide dans le Nouveau-Monde, des guerres politiques et religieuses vinrent bouleverser l'Angleterre, et rejeter hors de son sein une population form?e par les d?bris des partis vaincus, qui, tour ? tour opprim?s par le vainqueur, abandonn?rent leur patrie pour aller s'en cr?er une nouvelle ailleurs. Ils fond?rent la Virginie, New-Plymouth, le Massachusetts et bien d'autres provinces. La bigoterie et un z?le aveugle r?gnaient parmi toutes les sectes chr?tiennes. Chacun niait ? son voisin ce que tous les hommes avaient droit de poss?der, la libert? de conscience. C'est ? cela que l'on doit attribuer, sinon l'?tablissement, du moins l'?tat florissant de l'Am?rique aujourd'hui. La cause premi?re de cette ?migration involontaire subsistant toujours, ces nouvelles colonies se peupl?rent rapidement et surpass?rent bient?t celles de la France.
Ensuite, le g?nie commer?ant de l'Angleterre, qui commen?ait ? se d?ployer ? la faveur de la libert?, favorisa l'accroissement de ces m?mes possessions lointaines. Ce fut un bonheur pour celles-ci que cette nouvelle direction donn?e ? l'esprit national; elles en profit?rent plus que leur m?re-patrie elle-m?me.
La race saxonne, agreste et engourdie, observe un ?crivain, aurait fait peu de bruit dans le tournoi des peuples, si des myriades de Normands, de Poitevins et d'autres Fran?ais de toutes les provinces, ne fussent venus la r?veiller rudement ? la suite de Guillaume-le-Conqu?rant. De cette ?poque et de la fusion graduelle des deux races, datent les progr?s qui se sont manifest?s successivement dans le g?nie, les institutions et la puissance de l'Angleterre. L'audace, l'activit? et la rapacit? normandes ont f?cond? la vieille torpeur saxonne. Des exc?s de la tyrannie organis?e par la conqu?te et des r?sistances f?odales sont n?es les alliances des int?r?ts l?s?s, et de ces alliances tout le syst?me municipal et parlementaire de la Grande-Bretagne. Les colons am?ricains import?rent avec eux, comme un d?p?t sacr?, ce syst?me municipal et parlementaire, premi?re cause de leurs succ?s futurs.
Jacques I divisa la partie du continent am?ricain, situ?e entre les 34e. et 45e. degr?s de latitude, en deux vastes provinces: la Virginie et la Nouvelle-Angleterre. La premi?re fut conc?d?e ? une compagnie de Londres, et la seconde, ? des marchands de Plymouth avec le droit de les ?tablir et d'y commercer, en 1606.
D?s l'ann?e suivante, ou quatre ans apr?s la fondation de Port-Royal, la compagnie de Londres envoya 108 colons dans la Virginie pour commencer l'?tablissement de cette province, lesquels s'?tablirent dans un lieu qu'ils nomm?rent Jamestown; mais les privations et la mis?re r?duisirent leur nombre ? une quarantaine au bout de quelques mois. Cinq cents autres ?migr?s les suivirent en 1609. N'ayant ni plus de moyens, ni plus de pr?voyance que les premiers, ils se virent bient?t en proie ? une affreuse famine qui les fit p?rir presque tous. La fertilit? du sol, la beaut? du climat et l'?migration contribu?rent cependant ? faire oublier ces d?sastres, et petit ? petit la province prit des d?veloppemens qui la mirent au-dessus de tous les p?rils. Ces premiers pionniers de la civilisation am?ricaine v?curent ? profits communs jusqu'en 1613. A cette ?poque des terres leur furent distribu?es; et la plupart des planteurs n'ayant point de femmes, la compagnie leur envoya quatre-vingt-six jeunes filles, qui leur furent vendues ? raison de cent ? cent cinquante livres de tabac chacune. Six ans plus tard fut convoqu?e, par le chevalier George Yeardley, la premi?re assembl?e repr?sentative qu'il y ait eue en Am?rique; et les repr?sentans, ?lus par les bourgs, r?gl?rent les affaires de la colonie, qui jusque-l? avaient ?t? dirig?es par la compagnie de Londres. En 1621, la province re?ut une esp?ce de gouvernement constitutionnel compos? d'un gouverneur, d'un conseil et d'une assembl?e g?n?rale ?lective. Peu de temps apr?s, elle fut attaqu?e par les Sauvages, qui massacr?rent plus de 300 personnes, tant hommes que femmes et enfans; la compagnie, bl?m?e de n'avoir pas prot?g? suffisamment les habitans, fut dissoute, et le roi prit la Virginie sous sa protection . Elle perdit sa l?gislature sous le roi Jacques, mais Charles I, son fils, la lui restitua.
De son c?t?, la compagnie de Plymouth envoya, en 1607, une colonie de cent et quelques personnes ? Sagahadoc dans la Nouvelle-Angleterre, sous les ordres de George Popham; mais ce dernier ?tant mort, les colons retourn?rent en Europe le printemps suivant; ce qui d?couragea tellement la soci?t?, qu'elle abandonna toute id?e de colonisation jusqu'en 1620. Alors des puritains , qui s'?taient r?fugi?s dans la Hollande une douzaine d'ann?es auparavant, pour ?chapper aux pers?cutions qui pesaient sur eux en Angleterre, demand?rent ? la compagnie de Londres la permission d'?migrer dans la Virginie avec la libert? d'y professer leur religion, eux et leur post?rit?. Le roi s'y refusa d'abord, mais il y consentit ensuite; et l'ann?e suivante ils purent faire voile pour l'Am?rique. Tromp?s par leur pilote qui fit fausse route, ils abord?rent plus au nord qu'ils n'avaient intention de le faire, et au lieu de d?barquer dans la Virginie, ils se trouv?rent dans la Nouvelle-Angleterre, o? ils jet?rent les premier fondemens de la colonie de New-Plymouth. N'ayant point de charte du roi, ils form?rent une esp?ce de soci?t? volontaire, et ob?irent ? des lois et ? des magistrats ?tablis par eux-m?mes, jusqu'? l'?poque de leur union avec le Massachusetts en 1692.
<
Deux ans apr?s, la compagnie de Plymouth conc?da un territoire dans le Massachusetts, ? quelques personnes qui essay?rent inutilement d'y former un ?tablissement. D'autres tentatives suivirent celle-ci avec plus ou moins de succ?s jusqu'en 1628. Enfin, dans cette m?me ann?e, une nouvelle compagnie acheta de celle de Plymouth le territoire de cette province, et fut incorpor?e par charte royale. Elle transf?ra le gouvernement de la colonie dans le pays m?me; et quelque temps apr?s les habitans ?lurent des d?put?s pour faire des lois, ?tablir des cours de justice, etc. L'immigration devint consid?rable; il arriva dans une seule ann?e plus de 1500 colons, par quelques uns desquels la ville de Boston fut commenc?e. En 1633, ils d?barqu?rent encore en plus grand nombre; la plupart de ces ?migr?s ?taient des m?contens politiques, des hommes qui avaient des lumi?res, de l'exp?rience et m?me de la fortune, excellens mat?riaux pour fonder un pays. L'Angleterre, voyant grossir ce torrent de population d?saffectionn?e qui s'en allait en Occident, prit l'alarme. L'ordre fut promulgu? de suspendre le d?part de tous les vaisseaux destin?s pour le Nouveau-Monde; et il fut enjoint aux patrons de ceux qui auraient ? l'avenir une pareille destination avec des ?migrans, d'obtenir au pr?alable une permission de l'autorit? publique. En m?me temps les capitaines des navires dont le d?part avait ?t? suspendu, furent somm?s de se pr?senter devant le conseil d'?tat avec la liste de leurs passagers. Mais apr?s r?flexion, la bonne politique pr?valut heureusement dans ce conseil, et les ?migrans eurent permission de partir apr?s avoir ?t? inform?s, que <
Au nombre des passagers dont le d?part avait ?t? ainsi arr?t? par l'ordre de la cour de Londres, se trouvait un homme obscur, mais qui allait emporter avec lui les destin?es de sa patrie; cet homme ?tait Cromwell. L'oeil royal devina-t-il l'avenir de ce nom roturier en parcourant la liste de ces passagers? vit-il dans celui qui le portait le possesseur futur de son tr?ne et le chef de la nation? L'ordre qu'il avait donn? causa du d?lai, et dans l'intervalle le puritain, le futur protecteur de la Grande-Bretagne, changea d'opinion et ne sortit point de son pays; sa destin?e devait s'accomplir.
La compagnie de Plymouth s'?tant dissoute, la colonie passa sous l'autorit? du roi comme celle de la Virginie. Cet ?v?nement exer?a alors peu d'influence sur l'administration int?rieure, qui resta entre les mains des habitans. Ils ?lisaient tous leurs fonctionnaires, depuis le gouverneur en descendant jusqu'au dernier degr? de l'?chelle hi?rarchique. La l?gislature ?tait ?lective dans toutes ses branches.
Plus tard pourtant, en 1638, les clameurs que leurs ennemis ne cessaient de pousser contre eux en Angleterre, se renouvel?rent avec plus de fureur que jamais. Le roi, tromp? par leurs assertions haineuses et int?ress?es, nomma une commission, dont l'archev?que de Cantorb?ry ?tait le chef, ? laquelle fut d?partie une autorit? supr?me et absolue sur toutes les colonies, avec le pouvoir de faire des lois et des ordonnances affectant leur gouvernement et la personne et les biens des habitans. A cette nouvelle, le Massachusetts fit les remontrances les plus ?nergiques contre <
L'Angleterre n'osa pas mettre ? ex?cution un projet devenu odieux d?s sa naissance; et la commission des plantations s'?teignit sans rien faire, tant il est vrai de dire que l'opinion publique avait d?j? de force dans ce royaume, fruit inappr?ciable de la libert?.
Les colonies anglaises, respect?es ainsi dans leurs droits, se formaient insensiblement aux habitudes du gouvernement repr?sentatif, tandis que l'arriv?e continuelle des partisans vaincus dans les luttes civiles de la m?re-patrie, augmentait leur population et leurs richesses. Les puritains pers?cut?s cherchaient un asile dans la Nouvelle-Angleterre; les catholiques dans le Maryland; les royalistes dans la Virginie.
Le Maryland fut conc?d? par Charles I ? lord Baltimore, baron irlandais, et fond? en 1632 par 200 gentilshommes catholiques. Huit ans apr?s ils demand?rent et obtinrent un gouvernement libre. Cette province est la premi?re qui ait eu l'honneur de proclamer dans le Nouveau-Monde, le grand principe de la tol?rance universelle, et de reconna?tre la saintet? et les droits imprescriptibles de la conscience. Elle se peupla rapidement. Jouissant de la tranquillit? pendant que les autres provinces ?taient d?chir?es par des pers?cutions religieuses, l'?migration s'y portait en foule, s?re d'y trouver le repos et la paix.
Telle fut l'origine des deux premi?res colonies anglaises, la Virginie et la Nouvelle-Angleterre, autour desquelles les autres sont venues ensuite se grouper. En lisant l'histoire des premi?res on voit celle des derni?res; elles ont eu toutes, plus ou moins, les m?mes obstacles ? vaincre et les m?mes avantages ? utiliser. Elles pr?sentent aussi toutes la m?me physionomie et le m?me caract?re politique ou social. Peupl?es du reste par des habitans d'une m?me nation, elles ont ?t? commenc?es ? peu de distance les unes des autres comme l'indique le tableau suivant:
La Virginie, 1608.
La Nouvelle-York, fond?e par les Hollandais en 1614, sous le nom de Nouvelle-Belgique, devient anglaise en 1664.
Plymouth, 1620, r?uni au Massachusetts en 1692.
Le Massachusetts 1628.
Le New-Hampshire, 1623.
Le New-Jersey, fond? par les Hollandais, en 1624, devient anglais en 1664.
Le Delaware, fond? par les Hollandais en 1627, devient anglais en 1664. Quelques Su?dois s'y ?taient ?tablis en 1638; mais ils furent subjugu?s par les Hollandais, et la plupart quitt?rent le pays.
Le Maine en 1630; r?uni au Massachusetts en 1677.
Le Maryland en 1633. Le Connecticut en 1635, ?tabli par des colons du Massachusetts.
Le New-Haven en 1637, r?uni au Connecticut en 1662.
Providence en 1635.
Le Rhode-Island en 1638, r?unis en 1644.
La Caroline du Nord en 1650; colonie distincte en 1729.
La Caroline du Sud en 1670. Cette date, relativement aux deux Carolines, a rapport ici ? l'?tablissement des Anglais; car longtemps auparavant, sous l'amiral de Coligny, les Huguenots fran?ais y avaient fond? une colonie florissante, qui finit par l'affreuse catastrophe veng?e par le chevalier de Gourgues.
La Pennsylvanie en 1682.
La G?orgie fond?e plus tard en 1733.
Ces diverses colonies poss?daient trois formes bien distinctes de gouvernement, qui, modifi?es par les habitudes et par la nature de la soci?t? am?ricaine, constitu?rent ensuite les ?l?mens du gouvernement f?d?ral ?tabli par la r?volution de 1776. C'?taient les gouvernemens ? charte, les gouvernemens royaux ou provinciaux, et les gouvernemens de propri?taires. Les gouvernemens ? charte ?taient limit?s ? la Nouvelle-Angleterre. Les peuples de cette province, o? il y avait plusieurs colonies, jouissaient de tous les privil?ges de sujets n?s anglais, ?taient investis de tous les pouvoirs gouvernemental, l?gislatif, ex?cutif et judiciaire. Ils choisissaient les gouverneurs, ?lisaient les assembl?es l?gislatives et nommaient les magistrats. Une seule restriction ?tait impos?e ? leur autorit? l?gislative, c'est que les lois qu'ils se faisaient ne pouvaient ?tre contraires ? celles de l'Angleterre. Plus tard, la m?tropole r?clama le droit de r?voquer les chartes; mais les colons maintinrent qu'elles ?taient des pactes solennels et irr?vocables, except? pour causes l?gitimes. Dans quelques cas n?anmoins, elles furent forc?ment supprim?es, particuli?rement vers la fin du r?gne de Charles II, o? les corporations m?tropolitaines ?prouv?rent le m?me sort. Les contestations auxquelles cette question donna lieu entre la m?re-patrie et les colonies ? charte, furent une des causes de la r?volution.
Le pouvoir l?gislatif, qui ?tait sans appel, r?sidait dans un corps nomm?, <
Le pouvoir ex?cutif ?tait exerc? par le gouverneur et un conseil, dont sept membres ?taient n?cessaires pour d?lib?rer, et qui si?geait deux fois par semaine.
Les gouvernemens royaux ?taient ceux de la Virginie, de la Nouvelle-York, et, plus tard, des Carolines , de la G?orgie, du New-Hampshire et du New-Jersey . Dans ces colonies, le gouverneur et le conseil ?taient nomm?s par la couronne; et les chambres d'assembl?e ?lues par le peuple. Les gouverneurs recevaient leurs instructions du roi ou de ses ministres. Ils avaient voix n?gative dans les proc?d?s des l?gislatures. Les juges et autres officiers civils ?taient aussi nomm?s par le roi, mais pay?s par les colonies. Les actes arbitraires des gouverneurs, et le droit de veto r?clam? par la couronne sur les actes des assembl?es, furent des causes incessantes de difficult?s dans ces gouvernemens. Le Canada nous fournit le mod?le de cette esp?ce de r?gime.
Les gouvernemens de propri?taires, qui tenaient de la nature f?odale, offraient quelque ressemblance avec les palatinats d'Allemagne. Les propri?taires de ces provinces ?taient rev?tus de certains pouvoirs royaux et l?gislatifs; mais le tout subordonn? ? l'autorit? supr?me de l'empire. Le Maryland, la Pennsylvanie, et, dans les premiers temps, les deux Carolines et le Jersey, ?taient soumis ? cette forme de gouvernement, qui a exist? dans les deux premi?res provinces ainsi que dans le Delaware jusqu'? la r?volution. Ces colonies appartenaient ? des propri?taires ou particuliers, ? qui des territoires avaient ?t? conc?d?s par le souverain avec pouvoir d'y ?tablir des gouvernemens civils et d'y faire des lois, sous certaines restrictions. Leur histoire est un long tissu de querelles occasionn?es par la mani?re dont les propri?taires exer?aient leur droit de r?voquer ou n?gativer les actes des assembl?es l?gislatives; car m?me dans ces colonies des corps repr?sentatifs furent introduits, dont les membres ?taient nomm?s mi-partie par les propri?taires et mi-partie par le peuple. En 1719, les habitans de la Caroline exasp?r?s contre leurs ma?tres, s'empar?rent du gouvernement et ?lurent un gouverneur, un conseil et une assembl?e, qui se r?unirent pour publier une d?claration d'ind?pendance, dans laquelle ils expos?rent les motifs de leur renonciation ? leur ancienne forme de gouvernement. Les anciennes lois de l'assembl?e de la Virginie renferment une d?claration qui d?finit le pouvoir de l'assembl?e de taxer et d'imposer des charges personnelles.
C'est ? partir de 1630, que la population des colonies anglaises augmenta rapidement. Elle pouvait ?tre alors de 4,000 ?mes, et d?j? au bout de vingt ans elle atteignait 80,000 ?mes, et, en 1690, ?poque de la seconde guerre avec le Canada, elle devait exc?der 200,000 ?mes, puisqu'en 1701, on l'?valuait ? 262,000. La population du Canada et de l'Acadie ne d?passait pas alors 12 ? 15,000 ?mes, c'est ? dire qu'elle ?tait treize fois moins consid?rable que celle des provinces voisines contre lesquelles elle allait avoir ? lutter les armes ? la main. Le d?savantage du nombre n'?tait pas le seul qu'elle e?t ? surmonter. La diff?rence d'institutions politiques pesait aussi d'un grand poids dans la balance, de m?me que celle du climat. C'est au moyen de cette sup?riorit? num?rique et de richesse que les colonies am?ricaines ont pu mettre dans tous les temps sur pied des arm?es qui comptaient autant de combattans qu'il y avait d'hommes capables de porter les armes dans toute la Nouvelle-France.
Occupant les parties centrales de l'Am?rique du nord, sur le bord de la mer Atlantique, c'est ? dire, depuis le Canada jusqu'? la Floride, les ?tablissemens anglais jouissaient d'un ciel chaud ou temp?r? dans toute leur ?tendue, et d'un sol dont les productions, extr?mement vari?es, ?taient par cela m?me un gage d'abondance continuelle. Le bl? cro?t partout dans cet immense pays ainsi que le ma?s, plante indig?ne qui vient sans effort surtout dans le centre et dans l'ouest des Etats-Unis, o? il rend le double du bl?. La culture du tabac commence dans le Maryland, par le 39e. ou 40e. degr? de latitude: c'est aujourd'hui le principal article d'exportation de cet Etat et de la Virginie. Le coton se cultive depuis le 37e. degr? en gagnant le sud; mais on n'a commenc? ? en exporter qu'en 1791. Le ris, qui exige un climat chaud et un sol mar?cageux, vient dans les m?mes latitudes que le coton. Les provinces du nord produisent du bl?, du chanvre, du lin, du houblon, etc. Favoris?es ainsi de la nature et par une immigration nombreuse, ces colonies devinrent en peu de temps riches et florissantes.
Dans les premi?res ann?es elles jouirent d'une libert? de commerce illimit?e. Les vaisseaux de toutes les nations ?taient admis dans leurs ports; elles allaient acheter dans tous les pays o? elles trouvaient les plus grands avantages. Mais apr?s qu'elles eurent pass? par les souffrances, les inqui?tudes, les dangers, qui ont accompagn? partout la fondation des ?tablissemens europ?ens dans le Nouveau-Monde, apr?s qu'elles eurent commenc? ? acqu?rir ce bien-?tre et ces richesses, qui n'?taient le partage que du petit nombre dans l'ancien, l'Angleterre r?solut de les faire contribuer davantage aux charges de l'?tat, puisqu'elles profitaient autant que les autres parties de l'empire, de la protection du gouvernement. En 1655 Cromwell, qui venait de subjuguer l'Irlande et de se baigner dans le sang de ses malheureux habitans, se chargea de l'ex?cution de cette mesure, qu'il fallait sa volont? forte pour faire r?ussir. Il fallait d'abord faire na?tre les pr?textes qui ne tard?rent point en effet ? se pr?senter. Il voulut engager la Nouvelle-Angleterre ? envoyer des ?migrans en Irlande pour repeupler les d?serts que ses arm?es y avaient faits; celle-ci ne voulut pas plus envoyer ses enfans dans ce pays que dans la Jama?que, o? il les invita ensuite de s'?tablir. Premi?re d?sob?issance. Dans la guerre civile termin?e par la mort de Charles I, le parti royaliste avait ?t? vaincu, et la Virginie ainsi que le Maryland qui avait embrass? ce parti, durent ?tre soumis par les armes du protecteur. Ce fut une seconde offense. C'en ?tait assez pour fournir des motifs plausibles au gouvernement d'imposer des restrictions au commerce des colonies. Le parlement imp?rial passa un acte pour leur d?fendre d'importer ou d'exporter leurs marchandises dans d'autres vaisseaux que dans des vaisseaux anglais, ?quip?s par des matelots anglais. Cet acte fut bient?t suivi d'un autre, l'acte de navigation, qui prohiba l'exportation de certains articles des colonies en ligne directe ? l'?tranger. En 1663, une troisi?me loi, plus s?v?re encore que les premi?res, les obligea de vendre leurs produits sur les march?s de l'Angleterre seulement, et d'acheter les articles de manufacture ?trang?re dont elles pourraient avoir besoin des marchands anglais ? l'exclusion de tous autres. Enfin en 1672, il imposa aussi les produits export?s d'une colonie ? une autre colonie. Sa politique ?tait ?videmment d'emp?cher les colons d'?tablir des manufactures et de se cr?er un commerce avec l'?tranger, au pr?judice de ses int?r?ts. Mais ces lois prohibitives ne furent pas observ?es imm?diatement partout. Le Massachusetts jouit encore longtemps apr?s d'une enti?re libert?; et elles furent ouvertement ou secr?tement viol?es par toutes les provinces, qui avaient fait, lors de leur promulgation, les remontrances les plus ?nergiques contre ce qu'elles regardaient comme une violation de leurs droits. M. Randolph, agent de la m?tropole , voyant arriver dans le port de Boston des navires de l'Espagne, de la France, de la M?diterran?e, des Canaries, etc., fit observer au gouverneur que cela ?tait contraire ? l'acte de navigation. Celui-ci lui r?pondit que les lois faites par le roi et son parlement n'obligeaient la Nouvelle-Angleterre qu'en autant qu'elles ?taient conformes aux int?r?ts de la colonie, dans laquelle seule r?sidait le pouvoir l?gislatif, en vertu de la charte accord?e par le p?re de Sa Majest? r?gnante; et que toutes les mati?res en contestation devaient ?tre d?termin?es en d?finitive par elle sans appel ? l'autorit? royale, qui pouvait bien augmenter, mais non restreindre, ses libert?s.
Toutes les provinces ne r?clam?rent pas leurs libert?s avec la m?me hardiesse. La Virginie, par exemple, ?tait plus soumise, et les r?ponses du chevalier Berkeley aux lords commissaires en 1671, nous apprennent qu'elle s'?tait conform?e ? l'acte de navigation, ? son grand d?triment. En effet, cette loi y avait fait cesser presque compl?tement la construction des navires, branche importante de son commerce.
Cette lutte sourde d'int?r?ts commerciaux entre les colonies et la m?tropole, annonce les progr?s que les premi?res avaient d?j? faits. Le chiffre de leurs exportations dans la Grande-Bretagne fut en 1701 de ?309,136; et celui de leurs importations du m?me pays, de ?343,828, l'exc?dant des importations sur les exportations ?tant probablement couvert par les achats que faisaient les ?migrans en s'embarquant pour l'Am?rique, et par les d?penses du gouvernement militaire. Ces colonies payaient elles-m?mes depuis longtemps les d?penses de leur gouvernement civil. En temps de guerre, elles fournissaient aussi leurs contingens d'hommes et d'argent, selon leurs forces, leur population et la proximit? du th??tre des hostilit?s.
Add to tbrJar First Page Next Page