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Read Ebook: Les animaux et leurs hommes: Les hommes et leurs animaux by Luard Paul Lhote Andr Illustrator

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Ebook has 72 lines and 11116 words, and 2 pages

Cette lutte sourde d'int?r?ts commerciaux entre les colonies et la m?tropole, annonce les progr?s que les premi?res avaient d?j? faits. Le chiffre de leurs exportations dans la Grande-Bretagne fut en 1701 de ?309,136; et celui de leurs importations du m?me pays, de ?343,828, l'exc?dant des importations sur les exportations ?tant probablement couvert par les achats que faisaient les ?migrans en s'embarquant pour l'Am?rique, et par les d?penses du gouvernement militaire. Ces colonies payaient elles-m?mes depuis longtemps les d?penses de leur gouvernement civil. En temps de guerre, elles fournissaient aussi leurs contingens d'hommes et d'argent, selon leurs forces, leur population et la proximit? du th??tre des hostilit?s.

Le Massachusetts a toujours ?t? la premi?re et la plus avanc?e des provinces britanniques. Poss?dant en abondance dans son sein tout ce qui est n?cessaire ? l'existence d'une marine et ? sa fourniture, comme des bois de construction de toute esp?ce, de la poix, du goudron, du chanvre, du fer, des douves, des madriers, etc., elle b?tissait tous les ans quantit? de navires, qu'elle vendait en Angleterre et ailleurs. Son commerce employait d?j? pr?s de 750 vaisseaux de 6 ? 250 tonneaux; ses principaux chantiers de construction ?taient ? Boston, Charlestown, Salem, Ipswick, Salisbury et Portsmouth.

Elle exportait des bois, des animaux vivans, de la farine, de la dr?che, du biscuit, des salaisons de viande et de poisson, etc., dans la Virginie et le Maryland, ? la Jama?que, ? la Barbade, ? Nevis, ? St.-Christophe et dans plusieurs autres ?les du golfe mexicain, en Espagne, en Portugal, aux ?les Mad?re et Canaries, en France, en Hollande, aux villes ans?atiques, et enfin dans les ?les britanniques de la Manche; et elle en rapportait les objets dont elle pouvait avoir besoin pour sa consommation ou pour son n?goce. Les marchandises manufactur?es et les produits des climats m?ridionaux formaient la masse de ces importations. Ce commerce, elle le faisait cependant malgr? la m?tropole.

M. Randolph ?crivait ? la cour qu'on ne tenait aucun compte en Am?rique de l'acte de navigation et des lois pass?es par le parlement imp?rial pour r?gler le commerce, qui ?tait compl?tement libre ? toutes les nations. Quant ? celui des Indes occidentales, disait-il, le marchand anglais en est presque exclus par celui de la Nouvelle-Angleterre, qui peut y donner ses denr?es ? un prix consid?rablement plus bas. Ainsi la Grande-Bretagne a perdu la plus grande partie du commerce de l'ouest. Le marchand am?ricain exp?die m?me d?j? des navires charg?s de m?tures pour la Guin?e, Madagascar et les c?tes de l'Inde.

L'Angleterre, effray?e par cette activit? toujours croissante, songea enfin ? prendre des moyens prompts et efficaces pour faire rentrer le n?goce des colonies dans les bornes d'un syst?me moins pr?judiciable ? ses int?r?ts. Par ses lois, par ses douanes, elle r?ussit ? le modifier, ? le restreindre selon ses vues; mais les colons ne se soumirent qu'? la force, en attendant l'occasion de revendiquer ce qu'ils regardaient comme les droits imprescriptibles des sujets anglais, la libert? du commerce, aussi sacr?e ? leurs yeux que la libert? politique et religieuse.

L'instrument dont la m?tropole se servit pour amener cette r?volution, fut l'agent que nous avons d?j? nomm?, M. Edouard Randolph, homme r?solu, infatigable et dou? de beaucoup de p?n?tration et d'adresse dans les affaires. Charles II l'envoya en Am?rique en 1676 avec ordre de lui faire un rapport sur l'?tat de la Nouvelle-Angleterre. Le caract?re de ce commissaire a une analogie frappante avec celui de lord Sydenham, sous les auspices duquel s'est ?labor? et accompli l'acte d'union des Canadas. Leurs d?p?ches pr?sentent plusieurs co?ncidences remarquables, et se ressemblent surtout par le ton de passion et le cynisme d'une politique sans morale et sans dignit? qui y r?gnent. Les habitans du Massachusetts tiennent dans les lettres de Randolph la place qu'occupent les Canadiens fran?ais dans celles de l'agent moderne. A l'entendre on dirait qu'il n'y a que cette province ? punir; les petites colonies de New-Plymouth, de New-Hampshire, et de Connecticut m?ritent toute la sympathie du gouvernement. D'apr?s le rapport que ce commissaire fit au roi, tout le pays se serait plaint de l'usurpation des magistrats de Boston, les habitans auraient d?sir? instamment que Sa Majest? ne les laiss?t pas opprimer plus longtemps, et qu'elle f?t mettre enfin ? ex?cution les mesures de soulagement promises par ses commissaires en 1665. C'est ainsi qu'il cherche ? diviser les colons; il parcourt en m?me temps le pays, et excite les habitans les uns contre les autres par ses propos.

Quelques ann?es apr?s il en fut nomm? par lettres royales percepteur des douanes , afin d'y faire ex?cuter les actes du parlement imp?rial qui, comme on l'a dit, continuaient d'y ?tre m?connus; il ne cessa point d'?tre avec cela agent politique. C'est dans sa d?p?che au comte de Clarendon que l'on trouve le passage suivant, qui r?fl?chit parfaitement les opinions ?mises de nos jours au sujet de mes compatriotes, et nous montre les hommes toujours entra?n?s dans le m?me cercle de passions.

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C'est ? la suite de ces repr?sentations insultantes, de ces basses calomnies, que le Massachusetts et les autres provinces de la Nouvelle-Angleterre perdirent leurs chartes. D?j? le New-Hampshire avait re?u une nouvelle constitution compos?e de deux branches seulement, le gouverneur et la chambre repr?sentative. Le Massachusetts fut trait? en province rebelle, et soumis ? un gouvernement purement despotique, compos? d'un gouverneur g?n?ral et d'un conseil nomm? par lui et dont cinq membres formaient un quorum. Il fut rev?tu du pouvoir de faire des lois et d'imposer des taxes. Il n'y eut plus de chambre repr?sentative, et le principe ?lectif fut aboli partout.

Le despotisme ainsi ?tabli et organis? fut rempli de troubles et de confusion, et ne put durer que jusqu'en 1691. L'opposition toujours de plus en plus violente des habitans for?a Guillaume et Marie de leur octroyer un gouvernement plus lib?ral. Toute la Nouvelle-Angleterre fut r?unie en une seule province avec l'Acadie nouvellement conquise, et re?ut une constitution repr?sentative, qui exista jusqu'? la r?volution; mais dont les pauvres Acadiens, soumis ? toute sorte de servages, furent exclus au moins dans la pratique.

On a d? remarquer d?j? que le caract?re de l'?migration d'autrefois et de l'?migration d'aujourd'hui n'est pas le m?me. L'ancien colon am?ricain n'est point l'image de l'?migrant qui d?barque de nos jours sur les rivages de l'Am?rique. Le premier s'exilant pour ne point abandonner des principes religieux ou politiques pour la d?fense desquels il avait combattu, et qu'il ch?rissait toujours, conservait malgr? sa d?faite ce respect pour l'honneur, cette fiert? r?publicaine qu'il avait contract?e dans des luttes dont l'empire devait ?tre le prix. Le second, au contraire, n'est point une victime politique, c'est le fruit surabondant d'une soci?t? trop pleine et corrompue, que les vicissitudes du commerce, la centralisation de la propri?t? et les vices d'une organisation sociale tr?s compliqu?e, ont r?duit ? la derni?re mis?re. Les pr?occupations de son esprit sont tout enti?res concentr?es dans la recherche des moyens de se procurer une nourriture qui lui manque sans cesse. Cet homme ne peut avoir ni la noblesse de sentiment, ni l'ind?pendance de caract?re qui ont distingu? les premiers colons de l'Am?rique septentrionale. Accabl? sous le poids de la mis?re, et insensible ? tout ce qui n'est pas imm?diatement li? ? son existence mat?rielle, il lui faudra ? coup s?r de longues ann?es d'aisance pour atteindre au niveau des r?publicains du Massachusetts ou des gentilshommes catholiques du Maryland. Il est facile de concevoir, qu'avec de pareils ?l?mens la politique d'une m?tropole a plus de chances de prolonger sa domination.

Si l'on compare ? pr?sent le colon fran?ais avec le colon anglais du 17e et du 18e si?cle, l'on trouve encore l? un grand contraste. Ce dernier ?tait principalement domin? par l'amour de la libert?, du commerce et des richesses qu'il fournit. Il faisait avec plaisir tous les sacrifices pour s'assurer la possession de ces trois objets, vers lesquels tendaient toutes ses pens?es. Aussi d?s que les traitans de l'Acadie le molest?rent par leurs courses, ou que les Hollandais de la Nouvelle-York g?n?rent son extension, il dirigea tous ses efforts pour s'emparer de ces deux contr?es. En Acadie, il n'y avait que quelques centaines d'habitans dispers?s sur les bords de la mer; il lui fut par cons?quent assez facile de conqu?rir cette province encore couverte de for?ts. La Nouvelle-Belgique encore moins en ?tat de se d?fendre, passa sous son joug sans faire de r?sistance. Le colon canadien resta seul dans la lice avec lui; et la lutte, commenc?e d?j? depuis longtemps, devint alors plus vive, plus int?ressante et mieux d?finie.

La vie ? la fois insouciante et agit?e, soumise et ind?pendante du Canadien, avait une teinte plus chevaleresque, plus po?tique si l'on peut parler ainsi, que celle de ses voisins. Catholique ardent, il n'avait pas ?t? jet? en Am?rique par les pers?cutions, il ne demandait pas une libert? contre laquelle peut-?tre il e?t combattu, c'?tait un aventurier inquiet, qui cherchait une vie nouvelle, ou un v?t?ran bruni par le soleil de la Hongrie, qui avait vu fuir le croissant devant lui sur le Raab, et pris part aux victoires des Turenne et des Cond?. La gloire militaire ?tait son idole, et, fier de marcher sous les ordres de son seigneur, il le suivait partout, et risquait sa vie avec joie pour m?riter son estime et sa consid?ration. C'est ce qui faisait dire ? un ancien militaire: Je ne suis pas surpris si les Canadiens ont tant de valeur, puisque la plupart descendent d'officiers et de soldats qui sortaient d'un des plus beaux r?gimens de France.

L'?ducation que les seigneurs et le peuple recevaient des mains du clerg? presque seul instituteur en Canada, n'?tait point de nature ? ?teindre cet esprit qui plaisait au gouvernement, et qui ?tait n?cessaire jusqu'? un certain point au clerg? lui-m?me, pour prot?ger plus efficacement les missions catholiques, lesquelles redoutaient pardessus tout la puissance et les principes protestans de leurs voisins. Ainsi le gouvernement et le clerg? avaient int?r?t ? ce que le Canadien f?t un guerrier. A mesure que la population augmentait en Canada, la milice avec ce syst?me devait y devenir de plus en plus redoutable. C'?tait en effet presqu'une colonie militaire: dans les recensemens l'on comptait les armes, comme dans les r?les d'arm?e. Tout le monde en avait .

Tels ?taient nos anc?tres; et comme l'?migration fran?aise a toujours ?t? peu consid?rable, ce syst?me ?tait peut-?tre ce qu'il y avait de mieux, dans les circonstances, pour luter contre la force croissante des colonies anglaises. Pendant pr?s d'un si?cle leur vaste puissance vint se briser contre cette milice aguerrie, qui ne succomba, en 1760, que sous le nombre, apr?s une lutte acharn?e de six ans, et avoir honor? sa chute par de grandes et nombreuses victoires. C'est ? elle que le Canada doit de ne pas faire partie aujourd'hui de l'Union am?ricaine; et elle sera probablement la cause premi?re quoiqu'?loign?e de l'ind?pendance de ce pays s'il cessait d'appartenir ? l'Angleterre, en ce qu'elle l'a emp?ch? de devenir compl?tement am?ricain de moeurs, de langue et d'institutions.

LE SI?GE DE QU?BEC.

Nous venons de voir quel chemin les colonies anglo-am?ricaines avaient fait ? l'?poque o? nous sommes parvenus, et quels ?l?mens de bonheur, de puissance et de richesses elles poss?daient pour l'avenir. Un commerce ?tendu, une population consid?rable, des institutions libres et la jouissance d'un des plus fertiles pays du monde, tel est le tableau que pr?sente l'ennemi que le Canada a ? combattre, le Canada qui n'a, lui, que 11,000 habitans, qui soutient depuis longtemps une guerre sanglante avec les Indiens, et dont le commerce est presqu'enti?rement an?anti. Les Am?ricains pouvaient bien dire lorsqu'ils comparaient leurs forces aux siennes, que c'?tait une proie <>

Un des projets de conqu?rir la Nouvelle-York sugg?r?s par le chevalier de Calli?res, car il en avait pr?sent? plusieurs, et dont on a parl? plus haut, fut agr??; mais le gouvernement adopta un plan d'ex?cution plus compliqu? que celui de cet officier. D'abord M. Begon, intendant de Rochefort, fut charg? d'armer deux vaisseaux, et de les mettre sous les ordres de M. de la Caffini?re, qui devait suivre les directions de M. de Frontenac. Ces vaisseaux avaient pour mission de balayer la c?te depuis le golfe St. Laurent jusqu'? New-York, et de bloquer ensuite cette ville sans trop s'exposer pourtant en attendant les troupes qui devaient l'attaquer par terre. En second lieu le gouverneur, en arrivant ? Qu?bec, devait faire ses pr?paratifs avec le plus grand secret, et conduire lui-m?me les troupes par terre ? la place qu'on voulait attaquer, apr?s avoir charg? le chevalier de Vaudreuil de l'administration du Canada. Si l'entreprise r?ussissait et que la province de la Nouvelle-York tomb?t en son pouvoir, il devait y laisser la population catholique en prenant les mesures n?cessaires pour s'assurer de sa fid?lit?; garder prisonniers les officiers et les principaux citoyens qui pourraient se racheter par de bonnes ran?ons, et renvoyer tout le reste dans la Nouvelle-Angleterre et dans la Pennsylvanie. Le chevalier de Calli?res resterait gouverneur de la conqu?te. Comme on supposait que l'ennemi t?cherait de la reprendre, l'ordre avait ?t? donn? de br?ler toutes les habitations jusqu'? une certaine distance autour de New-York, et de forcer les autres ? payer une forte contribution pour se racheter. L'on reconna?t l? le g?nie dur et impitoyable de Louvois, assez conforme d'ailleurs au syst?me de guerre suivi ? cette ?poque en Am?rique.

Les courses que l'on ferait en m?me temps sur les fronti?res anglaises, n'auraient pour objet que d'inqui?ter l'ennemi, diviser ses forces et occuper les Indiens.

Les premi?res hostilit?s commenc?rent ? la baie d'Hudson, o? M. de la Fert? prit le fort de New-Severn. Le capitaine d'Iberville, officier canadien plein de bravoure et devenu c?l?bre depuis et par ses exploits et comme fondateur de la Louisiane, arrivait ? Ste.-Anne, poste de cette baie, lorsque deux navires anglais portant, l'un 22 canons et l'autre 14, et charg?s d'armes, de munitions et de vivres, parurent ? la vue du fort. On devina sans peine leur dessein, car dans les papiers du gouverneur de New-Severn on avait trouv? des lettres de la compagnie de Londres, qui faisait la traite dans cette contr?e, lui enjoignant d'y proclamer le prince d'Orange roi de la Grande-Bretagne, et de prendre possession de toute la baie d'Hudson au nom de l'Angleterre. Ces vaisseaux, voyant les Fran?ais sur leurs gardes, voulurent user de ruse; mais d'Iberville les fit tomber eux-m?mes dans le pi?ge qu'ils voulaient tendre, et apr?s avoir tu? ou pris une partie de leurs ?quipages dans des embuscades, il les obligea d'amener leur pavillon. Il laissa son fr?re, M. de M?ricourt, pour commandant de ces postes, et fit voile sur l'une de ses prises pour Qu?bec, o? il arriva dans le mois d'octobre 1689. Il trouva le pays encore tout ?mu du massacre de Lachine.

Cependant les vaisseaux destin?s ? l'attaque de New-York sur lesquels devait s'embarquer le nouveau gouverneur, M. de Frontenac, avaient perdu plus d'un mois ? la Rochelle pour se faire radouber; ensuite les b?timens marchands qu'ils avaient eu ? convoyer avaient retard? tellement leur marche, qu'ils n'?taient arriv?s ? Chedabouctou, en Acadie, que vers le milieu de septembre. M. de Frontenac y resta quelques jours et ordonna ? M. de la Caffini?re, s'il arrivait avant le 1er. novembre ? New-York, de croiser en face du port jusqu'au 10 d?cembre tenant tout pr?t pour le d?barquement; et si, ? cette date, il ne recevait point de nouvelle du Canada, de retourner en France.

L'?tat dans lequel le gouverneur trouva le pays, dont il venait reprendre l'administration pour la seconde fois, ne lui permit pas d'envahir la Nouvelle-York, qui fut ainsi sauv?e par les fautes de M. Denonville. Ce gouverneur a

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