Read Ebook: Geofroy Tory Painter and engraver; first royal printer; reformer of orthography and typography under François I. by Bernard Auguste Ives George Burnham Translator
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Ebook has 129 lines and 5025 words, and 3 pages
LA DESTINEE
DU MEME AUTEUR:
La Proph?tie de Maurice. 1 vol. in-12...... 3fr.
IMP. GEORGES JACOB. - ORLEANS.
LUCIE DES AGES
DESTINEE
PARIS
LIBRAIRIE BLERIOT
HENRI GAUTIER, SUCCESSEUR
LA DESTINEE
CHAPITRE PREMIER
Le jeune docteur Martelac, les deux mains dans ses poches et les yeux fix?s sur les pav?s in?gaux entre lesquels une pluie d'orage venait de laisser des plaques d'eau jaun?tre, descendait une longue rue en pente comme il y a tant ? Poitiers. Cette ville, dont une partie est sur une hauteur, est s?par?e des coteaux connus sous le nom de dunes, qui l'entourent presque enti?rement, par des faubourgs ?tal?s sur les rives du Clain. Des rues, partant du plateau sur lequel s'?l?vent ses principaux ?difices, vont aboutir aux boulevards qui longent la rivi?re et forment une ceinture trop souvent poussi?reuse ? la vieille cit?.
Robert Martelac marchait depuis dix minutes et atteignait une ruelle peu ?clair?e quand un jeune officier, venant d'une rue oppos?e, se trouva subitement en face de lui, le regarda un instant avec h?sitation et parut dispos? ? l'arr?ter. La rue ?tait d?serte, ?troite; les trottoirs attestaient plus d'ambition que d'espace, le ruisseau coulait encore lentement et refl?tait les ?toiles, ? pr?sent visibles dans le ciel redevenu clair.
Il ?tait difficile aux deux jeunes gens de passer ensemble, ? pied sec du moins; il fallait que l'un des deux s'effa??t contre le mur pour faire place ? l'autre. Mais le nouveau venu s'?tait carr?ment install? devant Robert et paraissait oublier l'urbanit? fran?aise au point de lui barrer le chemin. Le docteur, ayant lev? les yeux,, parut ?tonn? de cet arr?t impos? ? sa promenade par un inconnu.
- Voulez-vous me faire place? demanda-t-il.
Celui ? qui il s'adressait ?tait petit et mince. Son k?pi enfonc? sur ses yeux et les t?n?bres de la rue, fort mal ?clair?e par de rares becs de gaz dont la lumi?re ?tait ?nergiquement secou?e par le vent, ne permettaient gu?re de distinguer ses traits. Il parut ne pas entendre cette parole, demeurant immobile devant Robert comme s'il e?t cherch? ? le reconna?tre.
- Que demandez-vous? reprit ce dernier, non sans une certaine impatience.
L'officier continua ? le regarder en murmurant.
- C'est sa voix, s?rement!
- Enfin, parlez! s'?cria le docteur ou laissez le passage libre. Si votre costume, sur lequel je distingue il me semble les galons d'un grade, ne me rassurait, cette singuli?re insistance me ferait croire ? une attaque nocturne. Toutefois, si vous vous ?tes post? l? pour demander la bourse ou la vie, vous vous adressez mal. Ma bourse, assez l?g?re en ce moment, ne peut tenter personne; de plus, je compte la garder pour mon usage personnel. Quant ? ma vie, j'y tiens plus encore qu'? ma monnaie et je suis pr?t ? la d?fendre bravement.
Le premier mouvement d'irritation ?prouv? par Robert ?tait pass?, et ce petit discours, prononc? d'un ton railleur, prouvait combien le jeune homme prenait peu au s?rieux cette attaque nocturne et ses propres paroles.
A vrai dire, les silhouettes des deux interlocuteurs eussent facilement fait comprendre l'inutilit? de la lutte, s'il e?t d? y en avoir une. Autant le docteur ?tait grand et fort, autant celui auquel il parlait ?tait gr?le et d?licat.
- Je n'en veux ni ? l'un ni ? l'autre, dit enfin ce dernier, mais je vous prierai, s'il n'y a aucune indiscr?tion ? vous adresser pareille demande, de venir avec moi sous ce r?verb?re.
- Pourquoi?
- Pour que je puisse vous voir.
Un ?clat de rire r?sonna dans le silence de la rue, o? ne se faisait entendre que le bruit des gouttes d'eau, tombant ? intervalles de plus en plus ?loign?s des toits encore ruisselants. Poitiers est une ville paisible, et le quartier o? se rencontraient les deux jeunes gens ?tait ?loign? du centre, seul endroit o? le mouvement se prolonge apr?s la tomb?e de la nuit.
Parbleu! Il ne sera pas dit que je vous aurai refus? cette satisfaction, si vous y tenez! r?pondit joyeusement Robert. Vous d?sirez, il para?t, avant d'entamer une conversation, savoir si votre auditeur poss?de une honn?te figure? A votre aise! Je me pr?te de bon coeur ? l'accomplissement de ce d?sir; d'autant que vous me permettrez, je suppose, le m?me examen de votre personne. Toutefois, laissez-moi vous communiquer ma premi?re impression. Vous ne sauriez ?tre tout au plus qu'un diminutif de brigand! La voix de Fra Diavolo devait avoir d'autres intonations que la v?tre, dont le timbre doux et caressant me semble propre ? soupirer de sentimentales paroles plus qu'? effrayer les passants. Tenez, mon lieutenant, ajouta-t-il en passant la main sur la manche du jeune officier et en comptant les galons d'or qui luisaient sur le v?tement sombre, allez roucouler quelque refrain d'amour, mais ne vous avisez plus de jouer au voleur! Le r?le ne vous convient pas.
Cette singuli?re aventure mettait le docteur en ga?t?. Complaisamment, il se laissa conduire par l'inconnu sous un r?verb?re dont la lumi?re vacillante pouvait permettre de distinguer ses traits.
- Voici! dit-il en enlevant son chapeau et en relevant l?g?rement la t?te pour laisser la lumi?re se r?pandre sur son front et ?clairer ses yeux souriants.
- Robert Martelac!
Robert tressaillit et subitement son visage redevint s?rieux. Quelque chose comme un son lointain avait frapp? son oreille; il se pencha en avant pour examiner ? son tour celui qui ?tait devant lui. Au bout d'un instant, la m?moire lui revenant:
- Jacques Hilleret! s'?cria-t-il.
Ils tomb?rent dans les bras l'un de l'autre.
- Toi? C'est toi qui joues ainsi au voleur? disait Robert avec bonne humeur. Du diable si je croyais te rencontrer ce soir sur mon chemin! Si tu ne m'avais poliment pri? de me montrer, j'eusse pass? pr?s de toi sans te reconna?tre, gr?ce au parcimonieux ?clairage de cette rue. Je suis ravi!
En m?me temps, il serrait chaleureusement les mains du jeune lieutenant.
- Quel bonheur de te retrouver! murmurait celui-ci, dont la fr?le personne semblait secou?e par l'?motion.
- Toujours le m?me! dit Robert. Aussi profond?ment touch? par l'?motion qu'une femme ou un enfant! Mon pauvre Jacques, il faut ?tre plus fort.
Ces paroles ?taient prononc?es sur un ton d'affectueuse remontrance.
- Oui, comme autrefois, r?pondit l'officier en souriant ? ce souvenir, quand tu me disais qu'il fallait apprendre ? me d?fendre contre mes camarades. Je n'ai jamais su!
- Et pourtant, j'en suis s?r, malgr? cette nature impressionnable ? l'exc?s, tu feras toujours honneur ? l'uniforme que tu portes.
En disant cela, le docteur prenait le bras de Jacques et rebroussait chemin sans que son ami f?t aucune r?sistance.
- Certes! Je l'esp?re. J'aime ma carri?re avec passion.
- Je n'en doute pas. Le Fran?ais est n? soldat. L'amour de son pays l'?lectrise. Les enfants timides et doux eux-m?mes, tels que tu l'?tais jadis, r?vent d'exterminer le monde afin de faire plus grande et plus glorieuse la part de leur pays. Tu es en garnison ici?
- J'arrive aujourd'hui et je n'ai pas encore eu le temps de me d?couvrir un g?te d?finitif.
- Alors, je t'emm?ne chez ma m?re.
- Impossible! A pareille heure, ce serait une invasion que je ne saurais me permettre qu'en pays conquis! Je n'ai pas l'honneur de la conna?tre.
- Vous ferez connaissance. Elle accueille toujours tr?s bien les amis de son fils.
Jacques se d?battit un instant, trouvant la chose indiscr?te de sa part. Mais Robert insista et eut facilement raison des scrupules du lieutenant, trop heureux d'ailleurs de la perspective d'une soir?e pass?e avec lui pour r?sister longtemps ? cette invitation.
- Je n'esp?rais pas te trouver ici en ce moment, reprit M. Hilleret, quand il eut enfin consenti ? se laisser diriger vers la maison de Madame Martelac. Je te croyais ? Paris, o? ta r?putation grandit malgr? ta jeunesse et c'est pourquoi j'ai h?sit? ? t'arr?ter.
- Non pas ? m'arr?ter, mon ami, car tu l'as fait avec une cr?ne d?sinvolture, il faut l'avouer! Tout au plus as-tu h?sit? ? me questionner pour t'assurer de mon identit?. Je b?nis le hasard qui me fait te rencontrer justement le jour de ton arriv?e ici quand moi-m?me j'y suis pour quelques heures seulement. Je retourne apr?s-demain ? Paris, mais je viens voir ma m?re toutes les fois qu'il m'est possible de m'arracher ? mes occupations.
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