Read Ebook: Voyage aux montagnes Rocheuses Chez les tribus indiennes du vaste territoire de l'Orégon dépendant des Etats-Unis d'Amérique by Smet Pierre Jean De
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Ebook has 323 lines and 77993 words, and 7 pages
LE R. P. DE SMET.
VOYAGES
AUX
MONTAGNES
ROCHEUSES
chez les tribus indiennes du vaste territoire de l'Or?gon d?pendant des Etats-Unis d'Am?rique.
LIBRAIRIE DE J. LEFORT, ?DITEUR
A LILLE A PARIS rue Charles de Muyssart, 24 rue des Saints-P?res, 30
VOYAGES
AUX
MONTAGNES ROCHEUSES
In-8?. 2? s?rie.
A LA M?ME LIBRAIRIE
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VOYAGES
AUX
MONTAGNES
ROCHEUSES
chez les tribus indiennes du vaste territoire de l'Or?gon d?pendant des Etats-Unis d'Am?rique.
PAR LE R. P. DE SMET
LIBRAIRIE DE J. LEFORT
IMPRIMEUR ?DITEUR
LILLE rue Charles de Muyssart, 24
PARIS rue des Saints-P?res, 30
PR?FACE DE L'?DITION AM?RICAINE
Nous offrons cet int?ressant r?cit aux amis de la patrie et de leurs concitoyens, avec l'espoir, disons mieux, avec la certitude que la lecture qu'ils en feront leur fera go?ter le plaisir le plus pur. Rarement avons-nous rencontr? quelque chose de plus attrayant. L'?loquence simple et virile qui le caract?rise ravit l'attention du lecteur. Les faits que l'auteur rapporte sur les r?gions les plus recul?es de l'Occident, les moeurs et les usages des tribus indiennes qui errent dans l'immense territoire de l'Or?gon, leur ?tat et leurs dispositions actuelles, leurs vues pour l'avenir, sont des sujets qui ne peuvent manquer d'inspirer de l'int?r?t ? quiconque aime de porter ses regards au del? de l'?troit horizon des sc?nes journali?res, et d'apprendre ce que les pieux serviteurs de Dieu font pour sa gloire et son nom dans les contr?es les plus lointaines. Nous avons eu un entretien avec l'homme apostolique de la plume duquel nous tenons ces r?cits; et en l'?coutant, nous avons ?prouv? tout ? la fois le sentiment d'un noble orgueil et d'une joie pure, dans la pens?e qu'il nous retra?ait en sa personne ce g?n?reux esprit de d?vouement et ces sc?nes anim?es de la vie et des aventures indiennes, si admirables dans les pages des Charlevoix et des Bancroft.
L'un de leurs plans favoris en ce moment est d'introduire parmi les Indiens le go?t de l'agriculture avec les moyens de s'y livrer. Ils sont d'avis que c'est le plus prompt moyen, peut-?tre le seul, de les arracher ? la vie errante qu'ils m?nent encore g?n?ralement ? pr?sent et aux habitudes d'oisivet? qu'elle engendre. Les aider dans ce philanthropique dessein est pour nous un devoir sacr?, en notre qualit? d'hommes, d'Am?ricains, de chr?tiens. C'est l? au moins l'un des moyens en notre pouvoir d'expier les torts sans nombre que les blancs ont faits ? cette race infortun?e. Que personne ne laisse donc ?chapper cette belle occasion de faire le bien et de donner ainsi un gage de son amour pour Dieu, pour sa patrie et pour ses semblables.
VOYAGES
AUX
MONTAGNES ROCHEUSES
PREMIER VOYAGE
du 27 mars au 31 d?cembre 1840.
RELATION
Universit? de Saint-Louis, 4 f?vrier 1841.
Vous vous attendez sans doute ? des d?tails int?ressants sur mon long, tr?s-long voyage de Saint-Louis jusqu'au del? des Montagnes Rocheuses . J'ai mis soixante jours ? traverser le fameux d?sert am?ricain, et pr?s de quatre mois ? revenir sur mes pas par un nouveau et tr?s-hasardeux chemin.
Envoy? par le T. R. ?v?que et par mon provincial pour nous assurer des dispositions des sauvages et des succ?s probables qu'on pourrait esp?rer en ?tablissant une mission au milieu d'eux, je quittai Saint-Louis le 27 mars 1840, dans un bateau ? vapeur, et je remontai le Missouri ? une distance de 500 milles, pour me rendre aux fronti?res de l'Etat. Le navire o? j'?tais embarqu? ?tait encombr? de marchandises et de passagers de tous les Etats de l'Union; je puis m?me dire de diff?rentes nations de la terre, blancs, noirs, jaunes et rouges, avec les nuances de toutes ces couleurs. Le bateau ressemblait ? une petite Babel flottante, ? cause des diff?rents langages et jargons qu'on y entendait. Ces passagers d?barquent pour la plupart sur l'une et l'autre rive, pour y ouvrir des fermes, y construire des moulins, diriger des fabriques de toutes sortes d'esp?ces; ils augmentent de jour en jour le nombre des habitants des petites villes et des villages qui s'?l?vent comme par enchantement sur les deux rives.
Ces arbrisseaux sont dispers?s de tous c?t?s dans la for?t; et au commencement du printemps, leurs masses de fleurs brillantes forment un contraste gracieux avec le brun dominant de la for?t. Le bouton rouge donne au paysage un charme que le voyageur qui le voit pour la premi?re fois ne saurait oublier. Le cerisier sauvage, le m?rier, le fr?ne y sont tr?s-communs. Le sol, dans tous ses bas-fonds, est prodigieusement riche, fortement impr?gn? de substances salines et de pierres calcaires d?compos?es.
Ces rivages cependant sont tr?s-incertains et s'?boulent continuellement; ce qui rend l'eau de ce fleuve, d'ailleurs tr?s-l?g?re et saine ? boire, bourbeuse et d?go?tante. Les bancs de sable et les arbres au fond de l'eau sont si nombreux, que l'on s'y habitue et qu'on ne songe gu?re aux dangers qu'on court ? chaque instant. Il est int?ressant d'observer ? quelles ?tendues les racines s'enfoncent dans ce sol fertile; l? o? la terre s'?boule, on en observe toute la profondeur; en g?n?ral, il n'y a qu'une grosse racine centrale, p?n?trant ? dix ou douze pieds, et d'autres plus minces qui s'?tendent ? l'entour.
Apr?s dix jours de navigation, j'arrivai ? West-Port, petite ville fronti?re du territoire des sauvages, d'o? je devais me mettre en route pour les Montagnes.
Je n'?tais encore que depuis six jours dans le pays sauvage lorsque je me sentis accabl? par la fi?vre intermittente, avec les frissons qui pr?c?dent d'ordinaire les acc?s de chaleur. Cette fi?vre ne m'a quitt? que sur la Roche-Jaune, ? mon retour des Montagnes. Il me serait impossible de vous donner une id?e de mon accablement. Mes amis me conseillaient de revenir sur mes pas; mais le d?sir de voir les nations des Montagnes l'emporta sur toutes les bonnes raisons qu'ils purent me donner. Je suivis donc la caravane de mon mieux, me tenant ? cheval aussi longtemps que j'en avais la force; et j'allai ensuite me coucher dans un chariot, sur des caisses o? j'?tais ballott? comme un malheureux; car souvent il nous fallait traverser des ravins profonds et ? pic, qui me mettaient dans les positions les plus singuli?res: tant?t j'avais les pieds en l'air; tant?t je me trouvais cach? comme un voleur entre les ballots et les caisses, froid comme un gla?on, ou couvert de sueur et br?lant comme un brasier. Ajoutez que pendant trois jours je n'eus pour me d?salt?rer que des eaux stagnantes et sales.
Apr?s sept jours de marche le long de la Plate, nous arriv?mes dans les plaines habit?es par les buffles. De grand matin, je quittai seul le camp pour les voir plus ? mon aise; j'en approchai par des ravins, sans me montrer et sans leur donner le vent qui m'?tait favorable. C'est l'animal qui a l'odorat le plus subtil; il lui fait conna?tre la pr?sence de l'homme ? la distance de quatre milles, et aussit?t il s'enfuit, cette odeur lui ?tant insupportable. Je gagnai inaper?u une haute colline semblable par sa forme au monument de Waterloo; de l? je jouissais d'une vue d'environ douze milles d'?tendue. Cette vaste plaine ?tait tellement couverte d'animaux, que les march?s ou les foires d'Europe ne vous en donneraient qu'une faible id?e. C'?tait vraiment comme la foire du monde entier rassembl?e dans une de ses plus belles plaines. J'admirais les pas lents et majestueux de ces lourds boeufs sauvages, marchant en file et en silence, tandis que d'autres broutaient avec avidit? le riche p?turage qu'on appelle l'herbe courte des buffles. Des bandes enti?res ?taient couch?es sur l'herbe au milieu des fleurs: toute la sc?ne r?alisait en quelque fa?on l'ancienne tradition de l'Ecriture sainte, parlant des vastes contr?es pastorales de l'Orient, o? il y avait des animaux sur mille montagnes. Je ne pouvais me lasser de contempler cette sc?ne ravissante, et pendant deux heures je regardai ces masses mouvantes dans le m?me ?tonnement. Tout ? coup l'immense arm?e parut ?veill?e; un bataillon donnait l'?pouvante ? l'autre; toute la troupe ?tait en d?route, fuyant de tous c?t?s. Les buffles avaient eu le vent de leur ennemi commun: les chasseurs s'?taient ?lanc?s au grand galop au milieu d'eux. La terre semblait trembler sous leurs pas, et les bruits sourds que l'on entendait ?taient semblables aux mugissements du tonnerre ?loign?. Les chasseurs tiraient ? droite et ? gauche; ils firent un grand carnage parmi les plus gras de ces animaux. Je retournai avec eux au camp. Ils avaient charg? plusieurs chevaux de langues, de bosses, de c?tes, etc., abandonnant le reste aux loups et aux vautours. Nous camp?mes ? une petite distance de cette boucherie, et chacun se mit en mouvement dans le camp pour faire la cuisine. Manquant de bois sur les bords de la Plate, nos gens se servirent de la fiente s?che du buffle, qui br?le comme la tourbe. Il nous fallut recourir souvent au m?me exp?dient dans les prairies des C?tes-Noires.
Ce d?sert de l'ouest, tel que je viens de le d?crire, semble devoir d?fier l'industrie de l'homme civilis?. Quelques terres, plus heureusement situ?es sur le bord des fleuves, seraient peut-?tre avec succ?s soumises ? la culture; d'autres pourraient se changer en p?turages aussi fertiles que ceux de l'est; mais il est ? craindre que, dans sa presque totalit?, cette immense r?gion ne forme comme un oc?an entre la civilisation et la barbarie, et que des bandes de malfaiteurs, organis?es comme les caravanes des Arabes, n'y exercent impun?ment leurs d?pr?dations. Ce sera peut-?tre un jour le berceau d'un nouveau peuple, compos? des anciennes races sauvages et de cette classe d'aventuriers, de fugitifs et de bannis que la soci?t? repousse de son sein, population h?t?rog?ne et mena?ante, que l'Union-Am?ricaine amoncelle comme un sinistre nuage sur ses fronti?res, et dont elle accro?t sans cesse l'irritation et les forces en transportant des tribus enti?res d'Indiens, des rives du Mississipi o? ils ont pris naissance, dans les solitudes de l'ouest qu'elle leur assigne pour exil. Ces sauvages emportent avec eux une haine implacable contre les blancs, qui les ont, disent-ils, injustement chass?s de leur patrie, loin des tombeaux de leurs p?res, pour se mettre en possession de leur h?ritage. Si quelques-unes de ces tribus forment un jour des hordes semblables aux peuples nomades, moiti? pasteurs, moiti? guerriers, qui parcourent avec leurs troupeaux les plaines de la haute Asie, n'est-il pas ? craindre qu'avec le temps d'autres ne s'organisent en bandes de pillards et d'assassins, qui auront pour coursiers les chevaux l?gers des prairies, le d?sert pour th??tre de leurs brigandages, et des rochers inaccessibles pour mettre leurs jours et leur butin en s?ret??
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