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Ebook has 221 lines and 16211 words, and 5 pages

DES HOMICIDES COMMIS PAR LES ALI?N?S

PAR

LE DOCTEUR ?. BLANCHE

MEMBRE DE L'ACAD?MIE DE M?DECINE, DE LA SOCI?T? M?DICO-PSYCHOLOGIQUE ET DE LA SOCI?T? DE M?DECINE L?GALE.

Non quod fieri debet Non quod fieri potest Sed quod fieri solet.

STOLL.

PARIS

LIBRAIRIE DE P. ASSELIN

Place de l'?cole-de-M?decine.

Lorsqu'il s'agit de juger un criminel, la premi?re pens?e qui vienne ? l'esprit, c'est que la gravit? du crime qu'il a commis doit correspondre au degr? de sa d?pravation morale.

Lorsqu'un ali?n? commet un attentat, le premier sentiment est ?galement que le d?lire doit ?tre conforme et proportionn? ? la violence de l'acte.

Dans le premier cas, cette impression sommaire n'est pas toujours justifi?e par l'?tude ult?rieure des mobiles auxquels le coupable a c?d?; dans le second, elle est absolument contraire ? l'observation des faits, et la gravit? de l'attentat commis par l'ali?n? est le plus souvent en proportion inverse de l'?tendue du trouble intellectuel dont il est atteint.

Le m?moire que j'ai l'honneur de soumettre ? l'Acad?mie a pour objet d'indiquer les rapports des actes accomplis par les ali?n?s, et qui chez un homme responsable s'appellent des crimes, avec les formes d'ali?nation dans le cours desquelles ces actes sont survenus.

C'est un chapitre d?tach? de l'histoire des Folies dangereuses. Pour rendre l'expos? plus simple et plus clair, il ne sera question ici que des ali?n?s qui tuent, mais ces consid?rations pourraient s'appliquer aussi aux fous qui incendient et ? ceux qui volent.

Si on admet l'existence d'une monomanie homicide, la question devient relativement facile ? ?tudier. Les impulsions d?lirantes sont continues, elles concordent avec les conceptions qui semblent les avoir inspir?es. Le m?decin averti a l'attention ?veill?e, et le jour o? le malade passe de l'id?e ? l'acte, le seul ?tonnement qu'il soit en droit d'?prouver, c'est que l'attentat se soit fait attendre si longtemps.

Si au contraire l'homicide, au lieu d'appartenir exclusivement ? une esp?ce, peut ?tre accompli par des ali?n?s repr?sentant des types vari?s de la maladie, si la violence peut ?clater ? l'improviste ou ?tre pr?par?e par de longues h?sitations, si elle r?sulte aussi bien de la m?lancolie anxieuse et sombre que de l'excitation maniaque, il importe de rechercher comment et ? quelles conditions ces ?tats dissemblables peuvent aboutir ? la m?me cons?quence.

Il m'a paru que le meilleur mode d'investigation ?tait de passer en revue les formes d'ali?nation o? l'homicide se produit le plus souvent; j'esp?re d?montrer ainsi que des malades diff?rents les uns des autres pour le m?decin qui se borne ? constater les id?es d?lirantes pr?dominantes, peuvent offrir des analogies saisissantes ? l'observateur qui p?n?tre plus avant dans l'analyse de la maladie.

Le d?lire de pers?cution est certainement celui o? la tendance ? l'homicide semble le plus logiquement command?e; l'ali?n? est sous le coup d'une pression irritante ou terrible; ses ennemis l'obs?dent, sans qu'il ait fourni le plus l?ger pr?texte ? leur hostilit?, ils s'acharnent contre lui, le calomnient, le menacent, l'emp?chent de jouir de la vie, s'il est riche, de gagner son pain, s'il est pauvre; ses nuits sont troubl?es par les propos injurieux des voisins, ses journ?es s'?coulent dans les m?mes angoisses; tous les moyens sont bons ? ses pers?cuteurs qui disposent de ressources myst?rieuses, qui, non contents de le perdre au dehors, p?n?trent jusque dans l'intimit? de sa pens?e, le forcent ? vouloir ce qu'il ne voudrait pas, et ne lui accordent pas une heure de r?pit.

En pareil cas, il semble que le meurtre s'excuse par les droits de la l?gitime d?fense, et il n'est pas un de nous qui, se repr?sentant par la pens?e une situation si douloureuse, ne se demande s'il ne se d?livrerait pas ? tout prix d'une telle angoisse.

Et cependant, ce n'est pas parmi les pers?cut?s que se rencontrent le plus grand nombre d'ali?n?s homicides. Pourquoi? C'est parce qu'avant de subir l'entra?nement qui d?termine les attentats contre les personnes, il faut qu'il intervienne un ?l?ment nouveau. Les pers?cut?s inertes, r?sign?s ? leur sort, n'ont pas l'?nergie de commencer la lutte; c'est souvent en souriant qu'ils racontent leurs infortunes auxquelles ils ?chappent par la fuite, si m?me ils essaient de s'y soustraire.

On trouve ? c?t?, et comme types tout diff?rents, des malades atteints du m?me d?lire de pers?cution, mais sujets ? des exaltations critiques. Calmes habituellement, ils s'excitent, sans autre cause qu'une modification c?r?brale dont ils n'ont pas conscience. Ces attaques se r?p?tent plus ou moins, avec des dur?es variables et surtout des intensit?s in?gales.

Quand la crise est peu accentu?e, elle se traduit par un besoin de mouvement ou par une anxi?t? vague; plus elle augmente, plus elle devient mena?ante; si une circonstance quelconque l'arr?te dans son ?volution, les ali?n?s ne sont qu'inqui?tants, ils restent inoffensifs; mais si la crise atteint son paroxysme, ils vont jusqu'? l'acte, et se vengent ou se pr?servent d'un danger imaginaire en frappant celui qu'ils supposent ?tre l'auteur de leurs maux. Chez les uns, la crise se manifeste sous une forme visible, traduite par les gestes et les paroles; chez les autres, elle se dissimule sous une agitation latente qui couve sans ?clater. Quel que soit le mode d'expression, le fond est le m?me. L'excitation c?r?brale ?teinte, les malades rentrent dans la passivit? et cessent d'?tre dangereux, jusqu'au retour, souvent possible ? pr?voir, de commotions semblables. L'homicide est provoqu? par une impulsion soudaine en apparence, mais pr?par?e en r?alit?, par l'accroissement des ph?nom?nes d'irritation enc?phalique, et destin?e ? s'effacer si l'occasion a fait d?faut, ou si le calme est revenu.

Les alcooliques, et ils sont presque tous, ? de certains moments et ? des degr?s divers, des pers?cut?s, fournissent l'exemple le plus complet de ces ?branlements critiques; eux aussi sont tourment?s par des ennemis; au lieu de les entendre, ils les voient; on ne se contente pas de les obs?der, on en veut ? leur vie. Toujours agit?s, ils le deviennent ? l'exc?s sous l'influence d'un progr?s de l'intoxication; intermittente, nocturne ou diurne, et d'autant plus marqu? qu'il se continue le jour et la nuit.

La maladie proc?de l?, et c'est sa loi pathologique, par acc?s de courte dur?e en g?n?ral; l'homicide est une des cons?quences ordinaires et faciles ? pr?voir de cette marche du mal; tout le monde sait comment il s'accomplit; l'alcoolique, errant, incertain de sa direction mat?rielle et morale, tortur? par des hallucinations terrifiantes, frappe ? la mani?re des b?tes fauves quand la peur les envahit.

Il existe incontestablement des pers?cut?s non intoxiqu?s qui ont par intervalles des affinit?s avec les alcoolis?s pers?cut?s. L'hallucination de la vue se m?le chez eux avec celle de l'ou?e, parfois elle la domine, donnant ainsi la preuve d'une excitation c?r?brale plus vive. Sous la pression de cette pouss?e congestive, ils se transforment, et franchissent l'intervalle de la passivit? ? l'activit? et par cons?quent de la pens?e ? l'acte.

Quand on cherche ? quel degr? un malade peut ?tre dangereux, on doit l'?tudier au point de vue tout sp?cial de ces crises si mobiles, d'aspect si vari?, mais pourtant possibles ? reconna?tre lorsqu'on s'y applique attentivement.

Les ?pileptiques que tant de sympt?mes analogues rapprochent des alcooliques, en dehors de l'attaque, les ?pileptiques deviennent souvent des meurtriers. L'analyse des troubles c?r?braux par lesquels ils passent fournit les m?mes donn?es, sans qu'on soit autoris? ? dire que l'impulsion ob?it ? des r?gles pr?cises.

Quelques exemples tir?s surtout de l'?tude des faits judiciaires permettent de signaler les proc?d?s les plus habituels par lesquels l'homicide est accompli.

Dans une premi?re cat?gorie, on peut ranger les ?pileptiques impulsifs qui, l'oeil ardent, le visage en feu, la vue troubl?e, ? peine assez conscients de leurs actes pour les mener ? fin, se pr?cipitent sur le passant inconnu, le couteau, le marteau ou le b?ton ? la main, et le tuent, si le hasard ne permet pas qu'il ?chappe ? cet assaut inattendu.

? une seconde classe appartiendraient les ?pileptiques ? crise non convulsive, latente, prolong?e, qui ?pient et semblent combiner leur agression, mais qui, en r?alit?, ne sont pas encore arriv?s au point o?, selon l'expression de M. le professeur Las?gue, ils seront m?rs pour la violence; ce sont ceux qu'on voit se promener pendant des heures avant d'agir, ? l'aspect ?trange plut?t qu'effrayant, et doublement dangereux parce qu'ils sont demi-ma?tres d'eux-m?mes.

Dans une troisi?me division se placent les ?pileptiques ? petit mal, chez lesquels, en dehors des attaques ?clamptiques, il s'est produit une perversion mentale durable. Ceux-ci, les plus redoutables de tous, agissent en vertu d'une d?lib?ration poursuivie, patiente, et ne faisant explosion que si l'?tat congestif du cerveau, manifest? par ses signes habituels, a acquis une intensit? suffisante pour d?terminer la violence terminale.

C'est ?galement ? un entra?nement devenu irr?sistible que c?dent certains ali?n?s suicides qui tuent pour ?tre tu?s; ils ont souvent fait sur eux-m?mes de nombreuses tentatives qui ont plus ou moins approch? du but; enfin arrive le moment o? l'impulsion est plus forte que leur r?sistance, et ils commettent un meurtre. Il n'y a pas ? tenir compte des mobiles qu'ils all?guent apr?s coup pour expliquer leur acte; en r?alit?, ils ont ob?i ? une impulsion produite par une surexcitation c?r?brale momentan?ment plus intense et dont ils n'ont pas eu conscience.

Dans d'autres conditions pathologiques, un homme, sous le coup d'une l?sion c?r?brale chronique, est sujet ? des exacerbations plus ou moins passag?res et qui rentrent dans les conditions aigu?s de l'?pilepsie et de l'alcoolisme.

En fait, il n'est ni un buveur, ni un comitial, mais d?t-il, dans ses intervalles r?put?s lucides, n'avoir jamais ?nonc? une conception d?lirante, le jour o? l'acc?s aigu ou subaigu se produit, il se d?veloppe en lui une aptitude transitoire aux plus terribles attentats.

Les malades de cette esp?ce ne sont pas rares, et ce sont eux qui cr?ent les plus grandes difficult?s aux m?decins consult?s par la justice. Pour comprendre la marche et la nature de leur maladie, pour oser les exon?rer d'une responsabilit? qui semblerait si justifi?e, il faut se repr?senter l'?volution des impulsions homicides dans les cas o? l'ali?nation remplit les intervalles qui s?parent les crises; on voit alors que les sympt?mes sont les m?mes, et que l'?tat continu, uniforme, du trouble mental, occupant une place restreinte, n'a qu'une valeur secondaire.

Quelques observations choisies parmi les faits les plus int?ressants qu'il m'a ?t? donn? d'observer pendant ma longue carri?re de m?decin d'ali?n?s et de m?decin l?giste prouvent qu'il ne s'agit pas d'une vis?e plus ou moins ing?nieuse de l'esprit. Ces faits, class?s dans l'ordre que je viens de suivre, serviront de pi?ces ? l'appui et d'arguments ? la d?monstration.

J'aurais craint d'abuser de la bienveillante attention de l'Acad?mie en rapportant ici ces observations, et je me suis born? ? donner les conclusions auxquelles elles conduisent.

En r?sum?, il n'existe pas de forme sp?ciale d'ali?nation mentale qui doive porter le nom de Monomanie homicide.

L'homicide peut ?tre commis par des ali?n?s atteints d'affections mentales diverses, ? la condition que les malades soient sujets ? des crises d'excitation dite congestive assez intenses pour qu'ils n'en restent pas ? la pens?e et qu'ils en viennent ? l'acte.

Ces crises, d'intensit? et de dur?es variables, s'accusent par des signes qui doivent ?veiller la d?fiance. Lors m?me qu'elles se dissiperaient sans avoir abouti ? un meurtre ou ? des violences graves, le devoir du m?decin est de se tenir sur ses gardes.

L'alcoolisme et l'?pilepsie repr?sentent les maladies ? perversions mentales dans lesquelles on observe le plus commun?ment l'invasion de ces crises port?es ? leur plus grande puissance; ce sont aussi les esp?ces o? on voit le plus souvent survenir les homicides; le d?lire de pers?cution et la monomanie suicide en offrent ?galement des exemples assez fr?quents.

Enfin, des malades atteints d'affections c?r?brales cong?nitales ou acquises, caract?ris?es d'abord par des accidents physiques et plus tard par des troubles plus ou moins vagues du caract?re ou de l'intelligence, peuvent ?tre dispos?s ? subir des crises d'excitation, et ? commettre, sous cette influence passag?re, des meurtres ou des actes de violence en d?saccord avec leur ?tat pathologique pendant les longues intermissions qui s?parent les crises.

D?LIRE DE PERS?CUTION.--ILLUSIONS DES SENS.--TENTATIVE DE MEURTRE SUR UN ECCL?SIASTIQUE.--IRRESPONSABILIT?.

Nous soussign?s, docteurs en m?decine de la Facult? de Paris, commis le 13 septembre 1871, par une Ordonnance de M. Blain des Cormiers, juge d'instruction pr?s le Tribunal de premi?re instance du d?partement de la Seine, ? l'effet de constater l'?tat mental de la nomm?e C... , inculp?e d'avoir, ? Paris, le 6 ao?t 1871, commis une tentative d'assassinat sur la personne de M. l'abb? B...; apr?s avoir pr?t? serment, consult? les pi?ces du dossier, recueilli tous les renseignements de nature ? nous ?clairer, et visit? la pr?venue ? diff?rentes reprises, avons consign?, dans le pr?sent Rapport, les r?sultats de notre examen:

La fille C... est n?e en Belgique; ?g?e d'environ 48 ans, elle est dou?e d'une constitution robuste; une surdit? assez prononc?e est la seule infirmit? dont elle soit atteinte. Si l'on s'en rapporte aux renseignements qu'elle donne sur ses ant?c?dents, il n'y aurait pas eu d'ali?n?s dans sa famille; son p?re est mort ? 80 ans; sa m?re a succomb? ? la suite d'un accouchement.

Les ant?c?dents tels que le dossier nous les fait conna?tre sont les suivants. La fille C... a ?t? condamn?e pour vol en 1855, ? cinq ans de prison. ? l'expiration de sa peine, elle est revenue ? Paris, et, depuis cette ?poque, plus particuli?rement dans ces derni?res ann?es, elle a men? une existence tourment?e, sur laquelle elle nous donne des renseignements pr?cis. Les d?tails dans lesquels elle est entr?e nous ont paru d'une tr?s-grande importance dans l'appr?ciation de son ?tat mental. Nous les exposerons tels qu'ils se sont pr?sent?s dans le long et minutieux examen auquel nous avons soumis la fille C... Ses r?ponses que nous reproduirons textuellement, pour ne rien leur enlever de leur caract?re de sinc?rit? absolue, sont conformes ? celles qui ont ?t? consign?es dans ses diff?rents interrogatoires; toutefois, elles traduisent d'une mani?re plus compl?te, plus fid?le, les pr?occupations, les conceptions d?lirantes de la fille C...

D. Depuis quand ?tes-vous ici?

R. Il y a un mois ? peu pr?s.

D. Pourquoi vous y a-t-on amen?e?

R. J'ai ?t? arr?t?e parce que j'avais tir? deux coups de revolver sur le cur? de Montmartre pendant la grand'messe.

D. Que vous avait-il fait?

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