Read Ebook: Œuvres complètes de Marmontel tome 8 Les Incas ou la destruction de l'empire du Pérou by Marmontel Jean Fran Ois
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universelle annonce l'arriv?e de ce beau jour; mais c'est sur-tout dans les murs de Quito, dans ses d?licieux vallons, que cette sainte joie ?clate. De tous les climats de la terre, aucun ne re?oit du soleil une si favorable et si douce influence; aucun peuple aussi ne lui rend un hommage plus solennel.
Soudain la lumi?re ? grands flots s'?lance de l'horizon vers les vo?tes du firmament; l'astre qui la r?pand s'?l?ve; et la cime du Cayambur est couronn?e de ses rayons. C'est alors que le temple s'ouvre, et que l'image du soleil, en lames d'or, plac?e au fond du sanctuaire, devient elle-m?me resplendissante ? l'aspect du dieu qui la frappe de son immortelle clart?. Tout se prosterne, tout l'adore; et le pontife, au milieu des incas et du choeur des vierges sacr?es, entonne l'hymne solennelle, l'hymne auguste, qu'au m?me instant des millions de voix r?p?tent, et qui, de montagne en montagne, retentit des sommets de Pambamarca jusques par-del? le Potose.
Cayamburo ou Cayamburco, montagne au nord de Quito.
CHOEUR DES INCAS.
Ame de l'univers! toi qui, du haut des cieux, ne cesses de verser au sein de la nature, dans un oc?an de lumi?re, la chaleur, et la vie, et la f?condit?; soleil, re?ois les voeux de tes enfants et d'un peuple heureux qui t'adore.
O roi, dont le tr?ne sublime brille d'un ?clat immortel, avec quelle imposante majest? tu domines dans le vaste empire des airs! Quand tu parais dans ta splendeur, et que tu agites sur ta t?te ton diad?me ?tincelant, tu es l'orgueil du ciel et l'amour de la terre. Que sont-ils devenus, ces feux qui parsemaient les voiles de la nuit? Ont-ils pu soutenir un rayon de ta gloire? Si tu ne t'?loignais, pour leur c?der la place, ils resteraient ensevelis dans l'abyme de ta lumi?re; ils seraient dans le ciel comme s'ils n'?taient pas.
CHOEUR DES VIERGES.
O d?lices du monde! heureuses les ?pouses qui forment ta c?leste cour! que ton r?veil est beau! quelle magnificence dans l'appareil de ton lever! quel charme r?pand ta pr?sence! les compagnes de ton sommeil soul?vent les rideaux de pourpre du pavillon o? tu reposes, et tes premiers regards dissipent l'immense obscurit? des cieux. O! quelle dut ?tre la joie de la nature, lorsque tu l'?clairas pour la premi?re fois! Elle s'en souvient; et jamais elle ne te revoit sans ce tressaillement qu'?prouve une fille tendre au retour d'un p?re ador?, dont l'absence l'a fait languir.
Il nous reste une hymne p?ruvienne, adress?e ? une fille c?leste, qui, dans la mythologie du pays, faisait l'office des Hyades. On va voir dans cette hymne quel ?tait le tour et le caract?re de la po?sie des P?ruviens: <
Ame de l'univers! sans toi le vaste oc?an n'?tait qu'une masse immobile et glac?e; la terre, qu'un st?rile amas de sable et de limon; l'air, qu'un espace t?n?breux. Tu p?n?tras les ?l?ments de ta chaleur vive et f?conde; l'air devint fluide et subtil, les ondes souples et mobiles, la terre fertile et vivante; tout s'anima, tout s'embellit: ces ?l?ments, qu'un froid repos tenait dans l'engourdissement, firent une heureuse alliance: le feu se glisse au sein de l'onde; l'onde, divis?e en vapeurs, s'exhale et se filtre dans l'air; l'air d?pose au sein de la terre les germes pr?cieux de la f?condit?; la terre enfante et reproduit sans cesse les fruits de cet amour, sans cesse renaissant, que tes rayons ont allum?.
CHOEUR DES INCAS.
Ame de l'univers, ? soleil! es-tu seul l'auteur de tous les biens que tu nous fais? n'es-tu que le ministre d'une cause premi?re, d'une intelligence au-dessus de toi? Si tu n'ob?is qu'? ta volont?, re?ois nos voeux reconnaissants; mais si tu accomplis la loi d'un ?tre invisible et supr?me, fais passer nos voeux jusqu'? lui: il doit se plaire ? ?tre ador? dans sa plus ?clatante image.
LE PEUPLE.
Ame de l'univers, p?re de Manco, p?re de nos rois, ? soleil! prot?ge ton peuple, et fais prosp?rer tes enfants!
Le premier des Incas, fondateur de Cusco, avait institu?, en l'honneur du soleil, quatre f?tes qui r?pondaient aux quatre saisons de l'ann?e; mais elles rappelaient ? l'homme des objets plus int?ressants, la naissance, le mariage, la paternit?, et la mort.
Quoique les saisons ne soient pas distinctes dans les climats du P?rou, on ne laissait pas d'y diviser l'ann?e par les deux solstices et les deux ?quinoxes: ce qui r?pond ? nos quatre saisons.
La f?te qu'on c?l?brait alors ?tait celle de la naissance; et les c?r?monies de cette f?te consacraient l'autorit? des lois, l'?tat des citoyens, l'ordre et la s?ret? publique.
D'abord il se forme autour de l'Inca vingt cercles de jeunes ?poux qui lui pr?sentent, dans des corbeilles, les enfants nouvellement n?s. Le monarque leur donne le salut paternel. <
Alors les d?positaires des lois en d?ploient le livre auguste. Ce livre est compos? de cordons de mille couleurs; des noeuds en sont les caract?res; et ils suffisent ? exprimer des lois simples comme les moeurs et les int?r?ts de ces peuples. Le pontife en fait la lecture; le prince et les sujets entendent de sa bouche quels sont leurs devoirs et leurs droits.
La premi?re de ces lois leur prescrit le culte. Ce n'est qu'un tribut solennel de reconnaissance et d'amour: rien d'inhumain, rien de p?nible; des pri?res, des voeux, quelques offrandes pures; des f?tes o? la pi?t? se concilie avec la joie: tel est ce culte, la plus douce erreur, la plus excusable, sans doute, o? p?t s'?garer la raison.
La m?me loi s'adresse encore ? la famille des Incas: elle les oblige ? donner l'exemple de l'ob?issance et du z?le, ? user avec modestie des privil?ges de leur rang, ? fuir l'orgueil et la mollesse; car l'homme oisif p?se ? la terre, et l'orgueilleux la fait g?mir.
La troisi?me imposait aux peuples le plus inviolable respect pour la famille du soleil, une ob?issance filiale envers celui de ses enfants qui r?gnait sur eux en son nom, un d?vouement religieux au bien commun de son empire.
Apr?s cette loi, venait celle qui cimentait les noeuds du sang et de l'hymen, et qui, sur des peines s?v?res, assurait la foi conjugale et l'autorit? paternelle, les deux supports des bonnes moeurs.
L'Inca lui seul, afin d'?tendre et de perp?tuer la branche a?n?e de la famille du Soleil, pouvait ?pouser plusieurs femmes.
La loi du partage des terres prescrivait aussi le tribut. De trois parties ?gales du terrain cultiv?, l'une appartenait au soleil, l'autre ? l'Inca, et l'autre au peuple. Chaque famille avait son apanage; et plus elle croissait en nombre, plus on ?tendait les limites du champ qui devait la nourrir. C'est ? ces biens que se bornaient les richesses d'un peuple heureux. Il poss?dait en abondance les plus pr?cieux des m?taux, mais il les r?servait pour d?corer ses temples et les palais de ses rois. L'homme, en naissant, dot? par la patrie, vivait riche de son travail, et rendait en mourant ce qu'il avait re?u. Si le peuple, pour vivre dans une douce aisance, n'avait pas assez de ses biens, ceux du soleil y suppl?aient. Ces biens n'?taient point engloutis par le luxe du sacerdoce; il n'en restait dans les mains pures des saints ministres des autels que ce qu'en exigeaient les besoins de la vie: non que la loi leur en fix?t l'usage, mais leur pi?t? modeste et simple ne voyait rien que d'avilissant dans le faste et dans la mollesse; ils avaient mis leur dignit? dans l'innocence et la vertu.
A chaque enfant m?le, une portion de terrain ?gale ? celle du p?re; ? chaque fille, une moiti?.
La laine des troupeaux du Soleil et de l'Inca ?tait distribu?e au peuple. Le coton se distribuait de m?me dans les pays o? il fallait ?tre plus l?g?rement v?tu.
La loi du tribut n'exigeait que le travail et l'industrie. Ce tribut se payait d'abord ? la nature: jusqu'? cinq lustres accomplis, le fils se devait ? son p?re, et l'aidait dans tous ses travaux. Les champs des orphelins, des veuves, des infirmes ?taient cultiv?s par le peuple. Au nombre des infirmit?s ?tait comprise la vieillesse: les p?res qui avaient la douleur de survivre ? leurs enfants, ne languissaient pas sans secours; la jeunesse de leur tribu ?tait pour eux une famille: la loi les consolait du malheur de vieillir. Quand le soldat ?tait sous les armes, on cultivait pour lui son champ; ses enfants jouissaient du droit des orphelins, sa femme de celui des veuves; et s'il mourait dans les combats, l'?tat lui-m?me prenait pour eux les soins d'un p?re et d'un ?poux.
Le peuple occup? ? ces travaux se nourrissait ? ses d?pens.
Le peuple cultivait d'abord le domaine du soleil, puis l'h?ritage de la veuve, de l'orphelin, et de l'infirme; apr?s cela, chacun vaquait ? la culture de son champ. Les terres de Inca terminaient les travaux: le peuple s'y rendait en foule, et c'?tait pour lui une f?te. Par? comme aux jours solennels, il remplissait l'air de ses chants.
La t?che des travaux publics ?tait distribu?e avec une ?quit? qui la rendait l?g?re. Aucun n'en ?tait dispens?; tous y apportaient le m?me z?le. Les temples et les forteresses, les ponts d'osier qui traversaient les fleuves, les voies publiques, qui s'?tendaient du centre de l'empire jusqu'? ses fronti?res, ?taient des monuments, non pas de servitude, mais d'ob?issance et d'amour. Ils ajoutaient ? ce tribut celui des armes, dont on faisait d'effrayants amas pour la guerre: c'?taient des haches, des massues, des lances, des fl?ches, des arcs, de fr?les boucliers: vaine d?fense, h?las! contre ses foudres de l'Europe qu'ils virent bient?t ?clater!
Tout, dans les moeurs, ?tait r?duit en lois: ces lois punissaient la paresse et l'oisivet?, comme celles d'Ath?nes; mais, en imposant le travail, elles ?cartaient l'indigence; et l'homme, forc? d'?tre utile, pouvait du moins esp?rer d'?tre heureux. Elles prot?geaient la pudeur, comme une chose inviolable et sainte; la libert?, comme le droit le plus sacr? de la nature; l'innocence, l'honneur, le repos domestique, comme des dons du ciel qu'il fallait r?v?rer.
Chez les P?ruviens, ni les aveugles, ni les muets, n'?taient dispens?s du travail; les enfants m?mes, d?s l'?ge de cinq ans, ?taient occup?s ? ?plucher le coton et ? ?grener le ma?s.
La loi qui faisait gr?ce aux enfants encore dans l'?ge de l'innocence, portait sa rigueur sur les p?res, et punissait en eux le vice qu'ils avaient nourri, ou qu'ils n'avaient point ?touff?. Mais jamais le crime des p?res ne retombait sur les enfants: le fils du coupable puni le rempla?ait sans honte et sans reproche; on ne lui en retra?ait l'exemple que pour l'instruire ? l'?viter.
Ce fut par-tout le caract?re de la th?ocratie d'exag?rer la rigueur des peines: mais chez un peuple laborieux, occup?, satisfait de son ?galit?, s?r d'un bien-?tre simple et doux, sans ambition, sans envie, exempt de nos besoins fantasques et de nos vices raffin?s, ami de l'ordre, qui n'?tait que le bonheur public distribu? sur tous, attach? par reconnaissance au gouvernement juste et sage qui faisait sa f?licit?, l'habitude des bonnes moeurs rendait les lois comme inutiles: elles ?taient pr?servatives, et presque jamais vengeresses.
On en voyait l'exemple dans cette loi terrible, qui regardait la violation du voeu des vierges du soleil. O! comment, chez un peuple si mod?r?, si doux, pouvait-il exister une loi si cruelle? Le fanatisme ne croit jamais venger assez le dieu dont il est le ministre; et c'?tait lui qui, chez ce peuple, le plus humain qui f?t au monde, avait prononc? cette loi. Pour expier l'injure d'un amour sacril?ge, et appaiser un dieu jaloux, non-seulement il avait voulu que l'infid?le pr?tresse f?t ensevelie vivante, et le s?ducteur d?vou? au supplice le plus honteux; il enveloppait dans le crime la famille des criminels: p?res, m?res, fr?res et soeurs, jusqu'aux enfants ? la mamelle, tout devait p?rir dans les flammes; le lieu m?me de la naissance des deux impies devait ?tre ? jamais d?sert. Aussi quand le pontife, en pronon?ant la loi, nomma le crime et dit quelle en serait la peine, il frissonna, glac? d'horreur; son front p?lit, ses cheveux blancs se h?riss?rent sur sa t?te, et ses regards, attach?s ? la terre, n'os?rent de long-temps se tourner vers le ciel.
C'est une chose remarquable, que la superstition e?t imagin? le m?me supplice ? Rome et ? Cusco, pour punir la m?me faiblesse dans les vierges de Vesta et dans celles du Soleil.
Alors les Incas, les caciques, les juges, les vieillards d?put?s du peuple, renouvellent tous la promesse de vivre et de mourir fid?les au culte et aux lois du soleil.
Un nouveau spectacle succ?de: c'est l'?lite de la jeunesse, des choeurs de filles et de gar?ons, tous d'une beaut? singuli?re, tenant dans leurs mains des guirlandes, dont ils viennent orner les colonnes sacr?es, en dansant alentour, et chantant les louanges du soleil et de ses enfants. Leur robe, d'un tissu l?ger, form? du duvet d'un arbuste qui cro?t dans ces riches vallons, est ?gale en blancheur aux neiges des montagnes: ses plis flottants laissent ? la beaut? toute la gloire de ses charmes; mais la pudeur, dans ces heureux climats, tient lieu de voile ? la nature: le myst?re est enfant du vice; et ce n'est point aux yeux de l'innocence que l'innocence doit rougir.
Le cotonnier.
Dans leur danse autour des colonnes, ils s'entrelacent de leurs guirlandes, et cette cha?ne myst?rieuse exprime les douceurs de la soci?t?, dont les lois forment les liens.
Mais d?ja l'ombre des colonnes s'est retir?e vers leur base; elle s'abr?ge encore, et va s'?vanouir. Alors ?clatent de nouveau les chants d'adoration et de r?jouissance; et l'Inca, tombant ? genoux au pied de celle des colonnes o? le tr?ne d'or de son p?re ?tincelle de mille feux: <
Tout le peuple, ? ces mots, rend gr?ces au soleil, qui lui donne de si bons rois; et le monarque, pr?c?d? du pontife, des pr?tres, et des vierges sacr?es, va dans le temple offrir au dieu le sacrifice accoutum?.
Sur le vestibule du temple, se pr?sent?rent aux yeux du prince trois jeunes vierges nouvellement choisies, que leurs parents venaient consacrer au soleil. Un l?ger tissu de coton les d?robait aux regards des profanes: la nature, dans ces climats, n'avait jamais rien form? de si beau. Les trois Incas, leurs p?res, les menaient par la main; et leurs m?res, ? leur c?t?, tenaient le bout de la ceinture, signe et gage sacr? de la chaste pudeur dont leur sagesse avait pris soin.
Le roi, les saluant d'un air religieux, les introduit dans le temple; le grand-pr?tre les suit, et le temple est ferm?. D'abord les trois vierges s'inclinent devant l'image de leur ?poux, et au m?me instant le grand-pr?tre d?tache le voile qui les couvre. Le voile tombe; et que d'attraits il expose ? l'?clat du jour! Le monarque se crut ravi dans la cour du soleil son p?re; il crut voir les femmes c?lestes, avec qui ce dieu bienfaisant se d?lasse du soin d'?clairer l'univers.
Deux de ces filles avaient la s?r?nit? du bonheur peinte sur le visage, et leur coeur, tout plein de leur gloire, ne m?lait au doux sentiment d'une pi?t? tendre et pure, l'amertume d'aucun regret; l'autre, et la plus belle des trois, quoique avec la m?me candeur et la m?me innocence qu'elles, laissait voir la m?lancolie et la tristesse dans ses yeux. Cora , avant de prononcer le voeu qui la d?tachait des mortels, saisit les mains de son p?re, et les baisant avec ardeur, ne laissa ?chapper d'abord qu'un timide et profond soupir; mais bient?t, relevant ses beaux yeux sur sa m?re, elle se jette dans ses bras, elle inonde son sein de larmes, et s'?crie douloureusement: <
Cependant, lorsqu'on fit entendre ? ces trois jeunes vierges la loi qui attachait des peines si terribles ? l'infraction de leur voeu, les deux compagnes de Cora l'?cout?rent sans trouble et presque sans ?motion; elle seule, par un instinct qui lui pr?sageait son malheur, sentit son coeur saisi d'effroi: on vit ses couleurs s'effacer, ses yeux se couvrir d'un nuage, les roses m?mes de sa bouche p?lir, se faner, et s'?teindre; et ses l?vres trembl?rent en pronon?ant le voeu que son coeur devait abjurer. Ce pressentiment n'?claira ni ses parents, ni le pontife. On soutint sa faiblesse, on appaisa son trouble, on l'enivra de la gloire d'avoir un dieu pour ?poux; et Cora suivit ses compagnes dans l'inviolable asyle des ?pouses du soleil.
Alors le temple fut ouvert; et les Incas, ministres des autels, commenc?rent le sacrifice.
Ce sacrifice est innocent et pur. Ce n'est plus ce culte f?roce, qui arrosait de sang humain les for?ts de ces bords sauvages, lorsque une m?re d?chirait elle-m?me les entrailles de ses enfants sur l'autel du lion, du tigre, ou du vautour. L'offrande agr?able au soleil, ce sont les pr?mices des fruits, des moissons, et des animaux, que la nature a destin?s ? servir d'aliments ? l'homme. Une faible partie de cette offrande est consum?e sur l'autel; le reste est r?serv? au festin solennel que le soleil donne ? son peuple.
Sous un portique de feuillages dont le temple est environn?, le roi, les Incas, les caciques, se distribuent parmi la foule, pour pr?sider aux tables o? le peuple est assis. La premi?re est celle des veuves, des orphelins, et des vieillards; l'Inca l'honore de sa pr?sence, comme p?re des malheureux. Tito Zora?, son fils a?n?, y est assis ? sa droite. Ce jeune prince, dont la beaut? annonce une origine c?leste, a rempli son troisi?me lustre: il est dans l'?ge o? se fait l'?preuve du courage et de la vertu. Son p?re, qui en fait ses d?lices, s'applaudit de le voir cro?tre et s'?lever sous ses yeux: jeune encore lui-m?me, il esp?re laisser un sage sur le tr?ne. H?las! son esp?rance est vaine; les pleurs de son vertueux fils n'arroseront point son tombeau.
C'?tait l'?ge de seize ans.
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