Read Ebook: J. Ogier de Gombauld 1570-1666 étude biographique et littéraire sur sa vie et ses ouvrages by Kerviler Ren Pocard Du Cosquer De
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Ebook has 334 lines and 36296 words, and 7 pages
r Th?mis, Escoute mes devins oracles: C'est un bruit connu dans les cieux Que ton Roy fera des miracles Et ta Reyne des demi-dieux.
C?R?S.
Ne vous flattez point d'esp?rance, Amans, vostre pers?v?rance, Ne gaigne rien de m'assaillir; Qu'est-ce qu'un dessein trop superbe Vous feroit enfin recueillir? Votre moisson serait en herbe.
FLORE.
Dessous mes pas naissent les roses; Mon lustre efface toutes choses, Et mes yeux font le ciel plus doux. Mon sort, par dessus les plus belles, Me donnant un dieu pour ?poux, M'a mise au rang des immortelles.
Ces strophes sont tr?s-vari?es: il y en a de tous les styles, depuis le plus majestueux jusqu'au plus l?ger , en passant par l'?pigrammatique et par le gracieux.
Saint-Amand s?ait polir la rime, Avec une si douce lime Que son luth n'est pas plus mignard, Ny Gombauld dans une ?l?gie, Ny l'?pigramme de Maynard, Qui semble avoir de la magie.
Th?ophile.--OEuvres, ?dit. 1636, 3e part., p. 42.
Voici, du reste, un sonnet qui doit dater de cette p?riode, car il est adress? ? Philis, probablement ? celle dont parle Tallemant des R?aux:
Une effroyable horreur couvrait la terre et l'onde; Et desj? les desmons menoient par l'univers Les funestes oyseaux, les fantosmes divers, Et des songes divers la troupe vagabonde,
Quand Morph?e emprunta la chevelure blonde, Les roses et les lys, qui n'ont jamais d'hyvers, Et mille autres appas d'un long crespe couverts, Dont aujourd'hui Philis estonne tout le monde.
Et d'un pas languissant, tesmoin de ses douleurs, Il me la vint monstrer, les yeux noyez de pleurs, Et la bouche aux sourirs incessamment ouverte.
Qu'allez-vous entreprendre? ? dieux trop irritez! Si Philis doit pleurer, qu'elle pleure ma perte, Et que vostre col?re ?pargne ses beaut?s.
Po?sies de Gombauld, ?dit. 1646.
M. Paul de Musset pense que le suivant fut compos? pour Marie de M?dicis elle-m?me; l'allusion est, en effet, assez transparente:
S'il est vrai que Philis ne regarde personne Lorsqu'elle ne voit point l'objet de son amour, S'il est vrai qu'elle est seule au milieu de sa cour Et ne s'aper?oit pas de ce qui l'environne;
Amant, heureux amant, digne d'une couronne, Dont ses augustes yeux demandent le retour, Qui retarde tes pas? quel aimable s?jour, Quel pouvoir te retient? quelle main t'emprisonne?
Non, tu ne manques pas ni d'amour ni de foi; Tu sais bien que Philis n'a des yeux que pour toi, Et que chacun se plaint de son indiff?rence.
Mais un secret effroi cause tes d?plaisirs: Tu sens que son amour n'a rien que l'apparence; Que son coeur est contraire ? ses propres d?sirs.
Ce sont l? des sonnets de grand style; celui-ci est beaucoup plus d?licat, et la chute en devait plaire aux dames et damoiselles de la brillante cour de Marie:
Amour, dispense-moy de servir davantage; Il est temps d?sormais de vivre en libert?. Veux-tu qu'en ce d?dale o? je suis escart?, Je rende ? ton empire un ?ternel hommage?
Va, triomphe ? ton gr? de la fleur de mon ?ge, Et riche du butin que tu m'as emport?, Laisse ? la fin mon coeur comme un lieu d?sert?, Dont tu ne peux tirer ny profit ny dommage.
Ainsi, Daphnis, outr? de peine et de soucy, Consultait ce tyran qui respondit ainsi: --Si ton sort te despla?t cherche qui te d?livre.
Esteindrois-je le feu qui te donne le jour? Quand on cesse d'aimer, il faut cesser de vivre, Et la vie a son terme en celuy de l'amour.
On n'?tait pas habitu?, vers 1613, ? lire beaucoup de petites pi?ces aussi remarquables, et d'une versification aussi noble et aussi soutenue. Malherbe seul et ses deux meilleurs ?l?ves, Maynard et Racan, ?taient capables d'en produire de pareils. C'est pourquoi la r?putation de Gombauld, comme po?te et comme courtisan, grandissant peu ? peu, il fut bient?t admis dans les cercles les plus illustres, et les ruelles s'honor?rent de l'avoir pour habitu?. Nous ne connaissons pas d'une mani?re assez pr?cise la date de son entr?e ? l'h?tel de Rambouillet, pour trancher la question de savoir s'il y fut admis avant 1617, ?poque de la disgr?ce de sa protectrice, ou vers 1620, ?poque du retour de Marie de M?dicis, apr?s ses quatre ann?es de retraite et de guerres. Que fit m?me Gombauld pendant ces quatre ann?es, et quel fut son asile? Nous ne pourrions le dire exactement: ce qu'il y a de certain, c'est que notre po?te fut, avec Malherbe et Racan, l'un des premiers visiteurs lettr?s de l'h?tel de Rambouillet.
Catherine de Vivonne avait quitt? la cour en 1608 pour se consacrer tout enti?re aux soins de sa famille. Le spectacle de la licence des habitu?s du Louvre ?tait peu fait pour s?duire cette femme aimable, chez qui le sentiment de la dignit? personnelle ?tait aussi vif que celui des convenances morales. Mais, en m?me temps qu'elle se s?parait de la cour, elle n'entendait point se s?parer du monde, pourvu que ce f?t un monde ? elle, poli, distingu?, ?l?gant, lettr?. Son h?tel, qu'elle habitait en 1612, devint bient?t le rendez-vous d'une soci?t? nombreuse, que le charme de sa conversation et de son caract?re attirait ? sa petite cour, et qui <
Gentilhomme et po?te comme Malherbe et Racan, Gombauld, qui professa toujours un culte v?ritable pour la soci?t? ?l?gante et polie, ne pouvait manquer de devenir, comme eux, un h?te assidu du salon de la c?l?bre marquise. Malherbe visitait d?j? Mme de Rambouillet d?s 1613, comme nous l'apprend une de ses Lettres ? Peiresc, dans laquelle il raconte au savant Proven?al ce qui s'est pass? dans une r?union ? laquelle il venait d'assister. Il est fort possible que Gombauld ait ?t? admis ? l'h?tel vers cette ?poque, alors que sa faveur pr?s de la R?gente et ses vers pour les ballets le mettaient en relief parmi les courtisans. Nous pouvons, du moins, affirmer que fort peu de temps apr?s la rentr?e en gr?ce de Marie de M?dicis, c'est-?-dire vers 1622, il ?tait l'un des visiteurs les plus aim?s de Mme de Rambouillet, qui le menait avec elle chez Mme de Clermont d'Entraigues, chez M. de Montlouet, chez tous ceux de ses amis, en un mot, dont les salons formaient comme des succursales de celui de son h?tel. Voiture, Chapelain, Conrart et Godeau n'?taient pas encore, ? cette ?poque, les familiers du c?nacle; et les trois gentilshommes po?tes, Gombauld, Malherbe et Racan, y repr?sentaient presque seuls, ? l'origine, l'?l?ment litt?raire.
L'ENDYMION.--L'AMARANTHE.--MALHERBE ET MADAME DES LOGES.
La p?riode de dix ann?es qui s'?coula de 1620 ? 1630 jusqu'? la seconde disgr?ce de Marie de M?dicis, apr?s la Journ?e des Dupes, fut la plus heureuse de toute la carri?re de notre po?te.
Honor? des faveurs de la Reine-M?re ? la Cour, et de celles de la reine de la soci?t? polie ? l'h?tel de Rambouillet, que pouvait-il d?sirer de plus, sinon la r?putation litt?raire? Il l'acquit en effet, pendant cette p?riode, par deux oeuvres qui firent quelque bruit, et sur lesquelles nous insisterons un peu, parce qu'elles ?tablirent d?finitivement le nom de Gombauld sur les fastes de la R?publique des Lettres.
Mais, avant de parler de ces deux oeuvres, il sera bon, pour mieux faire conna?tre notre po?te, de tracer en quelques mots son portrait physique et moral.
En 1620, Gombauld devait avoir ? peu pr?s cinquante ans, et M. Livet nous offre de sa personne un croquis aussi finement touch? qu'original et ressemblant:
Ajoutons, avec Conrart, qu'<
Dans ce petit roman all?gorique en prose, qui marque assez bien la transition dans le genre h?ro?que, entre le roman de bergeries d'Honor? d'Urf?, et les grands romans d'aventures ou de moeurs de Gomberville, de La Calpren?de et de Mlle de Scud?ry, Gombauld chante, sous le couvert des amours mythologiques d'Endymion et de la Lune, son propre amour pour la Reine-M?re, sa protectrice.
<
A propos du d?sir que la Reine avait t?moign? d'entendre Gombauld lui-m?me lire son petit ouvrage, Tallemant raconte une anecdote, qui montre quel soin m?ticuleux de plaire, quel amour-propre de po?te m?l? de na?ve d?fiance dans ses propres forces, le gentilhomme auteur d?sirait apporter dans l'exposition de son oeuvre:
< >>--Madame, luy dit-il, prenez que vous soyez la Reyne, et j'entreray avec mon livre. >>En disant cela, il va dans l'antichambre; Mme de Rambouillet se mordoit les l?vres de peur de rire. Il rentre un peu apr?s avec des grimaces les plus plaisantes du monde, et ? tout bout de champ il luy demandoit: >>--Cela sera-t-il bien ainsi? >>--Ouy, Monsieur, fort bien. >>Il s'approche et commence ? lire. >>--Madame, trouvez-vous ce ton-l? comme il faut? N'est-il point trop haut? Est-il assez respectueux? >>Et luy demandoit comme cela sur toutes choses. >>Elle dit qu'elle n'a jamais mieux pass? son temps en sa vie; mais que, pour avoir un plaisir parfait, il eust fallu que quelqu'un les eust ve?s, et qu'elle l'eust sce?. Le petit roman de Gombauld, qui eut une seconde ?dition en 1626, est devenu fort rare, et les bibliophiles s'en arrachent avec passion les quelques exemplaires, ordinairement reli?s avec le plus grand luxe, qui passent dans les ventes publiques ? de longs intervalles; mais les vignettes de Picard et de Crispin de Pas les attirent beaucoup plus que la prose du favori de M?dicis: et franchement, c'est l? le seul attrait du livre; car, si les lecteurs contemporains n'avaient point su d'avance que Ph?b? repr?sentait la reine et Endymion le po?te, cette fade rapsodie mythologique, quoique les dieux fussent alors tr?s ? la mode, n'e?t pas obtenu le moindre succ?s. < La D?dicace ? la jeune Reine est assez curieuse: < Cela est fort ampoul?, et donnerait, si nous arr?tions l? nos citations, une id?e peu avantageuse de la prose de Gombauld: mais il ne tarde pas ? changer d'allure. Voici d'abord quelques confidences adress?es <
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