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Read Ebook: J. Ogier de Gombauld 1570-1666 étude biographique et littéraire sur sa vie et ses ouvrages by Kerviler Ren Pocard Du Cosquer De

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Ebook has 334 lines and 36296 words, and 7 pages

Cela est fort ampoul?, et donnerait, si nous arr?tions l? nos citations, une id?e peu avantageuse de la prose de Gombauld: mais il ne tarde pas ? changer d'allure. Voici d'abord quelques confidences adress?es <>.

Je ne suis fait que pour Diane; Et, myst?rieux ou profane, On me voit malgr? mon autheur, Qui n'a soucy, ny qu'on le nomme, Ny d'en obliger un seul homme, Ny de s'excuser au lecteur.

>>Toutesfois, si tost que je l'eus consid?r? tant soit peu, moy, qui pour trop le lire aux autres, n'avois pas le courage de le lire pour moy-mesme, j'eus bientost chang? d'opinion, quand je vis que pour l'avoir fait trop promptement, il n'y avoit presque point d'esp?rance de le rendre meilleur, et qu'il me seroit plus exp?dient de le refaire tout entier que d'en corriger une partie. Cependant l'occasion de s'en servir estoit perdue. Endymion luy-mesme ne s'en soucioit plus, et Diane encore moins que personne du monde: tellement que sans la puissance absolue qui l'a resveill?, j'estois r?solu de le laisser dormir ?ternellement...>>

Cet ami nous semble fort devoir le repr?senter lui-m?me.

Sans doute la Reine-M?re, Marie de M?dicis, qui se contentait de ses hommages respectueux.

Puis, apr?s avoir discut? les reproches que plusieurs <> lui avaient faits, celui-ci par exemple: <<... Vous faictes vostre Endymion de complexion plus amoureuse qu'un P?ris, et toutesfois plus s?v?re et plus retenu qu'un Hippolyte; il n'est point perfide, il n'est point surmont? de sa chol?re, ny poss?d? de l'amour d'une captive, non pas mesme d'une beaut? mortelle: il n'a pour object qu'une D?esse et pour fin principale que la vertu...>>, l'auteur s'adresse ? son livre et ? son h?ros luy-mesme:

<>

Ayant ainsi pris son parti en gentilhomme, Gombauld nous transporte pr?s de la ville d'H?racl?e, sur le sommet du mont Lathmos, o? Endymion, ?pris d'une respectueuse passion pour Diane, s'est, un soir, endormi en regardant la Lune, et vient de faire un r?ve amoureux qu'il a pris pour une r?alit?: il raconte ? son ami Pisandre toutes les p?rip?ties de son r?ve, les faveurs et les cruaut?s de la D?esse, ses voyages dans le bois sacr?, ses combats contre les monstres qui en gardent les abords, les ?tranges aventures d'Amphidamas et de Diophanie et les amours de Sth?nob?e... <>

Ainsi se termine le roman, et l'on a d?j? pu saisir plusieurs allusions assez directes ? l'amour sans espoir du po?te pour la Reine. Voici quelques autres passages qui furent tr?s-remarqu?s.

Ism?ne indique ? Endymion les lieux du s?jour pr?f?r? de Diane; puis elle ajoute:

Est-il besoin d'?crire au-dessous de cette tirade: Tableau de la Cour? Voici la Reine-M?re sous le portrait de Diane:

<>

Plus loin, on reconnaissait encore d'une mani?re frappante la situation du po?te ? la Cour, devant la froideur apparente de la Reine:

<<... C'est en ces lieux-l?, Pysandre, qu'insensible au mal qui ne mena?oit pas seulement ma vie, mais qui desj? la pressoit, j'ay demeur? tout le temps que tu ne m'as point ve?; que j'ay pass? la plus grande part en oysivet?, sous les frais ombrages, le long des ruisseaux, parmy les fleurs et les herbes odorantes, entre les Nymphes et les Sireines, au comble de mille voluptez, si mon esprit eust est? capable de les ressentir, estant d'ailleurs comme il estoit r?duit au comble de mille peines.--Ce n'estoient que festins o? je n'estois traitt? que des viandes les plus exquises; ce n'estoit que musique de voix et d'instruments, que danses de jeunes hommes et de belles filles. Enfin, ce n'estoient que jeux et que d?lices. Si j'estois accompagn?, aussi estois-je seul quand je voulois: et, choisissant les exercices qui m'estoient les plus agr?ables, j'allois d'ordinaire m'escarter par la forest, o? plusieurs fois je rencontray Diane, dont la seule pr?sence me faisoit vivre, au mesme temps que son changement et le souvenir du pass? me faisoient mourir.--Tantost je la voyois passer accompagn?e des soixante filles de l'Oc?an, et des vingt autres qui ont le soin de ses arcs, de ses fl?ches, de ses brodequins et de ses chiens. Tantost je la voyois retourner de la chasse toute fi?re et glorieuse des Lions, des Ours et des Monstres qu'elle avoit terrass?s.--Parfois aussi je la trouvois qu'elle estoit presque seule, o? je pouvois tout ? loisir la consid?rer et me faire voir. Mais le croirois-tu bien? Pysandre; si est-il bien vray, encore qu'il ne soit pas croyable! Quoiqu'elle me vist en l'estat o? j'estois, portant la chaisne qu'elle cognoissoit bien et que je ne cognoissois pas moy-mesme, marque non-seulement de ma captivit?, mais aussy de la fin ? laquelle j'estois destin?; quoy qu'elle sceut bien que je m'en allois mourir pour elle, cependant elle eust le courage de me regarder sans piti?, comme si elle eust est? chang?e en une autre, ou qu'elle eust perdu tout d'un coup pour moy le ressentiment, le souvenir, la cognoissance et la parole...>>

Mais, c'est trop nous attarder pr?s de ce petit roman, dont le sujet se trouve r?sum? dans ces six vers de l'oracle ? Endymion:

De l'Astre qui pr?side aux boix Tu verras sur toy mille fois Les rayons les plus favorables. Mais enfin, les voyant cesser, Tu seras contraint de penser Que les Dieux mesmes sont muables.

et nous terminerons nos citations par un fragment remarquable, qui peut figurer honorablement parmi les meilleurs morceaux de prose fran?aise de cette ?poque:

<>

Entrons maintenant au th??tre de l'h?tel de Bourgogne, payons notre <> et, d'abord, ?coutons le Prologue que le po?te, suivant l'usage de cette ?poque, a plac? en t?te de son ouvrage.--Nous ne le citerions point, s'il n'y ?tait fait une allusion directe ? Marie de M?dicis. Gombauld repr?sente l'Aurore venant faire aux spectateurs une d?claration pompeuse en l'honneur des h?tes du Louvre. Cela s'adapte peu au sujet, mais la mode est souveraine; et l'Aurore a beau s'?crier qu'elle est

L'Aurore d'Amaranthe et celle du Soleil,

on ne s'explique gu?re comment cette Aurore a la pr?tention de repr?senter Marie de M?dicis elle-m?me, ni ? quel propos elle d?bite ses tirades:

Tous les feux de la Nuict devant moi se retirent, Les Dieux, voyant ma gloire, incessamment souspirent, Et ne peuvent souffrir, envieux et jaloux, Qu'une beaut? si jeune ayt un si vieil ?poux. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Voicy les bois sacrez, o?, si plein de jeunesse, Tithon fut autresfois digne d'une d?esse; O?, le ciel le comblant de ses dons infinis, Je craignois que V?nus le print pour Adonis.

Pour le suivre aux forests, bien souvent on pr?sume Que j'am?ne le jour plus tost que de coustume. Mais d'un plus grand esclat tous mes sens ?blouys Quitteroient volontiers C?phale pour Louis. Toutesfois un bel Astre allume son courage, Et sa Reine aujourd'huy me porte en son visage...

Anne d'Autriche.

Ce dernier vers, qui porte beaucoup trop l'empreinte de l'?cole pr?cieuse, est un sacrifice fait au go?t du temps: on trouve peu de ces taches dans l'oeuvre de Gombauld, dont la versification a, en g?n?ral, beaucoup de fermet?: il est vrai qu'elle n'est pas toujours ?galement soutenue. Mais laissons le Prologue.

Diane te veut orner d'une race f?conde De bergers, qui de rois doivent peupler le monde. Le premier de tes fils, le plus grand des bergers, Sera l'amour des siens, la peur des ?trangers: Cl?ment, victorieux, aux labeurs indomptable, Aux crimes inflexible, aux monstres redoutable, Il aura pour compagne, en beaut?s, un soleil Qui sans lui n'auroit s?eu rencontrer un pareil. Du second la splendeur sera bient?t ravie, Et les Dieux aux mortels en porteront envie. Mais un autre en sa place ira de toutes parts Faire esclater les dons de Minerve et de Mars Elle ajoute ? tes fils trois filles, trois merveilles...

Un second fils, mort jeune.

Gaston d'Orl?ans.

Et ce tribut d'hommages rendu publiquement ? la famille royale par le po?te courtisan, en reconnaissance de la faveur dont l'honorait la Reine-M?re, ?tait accueilli par les applaudissements unanimes d'un public qui saisissait les moindres nuances de ses allusions.

Cependant Alexis rencontre la berg?re, et, sachant bien qu'il ne peut ?tre choisi, il lui dit qu'il n'a plus qu'? mourir. La fi?re Amaranthe qui ne veut pas lui faire encore l'aveu de son amour, mais ne veut pas non plus qu'il croie qu'elle en aime un autre, lui r?pond par ce noble discours:

Qui t'oblige ? tenir ce funeste langage? Est-ce donc un effet d'un g?n?reux courage D'estre sans r?sistance ? l'effort des malheurs, Et d'implorer la mort aux vulgaires douleurs? Sur quoy peux-tu fonder ces plaintes insens?es? S?ais-tu bien mes desseins? Lis-tu dans mes pens?es? As-tu, par mes regards ou par mes actions, Recogneu quelque objet de mes affections? Es-tu de ces amans qui me portent envie, Qui veulent, malgr? moi, que je sois asservie? Et viens-tu de si loin combler mal ? propos Le nombre des bergers qui troublent mon repos? Quel oracle t'apprend qu'il faut que je responde, Comme il plaist, ? l'erreur qui d??oit tout le monde, Et non pas au dessein de les esgaler tous Et de n'avoir jamais ny d'amant ny d'?poux?

Elle finit par avertir Alexis de ne pas se pr?senter avec les autres bergers, quand elle d?clarera sa r?solution:

Si tu n'es pris, au moins ne sois pas refus?!

<> Ajoutons que le contact de l'h?tel de Rambouillet ne lui est pas ?tranger.

Un autre personnage vient compliquer l'action et la dramatiser: c'est celui d'Oronte, fille de Timandre, dont les passions ne sont gu?re de l'idylle et se rapprochent beaucoup, comme ce qui pr?c?de le d?nouement, de la sc?ne tragique. Bien qu'elle soit vou?e au culte de Diane, Oronte aime Alexis et se d?sesp?re de le voir ?pris d'Amaranthe:

Je meurs pour un barbare insensible ? mes charmes Et qui n'est point troubl? de soupirs ni de larmes... Tantost, pour esmouvoir ce berger insensible, J'ay fait par la douceur ce qui m'estoit possible, Je n'ay rien espargn?, luy montrant chaque jour Sous le nom d'amiti? tous les signes d'amour... J'ay mesme bien souvent tasch? de lui desplaire, J'ay pass? du m?pris jusques ? la col?re, J'ay condamn? ses moeurs, contredit ses propos, J'ay fait ce que j'ay peu pour troubler son repos. Mais il mesprise, h?las! mon mespris et moi-mesme...

Pour se venger, elle fait rendre un oracle qui le condamne ? mort, comme ayant tu? un cerf consacr? ? Diane, que les bergers les plus agiles n'avaient pu voir que de loin, et dont la t?te avait ?t? propos?e par Amaranthe, qui regardait pareil exploit comme impossible, pour prix de son coeur et de sa main.

Mais ? peine Oronte a-t-elle ex?cut? sa vengeance, qu'elle s'en repent, et ses remords sont violents comme ses passions:

O Vengeance, d'abord douce et pleine de charmes, Mais qui contre moi-mesme enfin tournes tes armes, Et fais voir ? celui qui s'est le mieux veng? Qu'il est le plus coupable et le plus afflig?!

Le moment fatal arrive: et voyant qu'Alexis va p?rir, Amaranthe regrette sa r?serve d'autrefois, d?clare qu'elle l'aime, et puisque les Dieux lui ont ordonn? de faire entre tous les bergers un choix qu'ils ont promis de consacrer, elle le choisit malgr? l'oracle qui veut l'immoler:

Non! non! s'il doit mourir, je mourray la premi?re!

s'?crie-t-elle en changeant sa timidit? en hardiesse devant le danger qui menace son amant.--Pourquoi, dit Alexis, veux-tu d?fendre celui que condamne la loi des cieux?... Alors s'engage entre tous les assistants ce que M. Barbier, dans son langage pittoresque, appelle une v?ritable lutte ? coups de sentences philosophiques:

PAL?MON.

Mais les Divinit?s n'ont que de justes loix Qui ne demandent pas les humains pour victimes...

LE GRAND PR?TRE.

La volont? des Dieux nous tient lieu de raison...

Les hommes, r?pond Amaranthe, par un vers qu'on pourrait croire d?tach? d'une trag?die de Voltaire:

Les hommes font des loix qu'ils imputent aux Dieux!

Tout ? coup arrive Timandre, de retour d'un long voyage sur mer: il reconna?t dans Alexis, Polydomon, ce fils depuis longtemps perdu; Oronte retrouvant un fr?re ? la place de celui qu'elle aime, sent la jalousie s'?loigner de son coeur, r?voque l'arr?t de la D?esse... et l'on devine l'heureux d?nouement de ces longues p?rip?ties.

Apr?s avoir insist? sur le c?t? romanesque et tragique de l'oeuvre de Gombauld, il serait bon de dire un mot de son c?t? pastoral. Apr?s le roman, l'?glogue. Nous n'h?siterons pas ? dire qu'? ce point de vue Gombauld se trouve bien inf?rieur ? son ami Racan: l'affectation et la recherche font quelquefois tort ? l'aimable simplicit? de ses bergers. Ainsi ces deux vers:

Je revoi ces rochers et ces bois solitaires Qui de tous mes pensers furent les secr?taires,

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