Read Ebook: Les amours du chevalier de Faublas tome 3/5 by Louvet De Couvray Jean Baptiste Avril Paul Illustrator
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Ebook has 302 lines and 51218 words, and 7 pages
Illustrator: Paul Avril
LES AMOURS DU CHEVALIER DE FAUBLAS
TOME TROISI?ME
Paris, 1884
LES AMOURS DU CHEVALIER DE FAUBLAS
TOME TROISI?ME
LES AMOURS DU CHEVALIER DE FAUBLAS
PAR LOUVET DE COUVRAY
AVEC UNE PR?FACE PAR HIPPOLYTE FOURNIER
PARIS LIBRAIRIE DES BIBLIOPHILES Rue Saint-Honor?, 338
LA VIE DU CHEVALIER
DE FAUBLAS
L'auguste c?r?monie s'achevoit. Dans un discours qui m'avoit paru long, l'?loquent ministre venoit de nous recommander des vertus que je ne croyois pas difficiles. Sophie me nommoit son ?poux; ma bouche r?p?toit ? Sophie un serment qu'avouoit mon coeur, lorsque la vo?te sacr?e retentit d'un cri lamentable et per?ant.
Chacun se retourne effray?. D?j?, loin des spectateurs ?tonn?s, s'est ?lanc? vers les portes du temple un jeune homme dont je n'aper?ois plus que l'uniforme bleu.
J'allois lui r?pondre, j'allois l'interroger, quand M. Duportail, un moment distrait dans le trouble g?n?ral, mais apparemment aussit?t rappel? par le mouvement qu'il a vu faire ? sa fille, vient reprendre aupr?s d'elle la place que peut-?tre il se repent d'avoir un instant quitt?e. Je le vois lancer un regard s?v?re sur ma timide ?pouse, qui baisse les yeux en p?lissant. Une foule de r?flexions cruelles tourmentent mes esprits dans le court espace de temps qu'emploie le ministre pour terminer la c?r?monie.
Je n'entendis pas la r?ponse de Derneval, car Sophie, toujours accompagn?e de son p?re, regagnoit d?j? les portes du temple. <
Nous arrivons dans le clo?tre. Est-ce par distraction ou par incivilit? que Lovzinski, sans prendre garde ni ? Doroth?e ni ? mon p?re, fait monter sa fille la premi?re et se place aussit?t ? c?t? d'elle? Pendant que je me fais cette question, Lovzinski ferme la porti?re, et le cocher, d?j? pr?t, donne aux chevaux de grands coups de fouet. La voiture, rapidement emport?e, est ? plus de cinquante pas de distance avant qu'aucun de nous soit sorti de la profonde stup?faction o? le jette cette fuite impr?vue. Le premier, je me r?veille; plus prompt que l'?clair, je m'?lance. La grandeur de la perte que je puis faire, l'esp?rance de recouvrer l'inappr?ciable bien qu'on m'enl?ve, ajoutent ? ma l?g?ret? naturelle des forces extraordinaires; je me sens une vigueur plus qu'humaine; bient?t j'atteindrai la voiture, bient?t j'arracherai ma femme ? son ravisseur... Mais, h?las! Derneval et mon p?re sont, trop t?t pour moi, revenus de leur ?tonnement, et leur activit? bruyante va me devenir plus funeste que la funeste immobilit? dans laquelle je les ai laiss?s. Tous deux ils me suivent de loin, en criant de toutes leurs forces: <
Il y avoit alors dans Luxembourg une garnison de 7 ? 8,000 hommes de troupes de l'Empereur.
Malheureux chevalier! quand tu revins ? toi, o? ?tois-tu?
Sur un lit de douleur. Le baron veilloit ? mon chevet, qu'il baignoit de ses larmes; Sophie fut le premier mot que je pronon?ai, quand je recouvrai ma raison. <
Le meilleur m?decin est celui qui, connoissant nos passions, sait les flatter quand il ne peut les gu?rir. Aussi les promesses du baron pr?par?rent mon r?tablissement bien plus efficacement que ne l'auroit pu faire la tisane du petit homme. D?s le lendemain, je me sentois mieux; je fus transport? comme on me l'avoit annonc? la veille. Nous all?mes au village de Hollriss, situ? ? deux lieues de Luxembourg, occuper une maison bourgeoise que mon Esculape venoit d'acqu?rir tout r?cemment. On avoit conseill? cette retraite au baron. La tranquillit? du lieu, sa gaiet? champ?tre, le charme de la campagne, les travaux de la saison, tout m'y offriroit, avoit-on dit, de consolantes distractions ou des occupations utiles; je pourrois, sans aucun danger, respirer un air salubre et prendre un exercice mod?r? dans un grand jardin. Mon p?re aussi avoit pens? que nous serions beaucoup mieux cach?s dans un village obscur; ? la pr?caution, peut-?tre surabondante, du changement de lieu, il avoit ajout? la pr?caution, sans doute plus n?cessaire, du changement de nom. On l'appeloit M. de Belcourt, je me nommois M. de Noirval. Le valet de chambre du baron et mon fid?le Jasmin composoient notre domestique. Mon p?re avoit envoy? le reste de ses gens sur diverses routes, avec la double commission de chercher Lovzinski et de veiller ? ce que nous ne fussions pas inqui?t?s.
En arrivant dans le nouveau domicile qu'il nous avoit choisi, M. de Belcourt visita toutes les chambres pour m'y faire donner celle qu'il jugeroit la plus commode et la plus tranquille. M. Desprez nous fit remarquer un petit pavillon entre cour et jardin. Il nous dit qu'il y avoit au premier ?tage trois chambres fort gaies, mais que le dernier propri?taire s'?toit vu forc? d'abandonner ? cause des revenans. <
La nuit vint, les esprits ne vinrent pas; ils me laiss?rent tout entier ? mes r?flexions douloureuses. O ma jolie cousine! ? ma charmante femme! que je versai de pleurs en songeant ? vous!
O? son p?re l'avoit-il conduite? Pourquoi me l'avoit-il enlev?e? Quelle raison assez puissante avoit pu porter ? cette extr?mit? si dangereuse Lovzinski, naturellement compatissant et doux, Lovzinski, dont le coeur avoit ?prouv? l'irr?sistible empire d'une grande passion vainement contrari?e? L'inconsolable ?poux de Lodo?ska devoit-il ?tre un p?re cruel? D'ailleurs, un prompt hymen n'avoit-il pas r?par? ce qu'il appeloit mes ?garemens? Que pouvoit exiger de plus l'honneur de sa maison involontairement compromis? Enfin, n'?toit-ce pas ? mes fautes m?mes qu'il devoit le bonheur inesp?r? d'avoir retrouv? son adorable fille? Et l'ingrat osoit me la ravir! et le barbare ne craignoit pas de l'immoler! Oui, sans doute, de l'immoler! Accabl?e de ce coup affreux, Dorliska, l'infortun?e Dorliska... O ma Sophie! si d?j? tu n'es plus, du moins, en me donnant ta derni?re pens?e, tu auras emport? le juste espoir de n'?tre pas pour longtemps surv?cue. Va, je ne tarderai pas ? l'accomplir. Bient?t, loin d'un monde jaloux, loin des p?res d?natur?s, libre de l'insupportable fardeau des tyranniques biens?ances, affranchi du joug odieux des pr?jug?s pers?cuteurs, j'irai, j'irai, satisfait et tranquille, me r?unir ? mon ?pouse heureuse et consol?e. Bient?t, au sein d'une inalt?rable paix, dans l'?lys?e promis aux vrais amans, nos ?mes, plus intimement rapproch?es, s'enivreront des d?lices d'un ?ternel amour.
Ainsi, dans le calme des nuits, ma douleur se nourrissoit des id?es les plus propres ? l'augmenter. Le jour m'apportoit quelque repos. Mon p?re, toujours lev? avec l'aurore, ne se lassoit pas de me r?p?ter ses promesses: il me parloit des moyens qu'il comptoit employer avec moi pour retrouver ma femme, et, ne paroissant pas douter de leur succ?s, il me d?fendoit de mon d?sespoir. Par un de ses d?crets immuables et bienfaisans, la nature a voulu que la cr?dulit? naqu?t de l'infortune. Rarement l'esp?rance abandonne un mortel malheureux, et plus ses maux sont grands, plus ais?ment on lui persuade qu'ils vont bient?t finir.
Quelquefois, agit? d'un soup?on inqui?tant, je demandois ? mon p?re ce qu'il pensoit de ce jeune homme dont je croyois encore entendre le lamentable cri. M. de Belcourt ne savoit que me r?pondre quand je le priois de me dire comment cet inconnu avoit pu nous suivre ? Luxembourg, quel dessein l'y amenoit, en quel temps il avoit connu Sophie, et pourquoi Sophie ne m'avoit jamais parl? de lui.
Quelquefois aussi, reportant ma pens?e moins triste sur cette foule d'?v?nemens qui avoient rempli ma seizi?me ann?e, je me plaisois ? donner quelques souvenirs ? cette int?ressante beaut? par qui le commencement de ma carri?re, sem? de tant de fleurs, m'avoit ?t? si doux. Pauvre marquise de B...! Qu'est-elle devenue?... Peut-?tre enferm?e! peut-?tre morte! Lecteur ?quitable, je m'en rapporte ? vous: pouvois-je, sans ingratitude, refuser quelques larmes au sort de cette femme malheureuse, seulement coupable de m'avoir trop aim??
C'?toit le m?decin connu de Luxembourg qui me gouvernoit; l'ignor? docteur de Hollriss n'avoit d'autre m?rite que celui de nous louer sa maison fort cher. J'?tois le ma?tre de craindre ses revenans; mais je n'avois rien ? redouter de ses ordonnances.
Plus de huit jours cependant s'?toient pass?s, lorsque enfin nous re??mes des nouvelles encourageantes. Dupont, celui de nos domestiques que mon p?re avoit envoy? sur la route de Paris, ?crivit qu'en sortant de Luxembourg il avoit appris ? la premi?re poste qu'on venoit d'y donner des chevaux ? un homme d'un ?ge m?r, accompagn? d'une jeune fille ?plor?e. Dupont, ne doutant pas que ce ne f?t ma femme et mon beau-p?re, les avoit suivis de pr?s, jusqu'aux environs de Sainte-Menehould, o? malheureusement il s'?toit d?mis la cuisse en tombant de cheval. Cet accident l'avoit emp?ch? de nous faire passer plus t?t l'int?ressant avis qu'il nous donnoit.
M. de Belcourt, habile ? saisir tout ce qui pouvoit flatter mon esp?rance, ne manqua pas de m'observer que d?sormais l'objet de nos recherches, devenu plus facile, se trouvoit circonscrit dans l'?tendue du royaume, ou plut?t dans l'enceinte de la capitale. <
Le m?me jour vint une lettre de M. de Rosambert, ? qui M. de Belcourt, depuis notre changement de demeure et de nom, avoit fait passer les d?tails de ma funeste aventure. Le comte, toujours cach? dans l'asile qu'il s'?toit choisi, se portoit d?j? beaucoup mieux, et comptoit venir bient?t nous joindre et me consoler. Il avoit envoy? au couvent savoir des nouvelles d'Ad?la?de, que notre absence inqui?toit beaucoup et chagrinoit davantage. Le marquis n'?toit pas mort; Rosambert ne disoit pas un mot de Mme de B... Le silence qu'il affectoit sur le compte d'une femme trop malheureuse et trop aimable, dont il ne pouvoit douter que le sort incertain ne d?t exciter au moins ma vive curiosit?, me parut ?trange. Je ne fus pas moins surpris qu'il ne m'e?t pas ?crit en m?me temps qu'? M. de Belcourt; mais, en y r?fl?chissant plus m?rement, je devinai que mon p?re, pour le moment peu curieux de me voir occup? de cette correspondance, interceptoit ces lettres.
Si, dans les nouvelles que je venois de recevoir, il n'y avoit rien d'assez positif pour me rassurer enti?rement, j'y trouvai du moins de quoi me tranquilliser un peu. Ma convalescence commen?a. Le petit docteur contestoit ? l'amour et ? la nature le m?rite de cette prompte cure, pour en attribuer tout l'honneur ? la fameuse tisane si rarement bue. Une chose seulement lui faisoit croire que quelque divinit? propice veilloit sur nos destin?es: les revenans ne m'avoient pas encore tourment? depuis que nous habitions notre nouvelle demeure! M. Desprez me parloit si souvent de ses revenans qu'enfin je le priai de vouloir m'apprendre ce qui pouvoit donner lieu ? cette ?ternelle plaisanterie. Aussit?t d'un ton tr?s s?rieux il commen?a ce triste r?cit:
Assur?ment ce projet ?toit noble et vaste; mais, comme on le verra par la suite, j'eus tant d'autres choses ? faire quand je vins ? Paris que je ne pus m'occuper de son ex?cution.
L'?pouvantable histoire du cr?dule docteur avoit-elle un peu d?rang? mon cerveau? C'est ce que va d?cider la judicieuse personne qui me lit.
Depuis un quart d'heure je cherchois l'?pith?te convenable: ? Jean-Jacques! je te remercie.
Quand MM. de Belcourt et Desprez entr?rent chez moi, j'?tois encore si affect? du baiser re?u que je leur racontai qu'un revenant m'avoit embrass?. Mon p?re sourit et augura sur-le-champ mon entier r?tablissement. Le docteur parut enchant?, et cependant me conseilla quelques rafra?chissans.
Ceux qui ne croient point aux esprits seront bien ?tonn?s d'apprendre que le surlendemain je fus r?veill? comme je l'avois ?t? la surveille: j'?prouvai la m?me sensation, j'entendis le m?me bruit: je fis dans ma chambre des recherches plus exactes et non moins inutiles; il fallut en conclure qu'avec mes forces ?toit d?j? revenue mon ardente imagination.
O ma Sophie! depuis plusieurs jours je supportois plus impatiemment l'incertitude de ton sort et le tourment de ton absence; je ne cessois de presser mon retour ? Paris. Malheureusement mon p?re venoit de recevoir des nouvelles f?cheuses, qui sembloient apporter ? l'accomplissement de mes voeux d'insurmontables difficult?s. On ne parloit dans la capitale que de mon aventure et du duel qui l'avoit termin?e. Des deux parens du marquis, celui contre lequel M. Duportail s'?toit battu avoit ?t? tu?. On le regrettoit g?n?ralement; ses amis, puissans et nombreux, faisoient contre nous de vives sollicitations. Je ne pouvois me montrer dans la capitale sans m'exposer ? porter ma t?te sur un ?chafaud. M. de Belcourt paroissoit effray? du danger que je sentois moi-m?me, et qui pourtant ne m'e?t pas arr?t?, s'il n'e?t fallu que le braver pour retrouver Sophie; mais, avant d'aller affronter le p?ril, au moins devois-je savoir en quel lieu g?missoit ma femme infortun?e. R?duit moi-m?me ? ne pas sortir de la maison que nous occupions, j'allois toute la journ?e promener dans le jardin ma douleur et mes ennuis.
<
Ce ne fut pas pour longtemps. Mon premier sommeil, quoique profond, ne devoit pas r?sister ? l'impression accoutum?e de ce baiser si vif qui br?loit mes l?vres et faisoit palpiter mon coeur. Pour cette fois un songe vain ne m'abusoit plus, ce n'?toit plus une ombre fugitive qui m'embrassoit; dans mon lit m?me, et bient?t dans mes bras, se trouvoit un corps bien vivant dont le voluptueux contact... Mais doucement donc! ?tourdi que je suis! j'allois conter tout cela au bon lecteur, qui d?j? se trouble et rougit; essayons une phrase un peu plus d?cente.
Aussit?t je me sentis, non pas brusquement saisi, mais mollement attir? par une charmante petite main... que je baisai, ne vous en d?plaise: car, avec tous vos scrupules, si vous vous ?tiez trouv? o? je me trouvois, vous auriez fait ce que je fis; mille appas s?ducteurs ne vous auroient pas ?t? vainement offerts, comme moi vous auriez promen? sur tant de charmes une main caressante et curieuse; enchant? du r?sultat de vos recherches, comme moi vous auriez dit poliment, et bien bas, de peur que votre domestique ne vous entend?t dans la pi?ce voisine: <
Plus d'une fois je fis ce compliment flatteur, j'aurois voulu prouver plus d'une fois qu'il ?toit sinc?re. Vains d?sirs! un convalescent, s'il peut dans une heureuse nuit souvent recommencer les m?mes discours, r?p?te malais?ment les m?mes actions. Le doux combat venoit de s'engager; il n'?toit pas de simple politesse, je me rappelle trop bien que mon adversaire s'y complaisoit. H?las! Faublas s'y trouva trop peu pr?par?! Faublas y fut presque aussit?t vaincu. Encore, si le revenant, moins taciturne, avoit bien voulu causer famili?rement avec moi! mais il s'obstinoit ? ne pas r?pondre un mot. C'?toit un s?r moyen de me rendormir, moi qui, comme tant d'autres, aime assez ? parler quand je n'ai rien ? faire.
Je fus bien aise de consulter sur cette aventure le comte de Rosambert, dont il ?toit bien ?tonnant que je ne re?usse aucune nouvelle directe. La lettre que je lui ?crivis avoit trois grandes pages. En v?rit?, dans les deux premi?res, il n'?toit question que de ma Sophie; j'avois resserr? dans la troisi?me l'inconcevable histoire du joli revenant.
Je l'attendois la nuit suivante, il ne revint que la huiti?me nuit. Press? du vif d?sir de conno?tre la nocturne beaut? qui me visitoit, je lui demandai comment elle s'appeloit, car, nymphe ou d?esse, elle avoit un nom; depuis quand elle m'aimoit, car, sans fatuit?, je pouvois me flatter de lui avoir plu; dans quel endroit elle m'avoit rencontr?, car elle me traitoit au moins comme connoissance. Ces questions et plusieurs autres moins embarrassantes ne me valurent aucune r?ponse. Alors, de tous les moyens connus de faire jaser une femme, j'employai le plus d?cisif; mais le malin d?mon femelle, avec une pr?sence d'esprit imperturbable, ?puisa toutes mes ressources sans se permettre m?me une exclamation. Je m'obstinois d'autant plus que ce silence impoli devenoit, par la circonstance, une ingratitude: cette fois je me comportois assez bien pour obtenir un remerc?ment. Tous mes efforts furent inutiles; je vis avec chagrin que les femmes de l'autre monde, quoique tr?s sensibles aux bons proc?d?s, n'ont pas, dans les occasions int?ressantes, le tendre bavardage, le jargon caressant de la plupart des femmes de ce monde-ci.
Ennemie du jour d?lateur, ma discr?te amante n'attendit pas chez moi le lever de l'aurore. Quand je l'entendis pr?parer son d?part, j'essayai de la retenir; mais elle posa sur ma bouche l'index de sa main droite, sur mon coeur sa main gauche, sur mon front deux baisers; et puis, m'?chappant avec un soupir, elle s'en alla prestement, je ne sais par o?. Seulement je crus distinguer le craquement d'un mur qui s'ouvroit, et l'aigu sifflement d'un gond criard. Apparemment j'avois mal entendu, car je visitai mes quatre murailles d?s qu'il fit jour, et le simple papier qui les tapissoit, bien uni dans sa surface, ne m'offrit aucune trace de d?chirement; mes portes et mes fen?tres ?toient bien exactement ferm?es.
Le m?me soir je trouvai dans mon bonnet de nuit un second billet:
Ah! j'entends; le courrier, c'est mon bonnet de nuit. Le lendemain mon docile commissionnaire fut charg? de mes courtes d?p?ches, qui contenoient la promesse qu'on exigeoit de moi.
Je suivis ponctuellement mes instructions. M. de Belcourt, f?ch? que je le quittasse plus t?t qu'? l'ordinaire, en fit la remarque. M. Desprez r?pondit par une plaisanterie, dont je ne fus pas d'abord aussi frapp? que par la suite: <
<
Il me quitta, et rapporta un moment apr?s une moiti? de poularde avec une bouteille de vin. <
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