Read Ebook: Les amours du chevalier de Faublas tome 3/5 by Louvet De Couvray Jean Baptiste Avril Paul Illustrator
Font size:
Background color:
Text color:
Add to tbrJar First Page Next Page Prev Page
Ebook has 302 lines and 51218 words, and 7 pages
Il me quitta, et rapporta un moment apr?s une moiti? de poularde avec une bouteille de vin. < < Celle-ci m'acheva, je tombai tout ? coup dans le d?lire de l'ivresse. D?j? chaque objet me paroissoit d?plac?, mobile et double. Je parlois sans me faire entendre, ou plut?t je b?gayois au lieu de parler. Bient?t, r?veur et pesant, je perdis ma joie babillarde, mon corps s'affaissa, mes paupi?res s'appesantirent, l'invincible sommeil alloit fermer mes yeux. Rosambert, qui s'en aper?ut, me pria de le conduire ? ma chambre, non sans me r?p?ter plusieurs fois qu'il falloit ne pas faire le moindre bruit, et surtout garder un exact silence. Il recommanda ? Jasmin, qui attendoit mes ordres dans le jardin, de se retirer sans lumi?re et sans bruit. Nous arriv?mes, ?clair?s seulement par la lanterne sourde, que nous laiss?mes dans le corridor. Comme j'entrois ? t?tons, soutenu par Rosambert, je rencontrai dans mon chemin une chaise longue, sur laquelle le comte m'?tendit, afin, me disoit-il tout bas, de me d?shabiller avec plus de facilit?. Prudemment je laissois faire mon nouveau valet de chambre; mais il s'acquittoit de son emploi avec tant de lenteur et de maladresse qu'en attendant qu'il lui pl?t de finir, je tombai dans un assoupissement profond. Une heure de sommeil ayant abattu les fum?es du vin capiteux qui m'avoit ?t? la raison, je fus ?veill? par un bruyant ?clat de rire. < Le comte, d?s qu'il put croire qu'aucun d?tail de cette cruelle pantomime ne m'?toit ?chapp?, abandonna sa victime, et, reprenant ses habits ? la h?te, il me dit en riant: < Le cruel discours de Rosambert ne m'indigna pas moins que son horrible action! dans le premier mouvement de ma fureur, j'allois sauter sur mon ?p?e et le forcer ? me faire raison de son inf?me proc?d?, lorsque Mme de B... se releva tout ? coup, me saisit par le bras et me retint. Rosambert eut tout le temps de s'?loigner; la marquise alors prit ma main, aussit?t couverte de baisers et baign?e de larmes. < Mme de B... vouloit continuer; mais son extr?me agitation ne le lui permit pas. Elle sanglota longtemps sans pouvoir me dire un mot, puis, redoublant de p?nibles efforts, d'une voix entrecoup?e, elle reprit: < A ces mots, la marquise laissa retomber sa t?te sur mon oreiller, ses bras s'?tendirent immobiles, son regard se fixa, ses pleurs s'arr?t?rent. Insensible ? mes soins, sourde ? mes discours, elle paroissoit, dans le recueillement du d?sespoir, se p?n?trer de l'horreur de sa situation. Elle garda pendant plus d'un quart d'heure cet effrayant silence; puis, d'un ton qui me parut calme, elle me dit enfin: < < < Celle que M. Duportail et moi nous avions laiss?e ? Vivrai pour courir ? franc ?trier sur les traces de Sophie. < < La marquise, d'abord calme, ensuite attendrie, maintenant exalt?e, mit dans ces derniers mots une expression si forte que je ne pus retenir quelques signes d'?tonnement qu'elle remarqua. < Mme de B..., le visage enflamm?, l'oeil furieux, s'exprimoit avec tant de rage que je craignis pour elle les suites d'un ?tat aussi violent. Mon infortun?e ma?tresse vit que j'allois l'interrompre, et se h?ta de poursuivre: < Elle garda quelque temps un morne silence. J'osai lui donner un baiser; mes larmes se r?pandirent sur son sein d?couvert. Elle r?para promptement son d?sordre qu'apparemment elle n'avoit point encore aper?u, et d'un ton moins agit?, mais non moins douloureux, elle me dit: < < < D?cr?tez le divorce, des parens barbares n'oseront plus sacrifier leur fille; ils trembleront qu'elle ne brise sa cha?ne d?s le lendemain. < Mme de B... venoit de faire passer dans mon ?me le noble enthousiasme dont la sienne ?toit enflamm?e: entra?n? par une force sup?rieure, j'allois me pr?cipiter dans ses bras, elle me retint. < Oui, c'?toit par l? qu'elle entroit chez moi: au fond de l'?tre, la plaque, en tombant, d?couvroit une esp?ce de soupirail assez large pour que la marquise pass?t librement. Eh! que des gens qui ne savent rien n'aillent pas attribuer ? ma belle ma?tresse cette ing?nieuse invention: dans ce si?cle f?cond en d?couvertes utiles, longtemps avant Mme de B..., une chemin?e fut ouverte ainsi par un duc aimable pour une beaut? captive, dont le nom, devenu c?l?bre, ne p?rira point. Le jour qui succ?da ? cette nuit si malheureuse m'apporta de consolantes nouvelles: avant midi je re?us de Rosambert une lettre que d'abord je ne voulus pas lire. Le seul Desprez ?toit chez moi quand on me la remit. <
Add to tbrJar First Page Next Page Prev Page