Read Ebook: Remarks upon the proposed destruction of the tower of the Parish Church of St. John Hampstead by Scott George Gilbert Sir
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BIBLIOTH?QUE FRAN?AISE.
ABR?G?
L'HISTOIRE G?N?RALE
DES VOYAGES;
Par J.-F. LAHARPE.
PARIS, M?NARD ET DESENNE, FILS. 1825.
ABR?G? DE
L'HISTOIRE G?N?RALE DES VOYAGES.
PREMI?RE PARTIE.
AFRIQUE.
LIVRE TROISI?ME.
VOYAGES AU S?N?GAL ET SUR LES C?TES D'AFRIQUE JUSQU'? SIERRA-LEONE.
CHAPITRE PREMIER.
Voyages de Cadamosto sur la rivi?re du S?n?gal et dans les pays voisins. Azanaghis. Tegazza. C?te d'Anterota. Pays de Boudomel. Pays de Gambra.
Apr?s avoir parcouru les principales ?les plac?es dans l'Oc?an atlantique vis-?-vis le continent africain, et dont les Europ?ens se sont empar?s ? la m?me ?poque o? ils commenc?rent ? reconna?tre la c?te occidentale de cette partie du monde, nous allons, en retournant un peu sur nos pas, suivre avec les voyageurs cette m?me c?te, depuis le d?sert de Sahara jusqu'? Sierra-Leone, o? commence la Guin?e proprement dite.
Avant de passer par le d?troit de Gibraltar dans l'Oc?an qui baigne la c?te occidentale d'Afrique, on trouve, sur les bords de la M?diterran?e, les contr?es connues autrefois des anciens, et qui forment ce que les modernes ont appel? Barbarie; Alger et son domaine, qui est l'ancienne Numidie; Tunis, qu'on croit ?tre Carthage; Tripoli, la grande Syrte, Barca, tout ce qui composait les possessions romaines jusqu'au mont Atlas. Au-del? du d?troit est le royaume de Fez, l'empire de Maroc, autrefois la Mauritanie Tingitane; Dara, Tafilet, pays gouvern?s jadis par Syphax et par Bocchus, mais sous la d?pendance ou la protection des Romains, qui avaient pouss? leurs conqu?tes jusqu'au d?sert.
? l'orient, les Romains poss?daient encore l'?gypte et la Nubie, et connaissaient quelques ports de la mer Arabique. La grande r?gion qu'ils appelaient ?thiopie, et que nous nommons Abyssinie, ne leur ?tait connue que de nom. Elle ne l'est gu?re davantage aux modernes, qui pourtant en ont fr?quent? quelques ports, comme Adel, Zeyla, Souakem, etc., mais n'ont que peu p?n?tr? dans l'int?rieur des terres. ? l'?gard de la c?te orientale d'Afrique, que nous avons vu d?couvrir par les Portugais apr?s qu'ils eurent doubl? le cap des Tourmentes, et qui contient les royaumes de Mosambique, de Quiloa, de Monbassa, de M?linde, tout ce qu'on appelle le Zangu?bar et la c?te d'Ajan, les commer?ans de Tyr et de Ph?nicie y descendaient par la voie beaucoup plus courte de la mer Rouge, dans des temps dont il nous reste bien peu de traces. Nous avons vu que, par la m?me voie, les Arabes ou Maures de la Mecque, ceux de Barbarie, et plus r?cemment les Turcs, y venaient commercer quand les Portugais y arriv?rent. Mais, quand ces m?mes Portugais, quand les Anglais et les Fran?ais abord?rent en Guin?e, ils n'y trouv?rent que des N?gres et des serpens. L? commence donc pour nous la description d'une nouvelle terre d?couverte par les modernes pour le malheur de ses habitans, qui depuis n'ont pas cess? d'?tre vendus aux nations de l'Europe pour exploiter les possessions du Nouveau-Monde et des ?les de la mer des Indes.
Avant de parler de la Guin?e proprement dite, nous nous arr?terons d'abord sur les pays voisins de la rivi?re de S?n?gal, en remontant dans l'int?rieur des terres et dans les contr?es situ?es entre cette rivi?re et celle de Gambie.
Cadamosto observe d'abord qu'au sud du d?troit de Gibraltar, la c?te, qui est celle de Barbarie, n'est pas habit?e jusqu'au cap Cantin, d'o? l'on trouve, jusqu'au cap Blanc, une r?gion sablonneuse et d?serte, qui est s?par?e de la Barbarie par des montagnes du c?t? du nord, et que ses habitans nomment Sahara. Du c?t? du sud, elle touche au pays des N?gres, et, dans sa largeur, elle n'a pas moins de cinquante ou soixante journ?es. Ce d?sert s'?tend jusqu'? l'Oc?an. Il est couvert de sable blanc, si aride et si uni, que, le pays ?tant d'ailleurs fort bas, il n'a l'apparence que d'une plaine jusqu'au cap Blanc, qui tire aussi son nom de la blancheur de son sable, o? l'on n'aper?oit aucune sorte d'arbre ou de plante. Cependant rien n'est si beau que ce cap. Sa forme est triangulaire, et les trois pointes qu'il pr?sente sont ? la distance d'un mille l'une de l'autre.
Les Portugais ?tablis dans le golfe d'Arguin commer?aient avec les Arabes qui venaient sur la c?te. Pour l'or et les N?gres qu'ils tiraient d'eux, ils leur fournissaient diff?rentes sortes de marchandises, telles que des draps de laine et d'autres ?toffes, des tapis, de l'argent et des alkaz?lis. Le prince fit b?tir un ch?teau dans l'?le d'Arguin pour la s?ret? du commerce; et tous les ans il y arrivait des caravelles de Portugal. Les n?gocians arabes menaient au pays des N?gres quantit? de chevaux de Barbarie, qu'ils y changeaient pour des esclaves. Un beau cheval leur valait souvent jusqu'? douze ou quinze N?gres. Il ne faut pas que nous soyons ?tonn?s de cette disproportion, puisque parmi nous un bon cheval co?te cent pistoles, et un bon soldat vingt ?cus. Les Arabes y portaient aussi de la soie de Grenade et de Tunis, de l'argent et d'autres marchandises pour lesquelles ils recevaient des esclaves et de l'or. Ces esclaves ?taient amen?s ? Ouaden, d'o? ils passaient aux montagnes de Barca, et de l? en Sicile. D'autres ?taient conduits ? Tunis et sur toute la c?te de Barbarie; le reste venait dans l'?le d'Arguin, et chaque ann?e il en passait sept ou huit cents en Portugal.
Avant l'?tablissement de ce commerce, les caravelles portugaises, au nombre de quatre, et quelquefois davantage, entraient bien arm?es dans le golfe d'Arguin, et faisaient pendant la nuit des descentes sur la c?te pour enlever les habitans de l'un et de l'autre sexe qu'elles vendaient en Portugal. C'est ce que les Europ?ens appellent le droit des gens, lorsqu'ils sont les plus forts. Ils pouss?rent ainsi leurs courses au long des c?tes jusqu'? la rivi?re de S?n?gal, qui est fort grande, et qui s?pare le d?sert de la premi?re contr?e des N?gres de la c?te.
Les Azanaghis habitent plusieurs endroits de la c?te au-del? du cap Blanc. Ils sont voisins des d?serts, et peu ?loign?s des Arabes d'Ouaden. Ils vivent de dattes, d'orge et du lait de leurs chameaux. Comme ils sont plus pr?s du pays des N?gres que d'Ouaden, ils y ont tourn? leur commerce, qui se borne ? tirer d'eux du millet et d'autres secours pour la commodit? de leur vie. Ils mangent peu, et l'on ne conna?t pas de nation qui supporte si patiemment la faim. Les Portugais en enlevaient un grand nombre, et les aimaient mieux pour esclaves que des N?gres. Il est vrai qu'on vient de dire qu'ils mangeaient peu; mais l'esclave qui mange le moins n'est pas toujours le meilleur, m?me pour l'avarice.
Cadamosto attribue une coutume fort singuli?re ? la nation des Azanaghis. Ils portent, dit-il, autour de la t?te une sorte de mouchoir qui leur couvre les yeux, le nez et la bouche; et la raison de cet usage est que, regardant le nez et la bouche comme des canaux fort sales, ils se croient oblig?s de les cacher aussi s?rieusement que d'autres parties auxquelles on attache la m?me id?e dans des pays moins barbares; aussi ne se d?couvrent-ils la bouche que pour manger.
Ils ne reconnaissent aucun ma?tre; mais les plus riches sont distingu?s par quelques t?moignages de respect. En g?n?ral, ils sont tous fort pauvres, menteurs, perfides, et les plus grands voleurs du monde. Leur taille est m?diocre. Ils se frisent les cheveux, qu'ils ont fort noirs et flottans sur leurs ?paules. Tous les jours ils les humectent avec de la graisse de poisson; et quoique l'odeur en soit fort d?sagr?able, ils regardent cet usage comme une parure. Ils n'avaient connu d'autres chr?tiens que les Portugais, avec lesquels ils avaient eu la guerre pendant treize ou quatorze ans. Cadamosto assure que, lorsqu'ils avaient vu des vaisseaux, spectacle inconnu ? leurs anc?tres, ils les avaient pris pour de grands oiseaux avec des ailes blanches, qui venaient de quelques pays ?loign?s. Ensuite les voyant ? l'ancre et sans voiles, ils avaient conclu que c'?taient des poissons. D'autres, observant que ces machines changeaient de place, et qu'apr?s avoir pass? un jour ou deux dans quelque lieu, on les voyait le jour suivant ? cinquante milles, et toujours en mouvement au long de la c?te, s'imaginaient que c'?taient des esprits vagabonds, et redoutaient beaucoup leur approche. En supposant que ce fussent des cr?atures humaines, ils ne pouvaient concevoir qu'elles fissent plus de chemin dans une nuit qu'ils n'?taient capables d'en faire dans trois jours; et ce raisonnement les confirma dans l'opinion que c'?taient des esprits. Plusieurs esclaves de leur nation que Cadamosto avait vus ? la cour du prince Henri, et tous les Portugais qui ?taient entr?s les premiers dans cette mer, rendaient l?-dessus le m?me t?moignage.
Environ, six journ?es dans les terres au-del? d'Ouaden, on trouve une autre ville nomm?e Tegazza, qui signifie caisse d'or, d'o? l'on tire tous les ans une grande quantit? de sel de roche, qui se transporte sur le dos des chameaux ? Tombouctou, et de l? dans le royaume de Melli. Les Arabes vagabonds qui font ce commerce disposent en huit jours de toute leur marchandise, et reviennent charg?s d'or.
Le royaume de Melli est situ? dans un climat fort chaud, et fournit si peu d'alimens pour les b?tes, que, de cent chameaux qui font le voyage avec les caravanes, il n'en revient pas ordinairement plus de vingt-cinq. Aussi cette grande r?gion n'a-t-elle aucun quadrup?de. Les Arabes m?mes et les Azanaghis y tombent malades de l'exc?s de la chaleur. On compte quarante journ?es ? cheval de Tegazza ? Tombouctou, et trente de Tombouctou ? Melli. Tout le pays de Tombouctou qui est situ? dans la Nigritie touche au grand d?sert de Sahara, ou peut-?tre m?me en fait partie. Il nous est fort peu connu, et celui de Melli encore moins. Cadamosto ayant demand? aux Maures quel usage les marchands de Melli font du sel, ils r?pondirent qu'il s'en consommait d'abord une petite quantit? dans le pays, et que ce secours ?tait si n?cessaire ? ces peuples situ?s pr?s de la ligne, que, sans un tel pr?servatif contre la putridit? qui na?t de la chaleur, leur sang se corromprait bient?t. Ils emploient peu d'art ? le pr?parer. Chaque jour ils en prennent un morceau qu'ils font dissoudre dans un vase d'eau, et, l'avalant avec avidit?, ils croient lui ?tre redevables de leur sant? et de leurs forces. Le reste du sel est port? ? Melli en grosses pi?ces, deux desquelles suffisent pour la charge d'un chameau. L?, les habitans du pays le brisent en d'autres pi?ces, dont le poids ne surpasse pas les forces d'un homme. On assemble quantit? de gens robustes qui les chargent sur leur t?te, et qui portent ? la main une longue fourche sur laquelle ils s'appuient lorsqu'ils sont fatigu?s. Dans cet ?tat, ils se rendent sur le bord d'un grand fleuve dont l'auteur n'a pu savoir le nom.
Lorsqu'ils sont arriv?s au bord de l'eau, les ma?tres du sel font d?charger la marchandise et placent chaque morceau sur une m?me ligne, en y mettant leur marque; ensuite toute la caravane se retire ? la distance d'une demi-journ?e. Alors d'autres N?gres, avec lesquels ceux de Melli sont en commerce, mais qui ne veulent point ?tre vus, et qu'on suppose habitans de quelques ?les, s'approchent du rivage dans de grandes barques, examinent le sel, mettent une somme d'or sur chaque morceau, et se retirent avec autant de discr?tion qu'ils sont venus. Les marchands de Melli, retournant au bord de l'eau, consid?rent si l'or qu'on leur a laiss? leur para?t un prix suffisant; s'ils en sont satisfaits, ils le prennent et laissent le sel; s'ils trouvent la somme trop petite, ils se retirent encore en laissant l'or et le sel, et les autres, revenant ? leur tour, mettent plus d'or ou laissent absolument le sel. Leur commerce se fait ainsi sans se parler et sans se voir: usage ancien qu'aucune infid?lit? ne leur donne jamais occasion de changer. Quoique l'auteur trouve peu de vraisemblance dans ce r?cit, il assure qu'il le tient de plusieurs Arabes, des marchands Azanaghis, et de quantit? d'autres personnes dont il vante le t?moignage.
Il demanda aux m?mes marchands pourquoi l'empereur de Melli, qui est un souverain puissant, n'avait point entrepris par force ou par adresse de d?couvrir la nation qui ne veut ni parler ni se laisser voir. Ils lui racont?rent que, peu d'ann?es auparavant, ce prince, ayant r?solu d'enlever quelques-uns de ces n?gocians invisibles, avait fait assembler son conseil, dans lequel on avait r?solu qu'? la premi?re caravane, quelques N?gres de Melli creuseraient des puits au long de la rivi?re, pr?s de l'endroit o? l'on pla?ait le sel, et que, s'y cachant jusqu'? l'arriv?e des ?trangers, ils en sortiraient tout d'un coup pour faire quelques prisonniers. Ce projet avait ?t? ex?cut?; on en avait pris quatre, et tous les autres s'?taient ?chapp?s par la fuite. Comme un seul avait paru suffire pour satisfaire l'empereur, on en avait renvoy? trois, en les assurant que le quatri?me ne serait pas plus maltrait?; mais l'entreprise n'en eut pas plus de succ?s: le prisonnier refusa de parler; en vain l'interrogea-t-on dans plusieurs langues, il garda le silence avec tant d'obstination, que, rejetant toute sorte de nourriture, il mourut dans l'espace de quatre jours. Cet ?v?nement avait fait croire aux N?gres de Melli que ces n?gocians ?trangers ?taient muets. Les plus sens?s pens?rent avec raison que le prisonnier, dans l'indignation de se voir trahi, avait pris la r?solution de se taire jusqu'? la mort. Ceux qui l'avaient enlev? rapport?rent ? leur empereur qu'il ?tait fort noir, de belle taille, et plus haut qu'eux d'un demi-pied; que sa l?vre inf?rieure ?tait plus ?paisse que le poing, et pendante jusqu'au-dessous du menton; qu'elle ?tait fort rouge, et qu'il en tombait m?me quelques gouttes de sang; mais que sa l?vre sup?rieure ?tait de grandeur ordinaire; qu'on voyait entre les deux ses dents et ses gencives, et qu'aux deux coins de la bouche il avait quelques dents d'une grandeur extraordinaire; que ses yeux ?taient noirs et fort ouverts; enfin que toute sa figure ?tait terrible.
Cet accident fit perdre la pens?e de renouveler la m?me entreprise, d'autant plus que les ?trangers, irrit?s apparemment de l'insulte qu'ils avaient re?ue, laiss?rent passer trois ans sans repara?tre au bord de l'eau. On ?tait persuad? ? Melli que leurs grosses l?vres s'?taient corrompues par l'exc?s de la chaleur, et que, n'ayant pu supporter plus long-temps la privation du sel, qui est leur unique rem?de, ils avaient ?t? forc?s de recommencer leur commerce. La n?cessit? du sel en ?tait ?tablie mieux que jamais dans l'opinion des N?gres de Melli. Ces faits, attest?s avec les m?mes circonstances par beaucoup de voyageurs, ne sont pas faciles ? v?rifier: s'ils sont vrais, cette bonne foi r?ciproque et si constante dans le commerce des nations n?gres prouve qu'il n'y a point de meilleur lien que l'int?r?t. Les uns avaient besoin de sel, et les autres voulaient de l'or.
L'or qu'on apporte ? Melli se divise en trois parts: une qu'on envoie par la caravane de Melli ? Kokhia, sur la route du grand Caire et de la Syrie; les deux autres ? Tombouctou, d'o? elles partent s?par?ment, l'une pour Tret, et de l? pour Tunis en Barbarie; l'autre pour Ouaden, d'o? elle se r?pand jusqu'aux villes d'Oran et d'One, le long du d?troit de Gibraltar, et jusqu'? Fez, Maroc, Arzila, Azafi et Messa, dans l'int?rieur des terres. C'est dans ces derni?res places que les Italiens et les autres nations chr?tiennes viennent recevoir cet or pour leurs marchandises. Enfin le plus grand avantage que les Portugais aient tir? du pays des Azanaghis, c'est qu'ils trouv?rent le moyen d'attirer sur les c?tes du golfe d'Arguin quelque partie de l'or qu'on envoie chaque ann?e ? Ouaden, et de se les procurer par leurs ?changes avec les N?gres.
Apr?s avoir doubl? le cap Blanc, la caravelle portugaise qui portait Cadamosto, continua sa course jusqu'? la rivi?re de Zanagha ou de S?n?gal. Cinq ans avant le voyage de Cadamosto, cette grande rivi?re avait ?t? d?couverte par trois caravelles du prince Henri, comme on l'a vu dans le r?cit des premiers ?tablissemens; et depuis ce temps-l? il ne s'?tait point pass? d'ann?e o? le Portugal n'y e?t envoy? quelques vaisseaux.
Cadamosto fut extr?mement surpris de trouver la diff?rence des habitans si grande dans un si petit espace. Au sud de la rivi?re, ils sont extr?mement noirs, grands, bien faits et robustes; le pays est couvert de verdure et rempli d'arbres fruitiers. De l'autre c?t?, les hommes sont basan?s, maigres, de petite taille, et le pays sec et st?rile.
Les peuples d'Anterota sont ?galement pauvres et f?roces. Ils n'ont pas de villes ferm?es, ni d'autres habitations que de mis?rables villages, dont les maisons sont couvertes de chaume. La pierre et le ciment ne leur manqueraient pas, mais ils n'en connaissent pas l'usage. Le chef n'a pas de revenu certain: mais les seigneurs du pays, pour gagner sa faveur, lui font pr?sent de chevaux et d'autres b?tes, telles que des vaches et des ch?vres. Ils y joignent diff?rentes sortes de l?gumes et de racines, surtout du millet. Il ne subsiste d'ailleurs que de vols et de brigandages. Il enl?ve, pour l'esclavage, les peuples des pays voisins. Il ne fait pas plus de gr?ce ? ses propres sujets. Une partie de ces esclaves est employ?e ? la culture des terres qui lui appartiennent: le reste est vendu, soit aux Azanaghis et aux marchands arabes, qui les prennent en ?change pour des chevaux, soit aux vaisseaux chr?tiens, depuis que le commerce est ouvert avec eux. Chaque N?gre peut prendre autant de femmes qu'il est capable d'en nourrir. Le chef n'en a jamais moins de trente ou quarante, qu'il distingue entre elles suivant leur naissance et le rang de leurs p?res. Il les entretient dans certaines habitations huit ou dix ensemble, avec des femmes pour les servir, et des esclaves pour cultiver les terres qui leur sont assign?es. Elles ont aussi des vaches et des ch?vres, avec des esclaves pour les garder. Lorsqu'il les visite, il ne porte avec lui aucune provision, et c'est d'elles qu'il tire sa subsistance pour lui-m?me et pour tout son cort?ge. Tous les jours, au lever du soleil, chaque femme de l'habitation o? il arrive pr?pare trois ou quatre couverts de diff?rentes viandes, telles que du chevreau, du poisson, et d'autres alimens du go?t des N?gres, qu'elle fait porter par ses esclaves au logement du chef; de sorte qu'en s'?veillant il trouve quarante ou cinquante mets qu'il se fait servir suivant son app?tit. Le reste est distribu? entre ses gens. Mais, comme ils sont toujours en fort grand nombre, la plupart sont toujours affam?s. Il se prom?ne ainsi d'une habitation ? l'autre pour visiter successivement toutes ses femmes: ce qui lui procure ordinairement une nombreuse post?rit?. Mais, lorsqu'une femme devient grosse, il n'approche plus d'elle. Tous les seigneurs suivent le m?me usage.
Ces N?gres font profession de la religion mahom?tane, mais avec moins de lumi?res et de soumission que les Maures blancs. Cependant les seigneurs ont toujours pr?s d'eux quelques Azanaghis, ou quelques Arabes pour les exercices de leur culte; et c'est une maxime ?tablie parmi les grands de la nation, qu'ils doivent para?tre plus soumis aux lois divines que le peuple. Cette opinion, qui est assez g?n?ralement celle des grands de toutes les nations, est-elle fond?e sur la reconnaissance ou sur la politique?
Les N?gres du S?n?gal sont toujours nus, except? vers le milieu du corps, qu'ils se couvrent de peaux de ch?vres, ? peu pr?s dans la forme de nos hauts-de-chausses. Mais les grands et les riches portent des chemises de coton que les femmes filent dans le pays. Le tissu de chaque pi?ce n'a pas plus de six pouces de largeur; car ils n'ont pu trouver l'art de faire leurs pi?ces plus larges. Ils sont oblig?s d'en coudre cinq ou six ensemble, pour les ouvrages qui demandent plus d'?tendue. Leurs chemises tombent jusqu'au milieu de la cuisse. Les manches en sont fort amples; mais elles ne leur viennent qu'au milieu du bras. Les femmes sont absolument nues depuis la t?te jusqu'? la ceinture, le bas est couvert d'une jupe de coton qui leur descend jusqu'au milieu des jambes. Les deux sexes ont la t?te et les pieds nus; mais ils ont les cheveux fort bien tress?s, ou nou?s avec assez d'art, quoiqu'ils les aient fort courts. Les hommes s'emploient comme les femmes ? filer et ? laver les habits.
Le climat est si chaud, qu'au mois de janvier la chaleur surpasse celle de l'Italie au mois d'avril; et plus on avance, plus on la trouve insupportable. C'est l'usage pour les hommes et les femmes de se laver quatre ou cinq fois le jour. Ils sont d'une propret? extr?me pour leurs personnes; mais leur salet?, au contraire, est excessive dans leurs alimens. Quoiqu'ils soient d'une ignorance et d'une grossi?ret? ?tonnante sur toutes les choses dont ils n'ont pas l'habitude, l'art et l'habilet? m?me ne leur manquent pas dans les affaires auxquelles ils sont accoutum?s. Ils sont si grands parleurs, que leur langue n'est jamais oisive. Ils sont menteurs et toujours pr?ts ? tromper. Cependant la charit? est entre eux une vertu si commune, que les plus pauvres donnent ? d?ner, ? souper, et le logement aux ?trangers, sans exiger aucune marque de reconnaissance.
L'auteur remarque qu'en ce pays les deux sexes sont ?galement port?s au libertinage. Boudomel pressa beaucoup Cadamosto de lui apprendre quelque secret pour satisfaire plusieurs femmes. Il ?tait persuad? que les chr?tiens avaient l?-dessus plus de lumi?res que les N?gres. Un petit-ma?tre fran?ais lui aurait r?pondu que le vrai moyen ?tait de n'en aimer aucune.
Boudomel ?tait toujours accompagn? d'environ deux cents N?gres; mais ce cort?ge n'?tant retenu pr?s de lui par aucune loi, les uns se retirent, d'autres viennent; et par la correspondance qui r?gne entre eux, les places sont toujours remplies. D'ailleurs il se rend sans cesse ? l'habitation du prince quantit? de personnes des habitations voisines. ? l'entr?e de sa maison, on rencontre une grande cour qui conduit successivement dans six autres cours avant d'arriver ? son appartement. Au milieu de chacune est un grand arbre pour la commodit? de ceux que leurs affaires obligent d'attendre. Tout le cort?ge du prince est distribu? dans ces cours suivant les emplois et les rangs. Mais, quoique les cours int?rieures soient pour les plus distingu?s, il y a peu de N?gres qui approchent famili?rement de la personne du prince. Les Azanaghis et les chr?tiens sont presque les seuls qui aient l'entr?e libre dans son appartement, et qui aient la libert? de lui parler. Il affecte beaucoup de grandeur et de majest?. On ne le voit chaque jour, au matin, que l'espace d'une heure. Le soir, il para?t pendant quelques momens dans la derni?re cour, sans s'?loigner beaucoup de la porte de son appartement; et les portes ne s'ouvrent alors qu'aux grands du premier ordre. Il donne n?anmoins des audiences ? ses sujets: mais c'est dans ces occasions qu'on reconna?t l'orgueil des princes d'Afrique. De quelque condition que soient ceux qui viennent solliciter des gr?ces, ils sont oblig?s de se d?pouiller de leurs habits, ? l'exception de ce qui leur couvre le milieu du corps. Ensuite, lorsqu'ils entrent dans la derni?re cour, ils se jettent ? genoux en baissant le front jusqu'? terre, et des deux mains ils se couvrent la t?te et les ?paules de sable. Personne, jusqu'aux parens du prince, n'est exempt d'une si humiliante c?r?monie. Les supplians demeurent assez long-temps dans cette posture, continuant de s'arroser de sable. Enfin, lorsque le prince commence ? para?tre, ils s'avancent vers lui sans quitter le sable et sans lever la t?te. Ils lui expliquent leur demande, tandis que, feignant de ne les pas voir, ou du moins affectant de ne les pas regarder, il ne cesse pas de s'entretenir avec d'autres personnes. ? la fin de leurs discours, il tourne la t?te vers eux, et, les honorant d'un simple coup d'oeil, il leur fait sa r?ponse en deux mots. Cadamosto, qui fut t?moin plusieurs fois de cette sc?ne, s'imagine que Dieu n'aurait pas plus de respects ? pr?tendre, s'il daignait se montrer ? la race humaine. Quand on voit le chef de quelques peuplades n?gres ?craser ainsi de sa morgue ridicule ses sujets aussi mis?rables que lui, ceux qui, chez les nations polic?es, sont ?lev?s par leur rang au-dessus des autres hommes, doivent sentir ais?ment que l'orgueil n'est pas la mesure de la vraie grandeur.
La complaisance de Boudomel alla si loin pour Cadamosto, qu'il le conduisit dans sa mosqu?e ? l'heure de la pri?re. Les Azanaghis ou les Arabes, qui ?taient ses pr?tres, avaient re?u ordre de s'y assembler. En entrant dans le temple, avec quelques-uns de ses principaux N?gres, Boudomel s'arr?ta d'abord, et tint quelque temps les yeux lev?s au ciel. Ensuite, ayant fait quelques pas, il pronon?a doucement quelques paroles, apr?s quoi, il s'?tendit tout de son long sur la terre, qu'il baisa respectueusement. Les Azanaghis et son cort?ge se prostern?rent et bais?rent la terre ? son exemple. Il se leva, mais ce fut pour recommencer dix ou douze fois les m?mes actes de religion; ce qui prit plus d'une demi-heure.
Aussit?t qu'il eut fini, il se tourna vers Cadamosto, en lui demandant ce qu'il pensait de ce culte, et le priant de lui donner quelque id?e de la religion des chr?tiens. Cadamosto eut la hardiesse de lui r?pondre en pr?sence de ses pr?tres que la religion de Mahomet ?tait fausse, et que celle de Rome ?tait la seule v?ritable. Ce discours fit rire les Arabes et Boudomel. Cependant, apr?s un moment de r?flexion, ce prince dit ? Cadamosto qu'il croyait la religion des Europ?ens fort bonne, parce qu'il n'y avait que Dieu qui p?t leur avoir donn? tant de richesses et d'esprit. Il ajouta que celle de Mahomet lui paraissait bonne aussi, et qu'il ?tait m?me persuad? que les N?gres ?taient plus s?rs de leur salut que les chr?tiens, parce que Dieu ?tait un ma?tre juste; que, donnant aux chr?tiens leur paradis dans ce monde, il fallait que dans l'autre il r?serv?t de grandes r?compenses aux N?gres qui manquaient de tout dans celui-ci. Il y avait dans ce discours plus de sens qu'on n'en devait attendre d'un despote n?gre tel qu'on vient de le peindre.
La chaleur est si excessive dans les r?gions des N?gres, qu'il n'y cro?t ni froment, ni riz, ni aucune sorte de grain qui puisse servir ? leur nourriture. Les vignes n'y viennent pas plus heureusement. Ils ont mis leurs terres ? l'?preuve en y jetant diverses semences qu'ils re?oivent des vaisseaux portugais. Le froment demande un climat temp?r? et de fr?quentes pluies qu'ils n'ont presque jamais, car ils passent neuf mois sans voir tomber une goutte d'eau du ciel, c'est-?-dire depuis le mois d'octobre jusqu'au mois de juin. Cependant ils ont du millet, des f?ves et des noisettes de diverses couleurs. Leur f?ve est large, plate, et d'un rouge assez vif. Ils en ont aussi de blanches. Ils plantent au mois de juillet pour recueillir au mois de septembre. Comme c'est le temps des pluies, les rivi?res s'enflent, et donnent ? la terre une certaine f?condit?. Tout l'ouvrage de l'agriculture et de la moisson ne prend ainsi que trois mois; mais les N?gres entendent peu l'?conomie, et sont d'ailleurs trop paresseux pour tirer beaucoup de fruit de leur travail. Ils ne plantent que ce qu'ils jugent n?cessaire pour le cours de l'ann?e, sans penser jamais ? faire des provisions qu'ils puissent vendre. Leur m?thode pour cultiver la terre est de se mettre cinq ou six dans un champ, et de la remuer avec leurs ?p?es, qui leur tiennent lieu de hoyaux et de b?ches. Ils ne l'ouvrent pas ? plus de quatre pouces de profondeur; mais les pluies lui donnent assez de fertilit? pour rendre avec profusion ce qu'on lui confie avec tant de n?gligence.
Ils ont une huile dont ils font usage dans leurs alimens, sans que l'auteur ait pu d?couvrir d'o? ils la tirent, et de quoi elle est compos?e: elle a trois qualit?s remarquables; son odeur, qui ressemble ? celle de la violette; son go?t, qui approche de celui de l'olive; et sa couleur, qui teint mieux les vivres que le safran.
On trouve dans le pays diff?rentes sortes d'animaux, mais surtout une prodigieuse quantit? de serpens, dont quelques-uns sont fort venimeux. Les plus grands, qui ont jusqu'? deux toises de longueur, n'ont pas d'ailes, comme on a pris plaisir ? le publier; mais ils sont si gros, qu'on en a vu plusieurs qui avalaient une ch?vre d'un seul morceau.
Le pays de S?n?gal n'a pas d'autres animaux priv?s que des boeufs, des vaches et des ch?vres. Il ne s'y trouve pas de moutons, parce qu'ils ne s'accommodent pas d'un climat si chaud. Ainsi la nature a pourvu, suivant la diff?rence des pays, ? toutes les n?cessit?s du genre humain. Elle a fourni de la laine aux Europ?ens, qui ne pourraient s'en passer dans un pays aussi froid que celui qu'ils habitent; au lieu que les N?gres, qui n'ont pas besoin d'habits ?pais dans leurs chaudes contr?es, ne peuvent ?lever des moutons; mais le ciel y suppl?e en leur donnant du coton, qui convient mieux ? leur pays. Leurs boeufs et leurs vaches sont moins gros que ceux d'Italie; ce qu'il faut encore attribuer ? la chaleur. C'est une raret? parmi eux qu'une vache rousse; elles sont toutes noires ou blanches, ou tachet?es de ces deux couleurs. Les animaux de proie, tels que les lions, les panth?res, les l?opards et les loups, sont en grand nombre. Des ?l?phans sauvages y marchent en troupes, comme les sangliers dans l'?tat de Venise; mais ils ne peuvent jamais ?tre apprivois?s comme dans les autres pays. Cet animal ?tant fort connu, l'auteur observe seulement qu'il est d'une grosseur extraordinaire. On en peut juger par les dents ou d?fenses qu'on en apporte en Europe; mais il n'en a que deux de cette esp?ce ? la m?choire inf?rieure, comme le sanglier, avec la seule diff?rence que celles du sanglier tournent la pointe en haut, et que celles de l'?l?phant la tournent en bas. Cadamosto avait cru, sur les r?cits communs, avant son voyage, que les ?l?phans ne pouvaient plier les genoux, et qu'ils dormaient debout; il d?clare que c'est une ?trange fausset?, et qu'il les a vus non-seulement plier les genoux en marchant, mais se coucher et se lever comme les autres animaux. On n'aper?oit jamais leurs grandes dents avant leur mort. Quelque sauvages qu'ils soient naturellement, ils ne font aucun mal lorsqu'ils ne sont point attaqu?s; mais si quelqu'un les irrite, ils se d?fendent avec leur trompe, que la nature leur a donn?e ? la place du nez, et qui est d'une excessive longueur: ils l'?tendent et la resserrent ? leur gr?; s'ils saisissent un homme avec cet instrument redoutable, ils le jettent presque aussi loin qu'on jette une pierre avec la fronde. C'est en vain qu'on croit pouvoir ?chapper par la fuite. Ils sont d'une vitesse surprenante; les plus jeunes sont ordinairement les plus dangereux. La port?e des femelles n'est que d'un petit ? la fois; ils se nourrissent de feuilles d'arbres et de fruits, qu'ils attirent jusqu'? leur bouche avec le secours de leur trompe. L'auteur, pendant tout le s?jour qu'il fit chez les N?gres, ne d?couvrit pas d'autres quadrup?des que ceux qu'on vient de nommer; mais il vit un grand nombre d'oiseaux, et surtout quantit? de perroquets, que les N?gres ha?ssent beaucoup, parce qu'ils d?truisent leur millet et leurs l?gumes. Ces oiseaux ont beaucoup d'adresse ? construire leurs nids; ils ramassent quantit? de joncs et de petits rameaux d'arbres dont ils forment un tissu qu'ils ont l'art d'attacher ? l'extr?mit? des plus faibles branches; de sorte qu'y ?tant suspendu, il est agr?ablement balanc? par le vent. Sa forme est celle d'un ballon de la longueur d'un pied. Ils n'y laissent qu'un seul trou pour leur servir de passage lorsqu'ils veulent se garantir des serpens, ? qui la pesanteur ne permet pas de les attaquer dans cette retraite.
Les femmes des N?gres ont l'humeur fort gaie, surtout dans leur jeunesse, et prennent beaucoup de plaisir ? la danse et au chant. Le temps de ce divertissement est la nuit, ? la lueur de la lune.
Rien ne causait tant d'admiration ? ces barbares que les arquebuses et l'artillerie de la caravelle portugaise. Cadamosto ayant fait tirer un coup de canon devant quelques N?gres qui ?taient mont?s ? bord, leur effroi se fit conna?tre malgr? eux par de violentes agitations, et parut cro?tre encore lorsqu'il leur eut d?clar? que d'un seul coup de cette furieuse machine il pouvait ?ter la vie en un instant ? cent Maures. Apr?s ?tre un peu revenus de leur frayeur, ils d?clar?rent ? leur tour qu'une chose si pernicieuse ne pouvait ?tre que l'ouvrage du diable. Leur ?tonnement fut plus doux lorsqu'ils entendirent le son d'une cornemuse. Les diff?rentes parties de cet instrument leur firent croire, d'abord que c'?tait un animal qui chantait sur diff?rens tons. Cadamosto, riant de leur simplicit?, les assura que c'?tait une simple machine, et la mit entre leurs mains sans ?tre enfl?e. Ils reconnurent que c'?tait effectivement l'ouvrage de l'art; mais ils demeur?rent persuad?s que des sons si doux et si vari?s ne pouvaient venir que du pouvoir divin, en donnant pour raison qu'ils n'avaient rien entendu de semblable. Tout leur paraissait ?galement admirable, jusqu'aux moindres instrumens du vaisseau. Ils r?p?taient sans cesse que les Europ?ens devaient ?tre des sorciers beaucoup plus habiles que ceux de leur pays, et peu inf?rieurs au diable m?me; que les voyageurs de terre trouvaient de la difficult? ? tracer le chemin d'une place ? l'autre; au lieu qu'avec leurs vaisseaux, ceux-l? ne manquaient pas leur route sur mer, ? quelque distance qu'ils fussent de la terre.
Les N?gres sucent le miel dans la gaufre, et laissent la cire comme une chose inutile. L'auteur, ayant achet? d'eux quelques ruches, leur apprit la mani?re d'en tirer du miel, et leur demanda ensuite ce qu'ils croyaient qu'on p?t faire du reste. Ils r?pondirent qu'ils ne le croyaient bon ? rien. Mais ils furent fort surpris de lui en voir faire de la bougie, qu'il alluma en leur pr?sence. Les blancs, s'?cri?rent-ils, n'ignorent rien.
Un si long s?jour ayant donn? l'occasion ? l'auteur de conna?tre la plus grande partie du pays, il r?solut, apr?s avoir achet? quelques esclaves, de doubler le cap Vert pour faire de nouvelles d?couvertes et tenter la fortune. Il se souvenait d'avoir entendu dire au prince Henri qu'au-del? du S?n?gal il y avait une autre rivi?re nomm?e Gambra , d'o? l'on avait d?j? rapport? quantit? d'or, et qu'on ne pouvait faire ce voyage sans acqu?rir d'immenses richesses. Une si belle esp?rance lui fit regagner sa caravelle et mettre aussit?t ? la voile.
Un jour au matin, il d?couvrit deux b?timens dont il s'approcha: l'un appartenait ? Antonio Uso Dimarco, gentilhomme g?nois, et l'autre ? quelques Portugais qui ?taient au service du prince Henri. Ils s'avan?aient de concert vers les c?tes d'Afrique, dans le dessein de passer le cap Vert, et de chercher fortune en faisant de nouvelles d?couvertes. Ils firent voile ensemble vers le sud, sans cesser de voir la terre, et d?s le jour suivant ils d?couvrirent le cap.
Apr?s avoir doubl? le cap Vert, ils continu?rent leur course, en conservant toujours la vue de la terre. Ce c?t? du cap forme un golfe. La c?te en est basse et couverte de beaux arbres, dont la verdure s'entretient sans cesse, c'est-?-dire que, des feuilles nouvelles succ?dant sans intervalles ? celles qui tombent, on ne s'aper?oit jamais, comme en Europe, que les arbres se fl?trissent. Ils sont si pr?s de la mer, qu'on s'imaginerait qu'ils en sont arros?s. La perspective est si belle, qu'apr?s avoir navigu? ? l'est et ? l'ouest, l'auteur d?clare qu'il n'a jamais rien vu de comparable. Le pays est arros? de plusieurs petites rivi?res dont on ne peut tirer aucun avantage, parce qu'il est impossible aux vaisseaux d'y entrer.
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