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Read Ebook: Les Dieux et les Demi-Dieux de la Peinture by Gautier Th Ophile Houssaye Ars Ne Saint Victor Paul De Calamatta Luigi Illustrator

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Ebook has 619 lines and 112898 words, and 13 pages

Illustrator: M. Calamatta

LES DIEUX

LES DEMI-DIEUX

LA PEINTURE

PAR MM.

TH?OPHILE GAUTIER, ARS?NE HOUSSAYE

PAUL DE SAINT-VICTOR

PARIS

MORIZOT, LIBRAIRE-?DITEUR

RUA PAV?E SAINT-ANDR?-DES-ARTS, 5

TABLE

Introduction L?onard de Vinci Fr? Giovanni da Fiesole Hemling Rapha?l Corr?ge Michel-Ange Giorgione Titien Paul V?ron?se Holbein Rubens Van Dyck Rembrandt Don Diego Velasquez de Silva Esteban Bartolome Murillo Nicolas Poussin Eustache Le Sueur David Prudhon Eug?ne Delacroix Sir Joshua Reynolds William Hogarth

INTRODUCTION

Ce livre n'est pas une histoire compl?te de l'art,--aucune histoire n'est compl?te,--chacun des noms illustres qui en remplissent les pages e?t n?cessit? un gros volume. On a voulu seulement dresser un tr?ne d'or aux douze grands dieux, aux olympiens de la peinture et sur les marches d'ivoire de ces tr?nes, poser ? un degr? plus ou moins ?lev? les demi-dieux qui m?ritent d'?tre admis dans ce ciel d'un azur lumineux. Tous ont cherch? le beau et l'ont trouv? par des routes diverses; peut-?tre nul d'entre eux, si grand qu'il soit, n'a donn? son r?ve tout entier, car devant les efforts de l'artiste, l'id?al recule jusque dans l'absolu. Si l'id?al n'?tait pas au-dessus de toute r?alisation, il cesserait d'?tre l'id?al et de luire comme une ?toile au bout de cette perspective sans fin qu'on n'atteindra pas plus qu'on ne soul?vera le voile sacr? d'Isis: c'est l? pr?cis?ment ce qui fait la gloire et la sup?riorit? de l'art; derri?re ses types les plus purs, les plus nobles, les plus divins on sent un type plus pur, plus noble, plus divin encore qui se fait deviner comme un visage rayonnant ? travers la demi-transparence d'un voile. La forme montre et cache ? la fois l'id?e, quelque perfection qu'elle atteigne; elle a ses bonheurs et ses trahisons, elle a aussi ses impossibilit?s. Pour s'?lever ? l'expression du beau, elle ne poss?de que les lignes et les couleurs fournies par la nature, car l'invention d'une forme m?me dans la chim?re ne saurait se concevoir. C'est donc la figure de l'homme, qui est l'univers arriv? ? se comprendre, dont l'art se servira pour formuler son concept, en relevant, en l'?purant, en la d?gageant de l'accidentel et du particulier. Les Grecs l'avaient divinis?e avec leur religion anthropomorphique. Venus au monde, dans la jeunesse de l'humanit?, en pleine fra?cheur et en pleine lumi?re, eux-m?mes beaux, intelligents, sereins, ils s'?taient approch?s du type supr?me dont ils ?taient voisins encore. Leur po?sie, leur architecture, leur statuaire, sont rest?es les plus brillants t?moignages du g?nie humain. Il devait en ?tre de m?me de leur peinture dont malheureusement les si?cles jaloux ont effac? jusqu'au plus l?ger vestige. Sans nul doute Apelles ?galait Phidias. Puis vinrent les cataclysmes de la barbarie et les t?n?bres profondes du moyen ?ge, et l'id?e du beau se perdit pour repara?tre ? la Renaissance, cette seconde aurore du monde avec les manuscrits grecs et les marbres antiques retrouv?s sous les d?combres des civilisations ensevelies. Du premier coup, le grand L?onard de Vinci r?inventa tous les arts perdus et cr?a une formule du beau si rare, si exquise, si parfaite qu'on ne l'a jamais d?pass?e. Michel-Ange sans conna?tre Phidias, dont pourtant les chefs-d'oeuvre existaient intacts encore sur les frontons d'Ictinus, sut ?tre aussi grand que lui et mit le beau dans le terrible. Rapha?l, baptisant l'art grec, ressuscita, avec ses madones, la V?nus de Cl?om?ne plus belle et toujours vierge; Corr?ge fit sourire l'id?al et le baigna myst?rieusement dans les transparences argent?es de son clair-obscur, Titien le dora de sa couleur d'ambre, Rubens l'empourpra de ses tons flamboyants, Paul V?ron?se l'habilla de ses riches brocarts ramag?s, Rembrandt l'entoura de ses ombres fauves et le fit briller comme un microcosme, au fond de ses t?n?bres magiques, Van Dyck lui pr?ta une ?l?gance aristocratique, Poussin lui donna la philosophie, Le Sueur la gr?ce tendre et la m?lancolie religieuse, David la rigueur classique, Prudhon le charme voluptueux, Reynolds le satin? et la fra?cheur de la sant? anglaise, Hogarth infid?le ? ses th?ories sur la ligne courbe, la roideur puritaine et britannique trop pr?occup?e de morale. Chaque pays, depuis cette glorieuse ?poque, tendit toujours vers ce noble but. En Espagne, Velasquez, par le caract?re, d?gagea le beau du r?el; Murillo l'aper?ut dans une vision c?leste et osa le faire descendre sur la terre. Bien avant, l'Ange de Fiesole l'avait dessin? sur le fond d'or de l'art gothique; Holbein l'avait fix? par son dessin d'une exactitude si na?ve et si savante, Hemling l'enluminait de ses tons fins et purs dans ses tableaux pieusement l?gendaires. Tous ces grands artistes ont repr?sent? une face de l'id?al que nul ne peut voir tout entier, et cela suffit ? leur gloire. D'autres points de vue se r?v?leront peut-?tre avec le temps, et le beau de l'avenir se fera entrevoir sous d'autres masques, d?pos?s tour ? tour; car il faut l'?treindre comme Prot?e d'une ?treinte bien vigoureuse, pour le forcer ? se montrer sous sa v?ritable forme. Apr?s une longue lutte, parfois le g?nie vient ? bout de dompter ce fuyant adversaire. Il court ? son chevalet, il saisit sa palette, il regarde, mais d?j? le mod?le a disparu. Heureusement il parvient ? en esquisser de m?moire quelques traits sur la toile, et les si?cles ?tonn?s admirent cette glorieuse image qui n'est pourtant qu'une ombre et qu'un reflet.

Dans ce livre, on a essay? par une figure choisie, qui accompagne chaque l?gende de peintre, d'exprimer et de r?sumer l'id?al qu'il poursuivait, la forme favorite o? sa pens?e et son amour s'incarnaient le plus fr?quemment, et qui fait reconna?tre son oeuvre, comme une t?te grav?e sur l'onyx d'un cachet, d?signe, sans m?me qu'on ouvre la lettre, la main qui l'a ?crite.

L?ONARD DE VINCI

Les Grecs avaient atteint le beau en toute chose, et le rocher sacr? de l'Acropole, charg? de temples et de sculptures, resta debout comme l'autel du g?nie humain au milieu des solitudes et des ruines qu'avaient faites la barbarie plus que le temps, mais ignor? en quelque sorte, et donnant des le?ons perdues.

Sans vouloir ?tre injuste envers les efforts et les tentatives des civilisations post?rieures, on peut dire qu'une longue nuit suivit ce jour ?clatant, et que le sens du beau disparut pendant bien des si?cles dans les cataclysmes d'empires et le chaos du moyen ?ge.

La sculpture et la peinture, entra?n?es par la chute du polyth?isme, s'?clipsent totalement; treize si?cles s'?coulent depuis l'av?nement de J?sus-Christ jusqu'? Andr? Taffi et Cimabu?, qui ne font gu?re que reproduire les vieux poncifs byzantins; il faut encore cent ou deux cents ans pour sortir de l'imagerie ? fonds d'or, et de la sculpture enfantine, digne des Chinois et des sauvages.

Mais enfin arrive ce merveilleux seizi?me si?cle, o? l'esprit de l'homme se r?veille en sursaut, comme d'un long r?ve, et reprend possession de lui-m?me. Ce fut un moment plein de gr?ce et de charme, et qu'exprime on ne peut mieux le mot Renaissance, employ? pour d?signer cette ?poque climat?rique: apr?s les longues et opaques t?n?bres, hant?es de cauchemars, de terreurs et d'angoisses, se levait enfin l'aurore nouvelle. La beaut?, oubli?e si longtemps, apparaissait radieuse et enchantait le monde de son jeune ?clat. Quelques manuscrits d?chiffr?s ? travers la gothique ?criture des moines, quelques fragments de marbres antiques sortis de terre comme par miracle avaient suffi pour op?rer cette r?volution.

Ces lampes de la vie, que, suivant le beau vers de Lucr?ce, des coureurs se remettent l'un ? l'autre, s'?taient rallum?es ? l'?tincelle antique, et brillaient joyeusement dans des mains qui ne devaient plus les laisser ?teindre. Un de ceux dont la lampe jeta le plus vif rayon, ce fut L?onard de Vinci. Sa flamme, bien que voil?e par la fum?e noire du temps, luit encore comme une ?toile; et quand un des tableaux du ma?tre se trouve dans une galerie, quelque sombre et rembruni qu'il soit, elle en est tout ?clair?e.

L?onard de Vinci, enfant naturel d'un messer Pietro, notaire de la r?publique, naquit en 1452, dans un petit ch?teau, dont les ruines existent encore non loin de Florence, pr?s du lac Fucecchio, au milieu d'un horizon charmant. Tout devait ?tre joie, gr?ce et sourire pour cet enfant de l'amour, qui devint bient?t le plus beau des hommes: la Nature, comme revendiquant pour elle seule son plus parfait ouvrage, ne voulut pas qu'il e?t de famille l?gitime, et sans appeler les f?es ? son berceau,--elles y vinrent d'elles-m?mes,--le doua de tous les dons imaginables. On e?t dit que, par une sorte d'amour-propre, elle se justifiait ainsi de ses avortements et de ses ?bauches imparfaites.

Contrairement ? la loi ordinaire, L?onard de Vinci ne connut ni les luttes, ni les difficult?s des commencements: l'admiration le prit tout jeune et ne le quitta plus. Il mourut entre les bras d'un roi, et, si l'?rudition moderne a contest? cette l?gende, elle est tellement vraisemblable comme couronnement de cette vie heureuse et honor?e, que tout le monde y dut croire.

Enfant, ses premiers dessins excit?rent la surprise et l'incr?dulit?. Mis ? l'?cole du Verrocchio, bon sculpteur et bon peintre, il y fit preuve d'une sup?riorit? si pr?coce, que l'?l?ve fut bient?t le ma?tre: on sait qu'il peignit dans un tableau de son professeur une t?te d'ange si belle, d'un go?t si rare et si neuf, qu'elle effa?ait tout le reste de l'oeuvre, et pr?sageait ? l'Italie une gloire sans rivale. En effet, nul n'est sup?rieur ? L?onard, ni Rapha?l, ni Michel-Ange, ni Corr?ge: on a pu s'asseoir ? c?t? de lui sur son sommet, mais qui jamais a mont? plus haut? Notez qu'il est le premier en date, et qu'il mena tout de suite l'art ? un degr? de perfection qui n'a pas ?t? d?pass? depuis.

Cette gloire semble suffisante pour un homme, et pourtant la peinture n'?tait qu'une des aptitudes du Vinci: ?galement dou? dans tous les sens, il e?t pu faire aussi bien toute autre chose. C'?tait un g?nie universel, encyclop?dique; il poss?dait toutes les connaissances de son temps, et, qualit? plus rare, il voyait directement la nature.

L?onard aimait les chevaux; il ?tait excellent ?cuyer, et sur les montures les plus rebelles et les plus fringantes, il se plaisait ? des sauts de haies et de foss?s, ? des voiles et ? des courbettes qui remplissaient les spectateurs d'admiration et d'?pouvante. Mais ce n'est que de l'artiste que nous avons ? nous occuper. Quelque grand qu'il soit, le peintre chez L?onard n'est qu'un des c?t?s de l'homme. L'art ne l'absorba pas tout entier; il lutta avec lui et resta le plus fort, sans avoir le jarret dess?ch?, comme Jacob dans son combat contre l'ange.

Quelles furent ses ressources? On ne le sait, mais on voit jusqu'? trente ans L?onard mener grand train ? Florence, il avait chevaux, domestiques, beaux habits, tous les luxes du temps. La fortune, aveugle d'ordinaire, avait ?t? son bandeau pour lui, et le favorisait comme s'il en ?tait indigne. Jamais le malheur, comme nous l'avons dit, n'osa approcher cette belle vie et lui faire payer sa gloire.

Tout en menant une existence splendide, il peignait ? travers beaucoup d'occupations et de fantaisies, car son esprit multiple se portait partout avec ardeur, ne d?daignant m?me pas des plaisanteries de physicien, comme de combiner des gaz infects et de gonfler des vessies dont la dilatation for?ait les assistants ? s'enfuir de la salle. Sa premi?re mani?re rappelle encore celle du Verrocchio, son ma?tre; il rend la nature par un moyen emprunt?, mais d?j? l'accent original est reconnaissable. Cette mani?re est plus archa?que, plus s?che de dessin, plus claire de ton, moins puissante de model? que celle qu'il adoptera plus tard, lorsqu'il pourra rendre la nature avec son sentiment propre et sans moyen interm?diaire.

Ce qui caract?rise, en effet, L?onard, c'est l'?tude constante, attentive, approfondie, intime de la nature, non pas ? la fa?on brutale des r?alistes d'aujourd'hui, mais avec une d?licatesse, une patience, une compr?hension et un choix merveilleux. Il est ? la fois vrai et fantasque, exact et visionnaire, il m?le ensemble la r?alit? et le r?ve dans une proportion surprenante. Ses ouvrages vous fascinent par une sorte de pouvoir magique; ils vivent d'une vie profonde et myst?rieuse, presque alarmante, quoique depuis longtemps la carbonisation des couleurs leur ait ?t? toute possibilit? d'illusion.

On sait l'histoire de ce bouclier demand? par un paysan de Vinci, et sur lequel L?onard devait peindre quelque embl?me effrayant.

Pendant plusieurs mois, on vit notre artiste ? la chasse de couleuvres, de reptiles, de l?zards, de crapauds, de chauves-souris, ? l'aide desquels il composa un monstre hybride d'une grande vraisemblance zoologique et d'un effet terrible; vous pensez bien que le paysan n'eut pas son bouclier, qui fut vendu trois cents ducats ? Gal?as, duc de Milan.

Ces ?tudes servirent probablement ? L?onard pour le masque de M?duse, qu'on voit au mus?e de Florence: autour de la t?te coup?e et d'une p?leur exsangue s'entortille hideusement la verte chevelure, dont chaque crin siffle et se tord. Les reptiles ont plus d'importance que le visage, dessin? en raccourci, comme pour d?rober ? l'oeil les convulsions de la mort; car L?onard n'aimait pas les expressions extr?mes, et partageait l?-dessus les id?es de l'art antique. Mais cela sans doute l'amusait de faire voir comme il peignait bien les serpents.

L'id?al du Vinci, quoiqu'il ait la puret?, la gr?ce et la perfection de l'antique, est tout moderne par le sentiment, il exprime des finesses, des suavit?s et des ?l?gances inconnues aux anciens: les belles t?tes grecques, dans leur irr?prochable correction, sont sereines seulement; celles du Vinci sont douces, mais d'une douceur particuli?re, qui vient plut?t d'une indulgente sup?riorit? que d'une faiblesse d'?me; il semble que des esprits d'une autre nature que la n?tre nous regardent comme ? travers les trous d'un masque par ces yeux cercl?s d'ombres, avec un air de tendre commis?ration qui n'est pas sans quelque malice.

Et quel sourire il fait jouer sur ces l?vres flexibles, qui se perdent dans des commissures velout?es, spirituellement tordues par la volupt? et l'ironie! Nul n'a pu encore d?chiffrer l'?nigme de son expression: il raille et attire, refuse et promet, enivre et rend pensif. A-t-il r?ellement voltig? sur des bouches humaines, ou est-il pris aux sphinx moqueurs qui gardent le palais du Beau? Plus tard, Corr?ge le retrouvera ce sourire; mais, en lui donnant plus d'amour, il lui ?tera son myst?re.

Ludovic le Maure appela L?onard de Vinci ? Milan. Notre artiste r?ussit beaucoup ? cette cour; sans avoir rien de servile dans l'humeur, il aimait le faste, l'?l?gance, la politesse. Les palais des rois ou des princes ?taient son milieu naturel. Disert, excellent musicien, ordonnateur de f?tes plein d'imagination, recherch? dans ses habits, galant, la mode le prit sous son aile, quoique homme de g?nie, et il obtint l? les m?mes succ?s qu'? Florence.

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Quel adorable type que celui de la Madone! Il est tout particulier ? L?onard et ne rappelle en rien les vierges de P?rugin ni celles de Rapha?l: le haut de la t?te est sph?rique, le front d?velopp?; l'ovale des joues s'amenuise pour se clore par un menton d'une courbe d?licate; les yeux, aux paupi?res baiss?es, se cerclent de p?nombres; le nez, quoique fin, n'est pas rectiligne avec le front, comme celui des statues grecques; ses narines se d?coupent et ses ailes fr?missent comme si la respiration les faisait palpiter. La bouche, un peu grande, a ce sourire vague, ?nigmatique et d?licieux que le Vinci donne ? ses figures de femmes; une l?g?re malice s'y m?le ? l'expression de la puret? et de la bont?. Les cheveux longs, d?li?s, soyeux, descendent en m?ches crespel?es sur des joues baign?es d'ombres et de demi-teintes et les accompagnent avec une gr?ce incomparable.

C'est la beaut? lombarde id?alis?e par une ex?cution admirable, dont le seul d?faut serait peut-?tre une perfection trop absolue.

L'ange qui montre du doigt l'Enfant J?sus au petit saint Jean est la t?te la plus suave, la plus fine et la plus fi?re que jamais le pinceau ait fix?e sur la toile. Elle appartient, si l'on peut s'exprimer ainsi, ? la plus haute aristocratie c?leste. On dirait un page de grande naissance habitu? ? poser le pied sur les marches du tr?ne.

Une chevelure annel?e et boucl?e foisonne autour de sa t?te, d'un dessin si pur et si d?licat qu'il d?passe la beaut? f?minine et donne l'id?e d'un type sup?rieur ? tout ce que l'homme peut r?ver; ses yeux ne sont pas tourn?s vers le groupe qu'il d?signe, car il n'a pas besoin de regarder pour voir, et il n'aurait pas d'ailes aux ?paules qu'on ne se tromperait pas sur sa nature. Une indiff?rence divine se peint sur sa figure charmante, qui daigne ? peine sourire du coin des l?vres. Il accomplit la commission donn?e par l'?ternel avec une s?r?nit? impassible.

Assur?ment aucune vierge, aucune femme n'eut un plus beau visage; mais l'esprit le plus m?le, l'intelligence la plus dominatrice brillent dans ces yeux noirs fix?s vaguement sur le spectateur cherchant ? p?n?trer leur myst?re.

? demi envelopp? d'une gaze claire, le divin Bambino s'agenouille en joignant les mains, comme s'il avait d?j? conscience de sa mission et comprenait le geste que le petit saint Jean r?p?te d'apr?s l'ange.

Quant au coloris, si, en s'enfumant, il a perdu sa valeur propre, il a gard? une harmonie pr?f?rable, pour les d?licats, ? la fra?cheur et ? l'?clat des nuances. Les tons se sont amortis dans un rapport si parfait, qu'il en r?sulte une sorte de teinte neutre, abstraite, id?ale, myst?rieuse, qui rev?t les formes comme d'un voile c?leste et les ?loigne des r?alit?s terrestres.

Une tradition veut que ce tableau ait ?t? peint d'apr?s le carton de L?onard et sur son dessin par Bernardino Luini. C'est possible; mais, ? coup s?r, le pinceau du ma?tre a pass? par l?. Nous n'en voulons d'autres preuves que les oeuvres de Luini lui-m?me, quelques charmantes qu'elles soient d'ailleurs.

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