Homepage
Login
Profile
BookClubs
dmBox
Read Ebook: Keetje Trottin by Doff Neel Marquet Albert Illustrator
Font size:
Background color:
Text color:
Add to tbrJar First Page Next Page Prev Page
Ebook has 844 lines and 38132 words, and 17 pages
--Nous irons ? l'Exposition, disait Daatje. Nous regarderons d'abord par les portes et les fen?tres, et, quand l'homme de la porte s'absentera pour boire, nous nous glisserons ? l'int?rieur. Alors nous n'aurons qu'? ?tre sages pour ne pas ?tre remarqu?es. Nous irons voir le long des vitrines. On dit qu'il y en a qui sont remplies d'or; d'autres, de plumes et de fleurs. Au fond de la salle sont les joujoux: on les aper?oit un peu de l'ext?rieur.
--Que je suis en joie, que je suis en joie que vous me preniez avec vous! Je me tiendrai bien tranquille.
--Oui, tu peux venir. Une fois ? l'int?rieur, on ne nous jettera pas dehors: nous avons nos robes de dimanche.
Elle nous toisa de haut en bas.
--Ah mais, tourne-toi donc, Keetje... Oh! elle a... elle a du caca sur sa robe... Nous n'irons qu'? nous deux.
Je rentrai en pleurant.
--Mais pourquoi braie-t-elle encore une fois?
--Mais elle braie pour braire, comme toujours...
Sur le canal, des petits gar?ons couraient apr?s moi pour m'embrasser. Un d'eux m'attrapa. Je me mis ? crier ? tue-t?te, en rejetant la t?te en arri?re. Une servante me d?gagea: j'en eus un vif d?plaisir. Je m'encourus. Quand le petit gar?on me rattrapa, je rejetai encore la t?te en arri?re, mais je ne criais plus: je me laissais embrasser, en un long frisson de crainte et de volupt?.
A HUIT ANS
Ma m?re me retenait de l'?cole pour ce beau gain. Je partais, portant la casserole de terre nou?e dans un lange d'enfant: elle penchait ? droite et ? gauche, laissant ?couler la sauce. Les remparts bord?s de bois donnaient sur des canaux. J'y poursuivais les rats et me penchais longuement sur l'eau pour voir o? ils avaient pass?; j'?tais tr?s ?tonn?e qu'ils pussent respirer sous l'eau... <
J'arrivais souvent ? la fabrique quand l'homme avait d?j? repris son travail, le bras gauche embrassant un bouquet, le bras droit engourdi par la casserole. L'homme me regardait. Je sentais qu'il me pardonnait, mais qu'il ?tait triste, et je me disais que le lendemain j'irais tout droit porter le manger et regarderais au retour ce que les rats devenaient dans l'eau.
Il mangeait h?tivement pendant que je tressais les coquelicots en couronnes.
--C'est froid, n... de D... et sec: toute la sauce est dans le lange. Voil? la casserole.
--Voulez-vous une fleur, oncle?
--Non!... Oui, donne.
Et il piquait la fleur ? son v?tement macul? de sucre gluant.
Cela dura quinze jours. La femme dit alors ? ma m?re qu'elle avait mis la veille deux tranches de viande hach?e sur les pommes de terre de son homme et qu'elles avaient disparu, que je les avais mang?es. Ma m?re me gronda; je protestai; elles n'en d?mordirent point.
Je refusai de porter encore le manger, et pleurai et tapai des pieds de col?re. Chaque fois que je voyais la femme, je rougissais et allais me cacher de honte, parce qu'elle avait os? m'accuser faussement.
Ma m?re avait pass? la matin?e ? nous laver et nous habiller et n'avait pas eu le temps de cuire les pommes de terre: nous din?mes avec du pain et du caf?. A deux heures, la vieille Dien, une voisine, viendrait nous chercher pour aller ? la Kermesse, au Nieuwe Markt. Nous part?mes, ma m?re portant le b?b?, Dien avec Naatje sur le bras; nous les grands, deux gar?ons et deux filles, marchions devant, en nous tenant par la main.
Je ne me rappelle plus comment nous arriv?mes au Nieuwe Markt, qui ?tait tr?s loin de chez nous. Je sais que nous nous trouv?mes tout d'un coup au milieu de la foule; que, devant les baraques, des dames, en costumes d'ange, ?taient assises sur des chevaux harnach?s de soie brod?e; qu'un homme qu'on avait roul? dans de la farine riait d'une voix de scie; que les carrousels, tout enguirland?s d'?toffes ? fleurs, tournaient, pendant que des hommes et des femmes, se tenant par les mains, dansaient et chantaient devant l'orgue, d'o? la musique sortait par des trompettes: <
Des th?ories de servantes, le chapeau sur la cornette et le ch?le tordu autour des ?paules, donnaient le bras ? des ouvriers, et chantaient et tapaient des pieds en cadence:
<Add to tbrJar First Page Next Page Prev Page