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Read Ebook: Pour l'Amour du Laurier: Roman by Gilbert De Voisins Auguste Lou S Pierre Author Of Introduction Etc

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Ebook has 1732 lines and 64073 words, and 35 pages

GILBERT DE VOISINS

Pour l'Amour du Laurier

ROMAN

PR?FACE DE PIERRE LOU?S

TROISI?ME ?DITION

PARIS SOCI?T? D'?DITIONS LITT?RAIRES ET ARTISTIQUES Librairie Paul Ollendorff 50, CHAUSS?E D'ANTIN, 50

DU M?ME AUTEUR

LA PETITE ANGOISSE, roman. LES JARDINS, LE FAUNE ET LE PO?TE, conf?rence.

PROCHAINEMENT:

UNE CHANSON DE PLEIN JOUR, roman. FEHL YASM?N, po?mes.

Tous droits de reproduction, de traduction et de repr?sentation r?serv?s pour tous les pays, y compris la Su?de, la Norv?ge, la Hollande et le Danemark.

S'adresser, pour traiter, ? la Librairie PAUL OLLENDORFF, 50, Chauss?e d'Antin, Paris.

J'offre ? mon ami

ALBERT ERLANDE

cette invention chim?rique.

PR?FACE

LETTRE A LA LECTRICE

Madame,

Le roman que j'ai le tr?s grand honneur de vous pr?senter ici aurait de quoi vous surprendre avant de vous charmer, si quelqu'un ne se hasardait pas ? vous l'expliquer tout d'abord. En deux mots, voici comment: c'est une intrigue entre jeunes gens contemporains et personnages fabuleux.

Je ne comprends pas du tout pourquoi.

<> Mais comment donc, madame, mais nous y croyons. Je crois aux Sir?nes de toute mon ?me, comme je crois ? la Muse qui est aupr?s de moi au moment o? je vous ?cris et qui me dicte ces phrases un peu comme elles lui viennent, avec beaucoup de laisser-aller dans le style et dans la pens?e parce que c'est une tr?s jeune Muse qui ne s'attarde pas ce soir aux finesses de la syntaxe. Comment ne croirais-je pas en elle, puisque je l'entends, puisque je la vois?

Douter que les demi-dieux existent! ce serait douter de la po?sie pure. Il y a toujours eu des nymphes dans les bois; il suffit de les prier pour les apercevoir ? travers la mousse des ch?nes et les chevelures des roseaux. Les fleurs ne sont faites que pour elles, les prairies pour leurs pieds nus, les clairi?res pour leurs danses, les sous-bois pour leurs sommeils. La nuit forme leurs lignes avec du clair de lune et le jour avec de l'ombre. Tout est vivant dans l'invisible, tous les souffles ont un esprit, toutes les fontaines une ?me immortelle.

Voil? ce que M. Gilbert de Voisins vous dira beaucoup mieux tout ? l'heure avec son talent cr?ateur et sa foi de po?te sinc?re. Ne protestez pas trop t?t que vous ne croyez plus aux Sir?nes. Quand vous aurez lu ce livre-ci, vous les entendrez partout.

PIERRE LOU?S.

POUR L'AMOUR

DU LAURIER

Chaque homme porte en lui sa dose d'opium naturel, incessamment s?cr?t?e et renouvel?e, et, de la naissance ? la mort, combien comptons-nous d'heures remplies par la jouissance positive, par l'action r?ussie et d?cid?e?

C. B.

On ne vit qu'en s'incorporant ? quelque ?tre plus grand que soi-m?me; il faut appartenir ? une famille, ? une soci?t?, ? une science, ? un art; quand on consid?re une de ces choses comme plus importante que soi, on participe ? sa solidit? et ? sa force; sinon, on vacille, on se lasse et on d?faille; qui go?te de tout se d?go?te de tout.

H. T.

J'ai suivi l'ombre de mes songes.

A. de M.

Sylvius Persane avait mille raisons d'?tre content de lui-m?me. La premi?re ?tait qu'il faisait beau. On s'attribue volontiers les gr?ces que l'on estime chez autrui et l'agr?ment de la nature est un motif d'?tre avantageux. Aussi bien la ti?deur admirable de l'air, l'am?nit? du vent et le ciel turquoise donnaient-ils, ce jour-l?, un plaisir d'autant plus vif, qu'? Paris les apr?s-midi de f?vrier sont trop souvent glaciales. Autre raison: Sylvius Persane se sentait jeune. Le matin m?me, il s'?tait trouv? au miroir de son porte-manteau, du teint et de la mine. Ses vingt-cinq ans avaient tout ? fait bonne allure. Etroitement pris dans un veston de coupe juste, avec une face fra?che, de grands yeux bleus, un casque de cheveux blonds et ce peu de moustache qui relevait la l?vre, Sylvius figurait fort bien l'adolescent d?licat, r?veur, curieux de tout, mais qui t?che ? ne point se commettre ni se crotter. Aussi marchait-il sur les Champs-Elys?es avec un petit air de coq vainqueur o? il y avait aussi un peu de la satisfaction du paon qui se d?ploie.

Pourtant, Sylvius Persane regardait les gens qui passaient, sans orgueil, car le contentement de soi incline volontiers ? la mansu?tude, mais, de leur c?t?, les passants avaient autre chose en t?te que de consid?rer ce jeune homme. Il y avait une grosse femme qui se h?tait, les seins et le ventre en avant, et agitait son parasol vers un fiacre. Il y avait deux enfants qui faisaient tourner une toupie et voler un ballon. Il y avait des hommes qui semblaient aller ? leurs affaires, et d'autres, plus anxieux, qui paraissaient courir vers les affaires d'autrui. Quelques bonnes se confiaient les secrets de leurs ma?tres. Des mioches riaient ? Guignol; et sombres, ennuyeux, superflus, des sergents de ville faisaient les cent pas pour maintenir l'ordre.

Sylvius vit, clairement, que le monde ne s'occupait pas de lui. Il en con?ut un certain d?plaisir. Dans cette ville o? il vivait depuis trois ans, pour la premi?re fois il se sentait ?tranger.

Il avait quitt? le P?rigord, s?jour de son enfance, sans regret. Rien ne l'y retenait plus que le charme de quelques souvenirs. D'ailleurs, lorsqu'on est orphelin, sans autres attaches d'affection que celles, tr?s fortes, il est vrai, qui vous lient ? vous-m?me, lorsque des rentes bien ?tablies engagent l'avenir ? vous m?nager, et qu'on aie plus vif d?sir de conna?tre de la vie ce qu'elle offre de brillant et de sonore, le pav? de Paris est le seul terrain o? l'on se sente ? l'aise et l'air du boulevard le seul air qui vous grise.

Toutefois, en quittant les Champs-Elys?es apr?s une heure de marche au soleil, Sylvius ?tait triste. Il revint par le Cours-la-Reine. Le fleuve s'?tait brusquement assombri, du fait d'un nuage qui occupait l'azur. L'eau huileuse et lourde, clapotante ? cause des bateaux, salie par les ?cumes, ?tait un spectacle sans beaut?. Un mendiant, pench? sur le parapet et qui regardait ces choses, tourna vers Sylvius ses yeux vitreux et tendit la main.

Oh! que la vie est donc lugubre et laide, tout ? coup, sans qu'on sache pourquoi! D'office, elle impose une tristesse dont on ne peut se d?faire.

Et, comme pour insister, le vent devint rev?che. Les arbres, agit?s de brusques soubresauts quand des coups d'air visitaient leurs ramures nues, cri?rent, gesticul?rent de leurs branches encore maigres.

F?vrier laissait choir son masque de printemps.

Sylvius fut chass? par ces manifestations que donnaient les marronniers de leur mauvaise humeur. Pour h?ter encore le pas du jeune homme, l'un d'eux remua soudain tout son petit squelette. Gestes m?lancoliques!

Sylvius rentra chez lui.

Il s'assit dans le fumoir. C'?tait une chambre dont les meubles profonds convenaient aux heures de tristesse: des coussins orientaux endorment si bien un coeur ennuy?! Aux murs, des eaux-fortes, achet?es avec trop de h?te, t?moignaient d'un go?t curieux. De belles reliures s'alignaient sur une ?tag?re, elles prot?geaient des livres heureusement choisis; un piano drap? coupait, un angle o? se dressait la forme fantastique et gracile d'un vase couronn? de trois orchid?es.

Sylvius s'assit ? son bureau. L?, il projetait parfois de travailler ? quelque chose. Il remua des papiers, lut des notes, ouvrit des livres, ?touffa ses b?illements.

<>

Sur une feuille, il dessina ? la plume un paysage all?gorique, et, toujours b?illant, t?cha de s'y int?resser... Avoue donc que tu t'ennuies, Sylvius!... Voil? maintenant que tu changes de place et d'expression, que tu regardes la poussi?re qu'on a laiss?e sur ton piano, que tu d?plies un journal, Va! remue-toi! tu ne t'ennuieras pas moins!... Eh! oui! je sais! chaque jour tu sors de chez toi d'un air victorieux, le coeur l?ger, l'oeil brillant! A quoi bon, si c'est pour rentrer tout penaud?

Pourtant, ces livres, ces fauteuils, cette existence facile, n'est-ce rien?

Non!--Sylvius se dit qu'?tant venu au monde un jour de juin o? le soleil brillait, o? les m?sanges s'?vertuaient ? rendre l'air joyeux... ... il ne pouvait, entr? avec tant de splendeur dans ce monde, le parcourir indiff?remment.--Tenez! on voit d?j? le bout de l'oreille.--Sylvius est un peu suffisant.

Cela lui a pouss? sans qu'il y m?t beaucoup du sien, parce qu'?tant enfant et seul de son esp?ce, , la victoire lui restait toujours. Puis, il ?tait sujet ? certaines pouss?es d'imagination, comme en ont les grands hommes. Il songeait, sans prendre beaucoup de peine, ? divers aspects plaisants de l'univers et tout le monde admirait que l'on p?t r?ver si jeune.--Alors, que voulez-vous! roi dans son petit royaume d'arbres, de vaches et de p?turages, bient?t il d?sira, quand ses parents furent sous terre et la campagne vendue, ?tre roi autre part. L'ambition le poussa ? ne point se tenir tranquille; il ne voulut pas devenir simplement un homme de go?t et appr?cier le miel d'une oisivet? honn?te.

<>

L'image lui revenait alors de ce parc o? il vivait jadis de fa?on si princi?re, du grand parc et de ses entours... oh! la prairie surtout! la prairie en pente qui menait aux reflets de la rivi?re. Dominant cet univers d'herbe douce, il y avait deux grands ch?nes qui bruissaient majestueusement...

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