bell notificationshomepageloginedit profileclubsdmBox

Read Ebook: Sauvageonne by Theuriet Andr

More about this book

Font size:

Background color:

Text color:

Add to tbrJar First Page Next Page

Ebook has 737 lines and 38997 words, and 15 pages

s prunelles d'un chat au fond d'une cave:

--?tes-vous bien s?re de m'avoir r?v?l? toutes les infirmit?s de votre coeur? N'avez-vous point omis volontairement des fautes qui vous paraissent v?nielles, mais qui, aux yeux de Dieu, sont mortellement graves?... Vous vous ?tes accus?e tout ? l'heure de pens?es et de d?sirs imprudents... A quelle occasion et de quelle fa?on vous sont-ils venus?

Mme Adrienne baissa la t?te, rougit et balbutia.

--Il ne faut pas, insista s?v?rement le pr?tre, qu'une fausse honte vous emp?che de confesser tous vos p?ch?s. N'oubliez pas que vous ?tes au tribunal de la p?nitence; que vous devez d?couvrir ? votre juge toutes les plaies de votre ?me, lui en r?v?ler les causes avec leurs circonstances aggravantes, sans rien d?guiser ni diminuer... Si un coupable respect humain vous arr?te, je vais vous questionner et vous me r?pondrez.

Elle demeurait la t?te courb?e, attendant avec inqui?tude ce terrible interrogatoire. Le cur? soupira profond?ment, puis, d'une voix prudemment assourdie:

--Vous recevez depuis quelque temps une personne dont la fr?quentation est pleine de p?rils...

Elle releva vivement les yeux et regarda le pr?tre d'un air effarouch?.

--Vous savez, continua-t-il, de qui je veux parler?

Elle tressaillit, puis d'une voix timide:

--Mais, objecta-t-elle, je re?ois celui auquel vous faites sans doute allusion comme j'ai re?u son pr?d?cesseur.

--Ce n'est pas la m?me chose... Le pr?d?cesseur de cette personne ?tait un homme ?g?, d'une pi?t? fervente, tandis que le nouveau venu est jeune, beaucoup trop jeune pour que ses assiduit?s ne soient pas un danger.

--Un danger... pour qui? murmura-t-elle en regimbant.

--D'abord pour l'enfant que vous avez adopt?e, et qui va revenir aux vacances, et aussi pour vous.

--Pour moi!... Mon p?re, la personne dont vous parlez ne s'est jamais d?partie envers moi de la r?serve et du respect d'un homme bien ?lev?. Je n'aurais pas souffert, d'ailleurs...

--Je vous r?p?te, interrompit le pr?tre avec irritation, que ses visites sont un p?ril pour votre ?me... La chair est faible, et vous n'?tes pas d'un ?ge qui vous mette ? l'abri des d?sirs coupables.

--Mon p?re!

--Oserez-vous nier que les regards de ce jeune homme ne se portent constamment sur vous avec une expression de d?testable concupiscence?... Je l'ai remarqu?, moi, pr?tre; j'en ai ?t? scandalis?, et d'autres l'ont ?t? comme moi.

Elle restait muette et comme ab?m?e dans sa confusion.

--Or, poursuivit-il, du moment qu'il y a scandale, c'est ? vous de le faire cesser. <> Vous vous croyez aujourd'hui ? l'abri des tentations de l'esprit malin; c'est de l'orgueil pur... L'ab?me attire l'ab?me, et je vous dis que cet homme vous aime d'un amour illicite...

Il respira bruyamment, puis ajouta avec un accent d'autorit?:

--Il faut cesser de le voir, il faut le fuir pour le salut de votre ?me, pour votre r?putation, pour le monde... C'est la p?nitence que je vous impose. R?fl?chissez ? ce que je vous ai dit et revenez dans huit jours ? ce saint tribunal... En ce moment je ne puis vous donner l'absolution... Achevez votre: <>

Et, tandis que, visiblement troubl?e, elle se frappait la poitrine en murmurant: <> le cur? marmotta la formule de la b?n?diction, puis, relevant vers elle son regard per?ant:

--Allez en paix! fit-il; et la cloison mobile, glissant sur les rainures, se referma brusquement.

Mme Lebreton sortit, toute rouge, du confessionnal. Elle ?tait si remu?e par les paroles du pr?tre, et si en d?sarroi, qu'elle oublia de faire sa pri?re ? la Vierge, et, traversant rapidement la nef, elle se trouva soudain sur la place, dont la pleine lumi?re l'?blouit. Elle ouvrit son ombrelle, autant pour accoutumer ses yeux ? ce flamboiement du soleil de juillet que pour d?rober sa figure boulevers?e aux yeux curieux des dames de la poste, sans cesse embusqu?es derri?re leurs rideaux entre-b?ill?s. Elle s'achemina lentement vers la Mancienne. Au sortir de la glaciale humidit? de l'?glise, la chaleur de cette journ?e d'?t? lui faisait du bien. Le soleil, d?j? oblique, allongeait les ombres des tilleuls de la promenade d'Entre-deux-Eaux, et un frisson d'or courait ? la surface de la rivi?re sautillante. Mme Adrienne fermait les yeux, et, dans son cerveau engourdi, une seule pens?e revenait avec la t?nacit? d'une obsession. Elle se r?p?tait mentalement cette parole du cur?: <>--Elle poussa distraitement la petite porte grill?e de la Mancienne, traversa la cour, la t?te pench?e, les sourcils rapproch?s, et elle allait monter chez elle quand, au milieu du vestibule, sa femme de chambre lui chuchota avec une nuance de discr?tion affect?e:

--Pardon, madame, M. Pommeret est dans le petit salon.

Elle tressaillit comme une personne qu'on ?veille en sursaut.

--Pourquoi, murmura-t-elle d'une voix br?ve, ne lui avoir pas dit que j'?tais sortie?

--Madame avait annonc? qu'elle rentrerait vers cinq heures, et j'ai cru bien faire en priant M. Pommeret d'attendre...

--C'est bien!... Prenez tout cela.

Elle se d?barrassa vivement de son mantelet, de son paroissien et de son chapeau; puis, le coeur battant, les cheveux un peu en d?sordre, elle entra dans la pi?ce o? on avait introduit le garde-g?n?ral.

Ce petit salon, meubl? d'un corps de biblioth?que de chiffonniers, de tables ? ouvrage et de si?ges bas et confortables, ?tait le s?jour pr?f?r? d'Adrienne; elle y travaillait et y recevait ses visiteurs pendant la semaine.--A cause de la grande ardeur du soleil, les persiennes avaient ?t? ferm?es et le store baiss?, de sorte qu'une demi-obscurit? r?gnait dans cette pi?ce haute de plafond, qu'une jardini?re garnie de fuchsias ?gayait de sa profusion de clochettes rouges et de verdures tombantes.

Le garde-g?n?ral, tournant le dos ? l'entr?e, debout pr?s du divan, feuilletait un journal illustr?. Au bruit que fit le battant de la porte il se retourna et aper?ut Mme Adrienne qui s'avan?ait, s?rieuse et les sourcils fronc?s.

--Pardon, monsieur, commen?a-t-elle d'une voix dont elle essayait en vain de dissimuler le tremblement, j'?tais sortie... Je regrette qu'on ne vous l'ait pas dit et qu'on vous ait fait ainsi perdre votre temps.

--On m'avait pr?venu, madame, r?pliqua Francis en s'inclinant, mais on avait ajout? que vous ?tiez ? l'?glise et que vous en reviendriez bient?t... Je me suis permis de vous attendre... Ce n'est pas du temps perdu.

--C'est du temps mal employ?, en tout cas, r?pondit-elle s?chement et en tirant ses gants avec un geste d'impatience.

Francis Pommeret la consid?rait avec ?tonnement.

--Qu'a-t-elle donc aujourd'hui? se demanda-t-il.

Il songea tout ? coup ? cette station ? l'?glise.

--Ah! pensa-t-il, tout s'explique: elle aura vu le cur? et il l'aura mont?e contre moi...

--Ai-je ?t? indiscret? reprit-il en la regardant fixement.

--Il n'y a pas eu indiscr?tion de votre part, puisque Z?lie a cru devoir vous engager ? m'attendre... Seulement, ajouta-t-elle en rougissant faiblement, une autre fois je vous prie de ne pas agir aussi contrairement ? nos usages... Ici, on ?pilogue sur tout, et il est inutile de faire causer les gens.

Elle disait cela d'un ton bref, saccad?, sans lever les yeux sur lui, la t?te ? demi tourn?e vers la jardini?re, et les doigts occup?s ? fourrager machinalement dans les retomb?es des grappes rouges.

--Je ne m'?tais pas tromp?, songeait Francis, il y a du cur? l?-dessous... Ah! monsieur l'abb?, vous me tirez dans les jambes! eh bien! ? bon chat bon rat! nous verrons qui aura le dernier!

Il fit quelques pas de c?t?, de mani?re ? se trouver en face de Mme Adrienne, et, lui lan?ant son regard le plus doucement c?lin:

--Madame, murmura-t-il, vous m'avez trait? jusqu'? pr?sent avec trop d'indulgence pour que vous vous refusiez aujourd'hui ? m'expliquer la cause de votre brusque s?v?rit?... Je vous supplie de me r?pondre franchement: avouez qu'on vous a excit?e contre moi.

Elle rougit de nouveau.

--Eh bien! oui, r?pliqua-t-elle, je n'ai pas l'habitude de garder les choses que j'ai sur le coeur, et j'aime mieux vous les dire... Oui, on trouve que vos visites ? la Mancienne sont trop fr?quentes. On m'a fait sentir que j'avais tort de vous recevoir aussi intimement, et que, dans ma position, votre pr?sence ici ?tait compromettante... Pour ma part, je n'y avais vu aucun inconv?nient, et je vous rends cette justice que vous n'avez jamais donn? le moindre pr?texte ? de pareilles accusations... Mais vous savez ce que c'est qu'un village, et combien l'opinion publique y est malveillante.

--Oui, dit Francis am?rement, je m'imagine qu'on n'a pas d? ?tre tendre ? mon ?gard... Mais ? vous, madame, que peut-on reprocher?

--On me reproche de vous avoir ouvert ma porte trop facilement... Oh! croyez bien, monsieur, continua-t-elle en joignant les mains et en levant vers lui ses yeux humides, croyez bien qu'il m'est p?nible de vous r?p?ter de pareilles choses et que je regrette profond?ment ce qui arrive!

--Adieu, madame, r?pondit-il froidement en prenant son chapeau; il ne me reste plus qu'? vous demander pardon des ennuis que je vous ai caus?s et ? vous remercier des bont?s que vous avez eues pour un ?tranger...

Il accompagna ces paroles d'un long regard attrist?.

Add to tbrJar First Page Next Page

 

Back to top