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Read Ebook: Le paillasson: Mœurs de province by Tailhade Laurent

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Ebook has 136 lines and 21403 words, and 3 pages

Les ?trangers affluent dans nos murs: le modeste <> coudoie l'?l?gante Parisienne, les Thermes sont forc?s de d?biter les eaux m?nag?res, pour satisfaire ? l'incroyable empressement des baigneurs. Personne d'ailleurs ne para?t s'apercevoir de la substitution.

SUPPRESSION DES JEUX

L'on a fort ?pilogu?, touchant la d?cision du pr?fet de police par quoi le cercle ch?me depuis huit jours. Certes rien n'est plus moral que de combattre la funeste passion du jeu, dans les municipes voisins et d'y prot?ger contre les ?cornifleurs, la ponte b?cassi?re. Mais une telle mesure est inapplicable dans Bagn?res o? l'on entoure les joueurs d'une v?h?mente probit?. Aussi, malgr? les r?criminations de quelques esprits grincheux, malgr? certaines d?clamations dict?es bien plut?t par de basses rancunes que par la soif du vrai, nous n'h?sitons pas ? redemander, la r?ouverture du boudoir ? tapis vert.

De telles acquisitions contre une mis?rable d?pense! N'est-ce pas tout profit pour le r?cipiendaire et, comme disait Gavarni <> En v?rit? qui se voudrait plaindre? Quelque bardache, tout au plus.

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D'autres partitions de moindre importance, des vaudevilles ? foison, des drames par centaines et des saynettes par milliers; une f?te nocturne dans les jardins du Casino, de quoi le besoin se fit sentir du jour o? la temp?rature basse permit d'esp?rer une moisson flatteuse de bronchites et de rhumes de cerveau: tel est en r?sum? le bilan des all?gresses bagn?raises. Soyons fiers et b?nissons avec nos h?tes le sagace cornac auteur de ces loisirs.

OUVERTURE DE LA CHASSE

L'ouverture de la chasse ex?cut?e par un lutrin d'ac?phales, peuple de r?sonnances imb?ciles les coteaux et les bois. La v?nerie au petit pied est ? coup s?r un des moyens topiques dont use la classe moyenne pour faire patente son incurable stupidit?. Aucun spectacle n'est plus idoine ? ?jouir les quadrup?des de tout pelage que l'aspect d'un huissier en tenue de guerre, ou le ventre d'un tabellion bedonnant sous son carnier. J'imagine que les oiseaux de divers ordres gar?s des fusils maladroits, s'esclaffent aux d?pens des boutiquiers cyn?g?tiques. Le h?risson d?bite au li?vre maintes pointes, touchant les gabatines qu'il leur donna; le connil, cette crapule foresti?re, leur fait la nique au bord des haies; le geai les siffle, et le chat-huant les vitup?re; la b?casse prend en piti? la niaiserie de leurs apophthegmes; et du creux des ch?taigniers, la buse en parle ? l'?mouchet, son comp?re.--Eux, vont toujours, sans m?me soup?onner l'ironie des b?tes et des choses; la grimace cachinnatoire du soleil goguenard qui leur bleuit la trogne et vermillonne leur sinciput.

Puis le soir tombe et les bestioles veng?es se livrent sans contrainte aux passions affectives, dont Toussenel les a si lib?ralement gratifi?es.

Celui de tous les ?crivains qui s'est le plus attendri sur les d?jections naturelles, j'entends le p?re Michelet, n'a pas manqu? d'attribuer aux moindres volatiles de supr?mes amours et de rares pensers. Volontiers, il s'extasie sur la vaillance des gu?pes et le grand coeur des pingouins... Sans communier aussi largement de l'?me des choses, nous ressentons un fraternel ?moi pour tant d'innocentes et gracieuses formes de la vie. Les oiseaux surtout, amis de la chaumi?re et du labour, portent une gr?ce augurale et pour ainsi dire sacr?e. La caille, au plumage couleur de terre et de bl?; le virevent, qui fuse le long des saulaies comme un ?clair d'?meraude et de lapis; la perdrix, si d?licatement fourr?e d'une peluche bleu?tre o? saignent des gouttes de corail; et par-dessus tous, la vaillante alouette qui porte au plus haut ciel l'all?gresse des laborieux matins, ne sont-ils pas la voix m?me, le chant humble et doux du terroir natal?

Je ne pense pas que ces consid?rations emp?chent Messieurs les chasseurs de tirer au poil et ? la plume, ni les ma?tres-queux d'?tendre leur butin sur de fines r?ties. Nous d?plorons seulement que la chair humaine n'ait point la saveur du lapereau, sans quoi nous proposerions ? quelques snobs galipoteux, de remplacer les victimes ail?es dont nous nous d?lectons.

Le dernier feu s'?teint sur la lande embrum?e: Plus de flamme aux carreaux, aux toits plus de fum?e. La note des crapauds vibre, seule, et la nuit Sous ses voiles de cr?pe endort ce faible bruit. Les ?toiles ne sont pas encore allum?es, Silencieusement des brises embaum?es Passent sur le sommeil des moissons et des bois; Une clart? se pose au fa?te blanc des toits Et de taches d'argent s?me la terre brune: Voici qu'? l'orient, l?-bas, monte la lune.

Le premier bal de la ville, commenc? lugubrement, a secou? peu ? peu son allure mortuaire et jusques vers l'aurore, papillonn? clopin-clopant. Quelques gracieuses femmes, un soup?on de toilettes, les valses ?mergeant de bambous tout en fleurs, l'or du gaz sur les moulures p?tissi?res, en la salle dite des F?tes, cela ne suffit point ? galvaniser l'ennui dont Bagn?res affadit ses visiteurs. Certaine robe d'un provincialisme excessif suscita de courts ?lans de gaiet?, fournit aux d?sheur?s du lendemain, le motif d'une agr?able conversation. L'on rapporte que plusieurs convives autochtones portent encore du mal au coeur, pour s'?tre ingurgit? sans mesure, l'orgeat gratuit et les sandwiches s?bac?es des festivals municipaux.

IMPRESSION DE MID-SUMMER

DU VAL DE PAYOLLE, LE DIMANCHE DE LA SAINT JEAN D'?T?

D?cortiqu?, l'aubier fendu sous des coins ligneux, le pin surgit entre les pals qui l'?tan?onnent, mitr? de fleurs, chapp? de branches avec l'appareil d'un fant?me roi.

Un orage fermente dans le ciel, torpide, rub?fiant l'azur de tonnerres avort?s. C'est la pesanteur des midis ?lectriques, aggrav?e aux fades exhalaisons des tilleuls. Ferments d'alc?ve o? se souvient le musc des chevelures, frissons du rut universel, orgasme des s?ves p?m?es si lourds aux poitrines humaines.

Haillat, b?cher, en dialecte gascon.

La foule stupide comme il convient. Des avou?s sont venus l?, concomit?s de leurs ?pouses, flanqu?s de leurs marcassins. Des guenipes aussi professionnellement. Des blousards--maternels avec exc?s--?rigent ? pleins bras leurs m?mes englu?s de morve et de sucre en b?tons.

Banni?res en t?te, chantres au flanc, voici le clerg? nasif?rant des cantiques. Autour du b?cher les vicaires g?nuflectent, goupillonnent et saluent, tandis que le c?l?brant ? grand renfort d'allumettes, provoque l'?tincelle paresseuse ? jaillir. Un nuage se tord, ?charpe grise lam?e brusquement de stries ?carlates. Des feuilles de buis vert claquent et p?tillent, s'enchev?trent en sequins d'or. Sur le tronc vou? ruisselle un baume incandescent, qui le d?vore. Les chantres suffoqu?s ren?clent l'hymne de Guy d'Arezzo, le verset ? doubles croches o? ce moinillon inoccup? harponna <> tant douloureux aux enfances bien n?es.

Un eccl?siastique myope que le brasier roussit quelque peu, s'?vertue de ramener son surplis en arri?re. Les voyous se culbutent afin d'arder au brandon public les thyrses dont ils vont sur l'heure, effarer mesdames les bourgeoises en souci de leurs mollets.

Et, dans le ciel o? rougeoient des flamm?ches emport?es dans le ciel m?tallique et fumeux comme une forge ?teinte, dans le ciel o? grandit l'imp?rissable amour, ?clate, sur la cohue imb?cile, le rire vengeur des anciens Dieux.

Un ?pre soleil darde sur la garrigue ses obliques rayons. La brande verte et rose dort immobile dans les silences de midi. Seul, le claquet des grillons scande les minutes chaudes--horloge de l'?t?. Au loin vers la montagne, dans le val o? badine quelque source, tremble au sommet des aulnes un brouillard ?vanoui. Massives, ?rigeant en plein ciel leurs ar?tes d'acier bleu, les vastes Pyr?n?es enclosent l'horizon. Tours cr?nel?es, fl?ches de cath?drales, coupoles imbriqu?es d'argent, toitures monstrueuses d'une cit? p?lasgique, les lourdes c?mes ?chafaudent par la rude clart? leurs d?mes prestigieux. Dans l'azur nu, invisible presque, le tournoiement d'un vautour. Une couleuvre, par instants, rampe sous la bruy?re avec le bruit sec du papier froiss?.

Et le pastour, dont les sabots tintent pesamment sur la route empoussi?r?e: le compagnon fourbu; le tourlourou convalescent, le porte-balles qui vend aux filles de ferme des br?viaires d'amour, hument avec transport l'incandescente beaut? de la nature, cependant qu'au bord du foss? o? vol?te la m?sange, le villageois, en pleine lumi?re, touche les boeufs ass?s, d'un mouvement pontifical.

Sur la table un faisceau de lys. Chair florale pr?s de quoi la chair vive s'humilie, nacre odorante ? d?priser le vernis des coquillages. Ni feuilles, ni rameaux. La tige d'un vert bl?me ostente cet ?mail o?--vol d'insectes mordor?s--posent les ?tamines. Nulle innocence, d'ailleurs, malgr? le symbolisme go?treux des processionnaires. L'orgueil d'?tre blanc--tel un soleil de juin;--le faste des parfums trop g?n?reux pour nos d?sirs.

Superbes, d'une gloire laiteuse en la buire de Venise, les corymbes liliaux versent le plein ?t? aux choses famili?res. Comme les bergers du Cantique, le Souvenir se repa?t entre leurs dons. Emmi l'ombre o? sussurre--inquiet--l'appel des aromates, rena?t l'effluve des charmilles ant?rieures, le givre des longs soirs ? travers d'autres branches. Les baisers fleuris de tro?nes, les cheveux constell?s aux p?leurs des jasmins pernoctent, doux sabbat de la jeunesse fugitive.

Par la fen?tre, un coin d'?ther cr?pusculeux, estomp? l'on dirait, de gaze noire. Le parterre noy? d'obscur, sans un bruit d'ailes ou de pas. Au loin, l'harmonica solitaire des crapauds exaltent V?nus qui rit ? leurs yeux de topaze, et sur l'ar?te des ormes, se l?ve coruscante.

Cr?puscule, mais impr?gn? de jour, o? d?filent endimanch?es, les m?nag?res de l'endroit. Ras?s bleu, les membres gauchis dans leur v?ture de cadix, les m?les fument sur la place de l'Eglise, en attendant souper. Une fuite d'encens tra?ne sous le porche ouvert. Des b?guines, sym?trisant les chaises bouscul?es par la d?b?cle de v?pres, glissent, falottes entre les saints peinturlur?s. C'est dans la nef, qu'?pargne la rousseur de l'heure, un bleuissement de paradis, une Avallon campagnarde ?close aux fra?cheurs des b?nitiers.

Mais, plus rude, avec son fumet de simples ?cras?es, la moisson lithurgique impr?gne d'?cre miel les rues de la bourgade. Roses b?nites, lys sacr?s et le fenouil qu'aima le Syrien Adonis, les herbes de la Saint-Jean ?vaporent sous les toits rustiques, leur ardente fenaison.

Parmi ses glauques cheveux d'ondine, la nigelle aux yeux pers s?me des noeuds de turquoise. La feuille trilob?e des ancolies supporte avec fiert? des campanes d'am?thyste. Les daturas, les mol?nes velues, les euphorbes aux p?tales virescents, les digitales assassines, bandent leurs piques mal fam?es et, noir de supr?mes venins, l'aconit fait craquer sous les sabots de fr?ne, ses cassolettes plutoniennes.

Am?re saveur des plantes! Breuvage de l'?t? qu'affadit ? peine le naus?eux encens! C'est la veille o?, par les hautes prairies, les jeunes hommes se baignent aux lustrales ros?es, invigorent leur pubert? dans la communion des choses. Les fontaines d?bordent, la foug?re m?rit. Le village latin, c?l?brera, ce soir, ses pa?ennes et vivantes origines. A moins que, nantie de quelque billon, la jouvence locale ne se rue au caf? du Sud-Ouest, pr?sentement illustr? par les interm?des et chansons de Mlle P?pita, romanci?re excentrique ? l'instar de Paris, comme en t?moigne, avec d?f?rence, l'aboyeur public,--tr?s digne--apr?s un roulement de son tambour enchifren?.

PORTRAITS DE FAMILLE

Le p?re Chose ?teint le feu Et pour qu'aucun valseur ne lampe, Renverse le th? dans la lampe. Ses enfants le voudraient bien feu.

Dindonnus semble un jeune Dieu Peint sur le mur, ? la d?trempe: Son cr?ne est la pomme de rampe Ch?re ? Philippe de Grandlieu.

Pr?s de Clary-Bell qu'on assi?ge Dindonna, hors d'un bain de si?ge Fait de musc et de n?roli,

Se comprime le m?tatarse. Son corset de bourre est empli: C'est une dinde avec sa farce.

BALLADE

EX?CUT?E EN RIMES PARNASSIENNES A LA LOUANGE DU DRAP BOSVIEL

Choeurs bondissants par l'or?as neigeuse, Faunes velus, thyades aux bras blancs, Vous qui menez la cordace orageuse, Des antres sourds aux pics ?tincelants Et qui, le soir, sous les rameaux tremblants M?lez vos voix au crotale sonore, Je veux chanter, en un rythme de miel, Le drap vainqueur, le drap essentiel, Le drap cossu dont Bigorre s'honore: Le meilleur drap est celui de Bosviel.

Bosviel n'a pas la mine avantageuse. Son ventre gros bedonne et sort des plans, Son poil est gris et sa face rageuse: M?me il a pour nos regards indolents L'air abruti des messieurs icoglans. Cependant la flamme interne le dore, Mais, d?daignant tout chic mat?riel, Il va tissant la laine, sous le ciel. Et, sans qu'il soit besoin de Mandragore, Le meilleur drap est celui de Bosviel.

Par les taillis ombr?s de nuit songeuse Le long des bois pleins de parfums troublants Nul ne le vit contempler Beseigeuse Cueillir des fleurs ou marcher ? pas lents, Nul moins que lui ne mange d'ortolans. Il parle peu, sans nulle m?taphore, Il aime mieux Gothon qu'Alaciel Et des bourgeois, sort providentiel, De cornes d'or, son front plat se d?core, Le meilleur drap est celui de Bosviel,

Envoi

Prince, Carr?re est beau comme Ariel, Et l'oncle Uzac se teint avant l'aurore, Turon fournit l'onguent mercuriel. Mais, de Dunkerque aux montagnes d'Andorre, Le meilleur drap est celui de Bosviel.

A SEULE FIN D'EXALTER LE TACT DE M. DURAND.

Des peintr' ?taient ? la campagne, Ils respiraient l'air librement, R?vant de rev?tir le pagne, Quand d?barqua... Marie Durand!

Elle arrivait, vrai sujet Suisse, Mettant ses grands pieds dans le plat, Etalant un esprit novice, Parlant amour, et coetera!

Les peintres, frapp?s de marasme, Auraient voulu la voir au loin, Mais, comm' ils avaient un' belle ?me, A leur table, ils lui offrent' un coin!

Moralit?

Quand vous irez ? la campagne, Point n'en parlez ? un M. Durand; Allez, rev?tissez le pagne Et respirez l'air librement.

BALLADE

POUR EXALTER LES MELONS SURHUMAINS DE MONSIEUR GAGA

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