Read Ebook: La nouvelle cuisinière bourgeoise: Plaisirs de la table et soucis du ménage by Franc Nohain
Font size:
Background color:
Text color:
Add to tbrJar First Page Next Page
Ebook has 675 lines and 40189 words, and 14 pages
filles timides, qui arrivent, Ignorantes, de leur village?
Sans compter que tout cela, c'est facile ? dire, Et vous vous en lavez les mains: Vous parlez, vous parlez, mais vous ne faites rien, Et, s'il fallait pr?cher d'exemple, peut-?tre bien, Que ce serait fini de rire...
Et puis, ce n'est pas toujours dr?le, Ce que vous commandez l?, ni tr?s rago?tant, Et m?riterait bien, pourtant, Le cordial r?confortant De quelques bonnes et amicales paroles...
Au lieu de cela, ordres brefs, fa?ons discourtoises, Vous bousculez, vous d?moralisez ces pauvres filles: Et vous vous pr?tendez cuisini?re bourgeoise, V?ritable cuisine de la famille!... Vous la traitez bien, votre famille! Elle est jolie la bourgeoisie fran?aise, Vite oublieuse de 89 .
Rayez bourgeoise, rayez famille de votre titre, Vous qui faites, pour votre honte, Si bon march? du libre arbitre!...
?a co?te donc bien cher d'?tre poli avec le monde?
QUELQUES SAUCES
Et voici que, des casseroles, Montaient des cris joyeux de sonores paroles, C'?tait, C'?tait les sauces qui chantaient:
--Oui, c'est une habitude qu'elles ont prise, M'expliqua mon guide, depuis quelque temps; Les chansons, ont-elles pens?, bercent, charment, grisent: Des pauvres victuailles qui cuisent, Les sauces, bonnes filles, en chantant, Cherchent ? adoucir les supr?mes instants;
Les sauces ont une ?me exquise;
?coutez, ?coutez ces rondes, ces romances, Et les vieux lieds de leur pays: Ainsi Viandes, l?gumes, poissons, sont cuits, Et puis mang?s, sans qu'ils y pensent:
N'est-ce pas l? de la meilleure philanthropie?--
LA SAUCE FINANCI?RE
Le veau d'or est toujours debout, On encense Sa puissance D'un bout du monde ? l'autre bout.
D'un bout du monde ? l'autre bout!
LA SAUCE TARTARE
Mazeppa! Mazeppa! Ah! ah! ah! sur ma cavale, Au galop, au trot, au pas, Par les steppes, les pampas, Malgr? les balles, Et les rafales, Mazeppa! Mazeppa! J'emporterai ma rivale, Ah! ah! ah! Mazeppa!
LA SAUCE B?ARNAISE
C'est au pays Du roi Henri, Qu'on met la poule au pot, A Pau, Qu'on met la poule au pot...
LE ROUX
File, belle fille, De tes doigts agiles, Le lin moins soyeux Que tes blonds cheveux,-- Plus blonds que le bl? Que le faucheur coupe, D'or comme la coupe Du roi de Thul?,-- File, belle fille!...
RAVIGOTE ET R?MOLADE
La ravigote, Qui la d?gote? C'est la r?molade! Qui nous rend fade La r?molade? C'est la ravigote! Estomac malade, Qui te ravigote? C'est la ravigote, C'est la r?molade! Va, pr?pare la ravigote, Margotte, Et la r?molade, ? gogo, Margot!
Et j'entendis encor la sauce B?chamel Faire, c'?tait classique et vous y songiez bien, Des imitations de la sonnette pr?sidentielle Du r?cent acad?micien;
Seule, au milieu de ces musiques douces, Une casserole restait sans voix, Et, comme je demandais pourquoi: --Ici, l'on a d'autres ressources; Fi des chanteurs, des beaux parleurs, Et, pour nous faire oublier l'heure, Le jeu procurera des jouissances plus ?pres:
C'est un vieux morceau de cheval de courses, Les consolations de la musique, il les repousse,-- Il pr?f?re jouer ? pair et impair avec les c?pres.
L?GENDE DE LA BOUCH?RE ET DE L'AMOUR ADULT?RIN
Emprisonn?e au fond d'une cage de verre, Voyez, vous qui passez: c'est l'?pouse adult?re.
Des membres sanglants, pantelants, Sont suspendus autour, ? des crochets de fer: Ne sont-ce pas ceux du galant, Que l'?poux, ? une heure inopin?e, rentrant, A surpris, et, au m?me instant, A d?pec? dans sa juste col?re?
Vraiment, s'il en ?tait ainsi!... Affreuse pens?e qui la hante: --O ?pouvante De la viande! O ?pouviande De la vente...--
S'enfuir? il n'y faut pas compter: Des sbires sont l?, que le mari dut apposter, Les bras mena?ants hors des vestes, Avecque une dague au c?t?, Et surveillant ses moindres gestes;
Leur dague!... et puis aussi le dogue, De ceux qu'on nomme chiens de boucher, Qui, dans un coin, sourdement grogne: Je ne vous conseille pas d'approcher!
Et cependant aux petites bonnes, Qui s'en viennent pour les provisions, On remet le foie, les rognons, Envelopp?s d'un fort papier de couleur jaune;
La prisonni?re affecte un air indiff?rent, Et, comme s'il ne s'?tait pass? rien d'anormal, Il faut qu'elle marque le sou du franc, Et, sur des cahiers Quadrill?s, Qu'elle fasse des calculs avec des d?cimales...
Ah! gr?ce pour la pauvre martyre! Gr?ce! Elle si fra?che, et rose, et grasse, Bien s?r, ils vont la faire maigrir!
Pour moi, loin des sbires, des dogues, Et de la malheureuse, ?cartant mon chemin, Brr! je sais bien que, ce matin, Je ne mangerai que des l?gumes de mon jardin Et des oeufs ? la coque!
LE BOEUF PARLE
--Ah! les modes anglaises, les modes anglaises! Une table De chez Maple, Et des ?toffes Liberty: Pardi! J'ai donn? l?-dedans, moi aussi, Ces fariboles, ces fadaises!...
Vous comprenez, nous autres boeufs, confiants, na?fs, En voyant que l'on nous baptise Beefsteak, rumpsteak, roastbeef, Nous nous croyons n?s pour le chic Britannique, Et nous r?vons de la Tamise: Dans un grill-room, servi par de petites misses Rousses ou blondes, Aller se faire manger ? Londres!
Eh! bien oui, c'?tait bien la peine De traverser ainsi la Manche, Pour la fa?on dont ils nous mangent, Et nos parrains et nos marraines...
Dans les bons vieux h?tels de France, tables d'h?te O? des commis-voyageurs, , En savourant leur entrec?te. Racontent des histoires ? se tenir les c?tes! Et, entre chaque bouch?e, c'en est une autre!
Et toi, calme vie de famille, Dont le bouilli Du samedi Sera confident de tous les espoirs, tous les soucis: --Quand marierons-nous notre fille?--
A la muette, dare-dare, Comme dans un buffet de gare, L?-bas c'est le bar, O? tous, sans ?gards, Te baffrent, te briffent! Tranche de rosbif...
Et puis, Seigneur! de quels breuvages, Ils nous arrosent, les sauvages! Th?, soda, limonade, bi?re!
Faudra-t-il que nous acceptions, Albion, De telles compromissions?
O? es-tu, Suresnes Premi?re?
Aussi, lorsque j'ai vu de quoi il retournait, Je n'ai Eu tr?ve que de repartir: Au lieu de figurer, digne, dans un repas, ?tre mang? dans ces conditions-l?, Vraiment, il n'y aurait pas de plaisir...
Et, pudiques, les dix femmes ont pris la porte...
LES HUITRES
Gr?ce au hasard b?ni des vill?giatures, Je viens d'?lucider enfin ce point obscur, Par qui fut mon esprit longtemps ? la torture: Les hu?tres, compagnes fid?les Des d?bauches et des festins, --Oh?! oh?! les soupers fins Avec des demoiselles!-- D?s l'approche des hirondelles, Les hu?tres, compagnes fid?les, Nous ont quitt?s: o? s'en vont-elles?
--Les montagnes, la Suisse, ont pour nous peu d'attrait,-- Voulut bien s'en ouvrir ? moi, de fort bon gr?, L'hu?tre que le hasard m'avait fait rencontrer Dans les environs de Pourville: --Quand nous fuyons la grande ville, C'est toujours au bord de la mer Que nous allons nous mettre au vert:
Add to tbrJar First Page Next Page