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Read Ebook: Fleurs du désert by Sandre Thierry

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Ebook has 113 lines and 6826 words, and 3 pages

Produced by: Laurent Vogel )

THIERRY SANDRE

FLEURS DU D?SERT

PARIS ALBERT MESSEIN, ?DITEUR 19, QUAI SAINT-MICHEL, 19

DU M?ME AUTEUR

APOLOGIE POUR LES NOUVEAUX RICHES

Car tout n'es eilavau qu'esprovo e long travai!

MISTRAL.

Car nous r?vons quand il faut vivre, ? mon amie!

CH. GU?RIN.

? la m?moire de Paul-Ren? Cousin tu? ? l'ennemi le 27 Mars 1917.

Ne vis pas en reclus au milieu de tes livres. Les livres sont aussi des courtisans mauvais. La sagesse qu'ils ont, ce vin dont tu t'enivres, Ne vaut pas l'eau du puits sur la route o? je vais.

Viens donc, car la sagesse, ou ce qu'ainsi tu nommes, Ce n'est point de savoir ce qu'on fera demain, Mais plut?t de daigner, homme parmi les hommes, Cueillir toutes les fleurs qu'on rencontre en chemin.

N'attends rien du passant qui passe sur la route. N'esp?re pas qu'il te regarde ou qu'il t'?coute.

Chacun va dans la vie avec d'autres soucis Que de s'apitoyer sur ses voisins transis.

Ne te lamente point surtout. La feuille morte Tourne, vole, et s'abat sous le vent, qui l'emporte.

Il n'est pour supporter l'inconstance de l'heure D'autre refuge ? nous que dans le souvenir. Du feu des anciens jours la cendre nous demeure Avec ses braises d'or que rien ne peut ternir.

Qu'importe si ta main en y touchant se br?le Et si quelque douleur se r?veille et t'?treint? Car le jour n'est jamais si beau qu'au cr?puscule Et le coeur si puissant qu'? son premier chagrin.

Tu mourras. Tu le sais. Demain ou tout-?-l'heure Tu rentreras au sein de la terre ?ternelle. Mais, avant que la mort t'an?antisse en elle, Il te pla?t d'oublier que l'espoir est un leurre, Et tu vas, ombre p?le ? l'ombre condamn?e, Cueillir les fleurs de nuit qui poussent dans le sable, Comme si tu devais achever ta journ?e Et comme si ton oeuvre ?tait imp?rissable.

Sache que parmi nous pour conqu?rir ton rang Tu porteras ta croix comme un J?sus moins grand.

Le bonheur est avare et la vie est s?v?re. Tu tomberas souvent en montant au Calvaire.

N'attends rien de la terre et n'attends rien du ciel. Tu conna?tras les clous, le vinaigre, et le fiel.

Trop heureux dans la gloire affreuse de ta peine, Si tu vois ? tes pieds pleurer la Madeleine.

Tu te plains du larron pers?v?rant qui r?de Autour de ton jardin pour y cueillir un fruit Et, t'affirmant les droits certains de la maraude, T'abandonne le jour et s'arroge la nuit.

Mais toi-m?me, toi qui te plains qu'on te chaparde, Te crois-tu plus int?gre et te crois-tu meilleur? Et ne vas-tu jamais narguant les chiens de garde Faire aussi ta maraude au jardin du bonheur?

Ne cherche pas ? p?n?trer tous les secrets. Si tu perdais la foi, tu la regretterais.

Garde jalousement une sage ignorance. En voulant tout conna?tre, on conna?t la souffrance.

Tremble de d?couvrir ce qui reste cach?! Rappelle-toi toujours les malheurs de Psych?.

Lorsqu'un brusque simoun soul?ve au ciel le sable Comme un fl?au plus fort que l'onde et que le feu, L'humble caravanier qui se voit p?rissable S'arr?te, puis se couche et se confie ? Dieu.

Fais comme lui. Le fou, seul le fou se r?volte Et r?siste au destin plus dur qui l'aveugla. Si le vent aujourd'hui souffle sur ta r?colte, Attends que le soleil retrouve son ?clat.

Aime, aime aveugl?ment la femme que tu veux, Qu'elle soit brune ou blonde et charmante ou m?chante. Comble tous ses souhaits, exauce tous ses voeux, Tol?re qu'elle pleure, accepte qu'elle chante. Laisse-la croire ? son triomphe. Mais, demain, Quand pour fuir ta faiblesse et narguer ta surprise Elle ouvrira la porte en te tendant la main, Qu'elle ignore le prix du bonheur qu'elle brise!

Tu pleures. Tu sais donc ? pr?sent que tu l'aimes, Car tu connais la crainte et tu connais l'espoir. Sur des yeux plus ardents tes paupi?res sont bl?mes, Et tu vois tout en rose et tu vois tout en noir.

Tu portes ton bonheur ainsi qu'une souffrance. Tu redoutes soudain tout ce que tu voudrais. Et tu ne pourrais plus marquer la diff?rence Entre tes chers d?sirs et tes ?pres regrets.

Tout n'est qu'indiff?rence autour de toi. Tu pleures, Et le jour qui s'ach?ve ?tale sa beaut?. C'est le dernier ?clat de ces derni?res heures O? le ciel satisfait c?de ? l'obscurit?. La porte du jardin s'ouvre. L'ombre y p?n?tre. Le cr?puscule est plein d'une ?trange douceur. Et toi, seule, debout, sans bruit, ? ta fen?tre, Tu pleures lentement, pauvre amante, ma soeur.

Afin que ton d?sir vainque par ton ?treinte Et pour que le bonheur qui t'appelle soit tien, Faut-il que sans calcul, sans prudence et sans crainte, Tu te donnes, mon fr?re, ? l'amour qui te tient?

Ainsi le papillon qui na?t au cr?puscule, Sans redouter l'?clat mortel qui l'?blouit, Tourne autour de la lampe et s'y jette et s'y br?le Et tombe en pleine ardeur au gouffre de la nuit.

Tu t'en vas. Accoud? lourdement ? b?bord, Tu ne peux d?tacher ton regard du rivage. Le navire t'emm?ne et, d?j?, loin du port Il danse. Tu t'en vas. Ne crains-tu pas l'orage? Plus que les vents mauvais ne crains-tu pas l'oubli? Des pressentiments noirs occupent ta pens?e. Et, lorsque le regret prend ton coeur et l'emplit, La c?te ? l'horizon d?j? s'est effac?e.

Au d?sert de la vie o? vont les caravanes, Le bonheur est un puits, Espoir, que tu promets Et qu'on cherche toujours sans le trouver jamais, A moins qu'un chamelier qu'? la mort tu condamnes N'aper?oive ta source enfin, Espoir de sang, Pour succomber de soif en te r?alisant.

Tous les jours ne sont pas de cendre dans la vie. Porte sans en g?mir le poids de tous les jours, Car la joie a ses jeux, ingrat, et t'y convie, Et veux-tu les nier parce qu'ils sont trop courts?

Ainsi, dans le d?sert o? vont les caravanes Sous l'implacable ciel tendu d'?pres couleurs, Qui pourrait soup?onner le plaisir que tu glanes En trouvant sous tes pas, ? prodige, des fleurs?

? Pierre Louys

Les vers que mon orgueil volontaire d?nude Sont un d?sert o? rien ne prend le voyageur. Pas un oiseau ne chante en cette solitude. Ce sol dur de cailloux ne donne pas de fleur.

Mais le sable est br?lant sous le pied qui le presse, Comme un front douloureux sous la main qui l'?treint, Et, dans la nudit? d'une longue d?tresse, Quelquefois l'eau d'un puits se montre au p?lerin.

Le chasseur du d?sert qui poursuit la gazelle Sait qu'il lui faut du temps pour l'atteindre et l'avoir; Or, si la chance est rare aussi, la proie est belle, Et l'obstin? chasseur ne perd jamais l'espoir.

Tel, si tu veux toucher le bonheur qui te tente, Ne crois pas que ta main peut l'abattre d'abord; Mais sois toujours en garde et toujours en attente. La victoire souvent se r?serve ? l'effort.

Qui se fonde en sagesse affirme qu'il est vain D'abandonner son coeur aux esp?rances folles. Il dit que sit?t n?, beau r?ve, tu t'envoles Et que ta volupt?, gloire, est un triste vin. Et, pendant que la nuit se pr?pare ? descendre, Il te trouve, ? sagesse, un ?pre go?t de cendre.

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