Read Ebook: Fleurs du désert by Sandre Thierry
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Ebook has 113 lines and 6826 words, and 3 pages
Il faut tout supporter sans se plaindre ici-bas. Le hasard n'est-il point le ma?tre des combats?
Accepte ta victoire, accepte ta d?faite. Nul ne commande aux dieux et nul n'est leur proph?te.
N'as-tu jamais appris que tu n'es rien, vivant, Sinon l'ombre d'un songe o? s'amuse le vent?
Dans la vie o? tu vas, ne crains pas d'?tre seul, Mais garde intactes tes pens?es, Et couche en ta tristesse ainsi qu'en un linceul Tes illusions dispers?es.
Car, que tu sois plus tendre ou que tu sois plus dur, Tout m?conna?tra ton g?nie, Et vois! Si tes espoirs sont tenaces, l'azur Les raille, ? moins qu'il ne les nie.
Le vent du nord pousse les blanches caravelles Aux rivages du sud qui cachent un tr?sor, Et les espoirs joyeusement ouvrent leurs ailes Sur les vaisseaux qui vont chercher la toison d'or.
Chantez, les matelots, vers l'ardente surprise! Car nul ne sait combien d'entre vous reviendront, S'ils reviennent, cheveux blanchis et barbe grise, Des regrets dans le coeur et des rides au front.
Comme les feuilles de l'automne au vent du soir, Tes espoirs tomberont fl?tris au gouffre noir.
Comme il ne reste rien sur l'arbre apr?s l'orage, Ton coeur demeurera d?pouill? sous l'outrage.
Quand un espoir nouveau t'offrira son parfum, Te rappelleras-tu ton vieux r?ve d?funt?
Quand viendra le printemps dont ta douleur s'?tonne, Que subsistera-t-il des feuilles de l'automne?
Sache que rien ne dure entre les mains de l'homme, Ni la rose d'?t?, ni le r?ve d'hiver, Et que tout devant lui passe et s'efface, comme Un beau mirage au soleil du d?sert.
Mais ne t'arr?te pas sur le bord de la route Pour accepter enfin l'amer renoncement, Car notre vanit? peut-?tre pose un doute Et la raison aussi peut-?tre ment.
Selon que le beau temps ou l'orage se l?ve, Ton ?me d?sesp?re ou ton coeur se reprend, Et tant?t l'heure est longue et tant?t l'heure est br?ve, Et parfois tout est vil et parfois tout est grand.
Vaine oscillation de l'esprit qui s'afflige De ne trouver jamais le repos d?cevant, Cependant qu'au jardin la rose sur sa tige Balance un parfum tendre aux caprices du vent!
Comme le fier torrent et le ruisseau tranquille Qui coule dans la plaine ou qui descend des monts Apportent leur tribut au fleuve de la ville Et se perdent tous deux au milieu des limons,
Ainsi, que tu sois humble ou que tu sois superbe, Jette-toi dans la vie et travaille ? ton rang Et, donnant une fleur ou donnant une gerbe, Livre au tr?sor commun le meilleur de ton sang.
Lorsqu'un enfant s'amuse, heureux du jeu nouveau, A jeter des cailloux dans un ?tang sans ride, Il s'?tonne des ronds qu'il suscite du vide Et qui vont lentement d?cro?tre au bord de l'eau.
Pareil, quand tu connais la premi?re souffrance, Tu demeures frapp? du coup qui t'a saisi, Mais plus tard tu sauras que la douleur aussi S'ach?ve au bord du temps dans l'ombre et le silence.
Repousse loin de toi la rancune et la haine, Car l'une est inutile autant que l'autre est vaine.
L'une te rend mauvais, l'autre te fait m?chant. Pour ?tre heureux, sois humble et cultive ton champ.
La haine m?le au bl? sa redoutable ivraie, Arrache-la. Sois bon. La bont? seule est vraie.
Ne t'occupe de rien, homme, apr?s ta moisson. Range-la dans ta grange, et reprends ta chanson.
Si tu meurs sans avoir re?u la r?compense Du bonheur promis ? ta faim, Ne t'en iras-tu pas avec cette esp?rance Que pour d'autres il soit moins vain?
Et ton illusion n'est-elle pas meilleure Aux portes m?mes du tr?pas, Que la triste raison qui m'affirme ? toute heure Que le bonheur n'existe pas?
Les sages ne sont pas si sages que tu penses. Laisse-les blasph?mer librement, et fuis-les. S'ils plaignent tes espoirs cinglant aux mers immenses, M?prise les tombeaux qu'ils pr?tendent palais.
Tu sais que le destin n'appartient ? personne Et que par cons?quent tu peux marcher vers lui Pour que, vaincu par toi, si Dieu veut, il te donne La couronne promise ? qui force la nuit.
Marche toujours, ? voyageur, marche sans tr?ve A travers le d?sert de sable o? je te suis. Nous nous arr?terons ce soir aupr?s d'un puits Pour repartir demain quand l'aurore se l?ve.
Tant que tu n'as pas soif, tant que tu n'as pas faim, Marche toujours, ? voyageur, je suis ta trace, Si tu veux, coeur ardent qu'aucun espoir ne lasse, Toucher ? l'oasis o? l'on peut vivre enfin.
? Andr? Lebey
La vie autour de toi m?ne sa farandole Au son des tambourins joyeux et des hautbois, Mais devant son ardeur tu restes sans parole, Car tu ne comprends pas les choses que tu vois.
H?las! As-tu besoin, pauvre homme, de comprendre? Nul ne sait aujourd'hui les souffrances d'hier. Il faut une ?me forte et ton coeur est trop tendre Pour affronter vivant les affres de l'enfer.
La nuit est calme comme un lac un soir d'?t?. Pas un souffle n'en vient ternir la puret?.
Quelle tranquillit? parfaite nous p?n?tre! Toute la paix du ciel entre par la fen?tre.
H?las! il passera, ce bonheur trop humain, Comme une eau que l'on tient dans le creux de la main.
R?serve pour toi seul le chagrin qui te ronge, Car rien ne rend si fort qu'un douloureux secret. Si l'on voyait tes pleurs, qui te consolerait? Plaque sur ta figure un masque de mensonge.
Tiens ferme malgr? tout sous le coup qui t'assomme, Mais toujours reste digne et reste grand toujours, Car un cri de d?tresse ?clate sans recours Et souffrir en silence est la vertu de l'homme.
Il faut pour triompher de la vie obstin?e Un coeur plein de sagesse et d'amour et d'espoir. Il faut mater l'orgueil qui r?siste au devoir Et sous le dur labeur courber sa destin?e.
Ne crains pas les travaux que le temps te d?nie. Celui-l? seul succombe et glisse vers la mort Qui redoute la peine et l'envie et l'effort Et la douleur, cette mar?tre du g?nie.
Ne crains pas d'?puiser jamais tes esp?rances. Le coeur de l'homme est bien plus grand que tu ne penses.
Quel que soit le fardeau des r?ves qu'il soul?ve, Le coeur s'ouvre toujours ? chaque nouveau r?ve.
Lorsque tu crois l'emplir, prends garde, tu le vides. Le coeur est le tonneau sans fond des Dana?des.
Vois le cygne pos? sur le lac du vieux parc. Tout fier d'une blancheur qui nargue sa pareille, Il bande son col comme un arc. Mais qu'il chante, et son cri te blessera l'oreille.
Et toi, tant se prolonge ais?ment le motif, Peux-tu ne pas songer ? plus d'un homme illustre Dont la gloire t'?meut, ch?tif, Si tu n'as point perc? sous le h?ros le rustre?
Les temps peuvent changer, et les heures moroses Peuvent marquer leur trace en rides sur ton front. La vie autour de toi peut nourrir ses n?croses. Tu m?prises les dieux qui te r?sisteront.
Pourvu qu'apr?s l'orage acharn? tu demeures, Tu garderas toujours, en toi toujours vivant, L'?ternel souvenir qui domine les heures Et qui nargue les dieux, le destin et le vent.
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