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Read Ebook: Celle qui pleure (Notre Dame de la Salette) by Bloy L On

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Ebook has 591 lines and 66245 words, and 12 pages

LOUIS-PHILIPPE, LE 19 SEPTEMBRE 1846.

Je suis, par bonheur, en ?tat de rappeler cet ?v?nement ? l'univers qui para?t l'avoir oubli?. A la distance de plus de soixante ans, il n'est pas sans int?r?t de contempler, par l'imagination ou la m?moire, cette promenade du roi de Juillet accompagn? de son engeance dans un honn?te parc, en vue de prendre de l'app?tit pour le d?ner et de se pr?parer, par le na?f spectacle de la nature, aux magnificences municipales de l'illumination du soir.

Ce divertissement historique, mis en regard de l'autre Promenade Royale qui s'accomplissait au m?me instant sur la montagne de la Salette, est, je crois, de nature ? saisir fortement la pens?e. Le contraste vraiment biblique d'un tel rapprochement n'est pas pour augmenter le prestige d?j? m?diocre de cette monarchie sans gloire, n?e dans le bourbier lib?ral de 1830 et pr?destin?e ? s'?teindre sans honneur dans le cloaque ?conomique de 1848. Il serait curieux de savoir ce qui se passait dans l'?me du Roi Citoyen au moment m?me o? la Souveraine des Cieux, tout en pleurs, se manifestait ? deux enfants sur un point inconnu de cette belle France pollu?e et mourante sous l'abjecte domination de ce thaumaturge d'avilissement.

Il fallait sous les platanes ou les marronniers, r?vant ou parlant des grandes choses d'un r?gne de seize ans et des r?sultats magnifiques d'une administration exempte de ce fanatisme d'honneur qui paralysait autrefois l'essor g?n?reux du lib?ralisme r?volutionnaire. Tout venait ? souhait, au dehors comme ? l'int?rieur. Par un amendement rest? c?l?bre dans les fastes parlementaires, le comte de Morny pr?tendait que les grands Corps de l'?tat ?taient satisfaits. Dieu et le Pape ?taient convenablement outrag?s, l'inf?me j?suitisme allait enfin rendre le dernier soupir et le pays l?gal n'avait pas d'autres voeux ? former que de voir s'?terniser, dans une aussi bienfaisante dynastie, les f?licit?s inesp?r?es de cet adorable gouvernement. On allait enfin ?pouser l'Espagne, on allait devenir immense. A l'exemple de Charles-Quint et de Napol?on, le patriarche de l'Orl?anisme pouvait aspirer ? la domination universelle. La ventr?e de la lice avait, d'ailleurs, suffisamment grandi et Leurs Altesses caracolaient assez noblement autour de Sa Majest? dans la brise automnale de cette sereine journ?e de septembre. Le roi des Fran?ais pouvait dire comme le proph?te de la terre de Hus: <>

A deux cents lieues, la M?re de Dieu pleure am?rement sur son peuple. Si Leurs Majest?s et Leurs Altesses pouvaient, un instant, consentir ? prendre l'attitude qui leur convient, c'est-?-dire ? se vautrer sur le sol et qu'ils approchassent de la terre leurs oreilles jusqu'? ce jour inattentives, peut-?tre que cette cr?ature humble et fid?le leur transmettrait quelque ?trange bruit lointain de menaces et sanglots qui les ferait p?lir. Peut-?tre aussi que le d?ner serait alors sans ivresse et l'illumination sans esp?rance...

Pendant que l'Orl?anisme se congratule dans la vespr?e, les deux p?tres choisis pour repr?senter toutes les majest?s triomphantes ou d?chues, vivantes ou d?funtes, se sont approch?s de leur Reine. C'est ? ce moment que la M?re douloureuse ?l?ve la voix par-dessus le murmure indistinct de l'hymne des Glaives chant? autour d'Elle dans dix mille ?glises:

DESSEIN DE L'AUTEUR. MIRACLE DE L'INDIFF?RENCE UNIVERSELLE.

N'?crivant pas pour la multitude, je m'adresse donc exclusivement ? ceux qui savent le Fait de la Salette, assur? que les autres ne s'y int?resseraient pas. Je veux surtout montrer, aussi bien que je pourrai, le miracle qui a suivi et qui est peut-?tre plus grand que Celui de l'Apparition--le miracle, certainement plus incroyable, de l'indiff?rence universelle ou de l'hostilit? d'un grand nombre.

Eh bien! c'est ? faire peur. J?sus-Christ souffre qu'on le m?prise ou qu'on l'outrage. On est exactement au vingti?me si?cle des soufflets et des crachats qui tombent sans amnistie, depuis deux mille ans, sur sa Face infiniment sainte, constituant ainsi ce qu'on nomme l'?re chr?tienne. Mais il ne souffrira pas que sa M?re soit d?daign?e, sa M?re en larmes!... Celle dont l'?glise chante qu'elle ?tait <>; cette <>; cette g?missante <>; la Reine des Cieux, pleurant comme une abandonn?e dans ce repli du rocher et ne pouvant presque plus se soutenir, ? force de douleur, apr?s avoir ?t? si forte sur l'autre Montagne!...

Thren. I, I, 2.

Cant. II, 14.

Voil? donc o? nous en sommes! Les Larmes de Marie et ses Paroles ont ?t? si parfaitement cach?es, soixante ans, que la Chr?tient? les ignore. L'effrayante Col?re de son Fils n'est pas soup?onn?e, m?me de ceux qui mangent sa Chair et boivent son Sang, et le monde va son train. Cependant des proph?ties nombreuses et singuli?rement unanimes affirment que notre ?poque est d?sign?e pour l'assouvissement de Dieu, qui sera le D?luge des Catastrophes. Cela entrevu ou devin? seulement est ? faire tourner les t?tes et m?me les globes.

Que dire, apr?s cela, des idol?tres sans nombre parmi lesquels il serait injuste de ne pas compter les catholiques traditionnels retranch?s dans la certitude inexpugnable qu'ils sont tamis?s, tri?s grain ? grain, comme un froment d'eucharistie et que la p?nitence n'est pas pour eux? Ceux-l? surtout sont effrayants. Les purs sauvages de l'Afrique ou de la Polyn?sie, les fruits humains de la hideuse culture asiatique, les polymorphes monstrueux de l'intellectualit? la plus avilie, de la raison la plus d?chue; tous ces infortun?s ont leurs dieux de bois ou de pierre dont quelques-uns sont si d?moniaques et si noirs qu'on ne peut plus rire ni pleurer quand on les a vus. Cependant, que J?sus leur soit montr? sur sa Croix et la plupart, instantan?ment, deviendront des gouffres humbles.

L'idole des catholiques honorables dont je viens de parler, c'est pr?cis?ment la m?me Croix, mais pos?e par eux sur les ?paules, sur le coeur du Pauvre. Ils la renieraient s'il fallait qu'ils la portassent eux-m?mes. A cette place, ils l'adorent et <>...

?videmment Notre-Dame de la Salette ne dit rien et n'a rien ? dire ? de tels chr?tiens.

Ce sucre fut ajout? au vinaigre et au fiel du Golgotha et l'Oc?an des Larmes de Marie perdit son amertume.

<> Parole obs?dante! Quels durent ?tre les sentiments de M?lanie, lorsqu'elle revint ? la Salette, apr?s combien de p?r?grinations douloureuses! ? l'?ge de 71 ans, le 19 septembre 1902, cinquante-sixi?me anniversaire de l'Apparition? Il lui restait peu de temps ? souffrir et certaines choses, que n'entendraient pas les hommes, durent ?tre dites ? cette fille extraordinaire. De tous les points de sa Montagne, plus pr?cieuse que le diamant, dut sortir une voix pour elle seule, une Voix infiniment douce et g?missante:

--Regarde, M?lanie, ce qu'ils ont fait de notre d?sert! Autrefois, tu t'en souviens, on n'entendait que la plainte des troupeaux et le sanglot des eaux. Moi, la M?re de Dieu, enfant?e avant les collines et les fontaines, je t'attendais l? depuis toujours. J'attendais aussi ton petit compagnon Maximin, devenu, il y a vingt-sept ans, mon compagnon dans le Paradis. Car vous ?tiez pour moi, chers enfants, toute la famille humaine. Je vous avais choisis, et non pas d'autres, pour ?tre les notaires de mon Testament. Seule, parmi ces monts, dans le voisinage du bon torrent, j'?coutais tomber goutte ? goutte, sur les nations, le Sang de mon Fils. Je t'ai fait voir l'immensit? de cette peine qui ?tonnera les Saints pendant toute l'?ternit?. Avoir donn? un tel Enfant pour si peu! Si tu savais!... Depuis tant de si?cles, j'ai vu d'ici crouler un grand nombre d'empires dont plusieurs se disaient chr?tiens et qui pourrissaient dans les luxures ou les carnages. C'est ? peine si un homme sur des multitudes avait quelquefois un mouvement de compassion pour son Sauveur. De l'Orient ? l'Occident, c'est une muraille rouge qui cache, plus de mille ans, la moiti? du ciel. Les pers?cutions, les guerres, les esclavages, tous les fl?aux de la Concupiscence et de l'Orgueil. Et ce fut le temps des Saints!

LE SACR?-COEUR COURONN? D'?PINES. MARIE EST LE R?GNE DU P?RE.

Il est difficile de dire combien les sentimentalit?s d?votes abaissent Marie et la d?couronnent. Les pieuses chr?tiennes veulent d'une Reine couronn?e de roses, mais non pas d'?pines. Sous ce diad?me elle leur ferait peur et horreur. Cela ne conviendrait plus au genre de beaut? que leurs mis?rables imaginations lui supposent. Cependant la Liturgie sublime qu'elles ignorent veut express?ment que le Sauveur ait ?t? couronn? par sa M?re et o? donc aurait-elle pu prendre ce diad?me, sinon sur sa propre t?te? Ne fallait-il pas ? J?sus-Christ la plus somptueuse de toutes les couronnes et quelle autre que celle de la Reine-M?re e?t ?t? digne du Roi son Fils?

Telle est l'image qu'on a ?t? forc? d'offrir ? la pi?t? des fid?les, image d'aspect enfantin, la seule tol?rable parce qu'elle ne veut ?tre que symbolique. Les horribles statues repr?sentant un J?sus glorieux et plastique, <>; ces honteuses et profanantes effigies doivent, en une mani?re, ajourner la Communion des Saints, la R?mission des p?ch?s, la R?surrection de la chair, la Vie ?ternelle...

Mais que de paroles, mon Dieu! N'est-elle pas Elle-m?me le Coeur du Christ perc? de la Lance et d?chir? par les ?pines, o? s'implante la Croix folle? Que croirait-on si cela n'?tait pas ? croire? Un point est indiscutable. Nous p?rissons pour ne pas l'avoir ?cout?e.

<> Telle est la promesse. Que ce livre o? j'abrite ma pens?e soit donc b?ni! ce livre plein du d?sir d'honorer Marie douloureuse:

--Il Vous est connu, ? Ma Dame de Transfixion, que je ne sais comment m'y prendre et que j'ai besoin d'?tre aid? pour parler de Vous convenablement. Vous savez, ? Coeur perc? d'Imp?ratrice de tous les mondes, que je voudrais ajouter ? Votre Gloire en ?largissant la pens?e de quelques-uns de mes fr?res. Mais l'entreprise passe mon pouvoir et il me semble que je n'ai rien ? dire.

Voici bient?t trente ans que j'en avais audacieusement con?u la pens?e. Celui de Vos amis que Vous m'envoy?tes alors n'a plus de voix pour m'instruire. Il attend la R?surrection dans Votre petit cimeti?re de la Montagne. Mais Vous m'avez poursuivi sans rel?che, me for?ant ? parler de la Salette, quand m?me, dans d'autres livres qui n'?taient pas pour Vous seule et, finalement, Vous avez conduit par la main, jusque dans ma pauvre caverne, un de Vos fils les plus doux, un savant tr?s-humble qui m'a dit de Votre part que, n'ayant plus, selon l'ordre de la nature, un grand nombre d'ann?es ? passer sur terre, il fallait que je m'ex?cutasse, bon gr?, mal gr?.

Alors, ma Souveraine, il est exp?dient que Vous fassiez tout, car mon impuissance est grande, ayant, d'ailleurs, l'esprit offusqu? de plusieurs choses qui ne sont pas saintes. Dans le silence universel, ou peu s'en faut, consid?rez que Vous me faites un devoir de vocif?rer contre l'injustice ?norme, et qui n'eut jamais d'exemple, de tout le peuple chr?tien contempteur de Vos Larmes et d?positaire sans fid?lit? de Vos avertissements les plus pr?cieux. Vous me donnez la consigne de marquer, comme des chiens qu'il faut abattre, les d?vorants pasteurs d'?z?chiel occup?s, en assez grand nombre, ? se pa?tre eux-m?mes et dissimulateurs attentifs de Votre R?v?lation formidable.

Quand m?me Vous me donneriez la langue d'un J?r?mie, il n'y aurait rien de fait aussi longtemps que Vous n'auriez pas donn? des oreilles ? la multitude. Je suis une chassie dans l'oeil des contemporains. Les plus vils ennemis de Dieu croient avoir le droit de me m?priser et les amis d?clar?s du m?me Dieu sont les amis de mes ennemis. Vous savez pourquoi, Vous qui enfant?tes l'Absolu afin que les hommes le missent en croix. Mais je deviendrais un ambassadeur accr?dit?, si, tout de suite, j'avais le pouvoir de changer les eaux en sang, ce que je Vous demande tr?s-humblement.

J'ob?irai donc, certain que ce qu'il faut dire me sera mis en la bouche, esp?rant de Vous, ? Marie, je ne sais quelle force miraculeuse et combl?, pour le demeurant de mes jours, de cet accablant honneur.

Les quatre derniers mots donnent l'id?e d'une construction d?fectueuse et amphibologique. Raison de plus, semble-t-il, pour les respecter.

Tel est le huiti?me paragraphe du Secret de M?lanie, confi? par la M?re de Dieu ? cette berg?re, le 19 septembre 1846, avec mission de le publier douze ans plus tard. En attendant, ce Secret, ?crit de la main de M?lanie par ordre de son ?v?que, pour ?tre communiqu? au Pape seul, fut port? ? Rome en 1851 par deux pr?tres v?n?rables qui le confi?rent, cachet? et scell?, au Souverain Pontife, en m?me temps que celui de Maximin aujourd'hui encore inconnu.

Le v?n?r? Mgr de Bruillard, ?v?que de Grenoble, qui avait proclam? le Miracle, un peu avant le Coup d'?tat, demanda ? Napol?on, en novembre 1852, de lui donner un coadjuteur, all?guant son grand ?ge et ses infirmit?s. Le pr?sident d?cennal, qui avait besoin d'un domestique, refusa le coadjuteur, exigeant la d?mission pure et simple, afin de pouvoir placer sur le si?ge de Grenoble un pr?lat ? sa discr?tion et ne croyant pas ? la Salette, qui enterr?t le miracle. Ainsi devint successeur de saint Hugues, l'abb? Ginoulhiac, de Montpellier, vicaire g?n?ral ? l'archev?ch? d'Aix, ancien professeur de th?ologie gallicane.

<>

<>, avait d?j? dit Moli?re.

VIE ERRANTE DE LA BERG?RE. LE CARDINAL PERRAUD, SUCCESSEUR DE TALLEYRAND, LA D?POUILLE.

Un jour, sera publi?e, pour l'?tonnement et l'?pouvante d'un grand nombre, la monographie des ch?timents inflig?s aux pers?cuteurs ou blasph?mateurs eccl?siastiques de la Salette. La liste en est d?j? longue.

Cette errance continuelle, cette incessante migration n?cessit?e par une hostilit? sans pardon,--favorable, d'ailleurs, ? l'accomplissement de sa mission,--fut tourn?e contre elle, tax?e de vagabondage, dans le pire sens du mot, interpr?t?e de la fa?on la plus basse et la plus haineuse. Peu de saintes furent autant calomni?es.

<>, disait-elle ? Dieu, moins de deux ans avant sa mort, <<--dans un pays que je ne connais pas,--o? je ne connais personne,--pays presque sauvage,--mais o? on aime bien le bon Dieu,--je serai seule,--un beau matin, on verra mes volets ferm?s,--on ouvrira de force la porte,--et on me trouvera morte.>> Cette proph?tie s'est r?alis?e ? la lettre dans tous ses d?tails.

Six mois apr?s la mort de M?lanie, Mgr Cecchini fit ouvrir son tombeau et trouva son saint corps intact.

L'extraordinaire beaut? de cette vie fut cach?e, plus de soixante ans, avec un art vraiment diabolique, et la tr?s-pr?cieuse mort ne fut pas connue. A cette ?poque, d'ailleurs, qui pensait ? la Berg?re? A peine la nommait-on sur la Montagne, en d?plorant qu'elle e?t mal tourn?. Immolation irr?prochable. Maximin, mort en 1875, avait ?t? d?shonor?, lui aussi, fort studieusement et d'une mani?re qui ne laissait rien ? d?sirer. Bon d?barras de l'un et de l'autre.

La l?gende, solidement implant?e, d?s lors, de l'indignit? regrettable des t?moins, tournait, en somme, ? la Gloire de Dieu dont c'est la pratique ordinaire--n'est-ce pas?--de tirer le bien du mal et de se servir des instruments les plus m?prisables. L'?loquence des s?minaristes pouvait se donner carri?re. L'inv?rifiable mensonge ?tait adopt? par tous les chr?tiens, pr?tres ou la?ques, irr?parablement d??us. Le Secret ?tait devenu une r?verie dangereuse ou ridicule et, pour une fois, le vieux Serpent triomphait du Pied Virginal!...

Trois ans se sont ?coul?s. La Messag?re enterr?e ne parcourt plus le monde. Elle est immobile et incorrompue dans un tombeau que les peuples visiteront un jour. Mais la proph?tie qu'elle apporta continue son cours comme un fleuve de plus en plus majestueux, de plus en plus redoutable. On l'entend d?j? gronder et les plus impavides commencent ? en avoir peur.

LES PR?TRES ET LE SECRET DE M?LANIE.

Secret de M?lanie, 2e alin?a. <>

IMMENSE DIGNIT? DE MARIE.

Ah! je sais combien ces mots sont mis?rables! Il ont du moins pour eux d'?tre ad?quats ? la mis?re de la pens?e. Un ange m?me, si on pouvait entendre son latin sans ?tre foudroy? d'amour d?s la premi?re syllabe; comment expliquerait-il qu'on peut concevoir Marie sans concevoir la Trinit? m?me et la discerner encore un peu dans l'?blouissement de la grande T?n?bre?

Il est bien entendu que Marie n'est pas Dieu, quoique M?re de Dieu. Cependant rien ne peut exprimer sa dignit?. Th?ologiquement il est aussi impossible de l'adorer que d'exag?rer le culte d'honneur qui lui appartient. La gloire de Marie et son excellence oecum?nique d?fient l'Hyperbole. Elle est ce feu de Salomon qui ne dit jamais: <> Elle est le Paradis terrestre et la J?rusalem c?leste. Elle est Celle ? qui Dieu a tout donn?. Si vous pensez ? sa Beaut?, ce sera une d?rision de dire qu'Elle est la Beaut? m?me, puisqu'Elle d?passe infiniment cette louange. Si vous voulez exalter sa Force et sa Puissance, vous n'aurez pas mieux ? faire que de reconna?tre qu'Elle est, en v?rit?, la derni?re des cr?atures, puisqu'Elle a pu accomplir cet inimaginable prodige de s'humilier beaucoup plus bas que tous les ab?mes avant lesquels Elle avait ?t? con?ue. Si vous d?sirez mourir, tous les mourants de bonne volont? sont dans ses Bras. Si vous demandez ? na?tre, la Voie lact?e jaillira de ses Mamelles pour vous nourrir. Quelque po?te que vous fussiez, capable, si j'ose dire, d'?tonner le Couple innocent sous les platanes du Paradis, vous auriez l'air de vendre ? faux poids les plus f?tides substances, vous ressembleriez ? un n?grier ou ? un propri?taire de malheureux, si vous entrepreniez,--f?t-ce en pleurant et ? deux genoux!--si vous r?viez seulement de dire un mot de sa Puret? qui fait ressembler ? la sueur des damn?s du plus bas enfer, les gouttelettes de ros?e suspendues, un matin d'?t?, aux tissus d'argent et d'opale des aimables araign?es des bois.

L'?glise militante subsisterait dix mille ans encore, et il y aurait des centaines de conciles dont chacun ajouterait une gemme inestimable ? la parure de cette Reine, que cela ne ferait pas autant pour sa splendeur que ce t?moignage d'Elle-m?me ? Elle-m?me, dans le d?sert, en pr?sence de deux pauvres petits enfants.

IDENTIT? DU DISCOURS PUBLIC ET DU SECRET DE M?LANIE. LA PLAINTE D'?VE.

Qu'il me soit permis de citer ici une lettre na?vement et singuli?rement lumineuse qui me fut ?crite, l'an dernier, par une amoureuse de Dieu:

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