Read Ebook: Mahatma Gandhi by Rolland Romain
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Ebook has 298 lines and 43690 words, and 6 pages
Joseph J. Doke, dont les entretiens avec Gandhi au Transvaal sont si r?v?lateurs, termine son livre en octobre 1908, sur la vision de Gandhi en costume de for?at, conduit au fort de Johannesburg, et jet? dans un cachot avec d'ignobles criminels Chinois de droit commun.
L'intervention de deux nobles Anglais: C.-F. Andrews et W.-W. Pearson, seconda efficacement les efforts de Gandhi.
Gandhi rappelle le fait, dans un article du 12 mai 1920.
Gandhi retourna dans l'Inde, avec le prestige d'un chef.
Son ma?tre aim?, Gokhale, qui venait de mourir, lui avait fait promettre qu'il ne se m?lerait pas ? la politique active, avant d'avoir, au moins pendant un an, fait le tour de l'Inde et revu de pr?s son peuple, avec qui il avait perdu contact.
Il n'?tait pas le seul. L'Inde enti?re s'?tait laiss?e prendre, en 1914, ? l'id?alisme hypocrite de la guerre du Droit. En sollicitant son concours, le gouvernement anglais avait fait miroiter ? ses yeux de grandes esp?rances. Ce Home Rule, tant d?sir?, ?tait pr?sent? comme un des enjeux de la guerre. En ao?t 1917, l'intelligent secr?taire d'?tat pour l'Inde, E. S. Montagu, promit ? l'Inde un gouvernement responsable; une consultation de l'Inde eut lieu, et en juillet 1918, le vice-roi, lord Chelmsford, signait avec Montagu un rapport officiel sur la r?forme constitutionnelle. Le danger ?tait grand pour les arm?es alli?es, en ces premiers mois de 1918. Lloyd George avait, le 2 avril, adress? un Appel au peuple de l'Inde; et la Conf?rence de guerre, r?unie ? Delhi ? la fin du m?me mois, laissa entendre que l'ind?pendance de l'Inde ?tait proche. Aussi, l'Inde r?pondit-elle en masse, et Gandhi, une fois de plus, pr?ta ? l'Angleterre l'aide de sa loyaut?. L'Inde fournit 985.000 hommes; elle fit d'immenses sacrifices. Et elle attendit, confiante, le prix de sa fid?lit?.
Le r?veil fut terrible. Vers la fin de l'ann?e, le danger ?tait pass?; pass?e aussi la m?moire des services rendus. L'armistice conclu, le Gouvernement ne se donna plus la peine de feindre. Bien loin d'accorder des libert?s ? l'Inde, il suspendit celles qui existaient. Les Bills Rowlatt, pr?sent?s au Conseil Imp?rial L?gislatif de Delhi, en f?vrier 1919, t?moign?rent d'une injurieuse m?fiance pour le pays qui venait de donner tant de gages de son loyalisme; ils perp?tuaient les dispositions de l'Acte de D?fense de l'Inde pendant la guerre, r?tablissant la police secr?te, la censure, toutes les tracasseries tyranniques d'un v?ritable ?tat de si?ge.
Ce fut, dans l'Inde d??ue, un sursaut indign?. La r?volte commen?a. Gandhi l'organisa.
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Il s'est prononc? nettement contre le Bolchevisme. .
Grandes paroles qui donnent tout leur sens humain ? la lutte que nous allons d?crire maintenant: car elles font de l'ap?tre de l'Inde un ap?tre du monde, notre concitoyen ? tous. Et c'est pour nous tous que se livre le combat, engag? il y a quatre ans par le Mah?tm?.
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Il est ? remarquer que, m?me ? ce moment o? il prend la t?te du mouvement de r?volte contre l'Acte Rowlatt, il le fait <
Pour bien comprendre ce qui va suivre, on doit se rappeler que la pens?e de Gandhi est ? deux ?tages: des substructions religieuses qui sont consid?rables, et l'action sociale qu'il construit sur ces bases invisibles, en l'adaptant aux possibilit?s actuelles et aux voeux du pays. Il est religieux par nature, politicien par n?cessit?. A mesure que la pouss?e des ?v?nements et la disparition des autres chefs de la nation l'obligent ? assumer la charge de gouverner le navire dans la temp?te, le caract?re politique et pratique de son action s'affirme. Mais l'essentiel de l'?difice reste toujours la crypte: elle est vaste et profonde, et faite pour porter une bien autre cath?drale que celle qu'il faut b?tir h?tivement; elle seule est durable, le reste est provisoire et destin? ? l'usage des ann?es de transition. Il importe donc de conna?tre cette ?glise souterraine, o? la pens?e de Gandhi a ses solides assises. C'est l? qu'il fait retraite, chaque jour, afin de reprendre des forces pour l'action d'en haut.
Gandhi croit avec ferveur en la religion de son peuple, l'Hindouisme; mais non pas en savant, attach? aux textes; et pas davantage en d?vot sans critique, qui accepte aveugl?ment toute tradition. Sa religion a pour double contr?le sa conscience et sa raison.
Juillet 1920.--<
D'autre part, et ceci est essentiel, il ne reconna?t et ne permet ? l'Hindouisme aucun exclusivisme:
Il n'est pas sans voir les erreurs ou les vices qui se sont introduits au cours des si?cles, dans l'Hindouisme, et il les fl?trit. Mais...
<<... Je ne puis pas plus d?crire mon sentiment pour l'Hindouisme que celui que j'ai pour ma propre femme. Elle m'?meut comme nulle autre femme au monde ne le peut. Non point qu'elle soit sans fautes: j'ose dire qu'elle en a beaucoup plus que je n'en vois; mais le sentiment d'un lien indissoluble est l?. De m?me pour l'Hindouisme, avec tous ses d?fauts et toutes ses limitations. Rien ne me transporte autant que la musique de la Git? et du R?m?yana, les deux seuls livres de l'Hindouisme que je puisse pr?tendre conna?tre... Je sais les vices actuels qui souillent les grands sanctuaires hindous; mais j'aime ceux-ci malgr? tout... R?formateur jusqu'au bout, je ne rejette pourtant aucune des croyances essentielles de l'Hindouisme>>.
<<1. Je crois aux Vedas, aux Upanishads, aux Puranas, et ? tout ce qui est compris sous le nom d'?critures hindoues, et par cons?quent je crois aux Avat?rs et aux renaissances;
<<3. Je crois ? la protection de la vache, dans un sens beaucoup plus large que le sens populaire;
<<4. Je ne d?savoue pas le culte des idoles.>>
<
A Joseph J. Doke, en 1908.
Il fut m?me tr?s pr?s de se faire chr?tien, en Sud-Afrique. Mais la lecture des livres bouddhiques, en le satisfaisant plus pleinement, le retint dans l'hindouisme.
<<--Ne l'aviez-vous pas eue avant, par la lecture des livres hindous?
Il dit encore ? Joseph J. Doke:
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Il ne faut pas oublier, en effet, que ce croyant asiatique est nourri de Tolstoy, qu'il a traduit Ruskin et Platon, qu'il s'appuie sur Thoreau, admire Mazzini, lit Edward Carpenter, et que sa pens?e est impr?gn?e de celles d'Europe et d'Am?rique. Il n'y a point de raison pour qu'un Europ?en se trouve davantage ?tranger ? la sienne, s'il veut prendre la peine de s'en approcher. Alors, il reconna?tra le sens profond de ces articles du Credo, dont la lettre l'?tonne. Deux surtout paraissent ?tablir une barri?re infranchissable entre l'esprit religieux de l'Inde et celui de l'Europe: le culte de la vache, et le syst?me des castes. Mais voyons ce qu'ils signifient, au regard de Gandhi:
Il n'y a pas lieu de s'arr?ter au culte des idoles. <
Mais il limite les classes ? quatre seulement: Brahmanes , Kshattriyas , Vaishyas , et Shudras . Et il n'admet entre elles aucune relation de sup?riorit? ou d'inf?riorit?. Ce sont des vocations diff?rentes: rien de plus. Des devoirs. Point de privil?ges.
Quand au cours des ?ges, les classes primitives ne p?trifi?rent en castes orgueilleuses, les Upanishads ?lev?rent leur protestation.
Il est donc bas? sur l'<
La question des parias n'a aucun rapport avec celle des quatre castes diff?rentes, mais ?gales. Nous verrons avec quelle passion br?lante Gandhi ne cesse de combattre cette iniquit? sociale: et c'est un des c?t?s les plus ?mouvants de son apostolat. Elle est pour lui la honte de l'Hindouisme, une d?formation abjecte de la vraie doctrine, une souillure, et il en souffre d'une fa?on intol?rable:
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Il adopta une petite intouchable, et il parle avec tendresse de ce charmant diablotin de sept ans, qui faisait dans sa maison la pluie et le beau temps.
O? la ressemblance des deux hommes s'accuse, o? peut-?tre l'influence de Tolstoy a ?t? la plus r?elle, c'est dans la condamnation port?e par Gandhi contre la civilisation d'Europe.
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C'est un terme qui revient souvent, sous la plume de Gandhi: <
Il est trois classes d'hommes contre qui Gandhi s'?l?ve avec une ?pret? particuli?re: les magistrats, les m?decins et les professeurs.
On ne doit pas oublier qu'un des principaux griefs de Gandhi contre la m?decine d'Europe est qu'elle a recours ? la vivisection, <
Particuli?rement en ce qui concerne les relations sexuelles: sa doctrine s?v?re rappelle Saint-Paul.
Mais le coeur de la civilisation moderne , c'est la Machine. Elle est l'Idole monstrueuse. Il faut la rejeter. Le voeu ardent de Gandhi serait que le machinisme moderne f?t arrach? de l'Inde. A l'Inde libre, mais h?riti?re du machinisme anglais, il pr?f?rerait encore l'asservissement de l'Inde au march? anglais.
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Mais, demandent les Indiens conquis par les id?es modernes, que deviendra l'Inde sans les chemins de fer, les trams, les grandes industries?--N'?tait-elle pas, avant? r?plique Gandhi. < Gandhi t?che de sauvegarder, ? d?faut de la science europ?enne, la n?cessit? des recherches scientifiques et leur stricte discipline. Il admire le z?le et le sacrifice des hommes de science europ?ens, qu'il trouve souvent sup?rieurs ? ceux des hommes de foi hindous. Il respecte l'esprit; il conteste seulement le chemin que cet esprit a choisi.--Mais en d?pit de ces r?serves, l'antagonisme est ?vident. Et l?-dessus Tagore, comme nous le verrons, ?l?ve une juste protestation contre le m?di?valisme de Gandhi. Mais, sans discuter ici le dogme europ?en du Progr?s, et en se tenant simplement au fait que tout le mouvement actuel va contre le voeu profond de Gandhi, il ne faut pas croire que la foi de Gandhi va s'y briser. Ce serait mal conna?tre l'esprit oriental. Gobineau dit que < < Ou bien: La d?finition est exacte; il ne demande jamais aux hommes que ce qu'ils peuvent donner. Mais il leur demande tout ce qu'ils peuvent donner. Et ce tout est beaucoup, quand il s'agit d'un peuple comme celui de l'Inde. Peuple formidable, par son nombre, sa dur?e, et son ?me abyssale. Entre ce peuple et Gandhi, d?s les premiers contacts, il s'est fait un accord, ils se comprennent sans parler; Gandhi sait ce qu'il en peut attendre, et ce peuple attend ce que Gandhi va lui demander. Le cinqui?me de la population du globe.
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