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Read Ebook: All for Love; or Her Heart's Sacrifice by Miller Alex McVeigh Mrs

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Ebook has 768 lines and 64098 words, and 16 pages

Il avait soin qu'elle je?n?t, veill?t et chant?t des psaumes. Mais un moine, qu'on croit ?tre un faux moine, s'?tant approch? de Marie pendant que le saint homme Abraham m?ditait sur les saintes ?critures, induisit en p?ch? la jeune fille, qui se dit ensuite:

--Il vaut bien mieux, puisque je suis morte ? Dieu, que j'aille dans un pays o? je ne sois connue de personne.

Et, quittant sa cellule, elle s'en alla dans une ville voisine qu'on croit ?tre ?desse, o? il y avait des jardins d?licieux et de fra?ches fontaines, et qui est encore aujourd'hui la plus agr?able des villes de Syrie.

Cependant le saint homme Abraham ?tait plong? dans une m?ditation profonde. Sa ni?ce ?tait d?j? partie depuis plusieurs jours quand, ouvrant sa petite fen?tre, il demanda:

--Marie, pourquoi ne chantes-tu plus les psaumes que tu chantais si bien?

Et, ne recevant pas de r?ponse, il soup?onna la v?rit? et s'?cria:

--Un loup cruel a enlev? ma brebis!

Il demeura dans l'affliction pendant deux ans; apr?s quoi, il apprit que sa ni?ce menait une mauvaise vie. Agissant avec prudence, il pria un de ses amis d'aller ? la ville pour reconna?tre exactement ce qui en ?tait. Le rapport de cet ami fut qu'en effet Marie menait une tr?s mauvaise vie. ? cette nouvelle, le saint homme pria son ami de lui pr?ter un habit de cavalier et de lui amener un cheval; et, ayant mis sur sa t?te, afin de n'?tre point reconnu, un grand chapeau qui lui couvrait le visage, il se rendit dans l'h?tellerie o? on lui avait dit que sa ni?ce ?tait log?e. Il jetait les yeux de tous c?t?s pour voir s'il ne l'apercevrait point; mais, comme elle ne paraissait pas, il dit ? l'h?telier en feignant de sourire:

--Mon ma?tre, on dit que vous avez ici une jolie fille. Ne pourrais-je pas la voir?

L'h?telier, qui ?tait obligeant, la fit appeler, et Marie se pr?senta dans un costume qui, selon la propre expression de saint ?phrem, suffisait ? r?v?ler sa conduite. L'homme de Dieu en fut p?n?tr? de douleur. Il affecta pourtant la gaiet? et commanda un bon repas. Marie ?tait, ce jour-l?, d'une humeur sombre, et la vue de ce vieillard, qu'elle ne reconnaissait pas, car il n'avait point tir? son chapeau, ne la tournait nullement ? la joie. L'h?telier lui faisait honte d'une si m?chante attitude, et si contraire aux devoirs de sa profession; mais elle dit en soupirant:

--Pl?t ? Dieu que je fusse morte il y a trois ans!

Le saint homme Abraham s'effor?a de prendre le langage d'un cavalier comme il en avait pris l'habit:

--Ma fille, dit-il, je viens ici non pour pleurer tes p?ch?s, mais pour partager ton amour.

Mais, quand l'h?telier l'eut laiss? seul avec Marie, il cessa de feindre et, levant son chapeau, il dit en pleurant:

--Ma fille Marie, ne me reconnaissez-vous pas? Ne suis-je pas Abraham qui vous ai tenu lieu de p?re?

Il lui toucha la main et l'exhorta toute la nuit au repentir et ? la p?nitence. Surtout craignant de la d?sesp?rer, il lui r?p?tait sans cesse:

--Ma fille, il n'y a que Dieu d'impeccable!

Sur ce sujet, la Rose blanche de Gandersheim, dans le dessein de montrer le triomphe final de la chastet?, a fait une com?die pleine ? la fois de na?vet? et d'audace, de barbarie et de subtilit?, et que pouvaient seules repr?senter les religieuses saxonnes du temps d'Othon le Grand et les marionnettes de la rue Vivienne.

CHARLES BAUDELAIRE

--Avez-vous mang? de la cervelle de petit enfant? disait-il un jour ? un honn?te fonctionnaire. Mangez-en; cela ressemble ? des cerneaux et c'est excellent.

Une autre fois, dans la salle commune d'un restaurant fr?quent? par des provinciaux, il commen?a ? haute voix un r?cit en ces termes:

--Apr?s avoir assassin? mon pauvre p?re...

En admettant, ce qui est probable, que ces historiettes ne soient pas r?ellement vraies, elles sont dans l'esprit du personnage, elles ont le tour baudelairien, et je ne sais rien de plus aga?ant au monde. Tout cela n'est pas douteux, mais il faut dire aussi que Baudelaire ?tait po?te.

J'ajouterai que c'?tait un po?te tr?s chr?tien. On a charg? sa renomm?e de bien des griefs. On a d?couvert dans ses po?mes des immoralit?s neuves et une d?pravation singuli?re. C'est le flatter et c'est flatter son temps. En fait de vices, d?s l'?ge des cavernes et du mammouth, il ne restait plus rien ? d?couvrir, et la b?te humaine, sans beaucoup d'imagination, avait tout imagin?. ? y regarder de pr?s, Baudelaire n'est pas le po?te du vice; il est le po?te du p?ch?, ce qui est bien diff?rent. Sa morale ne diff?re pas beaucoup de celle des th?ologiens. Ses meilleurs vers semblent inspir?s des vieilles proses de l'?glise et des hymnes du br?viaire.

Comme un moine, il ?prouve devant les formes de ses r?ves, une ?pouvante fascinatrice. Comme un moine, il s'?crie chaque matin:

Cedant tenebrae lumini Et nox diurno sideri, Ut culpa quam nox intulit Lucis labescat munere.

Je n'avais donc pas tort de dire qu'il est chr?tien. Mais il convient d'ajouter que, comme M. Barbey d'Aurevilly, Baudelaire est un tr?s mauvais chr?tien. Il aime le p?ch? et go?te avec d?lices la volupt? de se perdre. Il sait qu'il se damne, et en cela il rend ? la sagesse divine un hommage qui lui sera compt?, mais il a le vertige de la damnation et il n'?prouve de go?t pour les femmes que juste ce qu'il en faut pour perdre s?rement son ?me. Ce n'est jamais un amoureux et ce ne serait pas m?me un d?bauch?, si la d?bauche n'?tait excellemment impie. Il s'y attache bien moins pour la forme que pour l'esprit, qu'il croit diabolique. Il laisserait les femmes bien tranquilles s'il n'esp?rait point, par leur moyen, offenser Dieu et faire pleurer les anges.

Ces sentiments sont sans doute assez pervers et je reconnais qu'ils distinguent Baudelaire de ces vieux moines qui redoutaient avec sinc?rit? les fant?mes ardents de la nuit. Ce qui avait d?prav? ainsi Baudelaire, c'est l'orgueil. Il voulait, dans sa superbe, que tout ce qu'il faisait f?t consid?rable, m?me ses petites impuret?s; aussi ?tait-il content que ce f?t des p?ch?s, afin d'y int?resser le ciel et l'enfer. Au fond, il n'eut jamais qu'une demi foi. L'esprit seul en lui ?tait tout ? fait chr?tien. Le coeur et l'intelligence restaient vides. On raconte qu'un jour un officier de marine de ses amis lui montra un manitou qu'il avait rapport? d'Afrique, une petite t?te monstrueuse taill?e dans un morceau de bois par un pauvre n?gre.

--Elle est bien laide, dit le marin.

Et il la rejeta d?daigneusement.

--Prenez garde! dit Baudelaire inquiet. Si c'?tait le vrai dieu!

C'est la parole la plus profonde qu'il ait jamais prononc?e. Il croyait aux dieux inconnus, surtout pour le plaisir de blasph?mer.

Pour tout dire, je ne pense pas que Baudelaire ait jamais eu la notion tout ? fait nette de cet ?tat d'?me que je viens d'essayer de d?finir. Mais il me semble bien qu'on en retrouve dans son oeuvre, au milieu d'incroyables pu?rilit?s et d'affectations ridicules, le t?moignage vraiment sinc?re.

Un des effets de cet ?tat chr?tien, si je puis dire, dans lequel se trouvait la pens?e de Baudelaire, est l'association constante chez lui de l'amour et de la mort.

Qu'y a-t-il, par exemple, de plus beau dans toute la po?sie contemporaine que cette strophe, tableau achev? de voluptueuse lassitude?

De ses yeux amortis les paresseuses larmes, L'air bris?, la stupeur, la morne volupt?, Ses bras vaincus, jet?s comme de vaines armes, Tout servait, tout parait sa fragile beaut?.

Qu'y a-t-il de plus magnifique, dans Alfred de Vigny lui-m?me, que cette mal?diction pleine de piti? que le po?te jette aux <>?

Descendez, descendez, lamentables victimes, Descendez le chemin de l'enfer ?ternel! Plongez au plus profond du gouffre, o? tous les crimes, Flagell?s par un vent qui ne vient pas du ciel,

Bouillonnent p?le-m?le avec un bruit d'orage. Ombres folles! Courez au but de vos d?sirs; Jamais vous ne pourrez assouvir votre rage, Et votre ch?timent na?tra de vos plaisirs.

Loin des peuples vivants, errantes, condamn?es, ? travers les d?serts courez comme les loups; Faites votre destin, ?mes d?sordonn?es, Et fuyez l'infini que vous portez en vous.

Certes, je n'ai pas essay? d'att?nuer les torts du po?te: je l'ai montr?, je crois, assez pervers et assez malsain. Il n'est que juste d'ajouter qu'il y a plusieurs parties de son oeuvre qui ne sont nullement contamin?es.

Baudelaire traversa, dans sa premi?re jeunesse, les mers de l'Inde, visita Maurice, Madagascar, et cette ?le Bourbon, si fleurie, o? Parny ne vit qu'?l?onore, et dont M. L?on Dierx nous a donn? de si beaux paysages. Eh bien! il y a dans les po?sies de Baudelaire des souvenirs enchant?s de ces pays de lumi?re, qu'il avait vus dans leur doux ?clat, sous le charme de sa jeunesse.

................................................... Aux pays chauds et bleus o? ton Dieu t'a fait na?tre, Ta t?che est d'allumer la pipe de ton ma?tre, De pourvoir les flacons d'eaux fra?ches et d'odeurs, De chasser loin du lit les moustiques r?deurs, Et, d?s que le matin fait chanter les platanes, D'acheter au bazar ananas et bananes. Tout le jour, o? tu veux, tu m?nes tes pieds nus Et fredonnes tout bas de vieux airs inconnus; Et, quand descend le soir au manteau d'?carlate, Tu poses doucement ton corps sur une natte, O? tes r?ves flottants sont pleins de colibris Et toujours, comme toi, gracieux et fleuris. ...............................................

N'est-ce point d?j? Fatou-Gaye et, avant Loti, l'?trange saveur des beaut?s exotiques?

Ce n'est pas tout. L'amour des arts plastiques, le culte des grands peintres a inspir? ? Baudelaire des vers superbes et tr?s purs. Enfin, dans une partie plus suspecte et plus m?l?e de son oeuvre, le po?te a trouv? de fiers accents pour c?l?brer les travaux des humbles existences. Il a senti l'?me du Paris laborieux; il a senti la po?sie du faubourg, compris la grandeur des petits et montr? ce qu'il y a de noble encore dans un chiffonnier ivre:

Souvent, ? la clart? d'un rouge r?verb?re Dont le vent bat la flamme et tourmente le verre, Au coeur d'un vieux faubourg, labyrinthe fangeux O? l'humanit? grouille en ferments orageux,

On voit un chiffonnier qui vient, hochant la t?te, Buttant et se cognant aux murs comme un po?te, Et, sans prendre souci des mouchards, ses sujets, ?panche tout son coeur en glorieux projets.

Il pr?te des serments, dicte des lois sublimes, Terrasse les m?chants, rel?ve les victimes, Et sous le firmament comme un dais suspendu, S'enivre des splendeurs de sa propre vertu.

Oui, ces gens harcel?s de chagrins de m?nage, Moulus par la travail et tourment?s par l'?ge, ?reint?s et pliant sous un tas de d?bris. Vomissement confus de l'?norme Paris,

Reviennent, parfum?s d'une odeur de futailles, Suivis de compagnons, blanchis dans les batailles, Dont la moustache pend comme de vieux drapeaux, --Les banni?res, les fleurs et les arcs triomphaux

Se dressent devant eux, solennelle magie! Et dans l'?tourdissante et lumineuse orgie Des clairons, du soleil, des cris et du tambour, Ils apportent la gloire au peuple ivre d'amour. .............................................

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