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Read Ebook: Kazan by Curwood James Oliver Gruyer Paul Translator Postif Louis Translator

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Ebook has 1518 lines and 67642 words, and 31 pages

--?trange, ?trange... Isabelle, regarde-le!

Il frissonna, ind?cis. Mais aucun coup ne s'abattit sur lui, pour le faire reculer. Son museau froid toucha la robe l?g?re, et la femme aux yeux humides le regardait.

--Vois, vois! murmurait-elle.

Un demi-pouce, puis un pouce et deux pouces encore, et son ?norme corps gris ?tait tout contre la jeune femme. Maintenant son museau montait lentement, des pieds au genou, puis vers la petite main douillette, qui pendait. Et, durant ce temps, il ne quittait pas des yeux le visage d'Isabelle. Il vit un frisson courir sur la gorge blanche et nue, et les l?vres pourpr?es trembler l?g?rement.

Elle semblait elle-m?me tout ?tonn?e de ce qui se passait. L'?tonnement du ma?tre n'?tait pas moindre. De son bras il enla?a de nouveau le corps de sa compagne, et, de sa main libre, il caressa Kazan sur la t?te.

Kazan n'aimait pas le contact de l'homme, alors m?me que cet homme ?tait son ma?tre. Sa nature et l'exp?rience lui avaient appris ? se d?fier des mains humaines. Il laissa faire pourtant, parce qu'il crut comprendre que cela plaisait ? la jeune femme.

Et le ma?tre lui parla ? son tour. Sa voix s'?tait radoucie.

--Kazan, mon vieux boy, disait-il, tu ne veux point, n'est-ce pas, lui faire aucun mal? Nous l'aimons bien, tous deux. Comment pourrait-il en ?tre autrement? Elle est notre bien commun. Elle est ? nous, rien qu'? nous. Et, s'il le fallait, pour la prot?ger, nous nous battrions pour elle comme deux vrais diables, n'est-ce pas, Kazan?

Puis ils le laiss?rent l?, sur la couverture de voyage qu'on lui avait donn? pour se coucher, et il les vit qui allaient et venaient dans la chambre. Il ne les perdait pas des yeux, il ?coutait, sans comprendre, ce qu'ils disaient, et un d?sir intense remontait en lui de ramper ? nouveau vers eux, d'aller toucher encore la main de la femme, sa robe ou son pied.

Il y eut un moment o? l'homme dit quelque chose ? la jeune femme. A la suite de quoi, celle-ci, sautant en l'air avec un petit rire argentin, courut vers une grande bo?te carr?e, qui ?tait plac?e en travers, dans un des coins de la chambre.

Cette bo?te bizarre poss?dait, sur une longueur qui d?passait celle du corps de Kazan, une rang?e de dents blanches, align?es ? plat, les unes ? c?t? des autres. Lorsqu'il ?tait entr? dans la pi?ce, Kazan s'?tait demand? ? quoi ces dents pouvaient bien servir. C'?tait sur elles que venaient de se poser les doigts de la jeune femme, et voil? que des sons m?lodieux avaient retenti, que n'avaient jamais ?gal?s, pour l'oreille du chien-loup, le doux murmure des vents dans les feuill?es, ni l'harmonie de l'eau des cascades et des rapides, ni les trilles d'oiseaux ? la saison printani?re.

C'?tait la premi?re fois que Kazan entendait de la musique de civilis?s et, durant un moment, il eut grand'peur et trembla. Puis il sentit se dissiper son effroi et des r?sonances singuli?res tinter par tout son corps. Il s'assit sur son derri?re et l'envie lui prit de hurler comme il faisait souvent, dans le grand D?sert Blanc, aux myriades d'?toiles du ciel, pendant les froides nuits d'hiver.

Mais un autre sentiment le retenait, celui de la jeune femme qu'il avait devant lui. Muettement, il reprit sa reptation vers elle.

Il sentit sur lui les yeux de son ma?tre et s'arr?ta. Puis il recommen?a ? s'avancer, tout son corps aplati sur le plancher. Il ?tait ? mi-chemin, lorsque les sons se firent plus doux et plus bas, comme s'ils allaient s'?teindre, et il entendit son ma?tre qui disait vivement, ? demi-voix:

--Continue, continue... Ne cesse pas!

La jeune femme tourna la t?te. Elle vit Kazan ? plat ventre contre le sol, et continua de jouer.

Le regard du ma?tre ?tait impuissant maintenant ? retenir l'animal. Kazan ne s'arr?ta plus avant que son museau n'e?t touch? aux volutes de la robe qui s'?talaient sur le plancher. Et un tremblement, derechef, le saisit. La femme avait commenc? ? chanter.

Le cariboo, ou caribou, est une sorte de renne qui vit dans le Northland am?ricain.

Il se ratatina, en t?chant de se faire tout petit, de peur d'?tre battu, et leva les yeux vers elle. Elle le regarda, elle aussi, avec bienveillance, et il posa sa t?te sur ses genoux. La main, une seconde fois, le caressa et il ferma b?atement les yeux, avec un gros soupir.

Musique et chant s'?taient tus. Kazan entendit au-dessus de sa t?te un bruissement l?ger, o? il y avait ? la fois du rire et de l'?motion, tandis que le ma?tre grommelait:

--J'ai toujours aim? ce vieux coquin... Mais, tout de m?me, je ne l'aurais jamais cru capable d'une semblable com?die!

LE RETOUR A LA TERRE DU NORD

D'autres jours heureux devaient suivre pour Kazan, dans la confortable demeure o? Thorpe, son ma?tre, ?tait venu se reposer pr?s de sa jeune femme, loin de la Terre du Nord.

Si bien que, chaque jour davantage, Kazan oubliait le d?sert et s'attachait, d'une affection plus passionn?e, ? la jeune femme. Il en fut ainsi durant une quinzaine environ.

Mais un moment advint o? un changement commen?a ? se dessiner. Il y avait dans la maison, tout autour de Kazan, un mouvement inaccoutum?, une inexplicable agitation, et la femme d?tournait de lui son attention. Un vague malaise s'empara de lui. Il reniflait dans l'air l'?v?nement qui se pr?parait. Il t?chait de lire sur le visage de son ma?tre ce que celui-ci pouvait bien m?diter.

Puis, un certain matin, le solide collier de babiche, avec la cha?ne de fer qui y ?tait jointe, fut attach? de nouveau au cou de Kazan, et le ma?tre voulut le tirer sur la route. Que lui voulait-on? Sans doute, on l'expulsait de la maison. Il s'assit tout net sur son derri?re et refusa de bouger.

Courroie tr?s solide, faite de lani?res entrelac?es de peaux de caribou.

Le ma?tre insista.

--Viens, Kazan! dit-il, d'une voix caressante. Allons, viens, mon petit!

Mais l'animal se recula et montra ses crocs. Il s'attendait au cinglement d'un fouet ou ? un coup de gourdin. Il n'en fut rien. Le ma?tre se mit ? rire et rentra avec lui dans la maison.

Docilement, Kazan en ressortait peu apr?s. Isabelle l'accompagnait, la main pos?e sur sa t?te. Ce fut elle encore, qui l'invita ? sauter d'un bond dans l'int?rieur obscur d'une sorte de voiture devant laquelle ils ?taient arriv?s. Elle encore qui l'attira dans le coin le plus noir de cette voiture, o? le ma?tre attacha la cha?ne. Apr?s quoi, lui et elle sortirent en riant aux ?clats, comme deux enfants.

Durant de longues heures, Kazan demeura ensuite couch?, raide et immobile, ?coutant sous lui l'?trange et bruyant roulement des roues, tandis que retentissaient de temps ? autre des sons stridents. Plusieurs fois les roues s'arr?t?rent et il entendit des voix au dehors.

Finalement, ? un dernier arr?t, il reconnut avec certitude une voix qui lui ?tait famili?re. Il se leva, tira sur sa cha?ne et pleurnicha. La porte de l'?trange voiture glissa dans ses rainures et un homme apparut, portant une lanterne et suivi de son ma?tre.

Kazan ne fit point attention ? eux. Il jeta dehors un regard rapide et, se laissant ? peine d?tacher, il fut d'un bond sur la neige blanche. Ne trouvant point ce qu'il cherchait, il se dressa et huma l'air.

Au-dessus de sa t?te ?taient ces m?mes ?toiles auxquelles il avait hurl?, toute sa vie. Autour de lui, l'encerclant comme un mur, s'?tendaient jusqu'? l'horizon les noires for?ts silencieuses. A quelque distance ?tait un groupe d'autres lanternes.

Thorpe prit celle que tenait son compagnon et l'?leva en l'air. A ce signal, une voix sortit de la nuit, qui appelait:

--Kaa...aa...zan!

Kazan virevolta sur lui-m?me et partit comme un bolide. Son ma?tre le suivit, riant et grommelant:

--Vieux pirate!

Lorsqu'il rejoignit le chien, parmi le groupe des lanternes, Thorpe le trouva qui rampait aux pieds d'Isabelle. Elle ramassa la cha?ne.

Thorpe n'avait pas achev? que, comme pour lui donner raison, Kazan poussait un grognement de b?te f?roce, en retroussant ses l?vres et en d?couvrant ses longs crocs. Le poil de son dos se h?rissait.

D?j? Thorpe avait port? la main au revolver qu'il avait ? la ceinture. Mais ce n'?tait pas ? lui qu'en voulait Kazan.

Une autre forme venait en effet de sortir de l'ombre et de faire son apparition dans les lumi?res. C'?tait Mac Cready, le guide qui devait, du point terminus de la voie ferr?e o? ils ?taient descendus, accompagner Thorpe et sa jeune femme jusqu'au campement de la Rivi?re Rouge, o? le ma?tre de Kazan, son cong? termin?, s'en revenait diriger les travaux du chemin de fer transcontinental destin? ? relier, ? travers le Canada, l'Atlantique au Pacifique.

Le transcontinental canadien part, sur l'Atlantique, d'Halifax et de la Nouvelle-?cosse, passe au nord du Grand Lac Sup?rieur, qui marque la fronti?re entre les ?tats-Unis et le Canada, et, apr?s un parcours de 5.000 kilom?tres, aboutit au Pacifique, ? la c?te de Vancouver.

La m?choire de l'homme ?tait carr?e, presque bestiale, et dans ses yeux effront?s, qui d?visageaient Isabelle, avaient lui soudain les m?mes lueurs d'un d?sir sauvage qui passaient parfois dans les prunelles de Kazan, lorsque celui-ci contemplait la jeune femme.

Isabelle et le chien-loup avaient ?t? les seuls ? percevoir ces lueurs fugitives. Le b?ret de laine rouge de la femme de Thorpe avait gliss? vers son ?paule, d?couvrant l'or chaud de sa chevelure, qui brillait sous l'?clat blafard des lanternes. Elle se tut, tandis que s'empourpraient ses joues et que deux diamants s'allumaient dans ses yeux offusqu?s. Mac Cready baissa son regard devant le sien et elle appuya instinctivement sa main sur la t?te de Kazan.

L'animal continuait ? gronder vers l'homme et la menace qui roulait dans sa gorge se faisait de plus en plus rauque. Isabelle donna ? la cha?ne une l?g?re secousse.

--Couch?, Kazan! ordonna-t-elle.

A sa voix, il se d?tendit un peu.

--Couch?, r?p?ta-t-elle, en appuyant plus fort sur la t?te de Kazan, qui se laissa tomber ? ses pieds, les l?vres toujours retrouss?es. Thorpe observait la sc?ne et s'?tonnait de la haine mal contenue qui br?lait dans les yeux du chien-loup.

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