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Read Ebook: Les Peterkins by Twain Mark Ga L Fran Ois De Translator

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Ebook has 1247 lines and 51773 words, and 25 pages

--Ils n'ont pas pris leur d?jeuner! s'exclama M?? Peterkins en regardant l'Espagnol: il semble affam?! Qu'allons-nous faire?

Elisabeth-Elisa courut consulter son p?re. Qu'allaient-ils faire? Comment leur faire comprendre qu'ils ?taient invit?s ? donner une le?on et non au lunch? Elisabeth-Elisa pria Agamemnon de chercher le mot <> dans le dictionnaire . H?las! ils s'aper?urent que ce mot voulait ? la fois dire apprendre et enseigner! Qu'allaient-ils faire?

Les ?trangers se tenaient maintenant assis silencieux dans leur coin respectif. L'Espagnol paraissait de plus en plus bl?me. Allait-il donc s'?vanouir? Le Fran?ais tortillait et effilait ses moustaches en regardant l'Allemand. Que faire si le Russe venait ? attaquer le Turc et si l'air narquois du Parisien finissait par exasp?rer l'Allemand?

--Il faut leur donner quelque chose ? manger, dit M. Peterkins ? voix basse; cela les calmera.

--Si seulement je savais ce qu'ils ont l'habitude de manger! continua M?? Peterkins.

Salomon-John sugg?ra qu'aucun des professeurs ne savait ce que son voisin avait l'habitude de manger: on pouvait donc leur offrir n'importe quoi.

M?? Peterkins se montra plus hospitali?re que son fils, et d?clara qu'Amanda pourrait pr?parer du bon caf?. M. Peterkins proposa un plat am?ricain. Salomon-John envoya un des jeunes gar?ons chercher des olives.

Bient?t on servit le caf? et un plat de f?ves bouillies; peu apr?s arriv?rent les olives, le pain, des oeufs ? la coque et quelques bouteilles de bi?re. L'effet fut prodigieux! Chaque individu se mit ? parler sa propre langue avec volubilit?; M?? Peterkins versa du caf? ? l'Espagnol qui s'inclina avec gr?ce. Tous aimaient la bi?re, tous aussi les olives.

Le Fran?ais s'?tendit longuement sur <>. Elisabeth-Elisa supposa qu'il faisait allusion ? l'absence de nappe sur la table. Le Turc souriait, le Russe parlait avec animation. Au milieu du brouhaha produit par ces diff?rentes langues, M. Peterkins r?p?tait d'un air navr?:

--Comment leur ferons-nous donc comprendre qu'ils doivent nous donner des le?ons?

Au m?me instant la porte s'ouvrit et donna passage ? la parente de Philadelphie qui, arriv?e le jour m?me, venait faire sa premi?re visite.

En entendant le bruit tumultueux de ces diff?rentes conversations, elle recula d'effroi. La famille se pr?cipita au-devant d'elle avec joie. Tous en m?me temps lui demand?rent de leur servir d'interpr?te aupr?s des professeurs. Pouvait-elle leur venir en aide? Pouvait-elle expliquer aux ?trangers qu'on attendait d'eux des le?ons? Des le?ons! A peine avaient-ils prononc? ce mot que leurs h?tes se dress?rent tous comme un seul homme, la face rayonnante de joie. C'?tait le seul mot anglais que tous connaissaient. Ils ?taient venus ? Boston pour <>. Le voyageur russe esp?rait ainsi apprendre l'anglais. Cette id?e de le?on semblait leur plaire plus que le d?jeuner. Assur?ment, ils donneraient bien volontiers des le?ons. Le Turc sourit ? cette perspective. La glace ?tait rompue: les professeurs savaient maintenant qu'on attendait d'eux des le?ons.

PERCE, MON AMI, PERCE!

Je prie le lecteur de vouloir bien jeter les yeux sur les vers suivants et de me dire s'il leur trouve vraiment un caract?re pernicieux:

Je trouvai ces vers dans un journal, il y a quelque temps, et les relus deux ou trois fois. A partir de cet instant, ils prirent possession de mon cerveau. Pendant tout le temps du d?jeuner, leur cadence se r?percuta dans ma t?te, si bien qu'? la fin du repas, lorsque je roulai ma serviette, je fus incapable de savoir si j'avais mang? ou non. La veille, je m'?tais trac? mon programme de travail pour le jour suivant: un drame poignant dans la nouvelle que j'?cris en ce moment.

Je me retirai chez moi pour composer ma trag?die; je pris ma plume, mais mon esprit obs?d? r?p?ta comme un refrain: <> Je luttai de toutes mes forces pendant une heure, mais ce fut peine perdue. <>, etc.;--ces vers bourdonn?rent ? mes oreilles sans tr?ve ni rel?che.

C'?tait pour moi une journ?e perdue, je ne le comprenais que trop maintenant. Je renon?ai ? mon travail et pris le parti de faire un tour en ville; mais ? peine sur le trottoir, je m'aper?us que mes pieds marquaient la cadence de ces maudits vers. N'y tenant plus, je ralentis le pas; mais rien n'y fit: le rythme de ces vers s'accommoda de ma nouvelle allure et continua ? me poursuivre.

Deux jours plus tard, un samedi matin, je me levai plus mort que vif et sortis pour retrouver un ami tr?s appr?ci? de moi, le R?v?rend M., auquel j'avais donn? rendez-vous pour visiter la tour de Talcott, distante de plus de dix milles. Mon ami me regarda sans me poser la moindre question. Nous part?mes; suivant son habitude, M. parla comme un moulin ? vent. Je ne lui r?pondais pas, car je n'entendais rien. Au bout d'un mille, M. me demanda:

--<>

D'un air lugubre, sans enthousiasme, je lui r?pondis: <>

Mon ami me regarda froidement, parut tr?s perplexe et ajouta:

--Je ne saisis pas ce que vous voulez dire, Mark. Votre r?ponse ne contient rien qui me paraisse particuli?rement triste et pourtant la fa?on dont vous venez de prononcer ces paroles, le son path?tique de votre voix me frappent p?niblement. Qu'avez-vous donc?>>

--Oh! r?veillez-vous, r?veillez-vous, je vous en prie; ne dormez pas toute la journ?e. Nous voici arriv?s ? la tour, mon cher. J'ai parl? comme une pie-borgne pendant toute cette promenade sans obtenir de vous une r?ponse; regardez donc ce magnifique paysage d'automne! Vous qui avez voyag?, vous devez pouvoir faire des comparaisons. Voyons, donnez-moi votre opinion, que pensez-vous de ce point de vue?

Le R?v?rend M. s'arr?ta net et d'un air tr?s grave me contempla des pieds ? la t?te, puis ajouta:

Je repris le vers depuis le commencement et lui r?citai la tirade compl?te. Le visage de mon ami s'illumina:

--Quelle charmante et ?trange consonnance! me r?pondit-il, on dirait de la musique; quel agr?able rythme! Je crois avoir attrap? la cadence; voulez-vous me r?p?ter ces vers encore une fois et je les saurai compl?tement par coeur.

Je lui redis mes vers; M. les r?p?ta en commettant une l?g?re erreur que je rectifiai; apr?s la troisi?me audition, il les dit parfaitement bien. A ce moment il me sembla qu'un lourd fardeau venait de d?gringoler de mes ?paules; mon cerveau se sentit d?barrass? de ce torturant refrain et j'?prouvai une profonde sensation de repos et de bien-?tre. Mon coeur ?tait si l?ger que je me pris ? chanter pendant une demi-heure, tandis que nous rentrions doucement chez nous. Ma langue d?li?e se mit ? parler sans discontinuer pendant une grande heure; les paroles coulaient de ma bouche comme l'eau d'une fontaine. Au moment de prendre cong? de mon ami, je lui serrai la main et lui dis:

--Quelle royale promenade nous venons de faire! Mais je constate que depuis deux heures vous ne n'avez pas adress? la parole. Voyons, parlez, ? votre tour, racontez-moi quelque chose.

J'?prouvai une cruelle angoisse et pensai en moi-m?me: <>--Je ne vis plus le R?v?rend M. pendant deux ou trois jours. Mardi soir, il apparut de nouveau devant moi et se laissa tomber comme une masse dans un fauteuil; il ?tait p?le, abattu, horriblement d?prim?. Levant sur moi ses yeux ?teints il me dit:

--Ah! Mark, quelle horrible d?couverte j'ai faite en apprenant vos vers! Ils me poursuivent comme un cauchemar nuit et jour, heure par heure, sans la moindre tr?ve. Depuis que je vous ai vu, j'ai souffert mort et passion. Appel? samedi soir, par t?l?gramme, je pris le train de nuit pour Boston: un de mes meilleurs amis venait de mourir et sa famille me priait de prononcer son ?loge fun?bre. Je m'assis dans mon compartiment et essayai d'?laborer le plan de mon discours. Il me fut impossible d'aller plus loin que la premi?re phrase, car, ? peine le train venait-il de s'?branler en faisant entendre le monotone <> des roues, que vos vers odieux martel?rent mes oreilles avec ce bruit de roues pour accompagnement. Pendant une heure, je restai assis dans mon coin et pronon?ai une syllabe de ces vers ? chaque claquement distinct des roues.

Un violent mal de t?te ?treignit mon cr?ne; j'eus l'impression que je deviendrais fou si je restais plus longtemps assis ? ma place. Je me d?shabillai donc et gagnai ma couchette. Je m'y ?tendis. Vous devinez ce qui se passa:

Impossible de fermer l'oeil. En arrivant ? Boston j'?tais fou ? lier. Ne me demandez pas comment se pass?rent les fun?railles. Je fis de mon mieux, mais chacune de mes p?riodes graves et solennelles commen?a et finit invariablement par: <> Pour comble de malheur, j'adoptai dans mon ?loge fun?bre la cadence ondul?e de ces vers n?fastes et je vis, ? ma grande stupeur, les auditeurs distraits, compl?tement absorb?s, battre la mesure en dodelinant de leurs stupides t?tes. Vous me croirez si vous voulez, Mark, mais avant la fin de mon discours, l'assembl?e tout enti?re, y compris les parents du d?funt, ses amis et les indiff?rents, hochaient placidement la t?te ? l'unisson de mes paroles.

Lorsque j'eus fini, je m'enfuis dans la sacristie, exasp?r? au plus haut point; l? je rencontrai une vieille demoiselle tr?s ?g?e, tante du d?funt, qui ?tait arriv?e de Springfield trop tard pour p?n?trer dans l'?glise. Elle me dit en sanglotant:

--Oh! il est parti, c'est fini! Et je n'ai pas pu le voir avant sa mort.

--Oui, fis-je, il est parti, il est parti, il est parti!...

--Oh! vous l'aimiez bien, vous! Vous l'aimiez tant!

--J'aimais qui?

--Mais mon pauvre Georges, mon pauvre neveu!

--Lui! Oh! oui, certainement... certainement. <>--Quelle mis?re!

--Merci, monsieur, merci pour ces bonnes paroles; sa mort me fait tellement souffrir. Avez-vous assist? ? ses derniers moments?

--Oui, je...--derniers moments de qui?

--De notre cher d?funt.

--Oh! oui--oui--oui. Je le suppose.--Je le crois bien! oh! oui, certainement j'?tais l?, j'?tais l?.

--Quelle douce consolation! Rapportez-moi ses derni?res paroles. Qu'a-t-il dit?

Mon ami me regarda alors avec des yeux d?sesp?r?s et me dit avec une expression touchante:

Ce murmure s'?teignit peu ? peu; mon ami tomba dans une douce extase qui apporta ? ses souffrances un r?pit bienfaisant.

Pour le pr?server d'une entr?e imminente ? l'asile des ali?n?s, je le conduisis ? l'Universit? la plus proche, et l?, il put d?charger le p?nible fardeau de ses rimes obs?dantes dans les oreilles des pauvres ?tudiants. Qu'est-il arriv? ? ces ?tudiants? Je pr?f?re me taire et ne pas faire conna?tre le triste r?sultat de cette transmission.

Pourquoi ai-je ?crit cet article? C'est dans un but ?lev? et tr?s louable; c'est pour vous avertir, lecteurs, que si quelque jour vos yeux rencontrent ces rimes impitoyables, vous devez les fuir plus que la peste.

POURQUOI J'?TRANGLAI MA CONSCIENCE

Je me sentais de bonne humeur, presque joyeux. J'approchai une allumette de mon cigare et juste ? ce moment on m'apporta le courrier du matin. Sur la premi?re enveloppe qui me tomba sous les yeux, je reconnus une ?criture qui me donna un frisson de plaisir. C'?tait une lettre de ma tante Marie; cette ch?re tante, je l'aimais et la v?n?rais plus que n'importe qui au monde. Elle avait ?t? l'idole de mon enfance. La maturit?, d'ordinaire si fatale ? certains enthousiasmes, n'avait pas ?t? capable de d?loger ma tante de son pi?destal. Pour vous donner une id?e de la grande influence qu'elle exer?ait sur moi, je vous avouerai que tandis que tous les autres s'?vertuaient inutilement ? me supplier de moins fumer, tante Marie savait seule ?mouvoir ma conscience engourdie lorsqu'elle abordait ce sujet d?licat. Mais tout a une limite ici-bas. Un jour heureux vint enfin, o? m?me les admonestations de tante Marie ne surent plus m'?mouvoir.

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