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Read Ebook: Ma captivité en Abyssinie ...sous l'empereur Théodoros by Blanc Henry

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Ebook has 536 lines and 105914 words, and 11 pages

MA CAPTIVIT? EN ABYSSINIE SOUS L'EMPEREUR TH?ODOROS

PAR

LE DR H. BLANC

CHIRURGIEN DE L'ARM?E ANGLAISE AUX INDES

Ouvrage traduit de l'anglais par Madame ARBOUSSE-BASTIDE

AVEC DES D?TAILS SUR L'EMPEREUR TH?ODOROS

SA VIE, SES MOEURS, SON PEUPLE, SON PAYS

PR?FACE DE L'AUTEUR

J'entreprends la t?che d'?crire le r?cit de notre captivit? en Abyssinie, afin de satisfaire la curiosit? naturelle qui m'a ?t? t?moign?e par un grand nombre de connaissances et d'amis d?sireux d'obtenir des d?tails tant sur les causes m?mes de cette captivit? que sur la mani?re dont nous avons ?t? trait?s, les ?v?nements de notre vie quotidienne, et le caract?re et les habitudes de l'empereur Th?odoros.

J'ai essay? de donner une esquisse exacte de la carri?re de ce souverain, ainsi qu'une description de son pays et de son peuple. J'ai parl? encore de ses amis et de ses ennemis.

MA CAPTIVIT? EN ABYSSINIE

L'empereur Th?odoros.--Son ?l?vation ? l'empire et ses conqu?tes.--Son arm?e et son administration.--Causes de sa chute.--Sa personne et son caract?re.--Sa famille et sa vie priv?e.

Lij-Kassa, plus connu sous le nom de l'empereur Th?odoros, ?tait n? dans le Kouara, vers l'an 1818. Son p?re ?tait un noble d'Abyssinie, et son oncle, le c?l?bre Dejatch Comfou, pendant plusieurs ann?es, avait gouvern? les provinces de Dembea, Kouara, Ischelga, etc., etc. A la mort de son oncle, Lij-Kassa fut nomm? par la m?re de Ras-Ali, Waizero Menen, gouverneur de Kouara. Mais m?content de ce poste qui n'offrait qu'un petit champ ? son ambition, il se d?gagea de son serment et occupa la ville de Dembea, capitale de la province de ce nom. Plusieurs g?n?raux furent envoy?s pour ch?tier le jeune soldat; mais tant?t il ?vitait leurs poursuites et tant?t battait leurs troupes. Toutefois sur la promesse solennelle qu'il serait bien re?u, il revint au camp de Ras-Ali. Ce chef tr?s-bienveillant, mais faible, eut la pens?e de rattacher ? sa cause le jeune chef rebelle en lui donnant sa fille Tawaritch, qui ?tait d'une grande beaut?. Lij-Kassa revint ? Kouara et pendant quelque temps parut fid?le ? sa souveraine. Il fit plusieurs exp?ditions de pillage dans le bas pays, mit ? feu et ? sang les huttes des Arabes, et revint toujours de ces exp?ditions tra?nant apr?s lui des bandes de prisonniers et d'esclaves, et des troupeaux de b?tail.

Les succ?s de Kassa, le courage qu'il manifesta en toute occasion, la vie sobre qu'il menait et l'affection qu'il montrait ? ceux qui servaient sa cause, rassembl?rent bient?t autour de lui une bande de vagabonds hardis et entreprenants. D'un caract?re ambitieux, il forma d?s lors le projet de se tailler un empire dans ces plaines si fertiles qu'il avait si souvent d?vast?es. Elev? dans un couvent, il avait ?tudi? les sujets th?ologiques, mais il s'?tait particuli?rement rendu famili?re l'histoire de l'Abyssinie. Son ?ducation, sup?rieure ? celle de son entourage, exer?a une grande influence sur son avenir. Tous ses rapports avec les autres hommes avaient un caract?re religieux, et il ?tait profond?ment p?n?tr? de l'id?e, que la race musulmane ayant, depuis des si?cles, empi?t? sur les pays chr?tiens, le but de sa vie devait ?tre d?sormais le r?tablissement de l'ancien empire d'Ethiopie. Sollicit? ? la fois par son ambition et son fanatisme, il s'avan?a dans la direction de K?daref, ? la t?te de 16,000 guerriers; mais il connut bient?t la sup?riorit? d'une petite troupe bien arm?e et bien conduite, sur de nombreuses bandes indisciplin?es. Pr?s de K?daref, il se trouva face ? face avec ses mortels ennemis, les Turcs, qui n'?taient qu'une poign?e, mais encore trop nombreux pour lui; car, au premier choc, ses soldats furent d?moralis?s et battus. Il dut, pour quelque temps au moins, renoncer ? son r?ve ch?ri.

Au lieu de retourner au si?ge du gouvernement, il fut oblig?, ? cause d'une grave blessure re?ue pendant le combat, de s'arr?ter sur les fronti?res du Dembea. De son camp, il informa sa belle-m?re de l'?tat dans lequel il se trouvait, la priant de lui envoyer une vache . Waizero Menen, qui avait toujours d?test? Kassa, saisit avec empressement l'occasion que lui offrait l'humble condition dans laquelle ce dernier ?tait tomb? pour abaisser son orgueil, et an lieu d'une vache, elle lui fit parvenir un petit morceau de viande, accompagn? d'un message insultant. Pr?s de la couche du chef bless?, se tenait la courageuse compagne qui avait partag? ses infortunes, la femme qu'il aimait. A l'ou?e du message ironique de la reine, son sang bouillant de Galla s'enflamma et elle fut prise d'une grande indignation. Elle se leva et dit ? Kassa qu'elle aimait les braves, mais qu'elle d?testait les poltrons, et qu'elle ne resterait pas aupr?s de lui s'il ne vengeait cette insulte dans le sang. Ces paroles passionn?es tomb?rent dans des oreilles bien pr?par?es pour les recevoir, et la soif de la vengeance p?n?tra dans le coeur de Kassa. Aussit?t qu'il eut recouvr? assez de forces, il retourna ? Kouara et se proclama ouvertement ind?pendant.

Ras-Ali lui enjoignit une seconde fois de rentrer ? sa cour; mais la sommation fut renvoy?e avec un refus cruel. Plusieurs officiers furent exp?di?s pour forcer Kassa ? se soumettre, mais le jeune commandant battit facilement tous ces envoy?s; tandis que leurs compagnons d'armes, charm?s par les mani?res insinuantes du jeune chef et all?ch?s par ses splendides promesses, s'enr?laient sous les drapeaux de Kassa. La femme de ce dernier exer?ait toujours une grande influence sur lui, lui montrant qu'il pouvait ais?ment s'emparer du pouvoir supr?me; et, comme il h?sitait encore, elle le mena?a de l'abandonner. Kassa ne r?sista pas plus longtemps; il marcha vers Godjam, entra?nant tout sur son passage. La bataille de Djisella, livr?e en 1853, d?cida du sort de Ras-Ali. Son arm?e ?tait ? peine engag?e qu'une terreur panique saisit ses soldats, et Ras-Ali abandonna le champ de bataille avec un corps de 500 cavaliers, tandis que le reste de ses troupes allait grossir les rangs du conqu?rant. Au bout de peu d'ann?es, de Shoa ? Metemma, de Godjam ? Bagos, tout tremblait devant l'empereur Th?odoros et ob?issait ? son commandement. Pour consacrer son nouveau titre, il d?sira se faire couronner; ce fut apr?s la bataille de Deraski?, livr?e en f?vrier 1855, qui lui soumettait le Tigr? et r?duisait son plus formidable ennemi Dejatch Oubi?. Apr?s cette nouvelle victoire, Th?odoros tourna ses armes redout?es contre les Wallo-Gallas; il occupa lui-m?me Magdala; il ravagea et d?truisit si compl?tement les riches plaines des Gallas, qu'en d?sespoir de cause, plusieurs des chefs de ces tribus entr?rent dans les rangs de son arm?e et tourn?rent leurs armes contre leurs concitoyens. Non-seulement, le nouvel empereur voulait venger la longue oppression des chr?tiens depuis si longtemps victimes des fr?quentes incursions des Gallas, mais il voulait aussi humilier l'esprit hautain de ces hordes. Malheureusement, au fa?te de son ambition, il perdit sa courageuse et bien-aim?e femme. Il sentit profond?ment son malheur. Elle avait ?t? son fid?le conseiller, la compagne ins?parable de sa vie aventureuse, l'?tre qu'il avait le plus aim?; et tant qu'il v?cut, il ch?rit sa m?moire. En 1866, un de ses partisans m'ayant suppli?, en sa pr?sence, de demeurer quelques jours aupr?s de sa femme mourante, Th?odoros baissa la t?te et pleura au souvenir de la sienne morte depuis plusieurs ann?es et qu'il avait aim?e si profond?ment.

La carri?re de Th?odoros peut se diviser en trois p?riodes distinctes: la premi?re, de son enfance jusqu'? la mort de sa premi?re femme; la seconde, depuis la chute de Ras-Ali jusqu'? la mort de M. Bell; la troisi?me depuis ce dernier ?v?nement jusqu'? sa propre mort. La premi?re p?riode que nous avons d?crite fut la p?riode des promesses; la seconde, qui s'?tend de 1853 ? 1860, renferme bien des choses louables dans la conduite de l'empereur, quoique plusieurs de ses actions soient indignes de la premi?re partie de sa carri?re. De 1860 ? 1866, il semble avoir abandonn? petit ? petit toute retenue, au point de se rendre remarquable par sa luxure et ses cruaut?s inutiles. Ses principales guerres, pendant la seconde p?riode, furent dirig?es contre Dejatch Goscho-Beru, gouverneur de Godjam, contre Dejatch-Oubi?, qu'il vainquit, ainsi que nous l'avons d?j? racont? ? la bataille de Deraski?, et enfin contre les Wallo-Gallas. Toutefois, il se montra encore magnanime, et bien qu'il fit prisonniers plusieurs chefs importants, il leur promit de les rel?cher aussit?t que son empire serait enti?rement pacifi?.

En 1860, il marcha contre son cousin Garad, le meurtrier du consul Plowden, et il eut les honneurs de la journ?e; mais il perdit son meilleur ami et son conseiller, M. Bell, qui sauva la vie de l'empereur en sacrifiant la sienne. En janvier 1861, Th?odoros s'avan?a avec des forces accablantes contre un puissant rebelle, Agau N?goussi?, qui s'?tait rendu ma?tre de tout le nord de l'Abyssinie; par son habile et intelligente tactique, il abattit son adversaire, mais il ternit sa victoire par d'horribles cruaut?s et par des violations de la foi jur?e. Il fit couper les pieds et les mains ? Agau N?goussi?, et quoique celui-ci ait souffert encore bien des jours, le cruel empereur lui refusa toujours une goutte d'eau pour rafra?chir ses l?vres enfi?vr?es. Sa cruelle vengeance ne s'arr?ta pas l?. Plusieurs des chefs compromis, qui s'?taient soumis sur la promesse solennelle d'une amnistie, furent livr?s aux mains du bourreau ou envoy?s charg?s de cha?nes pour languir toute leur vie dans quelque prison de province. Pendant pr?s de trois ans, l'autorit? de Th?odoros fut reconnue par tout le pays. Une petite poign?e de rebelles s'?taient bien lev?s ici et l?, mais ? l'exception de Tadla Gwalu, qui ne put ?tre chass? de sa forteresse, dans le sud du Godjam, tous les autres ne furent que de peu d'importance et ne troubl?rent nullement la tranquillit? de son r?gne.

Quoique conqu?rant et dou? du g?nie militaire, Th?odoros fut mauvais administrateur. Pour attacher de nouveaux soldats ? sa cause, il leur prodigua d'immenses sommes; il fut alors forc? d'imposer ? ses sujets des imp?ts exorbitants, ?puisant ainsi le pays de ses derni?res ressources, afin de satisfaire ses rapaces compagnons. A la t?te d'une puissante arm?e, effray? ? la pens?e de cong?dier tous ses hommes, il se sentit entra?n? ? ?tendre ses conqu?tes. Le r?ve de ses plus jeunes ans devint une id?e fixe, et il se crut appel? de Dieu ? r?tablir, dans sa premi?re grandeur, le vieil empire ?thiopien.

Il ne pouvait toutefois oublier qu'il ?tait incapable de se battre, avec les forces dont il disposait, contre les troupes bien arm?es et disciplin?es de ses ennemis; il se souvenait trop bien de sa d?faite ? K?daref; il songea donc ? obtenir ce qu'il d?sirait par la diplomatie. Il avait appris par M. Bell, M. Plowden et d'autres ?trangers, que la France et l'Angleterre ?taient fi?res de la protection qu'elles accordaient aux chr?tiens dans toutes les parties du monde. Il ?crivit alors aux souverains de ces deux pays, les invitant ? se joindre ? lui dans une croisade contre la race musulmane. Quelques passages choisis de sa lettre ? la reine d'Angleterre prouveront l'exactitude de cette assertion: <> Il mentionne la mort de M. Plowden et de M. Bell, et il ajoute: <> Il conclut en disant: <>

L'arm?e de Th?odoros ? cette ?poque ?tait compos?e de cent ? cent cinquante mille hommes, et si l'on compte quatre serviteurs par soldat, son camp devait se composer environ de cinq ? six cent mille personnes. En admettant que la population de l'Abyssinie f?t de 3 millions d'?mes, il fallait donc qu'un quart de cette population f?t pay?e, nourrie, v?tue par le reste des habitants.

Pendant quelques ann?es, le prestige de Th?odoros ?tait tel, que cette terrible oppression fut tranquillement accept?e; ? la fin cependant les paysans, ? moiti? affam?s et ? demi-v?tus, trouvant qu'avec tous leurs sacrifices ils ?taient loin de satisfaire ? l'accroissement journalier des exigences d'un si terrible ma?tre, abandonn?rent leurs plaines fertiles, et, sous la conduite de quelques-uns des chefs qui restaient encore, ils se retir?rent sur les plateaux ?lev?s ou s'enferm?rent dans des vall?es perdues. A Godjam, Walkait, Shoa et dans le Tigr?, la r?bellion ?clata simultan?ment. Th?odoros avait abandonn? depuis quelque temps son id?e de conqu?te ? l'?tranger, et il avait fait tout son possible pour ?craser l'esprit de r?bellion de son peuple. Tandis que les provinces rebelles ?taient mises an pillage, les paysans, prot?g?s par leurs hautes montagnes, ne purent ?tre attaqu?s; ils attendirent tranquillement le d?part de l'envahisseur, et puis retourn?rent ? leurs huttes d?sol?es, cultivant juste ce qu'il leur fallait pour vivre. C'est ainsi que, ? quelques exceptions pr?s, les paysans ?vit?rent la vengeance terrible de leur nouvel empereur. Son arm?e eut bient?t ? souffrir de cette fa?on de guerroyer. Le nombre des provinces ? d?vaster diminuait d'ann?e ? ann?e; une grande famine ?clata; d'immenses territoires, tels que ceux de Dembea, de Gondar, le grenier et le centre de l'Abyssinie, apr?s avoir ?t? pill?s, ne furent plus cultiv?s. Les soldats, autrefois bien entretenus, r?daient maintenant ? demi affam?s et mal v?tus, ayant perdu toute confiance dans leurs chefs, les d?sertions devinrent nombreuses, et plusieurs retourn?rent dans leurs provinces natales se joindre au nombre des m?contents.

La chute de Th?odoros fut plus rapide que son ?l?vation. Il ne fut jamais vaincu sur le champ de bataille; car depuis l'exemple de N?goussi?, personne n'osa lui r?sister; mais il ?tait impuissant contre la passivit? et la tactique ? la Fabius de leurs chefs. Ne se fixant jamais, toujours en marche, son arm?e diminuait de force de jour en jour. Il allait de province en province, mais en vain: tout disparaissait ? son approche. Il n'y avait pas d'ennemis; mais il n'y avait pas de nourriture! A la fin, pouss? ? la derni?re extr?mit?, il n'eut d'autre alternative, pour conserver quelques restes de son ancienne arm?e, que de piller les provinces qui lui ?taient rest?es fid?les.

Lorsque je rencontrai pour la premi?re fois Th?odoros, en janvier 1866, il devait avoir environ quarante-huit ans. Il avait le teint plus noir que la plupart de ses concitoyens, le nez l?g?rement courb?, la bouche grande et les l?vres si minces, qu'elles ?taient ? peine visibles. De taille moyenne, bien pris, vigoureux plut?t que musculeux, il excellait dans les exercices ? cheval, dans l'usage de la lance, et ? pied fatiguait ses plus hardis compagnons. L'expression de ses yeux noirs, ? demi ferm?s, ?tait ?trange; s'il ?tait de bonne humeur, cette expression ?tait tendre, accompagn?e d'une douce timidit? de gazelle, qui le faisait aimer; mais lorsqu'il ?tait en col?re, ses yeux farouches et inject?s de sang semblaient lancer du feu. Dans ses moments de violente passion, sa personne enti?re ?tait effrayante: son visage noir prenait une teinte cendr?e, ses l?vres minces et comprim?es ne tra?aient qu'une ligne l?g?re autour de sa bouche, ses cheveux noirs se h?rissaient, et sa mani?re d'agir tout enti?re ?tait un terrible exemple de la plus sauvage et de la plus ingouvernable fureur.

De plus, il excellait dans l'art de tromper ses compagnons. Peu de jours avant sa mort, quand nous le rencontr?mes, il avait encore toute la dignit? d'un souverain, l'amabilit? et la bonne ?ducation du gentleman le plus accompli. Son sourire ?tait si attrayant, ses paroles ?taient si douces et si persuasives, qu'on ne pouvait croire que ce monarque si affable f?t un fourbe consomm?.

Une chose ?trange, c'est que Th?odoros pr?f?rait pour son service personnel, ceux qui avaient servi des Europ?ens. Son laquais, le seul qui soit rest? avec lui jusqu'? la fin, avait ?t? serviteur de Barroni, vice-consul ? Massowah. Un autre, un jeune homme nomm? Paul, ?tait un ancien serviteur de M. Walker, d'autres encore avaient ?t? au service de MM. Plowden, Bell et Cameron. A l'exception de son valet, qui ?tait assid?ment aupr?s de lui, les autres, quoique demeurant dans la m?me enceinte, ?taient plus sp?cialement charg?s du soin de ses fusils, de ses sabres, de ses lances, de ses boucliers, etc. Il avait aussi autour de lui un grand nombre de pages; non pas, je crois qu'il r?clam?t souvent leur pr?sence; mais c'?tait un honneur qu'il donnait aux chefs auxquels il confiait certains commandements ou le gouvernement de quelque province ?loign?e. Tout le service de la maison ?tait confi? ? des femmes. Elles cuisaient, elles charriaient l'eau et le bois, elles nettoyaient la tente ou la hutte de Th?odoros, selon qu'elles en avaient besoin. La plupart d'entre elles ?taient des esclaves, qu'il avait enlev?es ? un marchand d'esclaves, au temps m?me o? il faisait de vaillants efforts pour mettre un terme ? la traite des noirs. Une fois par semaine, ou plus souvent selon le cas, un officier sup?rieur et son r?giment avaient l'honneur de proc?der, dans le ruisseau le plus rapproch?, an lavage du linge de l'empereur, ainsi qu'? celui de la maison imp?riale. Personne, pas m?me le plus petit page, ne pouvait, sous peine de mort, p?n?trer dans son harem. Il avait un grand nombre d'eunuques, la plupart ?taient des Gallas; des soldats ou des chefs qui avaient subi la mutilation que les Gallas infligent ? leurs ennemis bless?s. La reine, ou la favorite du moment, avait une tente ou une maison ? elle; et plusieurs eunuques la servaient; la nuit venue, ces serviteurs couchaient ? la porte de sa tente, et ?taient responsables de la vertu de la dame confi?e ? leur soin. Quant ? ses autres femmes, qui furent autrefois l'objet de ses vives et passag?res affections, d?laiss?es maintenant, elles ?taient entass?es dix ou vingt ensemble dans la m?me tente ou la m?me hutte. Un ou deux eunuques et quelques femmes esclaves, ?taient tout ce qu'il accordait ? ces pauvres abandonn?es.

Th?odoros ?tait plus bigot que religieux. Avant tout, il ?tait superstitieux, et cela ? un degr? incroyable pour un homme si sup?rieur ? tous ses concitoyens. Il avait toujours avec lui plusieurs astrologues, qu'il consultait dans toutes les occasions importantes, surtout avant d'entreprendre ses exp?ditions, et dont l'influence sur lui ?tait ?tonnante. Il ha?ssait les pr?tres, m?prisait leur ignorance, d?daignait leurs doctrines et se raillait des histoires merveilleuses contenues dans leurs ouvrages; et pourtant il ne se mettait jamais en marche sans se faire accompagner d'une tente-?glise, d'une arm?e de pr?tres, de desservants, de diacres, et ne passait jamais devant une ?glise sans en baiser le seuil.

C'?tait un mari tr?s-jaloux, que l'empereur Th?odoros. Non-seulement il prenait les pr?cautions que j'ai mentionn?es plus haut, mais il ne permettait jamais que la reine ou d'autres de ses femmes voyageassent avec le camp, except? cependant les derniers mois de sa vie, et lorsqu'il ne pouvait faire autrement. Il marchait toujours de nuit bien cach?, et accompagn? d'une forte garde d'eunuques. Malheur ? celui qui les rencontrait sur la route, et qui ne se h?tait pas de leur tourner le dos jusqu'? ce qu'ils fussent pass?s! Une fois, un soldat, qui ?tait de garde, se glissa pr?s de la tente de la reine, et s'enhardissant dans les t?n?bres de la nuit, il murmura ? l'une des servantes la demande d'un verre de tej. La servante le lui fit passer par-dessous la tente. Malheureusement il fut aper?u par un des eunuques, qui le saisit et l'amena imm?diatement aupr?s de Sa Majest?. Apr?s avoir entendu le r?cit de cette aventure, Th?odoros, qui ?tait par bonheur bien dispos? en ce moment, demanda an coupable s'il aimait passionn?ment le tej; le pauvre malheureux tout tremblant r?pondit que oui.--<> L'empereur Th?odoros, qui avait une grande connaissance des femmes de son pays, ?tait convaincu que ces pr?cautions n'?taient pas inutiles. Dans l'une de ses visites ? Magdala, l'un des chefs de cette province, se plaignit ? lui de ce qu'on avait trouv?, dans la chambre de sa femme, un des officiers de la maison de l'empereur. Th?odoros se mit ? rire et lui dit: <>

Tout le temps que v?cut sa premi?re femme, Th?odoros non-seulement eut une conduite exemplaire, mais il ne souffrit jamais qu'aucun des officiers de sa maison ni des chefs qui ?taient aupr?s de lui v?cussent dans le concubinage. Un jour, au commencement de 1860, Th?odoros aper?ut, dans une ?glise, une belle jeune fille, priant silencieusement sa patronne, la Vierge Marie. Frapp? de sa modestie et de sa beaut?, il s'enquit d'elle et apprit qu'elle ?tait la fille unique de Dejatch Oubi?, prince du Tigr?, son ancien rival, qu'il avait d?tr?n? et qui ?tait en ce moment son prisonnier. Il demanda sa main et re?ut un refus poli. La jeune fille d?sirait se retirer dans un couvent et se consacrer au service de Dieu. Th?odoros n'?tait pas un homme ? se laisser facilement contrarier dans ses d?sirs. Il proposa ? Oubi? de le mettre en libert?, ? la seule condition qu'il le retiendrait comme officier, et que le prince userait de son influence pour d?cider sa fille ? accepter la main de Th?odoros. A la fin, Waizero Terunish se sacrifia pour le bien de son vieux p?re, et accepta la main d'un homme qu'elle ne pouvait pas aimer. Cette union fut malheureuse; Th?odoros, ? son grand d?sappointement, ne trouva pas, dans cette seconde femme, la fervente affection, l'aveugle d?vouement qu'il avait rencontr? dans la compagne de sa jeunesse. Waizero Terunish ?tait fi?re, et elle consid?ra toujours son mari comme un parvenu. Elle ne lui t?moigna jamais ni respect ni affection. Th?odoros, ainsi qu'il en avait l'habitude du vivant de sa premi?re femme, se retirait toutes les apr?s-midi, lorsqu'il ?tait ennuy? et fatigu?, dans la tente de la reine, mais il n'y trouva pas un cordial accueil. Le regard de sa femme ?tait froid et plein d'arrogance, et elle alla jusqu'? le recevoir sans la courtoisie ordinaire due ? son rang. Un jour m?me elle eut l'air de ne pas l'apercevoir, ne lui offrit pas de si?ge, et lorsqu'il s'informa de sa sant?, elle ne daigna pas lui r?pondre. Elle tenait, en ce moment, un livre de Psaumes dans ses mains, et lorsque Th?odoros lui demanda pourquoi elle ne lui r?pondait pas, elle r?pliqua avec calme et sans d?tourner les yeux de dessus son livre: <>

Bien que Th?odoros ait eu plusieurs enfants, Alamayou est le seul l?gitime. Le plus ?g? de tous ses enfants est un gar?on d'environ vingt-deux ans, appel? le prince Meshisho; il est gros, m?chant et paresseux. Quoique Th?odoros nous l'ait pr?sent? ? Zag? pour qu'il devint ami des Anglais, cependant il ne l'aimait pas. Ce jeune homme ?tait si diff?rent de Th?odoros, que celui-ci avait dout? s?rieusement qu'il f?t son fils. Ses cinq ou six autres enfants, issus de ses relations ill?gitimes avec ses concubines, r?sidaient ? Magdala et ?taient ?lev?s dans le harem. Il s'?tait fort peu enquis d'eux: mais toutes les fois qu'il passait ? Magdala, il envoyait chercher Alamayou et passait des heures enti?res ? jouer avec lui. Quelques jours avant sa mort, il le pr?senta ? M. Rassam en disant: <> Puis ? la fin de l'audience, il l'envoya pour nous accompagner jusqu'? notre quartier.

Apr?s la prise de Magdala, Waizero Terunish et Waizero Tamagno sa rivale furent envoy?es ? notre premi?re prison, o? elles furent prot?g?es et trait?es avec sympathie. Il m'?chut en partage de les recevoir a leur arriv?e; et je fis mes efforts pour leur inspirer toute confiance, apaiser leur terreur, et les assurer que sous le pavillon britannique, elles seraient trait?es avec honneur et respect.

C'?tait le 13 avril 1866 que Th?odoros, alors puissant, nous avait tra?treusement arr?t?s dans sa propre maison; et chose ?trange, ce fut le 13 avril, deux ans plus tard, que son corps fut port? dans notre tente, pendant que sa femme et sa favorite recevaient l'hospitalit? sous le toit de ceux m?mes qu'il avait si longtemps maltrait?s.

Les deux reines et le jeune Alamayou accompagn?rent l'arm?e anglaise dans sa retraite. Waizero Tamagno, d?s qu'elle put retourner prudemment chez elle a Yedjow, nous quitta avec beaucoup de t?moignages de sensibilit? et de gratitude pour toutes les bout?s et les attentions dont elle avait ?t? l'objet, surtout de la part du commandant en chef. Mais la pauvre Terunish mourut ? Aikullet. Sou fils Alamayou, fils de Th?odoros et petit-fils d'Oubi?, vient d'atteindre, orphelin et exil?, le rivage britannique, o? il est certain de trouver les ?gards et les soins affectueux dus ? son infortune.

Notes:

Shamas, v?tement bland de colon, brod? de rouge, tiss? dans le pays.

La wancha est une grande coupe de corne.

Gir?f, fouet de peau d'hippopotame.

L'injerna est une esp?ce de g?teau fait de petites graines de teff.

Brindo, boeuf cru.

L'Abyssinie semble avoir ?t?, de tout temps, un objet de fascination pour les Europ?ens. Les deux premiers, dont le nom est li? aux derni?res affaires d'Abyssinie, sont MM. Bell et Plowden, qui entr?rent dans ce pays en 1842. M. John Bell, plus connu dans ce pays sons le nom de Johannes, fut le premier attach? ? la fortune de Ras-Ali. Il prit du service sous ce prince et fut ?lev? au rang de basha ; mais il para?t que Ras-Ali ne lui accorda jamais une grande confiance. Il le tol?ra plut?t ? cause de l'amiti? que M. Bell avait inspir?e ? son ami, M. Plowden, que pour la propre personne du capitaine. Bell, peu de temps apr?s, ?pousa une jeune demoiselle d'une des meilleures familles de Begemder. Il eut trois enfants de cette union; deux filles, mari?es toutes les deux ? des serviteurs de souverains europ?ens, et un fils, qui quitta le pays en m?me temps que les captifs. Bell combattit ? c?t? de Ras-Ali ? la bataille d'Amba-Djisella, qui fut si fatale ? ce prince; mais il se retira vers la fia du combat dans une ?glise, pour y attendre, en pri?re, l'issue des ?v?nements. Th?odoros ayant eu connaissance de sa pr?sence dans le sanctuaire, lui lit dire de venir et lui promit solennellement et par serment qu'il serait trait? en ami. Bell ob?it, et d?sormais une ?troite amiti? se forma et grandit entre l'Anglais et l'empereur.

Bell se fit aimer de tous; ceux qui le connurent, et tous les Europ?ens qui p?n?tr?rent ? cette ?poque dans le pays, ?taient s?rs de trouver en lui un ami d?vou?. L'amiti? fraternelle qui unissait Bell et Plowden ne fit que cro?tre avec le temps. Lorsque Bell apprit le meurtre de son ami, il fit le serment de venger sa mort. Environ sept mois plus tard, l'empereur, marchant contre Garad, se trouva inopin?ment pr?s du lieu o? Plowden avait ?t? tu?. Th?odoros se promenait ? cheval, un peu en avant de son arm?e, avant ? ses c?t?s son fid?le chambellan, lorsqu'? l'entr?e d'un petit bois, les deux fr?res Garad apparurent tout ? coup au milieu du chemin, ? quelques pas seulement devant eux. Voyant le danger qui mena?ait son ma?tre, Bell se pr?cipita entre lui et l'ennemi, pour lui faire un rempart de son corps, puis visant avec assurance, il fit feu sur le meurtrier de son ami Plowden. Garad tomba. Mais aussit?t l'autre fr?re, qui surveillait les mouvements de l'empereur, se tourna contre Bell et lui per?a le coeur. Th?odoros fut prompt ? venger son ami, car ? peine Bell ?tait-il couch? dans la poussi?re, que son meurtrier ?tait mortellement bless? par l'empereur lui-m?me. Th?odoros ordonna que la place f?t assi?g?e, et tous les compagnons d'armes de Garad furent faits prisonniers et massacr?s de sang-froid. Th?odoros porta le deuil de son fid?le ami pendant plusieurs jours. Il perdit en lui plus qu'un vaillant chef et un hardi soldat, il perdit pour ainsi dire son royaume; car personne n'osa plus l'avertir honn?tement ni le conseiller hardiment, comme l'avait fait Bell, et personne ne jouit jamais plus de la confiance qu'il avait montr?e ? Bell, confiance si n?cessaire pour rendre les conseils profitables.

Plowden rentra en Abyssinie comme consul, en 1846. Il fut bien re?u par Ras-Ali, qui en fit son favori, et avec lequel il conclut un trait?. Ras-Ali ?tait un d?bauch?, un esprit faible: tout ce qu'il d?sirait, c'?tait qu'on le laiss?t agir ? sa guise, et, par la m?me raison, il laissait chacun autour de lui faire ce qui lui plaisait. Un jour, Plowden lui demanda la permission de dresser un ?tendard. Ras-Ali lui donna son acquiescement; mais il ajouta: <> Plowden ?leva l'?tendard britannique au-dessus du consulat; quelques heures plus tard, tout ?tait mis en pi?ces par la populace. <> Ce fut toute la consolation qu'il re?ut du gouverneur du pays. Apr?s la disgr?ce de Ras-Ali, ainsi que je l'ai d?j? racont?, Bell, qui avait accompagn? Th?odoros, ?crivait ? ses amis dans des termes pleins d'enthousiasme et d?peignait dans un langage vraiment ?loquent les qualit?s excellentes de cet homme qui grandissait, et devant lequel, selon lui, Plowden devait se pr?senter au plus t?t, attendu que le puissant capitaine serait avant peu le ma?tre de toute l'Abyssinie.

Cette r?ception de Th?odoros fut tout ? fait courtoise, mais bien diff?rente des pr?c?dentes. Th?odoros fut on ne peut plus aimable; il offrit de l'argent, mais il refusa de reconna?tre M. Plowden comme consul et ne ratifia point le trait? pass? entre Plowden et Ras-Ali. Pendant quelque temps, Plowden partagea l'enthousiasme de Bell au sujet de Th?odoros: c'?tait le r?formateur du pays; il avait introduit une certaine discipline dans son arm?e, et, selon les propres paroles de Plowden: <>

Pendant les derni?res ann?es de sa vie, l'opinion de Plowden changea compl?tement. Th?odoros ne l'aimait pas; il le craignait, et ce ne fut que par ?gard pour son ami Bell qu'il n'usa point de violence vis-?-vis de lui. Une fois, Sa Majest? pria Plowden de l'accompagner ? Magdala; arriv? au but de son voyage, Th?odoros fit appeler le chef du pays, Workite, fils de la reine de Galla, et lui demanda son avis sur son projet de charger de cha?nes Plowden. Ce prince, qui avait une grande estime pour Plowden, fit observer ? Sa Majest? qu'il lui suffisait de faire surveiller de pr?s l'?tranger, et qu'il serait ainsi moins compromis aupr?s de son prisonnier. Plowden retourna donc dans le pays d'Amhara; mais il fut, depuis lors, constamment entour? d'espions. Tout ce qu'il faisait ?tait rapport? ? l'empereur, et pendant quelque temps, sous un pr?texte ou sous un autre, il ne lui fut point permis de retourner en Angleterre. Cependant, se sentant d?courag? et sa sant? ayant ?t? ?branl?e, Plowden insista pour partir. Sa Majest? c?da ? sa requ?te; mais il l'avertit en m?me temps que les routes ?taient infest?es de rebelles et de voleurs, et l'engagea fortement ? retarder son retour. Il m'a ?t? dit, par quelqu'un de bien inform?, que Th?odoros n'accorda la demande ? Plowden, que parce qu'il ?tait persuad? que ce voyage ?tait impossible.

Toutefois Plowden confiant dans sa popularit?, et aussi dans sa prudence, partit pour retourner chez lui. A peu de distance de Gondar il fut attaqu? et fait prisonnier par un rebelle nomme Garad, cousin de Th?odoros. Il est probable qu'il aurait ?t? rel?ch? moyennant une ran?on, sans une circonstance tout ? fait malheureuse. Plowden malade et fatigu? s'?tant assis au pied d'un arbre pour se reposer, tandis que Garad lui parlait, porta la main ? son ceinturon pour prendre son mouchoir de poche, ainsi que l'a racont? son domestique; mais le chef rebelle croyant qu'il cherchait son pistolet, le frappa de la lance qu'il tenait ? la main et le blessa mortellement. Plowden fut achet? par des marchands de Gondar, mais il mourut bient?t apr?s des suites de sa blessure en mars 1860.

Pendant notre s?jour ? Kuarata, au temps o? nous ?tions en grande faveur, une copie des lettres officielles de Plowden, dat?es de l'ann?e qui avait pr?c?d? sa mort, nous furent apport?es. Comme ses impressions et son opinion ?taient chang?es! Il savait maintenant ce que valaient les belles paroles de l'empereur; il pr?voyait qu'avant peu de temps une ha?ssable tyrannie remplacerait la conduite ferme mais juste, qu'il avait autrefois tant admir?e. Je me souviens parfaitement qu'? Zag?, lorsque notre bagage nous fut apport? quelques instants apr?s notre arrestation, avec quelle h?te et quelle anxi?t? Prideaux, qui avait le manuscrit dans ses effets, ouvrit sa malle devant son lit, afin que les gardes ne pussent apercevoir le dangereux papier avant qu'il f?t d?truit.

Arriv? ? Kassala, un soir que le capitaine Cameron se trouvait chez des amis, il demanda ? ses serviteurs abyssiniens de leur montrer leur danse de guerre, quelques-uns refus?rent, d'autres consentirent, mais comme les spectateurs n'eurent pas l'air d'appr?cier cette r?jouissance, ils cess?rent bient?t. Arriv? ? Metemma, M. Cameron qui souffrait alors de la fi?vre, ?crivit ? Sa Majest? pour l'informer de son arriv?e, et lui demanda la permission de se rendre ? la station missionnaire de Djenda; ce qui lui fut accord?.

<>

Th?odoros ? ces mots prit la lettre et la d?chira ? morceaux en disant: <> Apr?s cela il fit d?livrer un sauf-conduit ? M. Lejean avec ordre de quitter imm?diatement le pays.

--L'Abouca, en faveur en ce moment, craignant quelque tentative de la part des catholiques-romains, pressa l'empereur de laisser partir M. Lejean, de peur que les Fran?ais ne trouvassent un pr?texte pour s'?tablir quelque part dans la contr?e et que leurs pr?tres n'en profitassent pour propager leur doctrine. Mais deux jours apr?s le d?part de M. Lejean, Th?odoros regrettant d'avoir favoris? ce d?part, envoya des messagers sur sa route pour l'arr?ter et le ramener ? Gondar.

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