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Read Ebook: Histoire des Montagnards by Esquiros Alphonse

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Ebook has 2654 lines and 237587 words, and 54 pages

<> Alerte et cette pens?e dans la t?te, il parcourait aussit?t les rues de Paris, ?coutant les crieurs, s'arr?tant aux boutiques des libraires, interrogeant les affiches, achetant tout, classant tout avec un soin minutieux. H? bien! cet homme particulier a rendu un grand service. S'il se f?t laiss? entra?ner comme tant d'autres par l'ambition de la tribune, nous compterions un p?le orateur de plus dans un temps qui regorgeait d?j? de parleurs et d'hommes d'?tat; tandis que la collection Deschiens ? laquelle j'ai beaucoup puis? pour ?crire cette histoire ?tait ? peu pr?s unique dans le monde. Malheureusement, si je ne me trompe, cette collection a ?t? dispers?e, apr?s la mort de celui qui l'avait form?e avec tant de z?le et de pers?v?rance.

Le second Empire ne tenait point du tout ? enrichir notre Biblioth?que nationale des archives de la R?volution Fran?aise.

LES GIRONDINS

Est-ce ? dire que les Girondins ne comptent point dans le mouvement r?volutionnaire? Aurions-nous par hasard ?t? insensible aux charmes de leur ?loquence? N'aurions-nous rien compris au caract?re et aux sublimes discours de Vergniaud, ? l'esprit philosophique de Condorcet, le r?v?lateur de la loi du progr?s, ? la fougue patriotique d'Isnard, ? l'?nergie de Barbaroux, ? la science politique de Brissot, ? l'honn?tet? de P?tion, ? la grande ?me de madame Roland? ?tions-nous tellement aveugl? que nous eussions le parti pris de d?nigrer les hommes de la Gironde au profit des hommes de la Montagne? Non, rien de tout cela.

Les Girondins repr?sentent un c?t? de la R?volution Fran?aise, les Montagnards en repr?sentent un autre; c'est cet autre c?t? que nous avons voulu mettre en lumi?re. Voil? tout.

Autre consid?ration: les Girondins n'ont jou?, dans le grand drame r?volutionnaire, qu'un r?le de courte dur?e. Non-seulement la Montagne leur a surv?cu, mais encore c'est de cette cime formidable, au milieu des ?clairs et des tonnerres, que se sont r?v?l?s les oracles de l'esprit moderne. De ces hauteurs sont parties la force et la lumi?re. A peine si les Girondins ont r?sist?; ils ont p?li devant les ?v?nements; ils se sont effac?s dans un rayon d'?loquence. Les Montagnards au contraire ont renouvel? entre eux, avec le pays et avec le monde entier, la lutte des Titans. Foudroy?s, ils ont enseveli la R?volution dans les plis de leur drapeau, et apr?s eux la R?publique n'a plus ?t? qu'un fant?me.

Lamartine lui-m?me comprit tr?s-bien que les Girondins n'avaient point tranch? le noeud gordien de la R?volution: aussi, en d?pit du titre, continua-t-il son histoire jusqu'au 9 thermidor.

On est convenu de regarder les Girondins comme des mod?r?s et les Montagnards comme des buveurs de sang. Fort bien; mais on oublie peut-?tre que ce sont les Girondins qui ont d?clar? la guerre ? toute l'Europe et vot? la mort du roi. La v?rit? est qu'il faut ?tre logique: si la R?volution Fran?aise ?tait, comme le croient encore certains esprits faibles, une abominable lev?e de boucliers contre les dieux et les lois ?ternelles du genre humain, il faudrait condamner tous les hommes qui y ont particip?, ? quelque parti qu'ils appartiennent et sous quelque banni?re qu'ils se soient ralli?s ? l'esprit du mal.

Le crime des Girondins fut d'avoir allum? la guerre civile dans les d?partements o? ils s'?taient r?fugi?s apr?s leur chute. Qu'on ait ?t? injuste envers eux, je le veux bien; que les accusations port?es contre leur syst?me politique fussent ou fausses ou exag?r?es, je l'admets encore; que leur expulsion de l'Assembl?e f?t un acte ill?gal, je n'y contredis point; mais si pers?cut? que soit un parti, il n'a jamais le droit d'armer les citoyens les uns contre les autres, surtout quand les bataillons ?trangers foulent sous leurs pieds le sol sacr? de la patrie.

Quoi qu'il en soit, ce livre n'a point ?t? dict? par un esprit d'exclusion. Ne b?tissons point de petites ?glises dans la grande unit? de la R?volution Fran?aise. L'histoire de ces jours de luttes, d'antagonismes terribles et de haines violentes demande ? ?tre ?crite avec amour. Ce n'est point ici un paradoxe. Oui, il y avait une sympathie immense, un ?lan passionn? vers l'id?al, dans cette fureur du bien public qui immolait tout ? un principe. Il faut donc embrasser d'un point de vue ?lev? cette ?poque sinistre et glorieuse qui r?unit tous les contrastes. Le moment est venu d'amnistier les uns pour leur ardent amour de la patrie, les autres pour leur d?vouement ? l'humanit?. Ayons enfin le courage d'admirer ce qui fut grand dans tous les partis et sous toutes les nuances. Parmi ceux que la Montagne ?leva, dans un jour de temp?te, jusqu'au gouvernement du pays, je dirais presque jusqu'? la dictature, il y en a qui ont sauv? le territoire de l'invasion ?trang?re, renouvel? les institutions sociales, ?bauch? une constitution, ?cras? les factions abjectes dont le triomphe aurait amen? la perte de la France, assur? le respect de la souverainet? nationale, r?tabli sur de larges bases les services publics; apr?s avoir tout d?truit, ils essay?rent de tout reconstruire. La vie de pareils hommes m?rite bien d'?tre racont?e et, quelles que soient leurs fautes, la post?rit? les jugera en s'inclinant devant leur m?moire.

Nous ne promettons pas toutefois une r?habilitation syst?matique de la Terreur ni des Terroristes. Il y a tels de leurs actes que rien ne peut justifier. A chacun d'eux sa responsalbilit? devant l'histoire. Loin de nous cette froide th?orie de la souverainet? du but qui absout tous les crimes au nom de la raison d'?tat. Nous n'admettrons jamais non plus qu'on puisse rejeter sur les circonstances, sur la n?cessit? des temps, le fardeau des oeuvres sanglantes. Pas de fatalit?: ce serait une injure ? la conscience humaine.

Ce que nous aimons chez les Montagnards, ce que nous d?fendrons, la t?te haute, ce sont les vrais principes de la R?volution Fran?aise. Ils ont secouru le pauvre, relev? le faible, prot?g? l'enfant, d?livr? l'opprim? en frappant l'oppresseur; ils ont voulu r?g?n?rer les moeurs.

Agit?s dans l'opinion publique, comme ils l'avaient ?t? eux-m?mes dans la vie, les hommes de la Montagne n'ont pu jusqu'ici d?gager leur m?moire de la tourmente qui les avait engloutis. Des voix retentissantes insultent, depuis plus d'un si?cle, leurs ombres proscrites, tandis que d'autres les acclament avec enthousiasme. Il n'y a peut-?tre eu de mesure ni dans le bl?me ni dans l'?loge. Pour moi, je me r?jouis d'?crire ces pages dans un moment calme , o? l'opinion se recueille et o? se pr?pare le jugement d?finitif de l'histoire. Libre envers le pouvoir, libre m?me envers les partis, sans autre passion qu'un ardent amour du peuple, je me crois ? m?me de promettre une chose grave et difficile ? tenir, la v?rit?.

CHAPITRE PREMIER

PR?LUDES DE LA R?VOLUTION FRAN?AISE

L'histoire de la Montagne se lie ?troitement ? l'histoire de la R?volution, laquelle se rattache ? toute notre histoire de France.

Il nous faut donc renouer le fil des ?v?nements.

D'o? vient cette mani?re de voir? Il existe assur?ment une certaine conformit? entre les doctrines de l'?vangile et celles de la R?volution Fran?aise.

Dix-sept cents ans avant Voltaire, le fils d'un charpentier, dans un temps o? plus de la moiti? du genre humain ?tait esclave, o? la soci?t? s'appuyait sur une hi?rarchie de naissance, avait prononc? ces paroles m?morables: <> Cette relation entre les principes du christianisme et ceux de la d?mocratie n'avait point ?chapp? aux hommes de 93. L'abb? Maury et l'abb? Fouchet en firent le texte de touchantes hom?lies. On conna?t le mot de Camille Desmoulins devant le tribunal r?volutionnaire: <> L'un des hommes qu'on s'attend le moins ? rencontrer sur ce terrain, Marat, qui n'?tait point d?vot, rend lui-m?me justice sur ce point aux croyances chr?tiennes. <> Oui, mais cet esprit a-t-il ?t? souvent appliqu? au gouvernement des affaires humaines?

L'alliance du sentiment religieux et des aspirations r?volutionraires peut ?tre s?duisante; elle flatte les entra?nements de l'esprit et du coeur, elle convient ? la jeunesse; mais nous trouvons cette th?orie ? la fois excessive et incompl?te. Le christianisme a ?t? une grande chose; la d?mocratie en est une autre; gardons-nous bien de m?ler ces deux courants, si nous tenons ? ne point tomber dans une confusion d'id?es.

Toute la question est de savoir si le christianisme seul, abandonn? ? ses propres forces, e?t pu faire la R?volution Fran?aise; nous ne le croyons pas. Il fallait la protestation de la dignit? humaine, viol?e depuis des si?cles par l'insolente domination des classes privil?gi?es. Il fallait le travail lent et souterrain de la raison humaine. Il fallait la libert? d'examen. N'ayant ? son service que des armes spirituelles, le christianisme n'aurait jamais pu r?aliser un mouvement national qui tenait ? l'ordre philosophique par les principes, ? l'ordre moral par le droit et ? l'ordre mat?riel par la force.

C'est donc dans un autre ordre de faits et d'id?es qu'il nous faut chercher les racines de la R?volution Fran?aise.

Tout le monde sait que, issu de la conqu?te, le gouvernement de la France fut ? la fois militaire et th?ocratique. Le pouvoir ?tait divis? entre une foule de petits tyrans locaux. C'est ce qu'on appelle la f?odalit?. La guerre ?tait l'occupation des hommes libres: guerre entre les ?tats, guerre entre les provinces, guerre de ch?teau ? ch?teau, de seigneur ? seigneur. Au milieu de ces troubles et de ces chocs perp?tuels, que devenait le pauvre vassal? Son champ ?tait ravag?, sa famille sans cesse sur le qui-vive, le fruit de son dur travail pill? par des bandes arm?es. Je glisse tr?s-rapidement sur ces origines bien connues.

Le grand ?v?nement du moyen ?ge, c'est l'affranchissement des communes. A l'ombre des ch?teaux forts s'?taient form?s dans les villes et les bourgs populeux des groupes d'artisans qui avaient besoin d'une certaine s?curit? pour exercer leur industrie. Avec le temps, et par suite du mouvement naturel qui pousse les races asservies vers la lumi?re et la libert?, ces conf?d?rations r?clam?rent quelques garanties. Elles offrirent m?me d'acheter leurs franchises, soit du roi, soit du haut et puissant seigneur dont elles d?pendaient. Aimant mieux se priver d'un morceau de pain que de vivre sans droits, les ouvriers, les petits d?bitants des villes s'impos?rent les plus durs sacrifices, et m?me, dans quelques localit?s, se soulev?rent pour conqu?rir la dignit? d'hommes. D'un autre c?t?, les nobles tenaient ? remplir leurs coffres-forts, et Louis le Gros avait int?r?t ? favoriser le d?veloppement des communes pour s'en faire un rempart contre les entreprises de certains seigneurs f?odaux. Il importe surtout de constater que le sentiment religieux fut tout ? fait ?tranger ? ces transactions; la politique seule y joua un r?le. A partir de ce jour, les communes, ces associations libres et r?guli?res, jouirent d'une juridiction ? elles et tinrent de la sanction royale le droit d'avoir un ?chevin, un tribunal, un sceau, un beffroi, une cloche, une garde mobile. En temps de guerre, elles ne devaient pr?ter qu'au roi de France leurs soldats, qui, banni?re en t?te, rejoignaient les corps d'arm?e.

Qui ne voit d'ici l'importance de cette r?volution accomplie sans bruit, sans ?clat, sans une goutte de sang vers?, par une sorte d'?lan spontan?, mais dont les cons?quences devaient s'?tendre de si?cle en si?cle! Avec le temps, en effet, l'industrie et le commerce, d?livr?s de leurs entraves, purent se redresser; le pauvre s'enrichissait par son ardeur ? l'ouvrage, son adresse, son ?conomie; les familles que le hasard de la naissance avait d'abord plac?es au bas de l'?chelle sociale s'?levaient peu ? peu et contractaient quelquefois des alliances avantageuses; c'est alors qu'entre la noblesse et la masse obscure des pl?b?iens se forma une classe interm?diaire qui prit plus tard le nom de tiers ?tat ou de bourgeoisie.

L'affranchissement des communes peut se d?finir d'un mot: ce fut la victoire du travail sur la guerre.

L'affranchissement des communes fut suivi plus tard de l'affranchissement des serfs sur plusieurs points du royaume. Ce qu'il y a encore de tr?s-remarquable, c'est que le clerg? n'intervint nullement dans cet acte d'humanit?. Les ?dits m?mes d'affranchissement ne font aucune allusion au sentiment religieux ni ? l'esprit chr?tien. Que conclure de leur silence, sinon que le d?veloppement du droit naturel et le respect de la dignit? humaine amen?rent, en dehors de toute autre influence, l'abolition de la servitude corporelle? Elle existait pourtant encore, cette servitude, dans certaines localit?s, jusqu'? la veille de la R?volution. Un grand coup port? ? l'?difice des anciennes croyances religieuses fut le mouvement de la R?formation. L'esprit de libre examen, foudroy? dans la personne de Jean Huss par la puissance de l'orthodoxie ?rig?e en concile, trouva dans Martin Luther un vigoureux lutteur qui d?chira l'unit? de l'?glise. La libert? de penser avait apparu dans le monde. Quoique Luther eut voulu limiter sa r?volte ? l'ordre de foi, bien autres devaient en ?tre les cons?quences. Tous les esprits s?rieux savent quelle ?troite affinit? relie la pens?e ? l'action, l'h?r?sie ? la guerre contre les pouvoirs absolus. Ces deux courants se c?toyaient l'un l'autre et partaient du m?me principe. L'h?r?sie en voulait ? la t?te de l'?glise, de m?me que la R?volution au chef de l'?tat. Les peuples qui avaient vu un ancien moine jeter au feu la bulle du pape ne recul?rent plus devant la majest? d'un roi; la lutte contre L?on X amena la r?sistance du Parlement anglais contre Charles 1er. Luther appela Cromwell.

C'est une loi douloureuse, mais qu'y faire? Le progr?s s'?crit d'un c?t? de la page avec la plume et de l'autre avec le glaive.

Les doctrines de Luther et de Calvin avaient mis le feu aux poudres. La France n'?chappa pointe cet embrasement g?n?ral. La guerre civile ?tait imminente. Les Huguenots tenaient dans leurs mains une partie des services publics. On les trouvait partout, m?me ? la cour. La noblesse ?tait aussi bien atteinte que la classe moyenne par l'esprit de libert? en mati?re de religion. La France allait-elle devenir protestante? Il serait oiseux de rechercher quelle influence bonne ou mauvaise ce changement de croyances aurait pu exercer sur ses destin?es.

La concentration de tous les pouvoirs entre les mains de la royaut? ?tait d'ailleurs une oeuvre n?cessaire. D?composant ? l'infini l'autorit?, l'?miettant, si l'on ose ainsi dire, le r?gime f?odal aurait in?vitablement conduit la France soit ? l'anarchie, soit ? la domination d'une foule de ma?tres avides et d'autant plus ombrageux qu'ils ?taient plus faibles. Comment e?t-on pu extirper ces tyrannies locales? Or voil? que la royaut? vint en aide au peuple; elle mit environ quatre si?cles ? fonder l'unit?, ? r?primer toutes les r?voltes, ? briser toutes les r?sistances, et au moment o? elle croyait avoir atteint son but ?clat?rent les troubles de la Fronde.

S'aper?ut-on alors du gouffre qui se creusait autour du tr?ne? En tout cas, il ?tait trop tard. La royaut? avait abaiss? toutes les barri?res qui g?naient l'exercice du pouvoir arbitraire; elle avait domestiqu? ces farouches barons qui ?taient quelquefois les rivaux, mais le plus souvent les soutiens de l'?difice monarchique; elle s'isolait ainsi dans des hauteurs o? la foudre devait t?t ou tard l'atteindre.

Telle est la s?rie des faits qui ont amen? la R?volution Fran?aise. Un mot maintenant sur les doctrines.

R?sumons-nous: La R?volution Fran?aise n'?mane point du sentiment religieux; elle est fille du droit et de la justice.

Que r?pondre d'un autre c?t? ? ceux qui lui reprochent de n'avoir point fait surgir de l'autel de la patrie un Dieu nouveau? Elle n'?tait point faite pour cela: essentiellement pratique et r?aliste, elle s'est attach?e aux faits, ? la loi, ? la r?forme des institutions. Son oeuvre fut de d?placer l'axe des soci?t?s modernes en substituant au r?gne de la foi l'autorit? de la raison.

La R?volution en germe dans la cabale.--La franc-ma?onnerie.--Les mystiques.--Les inventeurs.

On n'a pas assez tenu compte d'une autre source d'opposition ? l'ancien r?gime th?ocratique et monarchique: cette source, c'est la science.

Il est bien vrai que la science n'existait gu?re au moyen ?ge et m?me ? l'?poque de la renaissance des lettres et des arts. On ne d?couvre, ? cette ?poque, que des syst?mes incoh?rents, vagues, entach?s de merveilleux. N'oublions pas toutefois que de l'alchimie s'est d?gag?e la chimie et que l'astrologie a ?t? l'embryon de l'astronomie.

La cabale ?tait une contre-?glise.

Moins la science est avanc?e, plus elle se nourrit de chim?res et de folles illusions, plus elle croit d?j? tenir sous sa main tous les secrets de la nature. L'ambition des alchimistes et des astrologues n'avait d'?gale que leur inexp?rience. Ils affichaient la pr?tention de faire de l'or, de prolonger ind?finiment la vie au moyen d'un ?lixir dont ils disaient avoir la formule, de cr?er un homme <>, de d?rober aux astres qui roulent au-dessus de nos t?tes les arcanes de la destin?e et de pr?dire ainsi ? chacun les ?v?nements futurs, la grandeur ou la d?cadence des royaumes. Que ne promettaient-ils point ? leurs adeptes? En agissant ainsi, ?taient-ils de bonne foi? Il faut croire qu'ils se trompaient eux-m?mes. La base de la m?thode exp?rimentale leur manquant, ils n'?chappaient au mysticisme chr?tien que pour se jeter dans les r?veries. Toujours est-il que l'attrait de ces sciences occultes devait s?duire les imaginations et que le nombre des affili?s ?tait consid?rable. Or la plupart d'entre eux se montraient tr?s-pr?occup?s de paling?n?sie sociale. Ils s'attendaient ? de grands ?v?nements, ? des guerres durant lesquelles le sang coulerait ? flot, <> apr?s lesquelles la paix et le repos retourneraient sur la terre. Songes creux, dira-t-on; soit, mais songes d'esprits inquiets, aspirant ? un ordre de choses meilleur que celui sous lequel ils vivaient.

Le lion s'est lev? le 14 juillet 1789; il a aiguis? ses ongles sur les pierres de la Bastille, et ses rugissements ont fait trembler toute la terre.

Mal vus, mais redout?s ? cause de la puissance infernale dont le vulgaire les croyait investis, les initi?s aux sciences occultes exerc?rent une assez grande influence sur l'opinion publique. La foule ignorante crut s'?galer ? eux en se donnant au diable. Il y eut des confr?ries de sorciers. Dans ces ?ges d'ignorance et de superstition, une id?e tourne tout de suite en ?pid?mie morale. Le nombre de tels insens?s devint consid?rable; Henri Boguet, grand juge en la terre de Saint-Claude, propose qu'on coupe la t?te ? trois cent mille, et demande <>. Les moins coupables ?taient conduits <> pour y faire p?nitence au pain et ? l'eau. La soci?t? d'alors, pour exercer ses violences contre les sorciers, s'autorisa du pacte qu'ils avaient, disait-on, jur? entre eux de d?truire les chefs de l'?glise et de la monarchie.

L'astrologie ?tait une chim?re; mais elle n'en servit pas moins ? ?largir pour l'homme la notion de l'univers. M?lange de fatalisme et de chald?isme, elle reliait du moins notre globe ? l'ensemble de la m?canique c?leste: son erreur ?tait d'y attacher aussi nos destin?es. Les rois et les reines s'?taient fait longtemps tirer leur horoscope; en 92, ce fut le tour de la R?publique Fran?aise.

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