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Read Ebook: Quentin Durward by Scott Walter Defauconpret A J B Auguste Jean Baptiste Translator

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Ebook has 2549 lines and 191112 words, and 51 pages

Translator: Auguste Baptiste Defauconpret

Walter Scott

QUENTIN DURWARD

Traduction M. Defauconpret

Table des mati?res

INTRODUCTION.

Dans le fait, j'ai toujours observ? que les enfans de la prosp?rit?, soit pour ne pas ?blouir de tout l'?clat de leur splendeur ceux que le destin a trait?s moins favorablement, soit parce qu'ils pensent qu'il est aussi honorable pour eux de s'?tre ?lev?s en d?pit des calamit?s, qu'il l'est pour une forteresse d'avoir soutenu un si?ge; j'ai toujours observ?, dis-je, que ces gens-l? ne manquent jamais de vous entretenir des pertes que leur occasionne la duret? des temps. Vous d?nez rarement ? une table bien servie, sans que les intervalles entre le champagne, le bourgogne et le vin du Rhin soient remplis, si votre Amphitryon est un capitaliste, par des plaintes sur la baisse de l'int?r?t de l'argent, et sur la difficult? de trouver ? placer celui qui reste improductif entre ses mains; ou, si c'est un propri?taire, par de tristes commentaires sur l'arri?r? des rentes et la diminution des loyers. Cela produit son effet. Les convives soupirent, et secouent la t?te en cadence avec leur h?te, regardent le buffet charg? d'argenterie, savourent de nouveau les excellens vins qui circulent rapidement autour de la table, et pensent ? la noble bienveillance qui, ainsi l?s?e, fait un usage hospitalier de ce qui lui reste; ou, ce qui est encore plus flatteur, ils s'?tonnent de la nature de cette richesse qui, nullement diminu?e malgr? ces pertes, continue, comme le tr?sor in?puisable du g?n?reux Aboulcasem, ? fournir des distributions copieuses sans qu'il y paraisse. Cette manie de dol?ances a pourtant ses bornes, de m?me que les plaintes des val?tudinaires, qui, comme ils le savent tous, sont le passe-temps le plus agr?able, tant qu'ils ne sont affect?s que de maladies chroniques. Mais je n'ai jamais entendu un homme dont le cr?dit va v?ritablement en baissant, parler de la diminution de ses fonds; et mon m?decin, homme aussi humain qu'habile, m'assure qu'il est fort rare que ceux qui sont attaqu?s d'une bonne fi?vre, ou de quelque autre de ces maladies aigu?s

Dont la crise mortelle aussi-bien que prochaine Pronostique la fin de la machine humaine, trouvent dans leurs souffrances un sujet de conversation amusante.

H?las! ? l'avantage d'exciter cette sympathie chez soi sont attach?s de grands inconv?niens personnels.

La v?rit? ?tait que, n'?tant pas tr?s-accessible pour les ?trangers de quelque nation qu'ils fussent, ni m?me pour ceux de ses compatriotes qu'il ne connaissait pas, le marquis avait surtout une r?serve toute particuli?re ? l'?gard des Anglais. Ce sentiment pouvait ?tre un reste de l'ancien pr?jug? national; peut-?tre aussi venait-il de l'id?e qu'il avait con?ue que l'Anglais est un peuple hautin, fier de sa bourse, et pour qui le rang, joint ? une fortune born?e, est un objet de d?rision autant que de piti?; ou peut-?tre enfin qu'en r?fl?chissant sur certains ?v?nemens r?cens, il ?prouvait, comme Fran?ais, quelque mortification, m?me des succ?s qui avaient r?tabli son Ma?tre sur le tr?ne, et qui lui avaient rendu ? lui-m?me des propri?t?s forts diminu?es, d'ailleurs, et un ch?teau dilapid?. Son aversion pourtant n'allait jamais au-del? de cet ?loignement pour la soci?t? des Anglais. Lorsque les affaires de quelque ?tranger exigeaient l'intervention de son cr?dit, il l'accordait toujours avec toute la courtoisie d'un gentilhomme fran?ais qui sait ce qu'il se doit ? lui-m?me et ce qu'il doit ? l'hospitalit? nationale.

De son c?t?, il ?prouva tant de satisfaction de notre liaison, qu'il en vint jusqu'? prendre la r?solution de m'inviter ? d?ner au ch?teau de Haut-Lieu, ch?teau tr?s digne de ce nom, puisqu'il est situ? sur une hauteur qui commande les bords de la Loire. Cet ?difice est ? environ trois milles du village o? j'avais fix? mon domicile temporaire; et, quand je le vis pour la premi?re fois, je pardonnai ais?ment la mortification qu'?prouvait le propri?taire en recevant un h?te dans l'asile qu'il s'?tait form? au milieu des ruines du palais de ses anc?tres. Avec une gaiet? qui couvrait ?videmment un sentiment plus profond, il m'avait pr?par? peu ? peu ? la vue du lieu que je devais visiter. Il en eut m?me tout le temps le jour qu'il me conduisit ? cette antique demeure, dans son petit cabriolet tra?n? par un grand cheval normand.

Les restes du ch?teau de Haut-Lieu sont situ?s sur une belle colline qui domine les bords de la Loire, et qui conduisait, divis?e en diverses terrasses, par des degr?s en pierre, orn?s de statues et d'autres embellissemens artificiels, jusqu'au fleuve m?me. Toute cette d?coration architecturale, les parterres de fleurs odorif?rantes et les bosquets d'arbres exotiques avaient disparu depuis bien des ann?es pour faire place aux travaux plus profitables du vigneron. Cependant les terrasses nivel?es et les pentes artificielles, travaux ex?cut?s trop solidement pour pouvoir ?tre d?truits, subsistent encore, et prouvent combien l'art avait ?t? judicieusement employ? pour embellir la nature.

Il est peu de ces maisons de plaisance parfaitement conserv?es aujourd'hui; car l'inconstance de la mode a effectu? en Angleterre le changement total que la d?vastation et la fureur populaire ont accompli de l'autre c?t? du d?troit. Quant ? moi, je me contente de souscrire ? l'opinion du meilleur juge de notre temps, qui pense que nous avons pouss? ? l'exc?s notre go?t pour la simplicit?, et que le voisinage d'une habitation imposante exige des embellissemens plus recherch?s que ceux qu'on doit au gazon et aux sentiers sabl?s. Une situation ?minemment pittoresque serait peut-?tre d?grad?e par une tentative pour y introduire des d?corations artificielles; mais combien de sites o? l'intervention de plus d'ornemens d'architecture qu'il n'est d'usage d'en employer aujourd'hui me semblerait indispensable pour racheter la nudit? uniforme d'une grande maison s'?levant solitairement au milieu d'une pelouse de verdure, et qui ne para?t pas plus en rapport avec tout ce qui l'environne, que si elle ?tait sortie de la ville pour aller prendre l'air.

La c?l?rit? du cabriolet de monsieur le marquis avait ?t? grandement retard?e par l'embonpoint de Jean-Roastbeef que le cheval normand maudissait probablement d'aussi bon coeur que son compatriote ex?crait autrefois l'ob?sit? d'un stupide serf saxon; mais la digression que je viens de terminer lui a donn? le temps de gravir la colline par une chauss?e tournante, maintenant en fort mauvais ?tat. Nous aper??mes enfin une longue file de b?timens d?couverts et tombant en ruines, qui tenaient ? l'extr?mit? occidentale du ch?teau.

--M'adressant ? un Anglais, me dit alors le marquis, je dois justifier le go?t de mes anc?tres, qui ont joint ? leur ch?teau cette rang?e d'?curies; car je sais que, dans votre pays, on a coutume de les placer ? quelque distance. Mais ma famille mettait un orgueil h?r?ditaire ? ses chevaux; et, comme mes a?eux aimaient ? les aller voir fr?quemment, ils n'auraient pu le faire si commod?ment, s'ils les avaient ?loign?s davantage. Avant la r?volution, j'avais trente beaux chevaux dans ces b?timens ruin?s.

Ce souvenir d'une magnificence pass?e lui ?chappa par hasard; car, en g?n?ral, il faisait tr?s-rarement allusion ? son ancienne opulence. Il fit cette r?flexion tout simplement, sans avoir l'air d'attacher de l'importance ? la fortune qu'il avait poss?d?e autrefois, ou de demander qu'on le plaign?t de l'avoir perdue. Elle ?veilla pourtant quelques id?es tristes, et nous gard?mes tous deux le silence pendant le peu de temps que dura encore notre voyage.

En arrivant ? la porte du ch?teau, je vis sortir d'une sorte de masure, qui n'?tait qu'une partie de l'ancienne loge du portier, une paysanne pleine de vivacit?, dont les yeux ?taient noirs comme du jais et brillans comme des diamans. Elle vint ? nous avec un sourire qui laissait apercevoir des dents assez belles pour faire envie ? bien des duchesses, et elle tint la bride du cheval pendant que nous descendions de cabriolet.

--Il faut que Madelon exerce aujourd'hui le m?tier de palefrenier, dit le marquis en lui faisant un signe de t?te gracieux, en retour de la r?v?rence profonde qu'elle avait adress?e ? monseigneur. Son mari est all? au march?; et, quant ? La Jeunesse, il a tant d'occupations, qu'il en perd presque l'esprit.--Madelon ?tait la filleule de mon ?pouse, et destin?e ? ?tre la femme de chambre de ma fille, continua le marquis pendant que nous passions sous la porte principale, dont le cintre ?tait surmont? des armoiries mutil?es des anciens seigneurs de Haut-Lieu et ? moiti? cach?es sous la mousse et le gramen, sans compter les branches de quelques arbrisseaux sortis des fentes du mur.

Cette derni?re phrase, qui me fit comprendre, en passant, que je voyais en lui un ?poux, un p?re, priv? de son ?pouse et de sa fille, augmenta mon respect pour un infortun? vieillard que tout ce qui avait rapport ? sa situation actuelle devait, sans aucun doute, entretenir dans ses r?flexions m?lancoliques. Apr?s une pause d'un instant il continua d'un ton plus gai.

--Nous les lisons, ajouta-t-il, comme nous ?coutons les plaisanteries d?bit?es par un com?dien, ou comme nos anc?tres ?coutaient celles d'un bouffon de profession, dont ils s'amusaient, quoiqu'ils eussent ?t? bien f?ch?s de les entendre sortir de la bouche d'un homme qui aurait eu de meilleurs droits pour ?tre admis dans leur soci?t?.

Cette d?claration me rappela compl?tement ? ma prudence ordinaire; et je craignis tellement de me laisser surprendre, que je n'osai pas m?me expliquer au digne aristocrate, mon ami, que l'individu qu'il avait nomm? devait son avancement, ? ce que j'avais entendu dire, ? certains ouvrages qu'on pouvait, sans lui faire injure, comparer ? des romans en vers.

Comme nous approchions de la fen?tre, et que je montrais quelque curiosit? de voir ce s?jour de terreur, nous entend?mes sortir des ?clats de rire de cet ab?me souterrain, et nous d?couvr?mes ais?ment qu'ils partaient d'un groupe d'enfans qui s'?taient empar?s de ce caveau abandonn?, pour y jouer ? Colin-Maillard.

Je me h?tai de lui r?pondre que, quoiqu'ils pussent diff?rer de ceux de la mienne, j'avais tout le respect convenable pour les r?glemens religieux de chaque communion chr?tienne, sachant que nous nous adressions au m?me Dieu, ador? d'apr?s le m?me principe de la r?demption, quoique sous des formes diff?rentes; et que, s'il avait plu au Tout-Puissant de ne pas permettre cette vari?t? de cultes, nos devoirs nous auraient ?t? prescrits aussi distinctement qu'ils l'?taient sous la loi de Mo?se.

Le marquis n'avait pas l'habitude de secouer la main, mais en cette occasion il saisit la mienne et la secoua cordialement. C'?tait peut-?tre la seule mani?re qu'un z?l? catholique p?t ou d?t employer pour me faire sentir qu'il acquies?ait ? mes sentimens.

Ces explications, ces remarques et celles auxquelles donn?rent encore lieu les ruines ?tendues du ch?teau, nous occup?rent pendant deux ou trois tours que nous f?mes sur la longue terrasse, et pendant un quart d'heure que nous rest?mes dans un petit pavillon, dont le toit en vo?te ?tait encore en assez bon ?tat, quoique le ciment f?t d?tach? sur les c?t?s.

--C'est ici, dit-il en reprenant le ton de la premi?re partie de notre entretien, que j'aime ? venir m'asseoir ? midi pour y trouver un abri contre la chaleur, ou le soir pour voir les rayons du soleil couchant s'?teindre dans les belles eaux de la Loire. C'est ici que, comme le dit votre grand po?te, avec lequel, quoique Fran?ais, je suis plus familier que bien des Anglais, j'aime ? m'asseoir,

Montrant le code d'une imagination douce et am?re.

J'eus grand soin de ne pas protester contre cette variante d'un passage bien connu de Shakspeare, car je pr?sume que notre grand po?te aurait perdu quelque chose dans l'opinion d'un juge aussi d?licat que le marquis, si je lui avais prouv? que, suivant toutes les autres autorit?s, il a ?crit:

Ruminant les pens?es d'une imagination douce et am?re.

Tandis que le marquis parlait ainsi, nous avancions vers la partie orientale du ch?teau, seule partie de cet ?difice qui f?t encore habitable.

En consid?rant ce bizarre mais fid?le serviteur du marquis, des pr?jug?s duquel il h?ritait sans doute comme de ses vieux habits, je ne pus m'emp?cher de reconna?tre la ressemblance qui existait, ainsi que l'avait dit son ma?tre, entre lui et mon Caleb, le fid?le ?cuyer du ma?tre de Ravenswood. Mais un Fran?ais, un vrai Jean-fait-tout par nature, peut seul se charger d'une multitude de fonctions et y suffire avec plus d'aisance et de souplesse qu'on ne pourrait l'attendre de la lenteur imperturbable d'un ?cossais. Sup?rieur ? Caleb par la dext?rit?, sinon par le z?le, La Jeunesse semblait se multiplier suivant l'occasion, et il s'acquittait de ses divers emplois avec tant d'exactitude et de c?l?rit?, qu'un domestique de plus aurait ?t? compl?tement superflu.

Je me rendis bien volontiers ? une invitation faite d'une mani?re si gracieuse, qu'il semblait qu'en l'acceptant j'obligeasse celui qui la faisait.

La conversation tomba alors sur l'histoire du ch?teau et de ses environs; sujet qui pla?ait le marquis sur son terrain, quoiqu'il ne f?t ni grand antiquaire, ni m?me tr?s-profond historien d?s qu'il ne s'agissait plus de sa propri?t?. Mais le cur? ?tait l'un et l'autre, homme aimable, de plus causant fort bien, plein de pr?venance, et mettant dans ses communications cette politesse ais?e qui m'a paru ?tre le caract?re distinctif des membres du clerg? catholique, quel que soit leur degr? d'instruction. Ce fut de lui que j'appris qu'il existait encore au ch?teau de Haut-Lieu le reste d'une fort belle biblioth?que. Le marquis leva les ?paules, tandis que le cur? parlait ainsi, porta les yeux de c?t? et d'autre, et parut ?prouver de nouveau ce l?ger embarras qu'il avait montr? involontairement quand La Jeunesse avait jas? de l'intervention de son ma?tre dans les arrangemens de la cuisine.

--Je vous ferais voir mes livres bien volontiers, me dit-il; mais ils sont en si mauvais ?tat, et dans un tel d?sordre, que je rougis de les montrer ? qui que ce soit.

--Pardon, monsieur le marquis, dit le cur?; mais vous savez que vous avez permis au docteur Dibdin, le c?l?bre bibliomane anglais, d'examiner ces pr?cieux restes, et vous n'oubliez pas quel ?loge il en a fait.

--Pouvais-je en agir autrement, mon cher ami? r?pondit le marquis: on avait fait au docteur des rapports exag?r?s sur le m?rite des restes de ce qui avait ?t? autrefois une biblioth?que. Il s'?tait ?tabli dans l'auberge voisine du ch?teau, d?termin? ? emporter sa pointe, ou ? mourir sous les murailles. J'avais m?me ou? dire qu'il avait mesur? trigonom?triquement la hauteur de la petite tour, afin de se pourvoir d'?chelles pour l'escalader. Vous n'auriez pas voulu que je r?duisisse un respectable docteur en th?ologie, quoique membre d'une communion diff?rente de la n?tre, ? commettre cet acte de violence; ma conscience en aurait ?t? charg?e.

--Mais vous savez aussi, monsieur le marquis, reprit le cur?, que le docteur Dibdin fut si courrouc? de la dilapidation que votre biblioth?que avait soufferte, qu'il avoua qu'il aurait voulu ?tre arm? des pouvoirs de notre ?glise pour lancer un anath?me contre ceux qui en avaient ?t? coupables.

--Je pr?sume, r?pliqua notre h?te, que son ressentiment ?tait proportionn? ? son d?sappointement.

--Pas du tout! s'?cria le cur?; car il parlait avec tant d'enthousiasme de la valeur de ce qui vous reste, que je suis convaincu que, s'il n'avait cru devoir c?der ? vos instantes pri?res, le ch?teau de Haut-Lieu aurait occup? au moins vingt pages dans le bel ouvrage dont il nous a envoy? un exemplaire, et qui sera un monument durable de son z?le et de son ?rudition.

--Le docteur Dibdin est la politesse m?me, dit le marquis; et, quand nous aurons pris notre caf? , nous nous rendrons ? la petite tour. Comme monsieur n'a pas m?pris? mon humble d?ner, j'esp?re qu'il aura la m?me indulgence pour une biblioth?que en d?sordre; et je m'estimerai heureux s'il y trouve quelque chose qui puisse l'amuser. D'ailleurs, mon cher cur?, vous avez tous les droits possibles sur ces livres, puisque, sans votre intervention, leur propri?taire ne les aurait jamais revus.

Quoique ce dernier acte de politesse lui e?t ?t? en quelque sorte arrach? malgr? lui par le cur?, et que le d?sir de cacher la nudit? de son domaine et l'?tendue de ses pertes parussent toujours lutter contre sa disposition naturelle ? obliger, il me fut impossible de prendre sur moi de ne pas accepter une offre que les r?gles strictes de la civilit? auraient peut-?tre d? me faire refuser. Mais renoncer ? voir les restes d'une collection assez curieuse pour avoir inspir? au docteur Dibdin le projet de recourir ? une escalade, c'e?t ?t? un acte d'abn?gation dont je ne me sentis pas la force.

--Nous avons t?ch? de rendre la petite tour un peu plus habitable, me dit le marquis en traversant ? la h?te ce s?jour de d?solation. C'?tait ici autrefois la galerie de tableaux; et dans le boudoir qui est ? l'autre bout, et qui sert ? pr?sent de biblioth?que, nous conservions quelques tableaux pr?cieux de chevalet, dont la dimension exigeait qu'on les consid?r?t de plus pr?s.

En parlant ainsi, il ?carta un pan de la tapisserie d?j? mentionn?e, et nous entr?mes dans l'appartement dont il venait de parler.

Les c?t?s de l'appartement qui n'avaient pas de fen?tres ?taient, ? l'exception de l'espace n?cessaire pour la petite porte, garnis d'armoires ? tablettes, en bois de noyer parfaitement sculpt?, et ? qui le temps avait donn? une couleur fonc?e de ch?taigne m?re. Quelques-unes ?taient en bois blanc, et elles avaient ?t? faites r?cemment pour suppl?er au d?ficit occasionn? par la d?vastation. Sur ces tablettes ?taient d?pos?s les restes pr?cieux ?chapp?s au naufrage d'une magnifique biblioth?que.

En d?pit des volumes d?pareill?s et mutil?s, et de toutes les autres mortifications qu'un amateur ?prouve quand il visite une biblioth?que mal tenue, il se trouvait dans celle de Haut-Lieu beaucoup d'ouvrages faits, comme le dit Bayes, pour surprendre et enchanter le bibliomane; et, comme le docteur Ferrier le dit avec toute la sensibilit? d'un amateur, on y voyait un grand nombre de ces ouvrages rares et curieux,

De ces petits formats jadis dor?s sur tranche,

des missels richement enlumin?s, des manuscrits de 1380, de 1320, ou m?me de plus ancienne date; enfin, des ouvrages imprim?s en caract?res, gothiques pendant le quinzi?me et le seizi?me si?cle. Mais j'ai dessein d'en rendre un compte plus d?taill?, si je puis en obtenir la permission du marquis.

En attendant, il me suffira de dire qu'enchant? du jour que j'avais pass? ? Haut-Lieu, j'y fis de fr?quentes visites, et que la clef de la tour octogone ?tait toujours ? ma disposition. Ce fut alors que je me pris d'une belle passion pour une partie de l'histoire de France que je n'avais jamais suffisamment ?tudi?e, malgr? l'importance de ses rapports avec celle de l'Europe en g?n?ral, et quoique trait?e par un ancien historien inimitable. En m?me temps, pour satisfaire les d?sirs de mon digne h?te, je m'occupai de temps en temps de quelques m?moires de sa famille qui avaient ?t? heureusement conserv?s, et contenant des d?tails curieux sur l'alliance de cette maison avec une famille ?cossaise, alliance ? laquelle j'avais d?, dans l'origine, les bonnes gr?ces du marquis de Haut-Lieu.

Que le public accueille cet ouvrage avec bont?, et je ne regretterai pas mon absence momentan?e de mon pays.

QUENTIN DURWARD.

CHAPITRE PREMIER.

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