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Words: 6065 in 2 pages

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leur ?tait un sauf-conduit parmi ces montagnards.

Elle a nou? autour de ses cheveux, ? demi d?tach?s, une couronne de fleurs sauvages d'un admirable ?clat; on y reconna?t les bleuets, les oeillets rouges, les marguerites blanches, les pavots m?l?s ? des ?pis de folle avoine, toutes fleurs des hauts p?turages du Jura transport?es par r?miniscence sur le front de la fille des Abruzzes. Son profil est tout ? fait f?minin, presque enfantin; elle sourit ? peine, elle baisse les yeux et regarde ses pieds avec l'expression d'une pudique honte. On voit qu'elle danse non par ivresse, mais par pi?t?, pour complaire ? sa soeur, ? ses fr?res, et pour honorer la madone.

Le caract?re m?ditatif, recueilli et sauvage du jeune peintre ?tranger se complaisait dans la contemplation de cette innocence, fleurissant au milieu des rochers tragiques de Sonnino et fl?trie par l'ombre des cachots ou des gibets patibulaires de toute sa famille; ses mis?res autant que ses charmes l'attach?rent ? Th?r?sina. Elle inspirait ses pinceaux, elle attendrissait son coeur comme tous les premiers amours des artistes sensibles, peintres ou po?tes. Elle devait bient?t mourir, afin de laisser une ombre sur le coeur de son amant et un ?blouissement de jeunesse dans ses yeux. La B?atrice de Dante, la Laure de P?trarque et tant d'autres n'?taient-elles pas de cette famille d'apparitions, qui brillent et qui meurent pour laisser, ? ceux qui les ont vues les premiers, des r?ves c?lestes et ineffa?ables dans la m?moire? Le g?nie ? ses commencements a besoin de larmes pour tremper la plume ou le pinceau dans la tristesse, cette v?rit? path?tique du coeur humain.

On voit que, dans la lutte entre la nature et la convention, la nature en lui triomphe et qu'elle triomphe de lui. Il ne peut concevoir cette sibylle de salon, drap?e par la marchande de modes et donnant rendez-vous ? ses amis sur un ?cueil lav? par l'?cume, pour ?couter une d?clamation ? froid, puis?e dans des rh?toriques de demoiselles. D?cid?ment la nature sinc?re et grave de l'enfant du Jura se refuse ? cet effort impossible. En vain il copie le m?le visage de la soeur a?n?e de Th?r?sina, Maria Grazia: cette figure n'a que des passions vraies dans ses traits; elle enfonce la toile; elle fait fr?mir Oswald et p?mer d'effroi les ?l?gantes ?cossaises de la soci?t? de Corinne. En vain il copie le d?licat et na?f visage de Th?r?sina elle-m?me: elle est trop simple pour simuler d'autre inspiration que celle de son coeur; elle est trop timide pour lever au ciel ces regards de sibylle qui sont un d?fi au soleil; elle ne regarde que celui qu'elle aime, elle ne voit le monde que dans ses yeux. L'impatience saisit ? la fin le peintre; il efface d'une main r?solue toutes ces ?bauches, il renonce au mensonge pour la v?rit?, et il peint l'improvisateur napolitain, l'Hom?re populaire et maritime, sa guitare ? la main, assis sur un ?cueil de la plage au pied des montagnes, et psalmodiant, pour quelques sous jet?s dans son bonnet de laine, en dialecte des Abruzzes ou des Calabres, l'?pop?e des brigands et des jeunes Sonniniennes ? un auditoire rustique comme lui.

Cette sc?ne-l?, il l'a vue cent fois; elle est entr?e dans son imagination avec la lumi?re des plages de Terracine, avec le grincement de la guitare sous les oliviers, avec les visages et les costumes qu'il a depuis six ans sous les yeux.

De plus, la sc?ne est vraie: le vieux po?te du m?le de Terracine ou de Sorrente exerce sa profession en plein air pour gagner, en accompagnant ses stances de sa guitare, le pain, l'huile et le fromage n?cessaires au souper de sa famille. Sa figure est triste et r?sign?e au fond, mais ? la surface elle prend toutes les expressions terribles ou tendres des situations des po?mes qu'il r?cite.

Les figures de jeunes matelots, de pasteurs, de femmes ou de filles qui se groupent autour de lui, ? une distance respectueuse, s'enivrent na?vement et sinc?rement des aventures de brigandage, d'h?ro?sme, d'amour, d'enl?vement, de coups de feu sur la montagne, de temp?te sur la mer, d'arrestations par les sbires dans la caverne, de supplice sur l'?chafaud, de pri?re ? la madone avant de mourir, qu'elles recueillent en retenant leur respiration. Voil? la v?rit?! voil? la nature! voil? l'Italie! voil? le tableau que L?opold substitue ? l'instant sur la toile aux figures fausses et fard?es de Corinne!

De quoi se compose-t-il, ce groupe? Du po?te populaire d'abord, belle t?te hom?rique aux traits pensifs et aux yeux r?veurs, o? l'inspiration professionnelle flotte sur un visage de chanteur de rues. Il est assis sur le vieux manteau de laine brune qui s'est d?tach? de ses ?paules; il cherche d'une main distraite des notes sur les cordes de sa guitare pour accompagner sa psalmodie; il cherche de l'oeil, dans son imagination ou dans sa m?moire, les aventures ou les vers qu'il chante ? ses auditeurs attentifs.

Or quels sont ses auditeurs? C'est ici encore qu'il faut admirer l'instinct naturel r?fl?chi ou irr?fl?chi du peintre. Comme il s'agit, pour ces auditeurs, d'un plaisir oisif d'imagination et de coeur, le peintre les a tous choisis dans l'?ge de l'imagination ou de l'amour. La po?sie lettr?e ou illettr?e est chose de jeunesse; une fois aux prises avec les occupations actives et s?rieuses de la vie, on ne se passionne plus pour ces fables chant?es qu'on nomme les po?mes: l'?ge m?r n'a pas le temps, la vieillesse n'a plus le go?t de ces r?veries; on songe ? vivre, on pense ? mourir. On laisse r?ver ceux qui ne connaissent encore ni la vie ni la mort, et qui se font la mort et la vie ? l'image de leurs douces ignorances.

C'est d'abord, assis sur le m?me banc de rocher, ? c?t? du po?te, un jeune lazzarone de seize ans, qui se destine sans doute ? la m?me profession, qui suit son ma?tre comme l'ombre le corps, qui para?t fier de l'approcher de plus pr?s que les autres, qui tourne sa t?te de son c?t?, qui semble boire des yeux les vers et les sons, et qui contemple avec une admiration ?tonn?e les merveilleuses inspirations du po?te et du chanteur.


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