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Words: 54598 in 12 pages
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: Histoire de l'Émigration pendant la Révolution Française. Tome 1 De la Prise de la Bastille au 18 fructidor by Daudet Ernest - France History Revolution 1789-1799; France History Revolution 1789-1799 Refugees FR Histoire
ter de rappeler les anciennes d?nominations d'imp?ts, odieuses au peuple.
Il revint ? V?rone au commencement de juin 1794. La sollicitude du comte d'Antraigues, qui r?sidait ? Venise, lui avait assur? le puissant patronage du comte de Mordwinoff, ambassadeur de Catherine dans les ?tats v?nitiens, et celui de Las Casas, l'ambassadeur d'Espagne. Il pouvait donc attendre en une tranquillit? relative le retour de circonstances meilleures. Elles n'?taient pas plus favorables qu'elles ne l'avaient ?t? ? la fin de 1792, apr?s la retraite de Brunswick. Elles l'?taient m?me moins, car l'ann?e pr?c?dente on pouvait compter sur les victoires de la coalition, et maintenant, quoique les arm?es alli?es eussent fait la guerre pendant de longs mois, elles n'avaient pu vaincre celles de la R?publique. Sans doute l'Angleterre ?tait entr?e en branle. Mais pers?v?rerait-elle? Consentirait-elle ? employer les ?migr?s sous le commandement du comte d'Artois? Serait-elle plus d?sint?ress?e que l'Autriche? Autant de questions que l'avenir seul pouvait r?soudre.
Mais ce qui de plus en plus se confirmait ? la faveur de tout ce qu'avait mis en lumi?re la campagne qui finissait, c'est que la cour de Vienne voulait tirer parti de ses conqu?tes. Aussi, voyait-elle avec d?pit l'influence commen?ante de l'Angleterre dans les affaires de France, comme si elle e?t craint que le cabinet de Saint-James ne m?t le veto sur ses projets ult?rieurs. Ces projets, on les soup?onnait. On savait que, pour r?tablir avec la Russie et la Prusse l'?galit? qui lui avait ?t? promise au moment du partage de la Pologne et pour se couvrir de ses d?penses de guerre, l'Empereur voulait s'agrandir; on pouvait supposer que ce serait aux d?pens de la France. La situation ?tait donc toujours la m?me, toujours aussi sombre, toujours aussi d?cevante.
En ce qui concernait la Vend?e, le R?gent comme son fr?re en ?taient r?duits, on l'a vu, aux conjectures. Les nouvelles qu'ils en recevaient ?taient rares et contradictoires; elles montraient les chouans tant?t vainqueurs, tant?t vaincus, toujours h?ro?ques, mais leurs chefs, trop souvent divis?s, souhaitant qu'un Bourbon se m?t ? leur t?te, regrettant de ne pas le voir arriver, se plaignant d'?tre d?pourvus de ressources et oblig?s de recourir ? l'Angleterre qui n'envoyait que de rares secours. Que pouvait-on attendre des efforts des Vend?ens s'ils n'?taient vigoureusement soutenus, et ne devait-on pas craindre que le sang le plus pur n'e?t ?t? vers? en pure perte?
Bien que pour venir de Paris ? V?rone, il e?t mis trois ans, ? cette nouvelle ?tape de ses p?r?grinations il conservait la m?me confiance qu'? la premi?re. Oblig? de fuir devant les arm?es victorieuses de la R?publique, trahi par la fortune, abandonn? des rois, il ne d?sesp?rait pas, m?me ? l'heure o?, ne sachant o? reposer sa t?te, il ?tait venu chercher un asile en Italie. Il avait rempli le monde de ses protestations, lass? les princes de l'Europe de ses incessantes plaintes, sans que l'inutilit? de ses efforts e?t raison de son ?nergie. Il la communiquait autour de lui, parmi les fid?les courtisans de son malheur, attach?s ? ses pas. Pour eux, il ?tait le repr?sentant du roi, comme il l'?tait pour tous ces ?migr?s, errant mis?rables ? travers le continent, les yeux tourn?s vers son drapeau, et pour ces h?ro?ques combattants et ces obscurs conspirateurs qui, en Vend?e, en Languedoc, en Provence, tombaient sous les balles ou montaient ? l'?chafaud en pronon?ant son nom.
Toute la politique de V?rone, pendant la premi?re ann?e du s?jour qu'il y fit, roula sur ces objets, et si minces sont les incidents auxquels elle donna lieu, si nuls ses r?sultats, qu'on ne trouve rien ? signaler qui vaille la peine d'?tre retenu. La volumineuse correspondance qui a trait ? cette p?riode de l'?migration n'est qu'un fatras. Les lettres, de quelque endroit qu'elles viennent, vers quelque endroit qu'on les dirige, roulent toujours sur les m?mes objets et ne mettent gu?re en lumi?re que les vaines intrigues des uns, les inutiles efforts des autres, les convoitises des puissances, les incorrigibles illusions des ?migr?s, leur profonde mis?re et surtout la lassitude des souverains qui s'impatientent de rencontrer toujours entre eux et la France, soit qu'ils fassent la guerre, soit qu'ils veuillent conclure la paix, ces ?migr?s encombrants et besogneux dont Thugut, en se plaignant des embarras qu'ils cr?ent, a dit , et qu'il faut bien, malgr? tout, se r?signer ? les subir.
Dans les ?tats v?nitiens, lorsque Monsieur s'installait ? V?rone, l'?migration ?tait repr?sent?e par le comte d'Antraigues, son agent sinon le plus actif, du moins le plus paperassier. Neveu de Saint-Priest, il parlait quatre ou cinq langues, connaissait toute l'Europe, tous les hommes d'?tat de l'Europe. Il correspondait avec eux ainsi qu'avec les agents royalistes au dedans et au dehors. Il tenait dans ses mains les fils de toutes les conspirations, de toutes les intrigues. Telle ?tait son habilet?, qu'il semblait que rien ne p?t se faire sans son concours. Nul plus que lui ne savait s'imposer, s'insinuer m?me dans ce qu'on voulait lui taire. Le R?gent, qui ne l'estimait pas, n'aurait os? se priver de ses services. D'Avaray, favori du prince et le membre le plus influent de son conseil, avait surnomm? d'Antraigues ; mais il lui ?crivait des lettres pleines de condescendance et de flatteries. Il est vrai que d'Antraigues avait fait la conqu?te de Catherine, et qu'afin qu'on ne troubl?t pas son s?jour ? Venise, cette souveraine l'avait attach? ? la l?gation russe. Prot?g? ouvertement par Catherine, il se croyait invuln?rable.
Parall?lement ? ce personnage ?tabli ? poste fixe ? Venise, chaque jour en amenait d'autres ? V?rone: lord Macartney, ? qui lord Grenville avait confi? la mission de porter ? Monsieur de nombreux avis et un peu d'argent; Bayard, l'agent de ce pers?v?rant et intrigant Wickham que le gouvernement anglais venait d'envoyer en Suisse pour discipliner les men?es des ?migr?s et en tirer parti; Mordwinof, le ministre de Catherine ? Venise, qui rendait fr?quemment visite ? Monsieur en attendant d'?tre officiellement accr?dit? pr?s de lui; Drake, consul d'Angleterre ? Livourne, charg? de jouer en Italie le m?me r?le que Wickham en Suisse: puis des ?missaires venus de France, les uns signal?s par les services qu'ils avaient d?j? rendus ? la cause royale, les autres plus ou moins inconnus, accr?dit?s par les royalistes de l'int?rieur pour venir chercher des ordres et parmi lesquels se glissaient souvent des curieux, des mendiants ou m?me des espions de Paris. Les agents du dehors continuaient entre temps leurs services. Ils informaient le prince des dispositions des cours, toujours les m?mes. Ceux du dedans envoyaient des informations sur l'?tat de la France, et, comme ils prenaient leurs d?sirs pour des r?alit?s, leurs r?cits ordinairement inexacts, leurs inventions inconscientes, les tableaux qu'ils tra?aient de l'attitude des partis contribuaient ? entretenir Monsieur dans l'erreur, ? lui faire croire que le pays souhaitait passionn?ment le r?tablissement de la royaut?, tandis qu'en r?alit?, il ne voulait qu'?tre d?livr? du joug terroriste, pr?t ? acclamer le lib?rateur quel qu'il f?t.
Les divisions des partisans du roi s'accusaient de jour en jour. Les personnages dont il s'?tait entour? ? V?rone n'inspiraient pas confiance. Les agents de Paris ne voulaient correspondre qu'avec d'Antraigues, et non avec le roi et ses ministres . Les pourparlers engag?s r?v?laient de graves divergences de vues. D'Antraigues voyait avec d?pit d'Avaray diriger les affaires. D'Avaray se d?fendait de se m?ler de politique, se vantait de n'?tre que l'ami du roi. Mais le roi descendait chez lui tous les soirs. Ils d?cidaient, changeaient, rectifiaient ensemble ce qui s'?tait dit ou fait dans la journ?e. Les ministres ?taient si bien convaincus du cr?dit du favori que tous le consultaient sur leurs projets. Le roi lui-m?me ne partageait pas toujours leur avis. Quand quelque dissentiment ?clatait, c'est ? d'Avaray, encore que son action se dissimul?t, qu'ils en imputaient la responsabilit?. Ces divisions se renouvelaient entre les amis du roi et les amis de son fr?re. La distance contribuait ? envenimer les rapports. ? V?rone, on voulait que le roi se montr?t; ? Londres, on ?tait d'avis qu'il devait laisser au comte d'Artois le soin de lui frayer le chemin du tr?ne. De Paris, on demandait des concessions, qu'? V?rone on ne voulait pas accorder. Ainsi se perp?tuaient, au grand dommage de la cause royale, les p?nibles controverses qui, d?s le d?but de l'?migration, l'avaient discr?dit?e aux yeux de l'Europe.
Le R?gent ?tait ? V?rone depuis quelques semaines, lorsque se produisit un ?v?nement propre ? ranimer ses esp?rances. Au mois de juillet,--le 9 thermidor--Robespierre fut renvers?. ?tait-ce la fin de la R?volution et le prologue d'une restauration monarchique? D'abord, on put le croire, tant fut spontan?e et ardente la r?action qui suivit l'?v?nement. Beaucoup d'?migr?s commenc?rent ? rentrer. Paris et les d?partements virent avec stupeur repara?tre ces revenants qui ne pouvaient cacher ni leur surprise, ni leur col?re, en constatant les changements survenus en leur absence et le d?plorable ?tat mat?riel et moral du pays; en retrouvant en des mains ?trang?res les biens qui leur avaient appartenu et qu'ils consid?raient comme leur appartenant toujours. La vivacit? de leurs plaintes, la violence de leurs revendications, la soif de repr?sailles qui les animaient ne trouv?rent que trop d'?chos parmi leurs compatriotes rest?s en France et qui avaient, comme eux, souffert de la R?volution. La r?action, dans le Midi surtout, ne tarda pas ? rev?tir une physionomie tragique. Les hommes qui, en 1791, avaient pris ? Lyon, dans les C?vennes, en Provence, l'initiative des insurrections reparurent, et, par eux, les vengeances s'exerc?rent abominables. C'est le temps des ?gorgeurs, des chauffeurs, des pilleurs, des compagnons de J?sus. Ils allaient rapidement faire d?g?n?rer la r?action thermidorienne en un v?ritable brigandage.
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