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Words: 28195 in 9 pages
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lu. Nous verrons aux ?lections prochaines.--Moi, je crois que ?a marchera bien. Ah! il fait bon! La belle journ?e!>>
Eh bien, mon cher ami, ce moment de repos, de paresse, de fa?ons de voir ? la Pangloss, de justice inconsciente et d'ind?pendance d'esprit pour ainsi dire involontaire est tout ? fait propice si l'on veut avoir quelque chance d'inculquer ? tant de gens, ordinairement distraits, hostiles, ignorants, les id?es que l'on croit vraies et utiles. La nature elle-m?me n'a pas d'autre proc?d? ? l'?gard du corps humain; elle lui communique, pendant cette m?me p?riode, les ?l?ments vitaux dont il a besoin pour se reconstituer et durer un peu plus longtemps. Or il en est du monde moral comme du monde physique: les lois de l'un sont encha?n?es et implacables comme les lois de l'autre. A cette heure o? je vous ?cris, le vent de la mer fouette les vitres de ma chambre, il soul?ve en m?me temps les flots et enfle les voiles de ceux qui savent se servir de cette col?re apparente; il pousse sur le continent les vapeurs qui retomberont en ros?e ou en pluie, il transporte et r?pand dans les champs des milliards de germes invisibles, f?condants ou destructeurs, selon la disposition particuli?re des sols o? ils vont tomber; il fortifie les uns, et tue les autres; rien ne l'arr?te ni ne le d?tourne; il fait ce qu'il a ? faire, pr?cipitant la mort de ce qui doit p?rir, cr?ant, acc?l?rant, prolongeant la vie de ce qui doit vivre. Il en est de m?me des id?es. Elles partent d'un point de l'horizon et elles vont droit devant elles, f?condes pour les soci?t?s pr?tes ? les recueillir, mortelles pour celles qui les repoussent ou les d?naturent. Comment naissent-elles? D'o? viennent-elles? Comment se fait le vent? D'o? vient-il? Des attractions et des dilatations morales, du mouvement, de la pression, du va-et-vient incessant des esprits, cr?ant ainsi des courants irr?sistibles. Tout ce mouvement est une des conditions, une des lois de l'humanit?, laquelle ne saurait rester immobile dans cet univers o? tout se meut, ?volue, se transforme et se combine autour d'elle. Temp?tes dans la nature, r?volutions dans les soci?t?s, telles sont les cons?quences imm?diates et in?vitables de la r?sistance inerte, inutile et finalement vaincue, ? ces courants naturels traversant dans tous les sens le monde physique et le monde moral.
Sans nous aventurer ici dans les grands exemples historiques, pr?sents d'ailleurs ? l'esprit de tous nos lecteurs, et pour nous en tenir aux personnages, hier inconnus, mis en lumi?re par de r?cents proc?s, mademoiselle Marie Bi?re, mademoiselle Virginie Dumaire, madame de Tilly, que repr?sentent ces personnages? Sont-ce des ?tres isol?s, s?par?s de la vie commune par leur temp?rament, leurs moeurs, leurs crimes particuliers et purement individuels? Non. Ce sont des incarnations vivantes effectives et inconscientes, en m?me temps, de certaines id?es ?mises par des penseurs, des moralistes, des politiques, des ?crivains, des philosophes, id?es justes, logiques, tut?laires, auxquelles, de l'aveu de ces hommes de r?flexion, le temps est venu de faire droit.
Que r?pond la soci?t? fran?aise ? ces id?es pr?sent?es seulement sous toutes les formes th?oriques et immat?rielles? Que ceux qui les pr?sentent sont des fous, des r?veurs, des r?volutionnaires, des utopistes, des gens dangereux. Ces hommes signalent cependant des dangers visibles, ils proposent d'indispensables r?formes; ils disent aux l?gislateurs: Les l?gislateurs ne r?pondent m?me pas. Alors, au milieu des observations des uns, de l'indiff?rence des autres, un fait brutal se produit, un crime se commet, une victime tombe, un assassin se montre, et, sans transition apparente, on assiste au d?placement complet de tous les plans sociaux, au renversement de toutes les lois juridiques et morales; la victime devient odieuse, l'assassin devient int?ressant, la conscience des jur?s s'embarrasse, la magistrature se trouble, la loi h?site, la justice officielle d?sarme devant la foule qui s'impose comme dans une assembl?e populaire ou dans un th??tre.
C'est l'incarnation de l'id?e qui se dresse tout ? coup en face des vieilles traditions obstin?es et insuffisantes, et elle vient, par le feu et le sang, poser sa revendication personnelle et n?cessaire contre des lois jadis excellentes, mais qui, les moeurs s'?tant modifi?es, apparaissent subitement comme des injustices et des barbaries.
Le meurtrier a-t-il discut? ces questions comme nous le faisons ici? A-t-il lu ce qu'on ?crivait sur ces mati?res avant qu'il comm?t son crime? Ob?it-il ? un raisonnement? Non. Il ob?it aveugl?ment ? sa passion, ce n'est pas douteux. Mais sa passion satisfaite vient, en plein tribunal, faire appel ? un droit naturel, humain, incontestable, dont la soci?t? aurait d? tenir compte et dont elle ne s'est pas souci?e.
L'acquittement des coupables, prononc? par le tribunal, impos? par l'opinion, est-il juste? Non. Mais ce qui fait l'acquittement de ces coupables arr?t?s, c'est que la loi ne peut pas s?vir contre les v?ritables coupables qu'elle couvre depuis trop longtemps, et que, ne pouvant pas appliquer la justice absolue, elle est condamn?e elle, la loi, ? n'appliquer que la justice relative, ce qui est bien pr?s de l'injustice.
Si j'?voque aujourd'hui cette affaire Morambat, c'est pour m'aider ? montrer les incarnations successives, vari?es, de plus en plus rapproch?es les unes des autres, de plus en plus mena?antes et triomphantes de l'id?e propos?e de certaines r?formes dans de certaines lois. Cette affaire se r?sumait en ceci, : Une jeune fille, ouvri?re laborieuse et d'une conduite irr?prochable jusque-l?, s'?tait laiss?, faut-il dire s?duire, disons plut?t entra?ner par un jeune homme, commis dans le magasin o? elle ?tait en apprentissage: elle ?tait devenue enceinte, ce que voyant, le jeune homme l'avait abandonn?e. Voil? le commencement et le milieu de l'histoire. C'est vieux, c'est banal, c'est connu; le soleil aussi est vieux, banal, connu, et il repara?t toujours et on ne s'en d?shabitue pas. Mais il passe tout ? coup, par l'esprit, par le coeur, par la conscience du p?re de la jeune fille de modifier le d?nouement traditionnel, aussi vieux, aussi banal, aussi connu que le soleil et les d?buts de l'histoire et qui consistait, pour la jeune fille, ? se d?soler, ? cacher sa honte dans un coin, ? ?lever son enfant avec ses seules ressources ou ? lui tordre le cou, ? se tuer elle-m?me ou ? se prostituer, tout cela parce que le Code avait oubli? de faire une loi qui prot?ge?t le capital moral des femmes comme le capital mat?riel et qui condamn?t un homme qui leur aurait pris leur honneur comme elle condamnerait le voleur qui leur aurait pris leur montre ou leur parapluie.
Il advint donc, cette fois, une chose nouvelle. Le p?re de mademoiselle Morambat se trouvait ?tre un tr?s honn?te ouvrier; il adorait sa fille, et il ne permit pas aux choses de finir selon la coutume. Il cacha un couteau sous son v?tement, s'en alla trouver le commis, lui demanda s'il voulait ?pouser sa fille, et, sur les refus r?it?r?s de celui-ci, il le frappa en pleine poitrine. La vie du jeune homme fut en danger; on arr?ta l'assassin; grande ?motion dans Paris; instruction; proc?s.
Si vous voulez bien donner un peu d'attention ? ce cas particulier, mon cher ami, vous y remarquerez facilement un fait curieux. Dans ce proc?s, pr?venu, plaignant, victime, tout le monde ?tait coupable, et, nantie de toutes les lois imaginables pour punir tous les attentats possibles, la justice a d? s'avouer publiquement impuissante et inutile.
Voyons comment.
Nous voici dans la salle de la cour d'assises. Rien n'y manque pour que le droit soit respect?, pour que l'?quit? rayonne, pour que la solennit? soit imposante, pour que la le?on soit profitable. Foule ?norme, avec sergents de ville, pour la contenir et au besoin la disperser si elle manque de respect au tribunal, si elle proteste ou si elle applaudit; gendarmes aux deux c?t?s de l'accus?, pour qu'il ne puisse ni s'enfuir, ni sauter sur les juges, ni se suicider; avocats r?unis autour de la cause, pour s'?clairer dans leurs consciences et leur art, comme des carabins autour d'un cadavre dans un amphith??tre d'anatomie; conseillers en robe rouge, avocat g?n?ral charg? de soutenir l'accusation et de venger la morale et la soci?t? compromises; avocat c?l?bre ? la barre de la d?fense, ayant mission de d?fendre et de sauver le pr?venu; jury choisi au sort parmi les citoyens les plus recommandables de leurs quartiers, peintures all?goriques repr?sentant le crime terrass?, l'innocence prot?g?e, Th?mis en p?plum bleu et blanc tenant en ?quilibre les deux plateaux de sa balance; enfin, au fond de la salle, en face du public, des t?moins, du jury et des accus?s, au-dessus des juges et de tout, le Christ mourant pour la justice et la v?rit?, et sur lequel t?moins et jur?s vont faire le serment, les uns de ne dire que la v?rit?, rien que la v?rit?, les autres de n'avoir en vue que la justice, rien que la justice.
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