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Words: 28838 in 6 pages

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HONOR? DE BALZAC PAR TH?OPHILE GAUTIER

?DITION REVUE ET AUGMENT?E

PARIS POULET-MALASSIS ET DE BROISE LIBRAIRES-?DITEURS 9, rue des Beaux-Arts 1859

Transcrit par David Desmond

Vers 1835, nous habitions deux petites chambres dans l'impasse du Doyenn?, ? la place ? peu pr?s qu'occupe aujourd'hui le pavillon Mollien. Quoique situ? au centre de Paris, en face des Tuileries, ? deux pas du Louvre, l'endroit ?tait d?sert et sauvage, et il fallait certes de la persistance pour nous y d?couvrir. Cependant un matin nous v?mes un jeune homme aux fa?ons distingu?es, ? l'air cordial et spirituel, franchir notre seuil en s'excusant de s'introduire lui-m?me ; c'?tait Jules Sandeau : il venait nous recruter de la part de Balzac pour La Chronique de Paris, un journal hebdomadaire dont on a sans doute gard? le souvenir, mais qui ne r?ussit pas p?cuniairement comme il le m?ritait. Balzac, nous dit Sandeau, avait lu Mademoiselle de Maupin, tout r?cemment parue alors, et il en avait fort admir? le style ; aussi d?sirait-il assurer notre collaboration ? la feuille qu'il patronnait et dirigeait. Un rendez-vous fut pris pour nous mettre en rapport, et de ce jour date entre nous une amiti? que la mort seule rompit.

Si nous avons racont? cette anecdote, ce n'est pas parce qu'elle est flatteuse pour nous, mais parce qu'elle honore Balzac, qui, d?j? illustre, faisait chercher un jeune ?crivain obscur d?butant d'hier et l'associait ? ses travaux sur un pied de camaraderie et d'?galit? parfaites. En ce temps, il est vrai, Balzac n'?tait pas encore l'auteur de La Com?die Humaine, mais il avait fait, outre plusieurs nouvelles, La Physiologie du Mariage, La Peau de Chagrin, Louis Lambert, Seraphita, Eug?nie Grandet, l'Histoire des Treize, Le M?decin de Campagne, P?re Goriot, c'est-?-dire, en temps ordinaire, de quoi fonder cinq ou six r?putations. Sa gloire naissante, renforc?e chaque mois de nouveaux rayons, brillait de toutes les splendeurs de l'aurore ; et certes il fallait un vif ?clat pour luire sur le ciel o? ?clataient ? la fois Lamartine, Victor Hugo, de Vigny, de Musset, Sainte-Beuve, Alexandre Dumas, M?rim?e, George Sand, et tant d'autres encore ; mais ? aucune ?poque de sa vie Balzac ne se posa en Grand Lama litt?raire, et il fut toujours bon compagnon ; il avait de l'orgueil, mais ?tait enti?rement d?nu? de vanit?.

Il demeurait en ce temps-l? au bout du Luxembourg, pr?s de l'Observatoire, dans une petite rue peu fr?quent?e baptis?e du nom de Cassini, sans doute ? cause du voisinage astronomique. Sur le mur du jardin qui en occupait presque tout un c?t?, et au bout duquel se trouvait le pavillon habit? par Balzac, on lisait : Labsolu, marchand de briques. Cette enseigne bizarre, qui subsiste encore, si nous ne nous trompons, nous frappa beaucoup ; La Recherche de l'Absolu n'eut peut-?tre pas d'autre point de d?part. Ce nom fatidique a probablement sugg?r? ? l'auteur l'id?e de Balthasar Cla?s au pourchas de son r?ve impossible.

Quand nous le v?mes pour la premi?re fois, Balzac, plus ?g? d'un an que le si?cle, avait environ trente-six ans, et sa physionomie ?tait de celles qu'on n'oublie plus. En sa pr?sence, la phrase de Shakespeare sur C?sar vous revenait ? la m?moire : >

Le coeur nous battait fort, car jamais nous n'avons abord? sans tremblement un ma?tre de la pens?e, et tous les discours que nous avions pr?par?s en chemin nous rest?rent ? la gorge pour ne laisser passer qu'une phrase stupide ?quivalant ? celle-ci : Il fait aujourd'hui une belle temp?rature. Henri Heine, lorsqu'il alla visiter Goethe, ne trouva non plus autre chose ? dire, sinon que les prunes tomb?es des arbres sur la route d'I?na ? Weimar ?taient excellentes contre la soif, ce qui fit doucement rire le Jupiter de la po?sie allemande. Balzac, qui vit notre embarras, nous eut bient?t mis ? l'aise, et pendant le d?jeuner le sang-froid nous revint assez pour l'examiner en d?tail.

Il portait d?s lors, en guise de robe de chambre, ce froc de cachemire ou de flanelle blanche retenu ? la ceinture par une cordeli?re, dans lequel, quelque temps plus tard, il se fit peindre par Louis Boulanger. Quelle fantaisie l'avait pouss? ? choisir, de pr?f?rence ? un autre, ce costume qu'il ne quitta jamais ? Nous l'ignorons, peut-?tre symbolisait-il ? ses yeux la vie claustrale ? laquelle le condamnaient ses labeurs, et, b?n?dictin du roman, en avait-il pris la robe ? Toujours est-il que ce froc blanc lui seyait ? merveille. Il se vantait, en nous montrant ses manches intactes, de n'en avoir jamais alt?r? la puret? par la moindre tache d'encre, >

Son froc rejet? en arri?re laissait ? d?couvert son col d'athl?te ou de taureau, rond comme un tron?on de colonne, sans muscles apparents et d'une blancheur satin?e qui contrastait avec le ton plus color? de la face. A cette ?poque, Balzac, dans toute la force de l'?ge, pr?sentait les signes d'une sant? violente peu en harmonie avec les p?leurs et les verdeurs romantiques ? la mode. Son pur sang tourangeau fouettait ses joues pleines d'une pourpre vivace et colorait chaudement ses bonnes l?vres ?paisses et sinueuses, faciles au rire ; de l?g?res moustaches et une mouche en accentuaient les contours sans les cacher ; le nez, carr? du bout, partag? en deux lobes, coup? de narines bien ouvertes, avait un caract?re tout ? fait original et particulier ; aussi Balzac, en posant pour son buste, le recommandait-il ? David d'Angers : > Le front ?tait beau, vaste, noble, sensiblement plus blanc que le masque, sans autre pli qu'un sillon perpendiculaire ? la racine du nez ; les protub?rances de la m?moire des lieux formaient une saillie tr?s-prononc?e au-dessus des arcades sourcili?res ; les cheveux abondants, longs, durs et noirs, se rebroussaient en arri?re comme une crini?re l?onine. Quant aux yeux, il n'en exista jamais de pareils. Ils avaient une vie, une lumi?re, un magn?tisme inconcevables. Malgr? les veilles de chaque nuit, la scl?rotique en ?tait pure, limpide, bleu?tre, comme celle d'un enfant ou d'une vierge, et ench?ssait deux diamants noirs qu'?clairaient par instants de riches reflets d'or : c'?taient des yeux ? faire baisser la prunelle aux aigles, ? lire ? travers les murs et les poitrines, ? foudroyer une b?te fauve furieuse, des yeux de souverain, de voyant, de dompteur.

Madame E. de Girardin, dans son roman intitul? La Canne de M. de Balzac, parle de ces yeux ?clatants :


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