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Words: 8923 in 3 pages

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t-ce une intelligence des millions de fois plus vaste que la n?tre, dirige l'Univers? C'est peut-?tre une force d'une tout autre mature; une force qui diff?re autant de celle dont se glorifie notre cerveau, que l'?lectricit?, par exemple, diff?re du vent qui souffle sur la route. C'est pourquoi il est assez probable que notre pens?e, si puissante qu'elle devienne, t?tonnera toujours dans le myst?re. S'il est certain que tout ce qui se trouve en nous doit se trouver dans la nature, puisque tout nous vient d'elle, si la pens?e et toutes les logiques qu'elle a mises au point culminant de notre ?tre, dirigent ou semblent diriger tous les actes de notre vie, il ne s'ensuit nullement qu'il n'y ait pas dans l'Univers une force tr?s sup?rieure ? la pens?e, une force n'ayant avec celle-ci aucun rapport imaginable, qui anime et gouverne toutes choses selon d'autres lois, et dont on ne trouve en nous que des traces presque insaisissables, de m?me qu'on ne trouve dans les plantes ou les min?raux que des traces presque insaisissables de pens?e.

En tout cas, il n'y a pas l? de quoi perdre courage. C'est n?cessairement l'illusion humaine du mal, du laid, de l'inutile et de l'impossible qui a tort. Il faut attendre non point que l'Univers se transforme, mais que notre intelligence s'?panouisse ou prenne part ? l'autre force; et entretenir notre confiance en un monde qui ignore nos notions de but et de progr?s parce qu'il a sans doute des id?es dont nous n'avons nulle id?e et qui, au surplus, ne saurait se vouloir du mal ? lui-m?me.

Ce sont l? sp?culations assez vaines, dira-t-on volontiers. Qu'importe au fond l'id?e que nous nous faisons de ces choses qui appartiennent ? l'inconnaissable; puisque l'inconnaissable, fussions-nous mille fois plus intelligents, nous ?tant ? jamais ferm?, l'id?e que nous nous en faisons n'aura jamais aucune valeur. Il est vrai; mais il y a des degr?s dans l'ignorance de l'inconnaissable, et chacun de ces degr?s marque une conqu?te de l'intelligence. Appr?cier de plus en plus compl?tement l'?tendue de ce qu'il ignore est tout ce que le savoir de l'homme peut esp?rer. Notre id?e de l'inconnaissable fut et sera toujours sans valeur, je l'accorde, mais elle n'en est et n'en demeurera pas moins l'id?e la plus importante de l'esp?ce humaine. Toute notre morale, tout ce qu'il y a de plus profond et de plus noble dans notre existence fut toujours fond? sur cette id?e sans valeur v?ritable. Aujourd'hui comme hier, encore qu'il soit possible de reconna?tre plus clairement qu'elle ne saurait avoir de r?elle valeur, si incompl?te, si relative qu'elle demeure, il est n?cessaire de la porter aussi haut, aussi loin que l'on peut. Elle seule cr?e la seule atmosph?re o? puisse vivre le meilleur de nous-m?mes. Oui, c'est l'inconnaissable o? nous n'entrerons point; mais ce n'est pas une raison pour se dire: O? irions-nous ainsi? De quelles choses mon intelligence peut-elle faire le tour? En est-il une en ce monde qui ne tienne ? tout l'inconcevable? Puisqu'il n'y a nul moyen d'?liminer celui-ci, il est raisonnable et salutaire d'en tirer le meilleur parti possible et pour cela de l'imaginer aussi prodigieusement vaste que l'on peut. Le plus grave reproche qu'on puisse faire aux religions positives et notamment au christianisme, c'est qu'elles ont trop souvent, sinon en th?orie, tout au moins en pratique, favoris? ce r?tr?cissement du myst?re de l'Univers. En l'?tendant, nous ?tendons l'espace o? se mouvra notre pens?e. Il est pour nous ce que nous le faisons; formons-le donc de tout ce que nous pouvons atteindre ? l'horizon de nous-m?mes. Quant ? lui, nous ne l'atteindrons jamais, c'est entendu; mais nous avons bien plus de chance de nous en rapprocher en lui faisant face, en allant o? il nous attire, qu'en lui tournant le dos pour revenir o? nous savons bien qu'il n'est plus. Ce n'est pas en diminuant nos pens?es que nous diminuerons la distance qui nous s?pare des derni?res v?rit?s; c'est en les grandissant le plus possible que nous avons la certitude de nous tromper le moins possible. Et plus s'?l?ve notre id?e de l'infini, plus s'all?ge et se purifie l'atmosph?re spirituelle dans laquelle nous vivons, plus s'amplifie et s'approfondit l'horizon sur lequel se d?tachent nos pens?es et nos sentiments qui se nourrissent de cet horizon qu'ils animent.

Quelle que soit la v?rit? derni?re, que nous admettions l'infini abstrait, absolu et parfait, l'infini immobile, immuable, arriv? et qui sait tout, o? tend notre raison; ou que nous pr?f?rions celui que nous offre le t?moignage, ici-bas irr?cusable de nos sens, l'infini qui se cherche, ?volue et ne s'est pas encore fix?; ce qu'avant tout il nous importe d'y pr?voir, c'est notre sort qui, d'ailleurs, dans l'un et l'autre cas, doit se confondre avec cet infini m?me.

NOTRE SORT DANS CES INFINIS

Le premier infini, l'infini id?al est le plus conforme aux exigences de notre raison, ce qui n'est pas une raison pour lui donner la pr?f?rence. Il nous est impossible de pr?voir ce que nous y deviendrons, puisqu'il semble exclure tout devenir. Il ne nous reste donc qu'? interroger le second, celui que nous voyons et imaginons dans le temps et l'espace. Au surplus, il se peut qu'il pr?c?de le premier. Quelque absolue que soit notre conception de l'Univers, nous avons vu qu'on peut toujours admettre que ce qui n'eut pas lieu dans l'?ternit? d'avant, adviendra dans celle d'apr?s nous; et que rien, sinon d'innombrables hasards, ne s'oppose ? ce que l'Univers, s'il ne la poss?de pas encore, n'acqui?re enfin la conscience int?grale qui le fixe ? son apog?e.

Nous voici dans l'infini de ces mondes, dans l'infini stellaire, dans l'infini des cieux qui nous masque assur?ment autre chose, mais ne saurait ?tre une illusion totale. Il ne nous para?t peupl? que d'objets, plan?tes, soleils, ?toiles, n?buleuses, atomes, fluides impond?rables qui s'agitent, s'unissent et se s?parent, se repoussent et s'attirent, s'affaissent et s'?panouissent, se d?placent sans cesse et n'arrivent jamais, mesurent l'espace dans ce qui n'a pas de borne et computent les heures dans ce qui n'a pas de terme. En un mot, nous voici dans un infini qui para?t avoir ? peu pr?s le m?me caract?re, les m?mes habitudes que cette puissance au sein de laquelle nous respirons et que sur notre terre nous appelons la nature ou la vie.

Qu'y deviendrons-nous? Il n'est pas vain de se le demander, alors m?me que nous nous y m?lerions apr?s avoir perdu toute conscience, toute notion du moi, alors m?me que nous n'y serions plus qu'un peu de substance sans nom, ?me ou mati?re, on ne le saurait dire, en suspens dans l'ab?me ?galement sans nom qui remplace l'espace et le temps. Il n'est pas vain de se le demander, car c'est de l'histoire des mondes ou de l'Univers qu'il s'agit; et cette histoire, bien plus que celle de notre petite existence, est notre propre et grande histoire, o? peut-?tre quelque chose de nous-m?mes ou d'incomparablement meilleur et plus vaste que nous, finira par nous retrouver quelque jour.

Y serons-nous malheureux? Nous ne sommes gu?re rassur?s lorsque nous songeons aux habitudes de la nature et consid?rons que nous faisons partie d'un Univers qui n'a pas encore rassembl? sa sagesse. Nous avons vu, il est vrai, qu'heur et malheur n'existent que par rapport ? notre corps, et qu'ayant perdu l'organe des souffrances, nous ne retrouverons plus aucune des douleurs de la terre. Mais l? ne se borne point l'inqui?tude; et notre pens?e devant laquelle s'arr?tent toutes nos douleurs d'autrefois, roulant, d?sempar?e, de mondes en mondes, inconnue ? elle-m?me dans de l'inconnaissable qui se cherche sans espoir, ne conna?tra-t-elle pas ici l'effroyable torture dont nous avons d?j? parl? et qui, sans doute, est la derni?re que l'imagination puisse toucher de l'aile? Enfin, quand il n'y aurait plus rien de notre corps et notre pens?e, il resterait la mati?re et l'esprit qui les compos?rent et dont le sort ne nous doit pas ?tre plus indiff?rent que notre propre sort; car, r?p?tons-le, ? partir de notre mort, l'aventure de l'Univers devient notre aventure. Ne nous disons donc point: Nous y serons toujours, puisque tout y sera.

Ce tout dont nous serons, en un monde qui se cherche toujours, continuera-t-il d'?tre en proie ? des exp?riences nouvelles, incessantes et peut-?tre p?nibles? Puisque la partie que nous y f?mes s'y trouva malheureuse, pourquoi la partie que nous y serons y aurait-elle meilleure chance? Qui nous assure que ces combinaisons et ces essais, qui ne finiront point, ne seront pas plus douloureux, plus maladroits et plus funestes que ceux dont nous sortons, et comment expliquer que ceux-ci aient pu se produire apr?s tant de millions d'autres qui auraient d? ouvrir les yeux du g?nie de l'infini? On a beau se persuader, comme le veut la sagesse hindoue, que nos douleurs ne sont qu'illusions et apparences, il n'en est pas moins vrai qu'elles nous rendent tr?s r?ellement malheureux. L'Univers a-t-il ailleurs une conscience plus compl?te, une pens?e plus juste et plus sereine que sur cette terre ou dans les mondes que nous apercevons? Et s'il est vrai qu'il ait atteint en quelque autre lieu cette pens?e meilleure, pourquoi celle qui pr?side aux destin?es de notre terre n'en profite-t-elle point? Aucune communication ne serait-elle possible entre des mondes qui doivent ?tre n?s de la m?me id?e et s'y trouvent plong?s? Quel serait le myst?re de cet isolement? Faut-il croire que la terre marque l'?tape la plus avanc?e et l'exp?rience la plus favoris?e? Qu'aurait donc fait la pens?e de l'Univers et contre quelles t?n?bres lui aurait-il fallu lutter pour n'en ?tre que l?? Mais, d'un autre c?t?, ces t?n?bres ou ces obstacles, qui ne na?traient que d'elle-m?me, ne pouvant surgir de nulle autre part, eussent-ils pu l'arr?ter? Qui donc aurait pos? ? l'infini ces probl?mes insolubles, et de quel endroit plus recul? et plus profond que lui-m?me seraient-ils sortis? Il faut pourtant que quelqu'un sache ce qu'ils demandent; et comme derri?re l'infini ne peut se trouver personne qui ne soit l'infini m?me, il est impossible d'imaginer une mauvaise volont? dans une volont? qui ne laisse autour d'elle aucun point qu'elle n'occupe tout entier. Ou bien, les exp?riences commenc?es dans les astres se continuent-elles m?caniquement, en vertu de la force acquise, sans ?gard ? leur inutilit? et ? leurs cons?quences pitoyables, selon la coutume de la nature qui ignore notre parcimonie et gaspille les ?toiles dans l'espace comme les semences sur la terre, sachant que rien ne se peut perdre? Ou encore, toute la question de notre repos et de notre bonheur, comme celle de la destin?e des mondes, se r?duit-elle ? savoir si l'infini des tentatives et des combinaisons est ou n'est pas ?gal ? celui de l'?ternit?? Ou enfin, pour en venir au plus probable, est-ce nous qui nous trompons, ignorons tout, ne voyons rien et estimons imparfait ce qui peut-?tre est sans d?faut; nous qui ne sommes qu'un infime fragment de l'intelligence que nous jugeons ? l'aide des petits d?bris de pens?e qu'elle a bien voulu nous pr?ter?

Comment pourrions-nous r?pondre, comment nos pens?es et nos regards p?n?treraient-ils l'infini et l'invisible, nous qui ne comprenons et ne voyons m?me pas la chose par laquelle nous voyons et qui est la source de toutes nos pens?es? En effet, ainsi qu'on l'a fait tr?s justement observer, l'homme ne voit pas la lumi?re elle-m?me. Il ne voit que la mati?re ou plut?t la petite partie des grands mondes qu'il conna?t sous le nom de mati?re, touch?e par la lumi?re.

Il n'aper?oit les immenses rayons qui parcourent les cieux qu'? l'instant qu'ils sont arr?t?s par un objet conforme ? l'un de ceux que son oeil est accoutum? de voir sur cette terre; sinon tout l'espace peupl? de soleils innombrables et d'une puissance sans limites, au lieu d'?tre l'ab?me d'absolues t?n?bres qui absorbe et ?teint les faisceaux de clart?s qui de toutes parts le traversent, ne serait qu'un prodigieux, un insoutenable oc?an de fulgurations. Et si nous ne voyons pas la lumi?re, du moins en croyons-nous conna?tre quelques traits ou quelques reflets; mais nous ignorons absolument tout de ce qui, sans doute, est la seule loi essentielle de l'Univers: la gravitation. Qu'est-ce donc que cette force, de toutes la plus puissante et la moins visible, insaisissable, sans forme, sans couleur, sans temp?rature, sans consistance, sans saveur et sans voix, mais si formidable qu'elle suspend et meut dans l'espace tous les mondes que nous voyons et tous ceux que nous n'apercevrons jamais? Plus rapide, plus subtile, plus spirituelle que la pens?e, elle r?gne ? tel point sur tout ce qui existe, de l'infiniment grand ? l'infiniment petit, qu'il n'est pas un grain de sable sur notre terre, une goutte de sang dans nos veines, qui, p?n?tr?, travaill?, anim? par elle, n'agisse ? tout instant sur la plus lointaine plan?te du dernier syst?me solaire que nous nous effor?ons d'imaginer par del? les bornes de notre imagination. Voici longtemps que le mot fameux de Shakespeare: , est tout ? fait insuffisant.


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