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Words: 48872 in 15 pages
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: La leçon d'amour dans un parc by Boylesve Ren - French fiction 20th century FR Littérature; FR Nouveautés
raison de dire qu'il n'y a pas de petites fautes, car toutes se tiennent ?troitement par la main, sans distinction de taille.
Ninon, disais-je donc, fut inflexible, malgr? l'effroi contagieux qu'avaient r?pandu les craintes de Marie Coqueli?re. Personne ne se pr?tait ? signifier ? Cornebille l'ordre de la marquise; les gens s'?clipsaient l'un apr?s l'autre ou pr?tendaient qu'ils ne trouvaient point l'homme au pavillon o? il logeait; les h?tes pr?textaient des migraines; ces messieurs ?taient sans cesse ? la chasse. Alors ce fut la premi?re occasion qu'eut Ninon d'?prouver le d?vouement du jeune chevalier Dieutegard.
Ce jeune chevalier ayant su que la marquise ?tait dans la peine e?t donn? sa croix de Malte pour lui venir en aide, car il aimait Ninon avec toute la candeur g?n?reuse de sa douzi?me ann?e. Mais il ?tait trop g?n?, en pr?sence de la marquise, pour oser lui avouer qu'il d?sirait la servir, quelle qu'en f?t la difficult?. Il cherchait en lui-m?me mille moyens de lui faire deviner son intention; mais, peu adroit de sa nature, il s'en tint ? celui de l'embarrasser de sa personne, dix fois le jour, en lui obstruant le passage, si bien qu'il r?ussit seulement ? aggraver l'?tat de col?re o? elle n'?tait que trop, par suite de la mauvaise volont? ou de la l?chet? de tous autour d'elle. Elle le bourra du pied ? plusieurs reprises, le traita de paquet, mena?a de le jeter par la fen?tre. Enfin, comme elle s'exasp?rait de voir cette petite figure d'apparence impassible et qui la regardait doucement, comme un pauvre chien qu'on a fouett?, elle lui dit: Et il partit aussit?t en courant, sans attendre qu'elle lui donn?t une plus longue instruction. Elle s'?tonna qu'il l'e?t comprise ? demi-mot et qu'il lui ob??t si volontiers, et elle suivit du regard les pas l?gers du chevalier qui s'?loignait par l'all?e des fontaines, go?tant, quant ? lui, dans son ?me neuve, la saveur du premier ravissement.
Dieutegard alla jusqu'au logis de Cornebille, situ? contre le mur de cl?ture, au fond des jardins bas. Un lierre ?pais le dissimulait ? demi, la chemin?e fumait ? travers la verdure, un ch?vrefeuille garnissait l'entr?e. Le chevalier porta la main ? son coeur en traversant un petit potager plant? de choux bien en ordre, de carottes, de chicor?es ?cras?es sous des briques, et il regardait le trou noir de la porte grande ouverte, o? il ne distinguait rien ? cause du soleil. Quand il eut franchi le seuil, seulement, il vit le jardinier, un long couteau ? la main, qui faisait le signe de la croix sur l'envers du pain bis avant de trancher les parts de ses deux petits enfants et de sa femme, attabl?s vis-?-vis de lui. Puis Dieutegard entra et dit, sans prendre haleine, que Madame la marquise faisait savoir ? Cornebille qu'il e?t ? quitter le ch?teau, lui et les siens, aussit?t le coucher du soleil. Alors la femme commen?a ? trembloter de la t?te; on voyait remuer les ailes de son caillon blanc; elle croisa ensuite les mains sur la table et ses larmes coul?rent. Les deux petits se mirent ? crier et se r?fugi?rent dans son giron. Cornebille ne disait rien et coupait son pain en petits cubes r?guliers qu'il piquait de la pointe de son couteau et s'introduisait coup sur coup dans la bouche jusqu'? ce qu'elle f?t pleine; puis il m?cha cela lentement, sans changer de figure, et enfin dit qu'il avait bien entendu et que cela suffisait.
Le chevalier s'en alla content, car les enfants sont rarement pitoyables. Il ne pensait qu'au plaisir de Ninon. Il vint la retrouver et lui annon?a le bon r?sultat de sa mission, sans lui fournir de d?tails, tant il ?tait ?mu. Ninon n'envisagea que sa volont? accomplie et la possibilit? de descendre d?sormais dans le parc sans avoir ? rougir. Elle se pencha sur le front du jeune gar?on et le baisa, bien loin de se douter que par ce seul geste elle fixait une destin?e. Et tout continua ? aller au ch?teau comme devant.
Ne croyez pas un instant qu'il s'agisse de vous ?difier en vous montrant les vices des grands et la mis?re des petits: un tel proc?d? est ? cent lieues de mes intentions; je vous assure que c'est mon histoire qui va comme cela, et il n'y a rien de plus.
Vous avez remarqu?, ou bien vous le ferez plus tard, que toutes les personnes qui ?taient venues chez le marquis et la marquise de Chamarante pour l'?rection de la statue, y sont encore. Cela n'a rien d'extraordinaire, car, invit? ? la campagne, on y reste tant que les ma?tres de maison ne vous font pas comprendre qu'ils d?sirent ardemment votre d?part; consid?rez aussi qu'un couple qui n'a pas d'enfants a toutes les peines du monde ? demeurer seul. Une intrigue est en train de se nouer, pendant que nous parlons, entre Mme de Ch?teaubedeau et M. de la Vall?e-Chourie; les deux belles-soeurs ne se quittent pas, et M. de la Vall?e-Malitourne fleur?te avec tout le monde, sans jamais pousser plus avant, ce qui explique sa perp?tuelle ardeur. Quant ? Mme de Matefelon, son but est que le jeune chevalier, son petit-neveu, prenne l'usage du monde; elle ne s'absente gu?re de Fontevrault que pour aller surveiller ses vignobles. Il n'y a donc que le baron de Chemill? qui vienne l? par intermittence; mais c'est un vieil homme ind?pendant, maniaque, et qui s'accoutumerait mal aux moeurs d'une maison ?trang?re. Je pense que nous aurons l'occasion de le voir chez lui, avec ses deux jolies soubrettes, ses oeuvres d'art, ses livres et ses rosiers; ce n'est pas loin, il habite ? c?t?. Il est de ces gens agr?ables ? voir en passant, mais dont la compagnie prolong?e fatigue, ? cause d'un go?t excessif ? moraliser.
Vais-je arriver maintenant ? la naissance de la petite fille attendue? Je voulais la pr?senter tout de suite! Vous voyez combien peu un conteur fait ? sa guise. Et il faut encore, auparavant, que je vous parle du petit Ch?teaubedeau.
C'?tait le compagnon de jeux de Dieutegard; mais autant le chevalier demeurait timide, tendre et doux, autant Ch?teaubedeau ?tait hardi et pr?coce. Ch?teaubedeau, ? cent coud?es, lan?ait une pierre de la grosseur du poing au milieu d'une vitre de l'orangerie; il pr?tendait passer ses nuits dans le lit des servantes et se vantait d'avoir vu, de ses yeux, la marquise de Chamarante toute nue.
Encore une image que j'eusse pr?f?r? ?viter, d'autant plus qu'elle se r?p?te. La marquise de Chamarante toute nue! Voil? ce pauvre Cornebille qui a go?t? la surprise de cette image et l'a pay?e cher; voil? un gamin qui se flatte d'en avoir eu l'aubaine. Tous ne pensent donc qu'? cela! La v?rit? m'oblige ? dire qu'il en est ainsi. Il y a des femmes exquises que jamais un homme sain n'imaginera d?pouill?es de leurs v?tements dont la gr?ce d?cente fait corps avec leur personne, et qu'il semblerait sacril?ge de soulever m?me jusqu'? la cheville. Celles-ci, je les aime trop pour en introduire seulement une dans un conte o? l'on badine un peu. Mais Ninon n'?tait pas de cette esp?ce-l?; elle ?tait de cette esp?ce que tout homme sain d?shabille ? premi?re vue; il faut dire la chose sans p?riphrase, parce que cela se passe comme cela et que je d?fie le plus puritain de faire autrement. Malheur ? qui aime une de ces femmes-l? par le coeur!
Le chevalier disait ? son ami que la seule id?e de coucher contre une femme nue lui rompait les jambes, et il avait peur de n'oser jamais, quoiqu'il en e?t un grand d?sir. Quant au fait de voir Ninon dans l'?tat o? Ch?teaubedeau l'avait vue, si la fortune le favorisait d'un tel spectacle, il en perdrait certainement l'usage de ses sens. Il avouait qu'il la voyait fr?quemment dans ses songes, et qu'au seul aspect de cette fallacieuse image, il sentait son sang s'?couler hors de lui. Ch?teaubedeau haussait les ?paules; il parlait des femmes en prodiguant des d?tails et pronon?ant des mots qui faisaient fr?mir son ami. Ce que Dieutegard ne comprenait pas, c'est que les relations d'homme ? femme prissent dans la bouche de tout le monde l'aspect de polissonneries joviales, ? tel point que, lorsqu'on entend quelqu'un pouffer de rire, on puisse affirmer, les trois quarts du temps, qu'il s'agit d'un sujet d'amour.
Lorsque Ch?teaubedeau rencontrait la femme de chambre Th?r?se, il la pin?ait par derri?re ou la tripotait ferme sous les aisselles, et elle et lui riaient de tout leur coeur. Parfois Th?r?se se retournait et lui donnait le nom d'un animal r?pugnant et Ch?teaubedeau disait: Alors, Dieutegard sentait quelque chose comme une vague am?re qui lui frappait la poitrine et lui obstruait la bouche, le nez, les yeux, et il en demeurait tout d?fait, longtemps, sans savoir pourquoi.
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