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Words: 43724 in 12 pages

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it promis de l'offrir ? la Nation d?s qu'elle le pourrait. L'?preuve ?tait redoutable pour notre compatriote et notre contemporain. Vous pourrez voir l'excellente tenue que garde ce morceau vibrant au milieu des chefs-d'oeuvre qui l'entourent et avec qui, sans plus attendre, on l'a d?cr?t? pr?t ? voisiner.

Une autre fois, Mrs. Edwards for?a son ami ? entreprendre le portrait d'une jeune fille, miss B... Apr?s beaucoup de r?sistance il consentit ? recevoir chez lui cette ?trang?re, dont la vivacit? et les libres allures boulevers?rent le n? 8 de la rue des Beaux-Arts. Rev?tue d'une longue blouse de travail jaune, d'une cotonnade ? menus dessins, ton sur ton, Fantin l'assit de profil, devant l'in?vitable fond gris, regardant des fleurs de crocus jaunes dans un verre, qu'elle s'appr?te ? copier ? l'aquarelle. Et ce fut encore l? une grande r?ussite, quoique le ma?tre se fut mis ? la t?che furieux et contraint. De quelle pr?cieuse galerie il nous a priv?s, dont il e?t rassembl? les ?l?ments en se r?pandant un peu au dehors, puisqu'il ne voyait plus ? Paris les types chers ? sa jeunesse.

Rappelons encore ce beau tableau, un peu froid, mais si intense: mademoiselle Kallimaki Catargi et mademoiselle Riesner, ?tudiant la t?te en pl?tre d'un des esclaves de Michel-Ange, et un rhododendron aux sombres feuilles.

Nous sommes reconnaissants ? ces dames et ? tous ceux qui ont appr?t? pour Fantin un motif un peu piquant mais appropri?; ? ces dont l'apparition rafra?chit la vision du solitaire. Il est presque regrettable que Fantin n'ait pris part aux ?v?nements de cette Commune o? se laiss?rent enr?ler d'enthousiasme, maints g?n?reux et na?fs artistes, ses amis. L'exil et la lutte l'auraient galvanis? et peut-?tre sa pu?rile timidit? eut ?t? vaincue. En tout cas, il aurait rencontr?, soit en Angleterre ou en Allemagne, des visages accentu?s, des ?tres lents, simples et ennemis de la mode, il aurait p?n?tr? dans des silencieux et inquiets, pour lesquels il avait un go?t si marqu?; mais il se maria et fut plus que jamais ancr? aux rives de la Seine.

Ce bourgeois, casanier avec ent?tement, se plaignait de toutes les choses de chez nous: elles choquaient son esprit. Ses sympathies de vieux romantique pour l'Allemagne, allaient s'accro?tre dans une famille fran?aise, mais germanique de tendances et d'?ducation, o? deux femmes sup?rieures et cultiv?es, favorisaient par des lectures continuelles, de la musique, et des discussions, certains penchants de Fantin. Ce n'?tait plus l'int?rieur du p?re et des soeurs--les ? qui nous donnons le premier rang dans son oeuvre d'avant 1870 et dans toute son oeuvre,--mais une sorte de petite Gen?ve ? l'entr?e du Quartier Latin, un oratoire protestant, sectaire, jalousement clos o? l'activit? c?r?brale et les passions ? la fois artistiques et politiques allaient s'exasp?rer.--Nous allons voir comment, verrouill? chez lui, Fantin transporta dans sa peinture, de vives impressions litt?raires et musicales et, de plus en plus m?thodique et dur, quant ? la forme, nous confia les secrets de son coeur, d'abord en de savoureuses esquisses, puis en des tableaux plus conventionnels, qui occup?rent la fin de sa vie, pour la joie future des marchands de la rue Laffite, si non pour la n?tre.

Fantin rendit l'aspect, le teint de ses amis, sinon toute l'individualit? de leur structure, et il les baigna dans une atmosph?re d?licate. Il devait ?tre nerveux en leur pr?sence et, ne pouvant ou ne voulant jamais un morceau, tenant surtout ? la fra?cheur de la p?te, il n'analysait pas toujours assez les t?tes, dans sa h?te de peindre ou sa terreur de fatiguer l'ami qui pose. On dirait qu'il ne conversait pas avec celui-ci: or, des s?ances de portrait ne sont fructueuses que si un rapport intime s'?tablit entre le portraitiste et la personne portraitur?e.--Vous verrez, quelque jour, dans une exposition g?n?rale qui sera une r?v?lation, des toiles anciennes de M. Bonnat: sortes d'instantan?s, pour la d?formation cocasse du dessin, victoires de cet observateur parfois cruel, outrancier, dont la mati?re, souvent pareille ? celle de Ricard, s'?maille, ? la longue. Or c'est un dessin original qui manque aux groupes de Fantin.

Fantin occupa, pendant les vingt derni?res ann?es de sa vie, une position tr?s sp?ciale, respect? par les deux camps extr?mes dont il se tenait ? distance, comme ? mi-c?te, en plein succ?s. Pourquoi les critiques les plus avanc?s le class?rent-ils parmi les impressionnistes et les r?volutionnaires? Respect? de tous, isol?, entre l'Institut et les Ind?pendants, il fut d?fendu par les petites revues et les journaux, par tous ceux qui jugent et ?crivent, comme s'il ?tait attaqu?--ce qu'il n'e?t pas ?t? s?ant de faire. N'exer?ant aucune influence,--car son difficile m?tier est de ceux qu'on ne s'essaye pas ? imiter,--refusant de faire partie d'aucun jury, seul, toujours seul, si j'omets quelques amis, il inspirait le respect ? ceux-l? m?me qui n'avaient pour lui qu'un go?t m?diocre. Il fut ? la mode et toujours cit? ? c?t? des novateurs. Pourquoi? nous nous le sommes souvent demand?.

Il inspirait de la sympathie ? toute une classe de Fran?ais par la modestie, sinon par la pauvret? de sa mise en sc?ne. En le d?fendant, on protestait tr?s justement contre les portraitistes mondains. Pour beaucoup d'amateurs un peu na?fs, le seul fait de repr?senter une ?l?gante en ses atours et de peindre une mondaine, constitue une sorte d'inf?riorit? morale, qui ne va pas sans entra?ner les d?fauts du peintre ? gros succ?s, aimable et superficiel. Les critiques d'avant-garde devaient se servir de Fantin comme d'un drapeau. La manie de la politique et de la sociologie, l'amour des humbles--r?action dont il faut sourire, comme de tous les snobismes de la mode--exaltait la simplicit?, m?me la laideur, au d?triment du . Cela ?tait in?vitable, apr?s les exc?s d'adresse et de coquetterie, dont l'?cole fran?aise se rendit coupable au lendemain de 1870, ? l'heure de ses succ?s scandaleux. M. Valloton jouit aujourd'hui du m?me privil?ge.

Pour un publiciste candide, l'autorit? de Fantin, le de ses toiles froidement nues, sa s?cheresse m?me, devaient signifier grandeur, profondeur, solidit?. Plus ses fonds ?taient tristes, ses personnages guind?s et model?s menu , plus on admirait sa mani?re et son go?t. C'est ? des raisons morales, ? l'attitude, pour tout dire, d'un certain public, que Fantin dut des faveurs exceptionnelles. Ses incomparables natures mortes, ses fleurs, n'?taient pas encore connues ? Paris; ses fantaisies mythologiques plaisaient peu, avant que la sp?culation ne les lan??t sur le march?, comme une .

Et les ?pouses de ces hommes sans fantaisie? Excellentes m?res de famille, instruites et hautement respectables, nous les v?n?rons, m?me dans leurs erreurs g?n?reuses et leurs petits ridicules, mais leur m?pris des futilit?s de la parure offre un mince r?gal au coloriste. Parvenus aux honneurs officiels, ils seraient tenus, hommes et femmes, de passer par l'atelier de M. Bonnat; mais, simples particuliers, ils voudront que Fantin soit leur peintre.

Fantin redouta peut-?tre des conversations dont son esprit paradoxal se f?t irrit?, que son ironie et sa causticit? eussent interrompues. Il e?t t?t pris le contre-pied d'opinions ?mises par sa client?le d'admirateurs. Ce solitaire d?daigneux les e?t bien vite d?concert?s par de subites boutades et un tour d'esprit le plus original. Fantin ?tait un bourgeois, mais point de ceux-l?!

Il vivait deux vies mentales, ? la fois; la peinture maintenait en ?quilibre les deux sph?res, d'apparence si ?trang?res l'une ? l'autre, dans lesquelles sa pens?e se plaisait. Les philosophes, les po?tes, les musiciens enrichissaient de leur incessant commerce son cerveau, aussi actif que son corps ?tait lent. Dans son fauteuil d'acajou, assis comme un notaire de province, pr?s de l'abat-jour vert d'une lampe Carcel, il poursuivait un r?ve somptueux que ses compositions, d'inspiration po?tique ou musicale, font deviner, mais ne traduisent qu'imparfaitement. Jamais il ne donna une forme digne de lui--par le pinceau ou le crayon lithographique--aux visions qui l'assaillaient pendant les lectures ? haute voix, des soir?es de t?te-?-t?te, o? son imagination s'exaltait, s'enflammait comme ? l'audition d'un op?ra ou d'une symphonie. Mais la pens?e vagabonde revenait toujours aux formes et aux objets familiers: po?te, il ?tait avant tout un peintre r?aliste. Tous les ?l?ments combin?s dans ses tableaux de fantaisie, il serait ais? de les trouver ? port?e de sa main, autour de lui. Ses paysages mod?r?s, les colonnades de ses temples, ses draperies, tout cela n'est-il pas tir? de ces innombrables cartons d'estampes, chaque jour feuillet?es, ?tudi?es amoureusement, copi?es m?me? Son type f?minin, beaut? un peu corr?gienne, blonde, grasse, au visage d'un ovale plein, il l'a vu, vivant aupr?s de lui; ce sourire, cette bouche, nous les retrouvons dans tels de ses groupes de famille, chez certaine dame ? p?lerine, qui boutonne son gant de chevreau glac? . Ce type est celui de ces chastes beaut?s que Fantin, sensuel et r?serv?, fit courir au clair de lune dans les fourr?s mythologiques. Il n'osait regarder que ses proches, parmi les vivants, et, s'il r?vait de parcs et de bois, c'?tait de ceux qu'il pr?f?rait: les fonds des tableaux de ma?tres...


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