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Words: 64098 in 21 pages
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: All for Love; or Her Heart's Sacrifice by Miller Alex McVeigh Mrs - Fiction; Dime novels; Romance fiction
ANATOLE FRANCE
DE L'ACAD?MIE FRAN?AISE
LA VIE LITT?RAIRE
TROISI?ME S?RIE
PARIS CALMANN-L?VY, ?DITEURS 3, RUE AUBER, 3
PR?FACE
M. Ferdinand Bruneti?re, que j'aime beaucoup, me fait une grande querelle. Il me reproche de m?conna?tre les lois m?mes de la critique, de n'avoir pas de crit?rium pour juger les choses de l'esprit, de flotter, au gr? de mes instincts, parmi les contradictions, de ne pas sortir de moi-m?me, d'?tre enferm? dans ma subjectivit? comme dans une prison obscure. Loin de me plaindre d'?tre ainsi attaqu?, je me r?jouis de cette dispute honorable o? tout me flatte: le m?rite de mon adversaire, la s?v?rit? d'une censure qui cache beaucoup d'indulgence, la grandeur des int?r?ts qui sont mis en cause, car il n'y va pas moins, selon M. Bruneti?re, que de l'avenir intellectuel de notre pays, et enfin le choix de mes complices, M. Jules Lema?tre et M. Paul Desjardins ?tant d?nonc?s avec moi comme coupables de critique subjective et personnelle, et comme corrupteurs de la jeunesse. J'ai un go?t ancien et toujours nouveau pour l'esprit de M. Jules Lema?tre, pour son intelligence agile, sa po?sie ail?e et sa clart? charmante. M. Paul Desjardins m'int?resse par les belles lueurs tremblantes de sa sensibilit?. Si j'?tais le moins du monde habile, je me garderais bien de s?parer ma cause de la leur. Mais la v?rit? me force ? d?clarer que je ne vois pas en quoi mes crimes sont leur crime et mes iniquit?s leur iniquit?. M. Lema?tre se d?double avec une facilit? merveilleuse; il voit le pour et le contre, il se place successivement aux points de vue les plus oppos?s; il a tour ? tour les raffinements d'un esprit ing?nieux et la bonne volont? d'un coeur simple. Il dialogue avec lui-m?me et fait parler l'un apr?s l'autre les personnages les plus divers. Il a beaucoup exerc? la facult? de comprendre. Il est humaniste et moderne. Il respecte les traditions et il aime les nouveaut?s. Il a l'esprit libre avec le go?t des croyances. Sa critique, indulgente jusque dans l'ironie, est, ? la bien prendre, assez objective. Et si, quand il a tout dit, il ajoute: n'est-ce pas gentillesse philosophique? Je ne d?m?le pas bien dans sa mani?re ce qui m?contente M. Bruneti?re, sinon, peut-?tre, une certaine gaiet? inqui?tante de jeune faune.
Il est donc plus juste que je me d?fende tout seul. J'essayerai de le faire, mais non pas sans avoir d'abord rendu hommage ? la vaillance de mon adversaire. M. Bruneti?re est un critique guerrier d'une intr?pidit? rare. Il est, en pol?mique, de l'?cole de Napol?on et des grands capitaines qui savent qu'on ne se d?fend victorieusement qu'en prenant l'offensive et que, se laisser attaquer, c'est ?tre d?j? ? demi vaincu. Et il est venu m'attaquer dans mon petit bois, au bord de mon onde pure. C'est un rude assaillant. Il y va de l'ongle et des dents, sans compter les feintes et les ruses. J'entends par l? qu'en pol?mique il a diverses m?thodes et qu'il ne d?daigne point l'intuitive, quand la d?ductive ne suffit pas. Je ne troublais point son eau. Mais il est contrariant et m?me un peu querelleur. C'est le d?faut des braves. Je l'aime beaucoup ainsi. N'est-ce point Nicolas, son ma?tre et le mien, qui a dit:
Achille d?plairait moins bouillant et moins prompt.
Par quel sort cruel devais-je aimer et admirer un critique qui correspond si peu ? mes sentiments! Pour M. Ferdinand Bruneti?re, il y a simplement deux sortes de critiques, la subjective, qui est mauvaise et l'objective, qui est bonne. Selon lui, M. Jules Lema?tre, M. Paul Desjardins, et moi-m?me, nous sommes atteints de subjectivit?, et c'est le pire des maux; car, de la subjectivit?, on tombe dans l'illusion, dans la sensualit? et dans la concupiscence, et l'on juge les oeuvres humaines par le plaisir qu'on en re?oit, ce qui est abominable. Car il ne faut pas se plaire ? quelque ouvrage d'esprit avant de savoir si l'on a raison de s'y plaire; car, l'homme ?tant un animal raisonnable, il faut d'abord qu'il raisonne; car il est n?cessaire d'avoir raison et il n'est pas n?cessaire de trouver de l'agr?ment; car le propre de l'homme est de chercher ? s'instruire par le moyen de la dialectique, lequel est infaillible; car on doit toujours mettre une v?rit? au bout d'un raisonnement, comme un noeud au bout d'une natte; car, sans cela, le raisonnement ne tiendrait pas, et il faut qu'il tienne; car on attache ensuite plusieurs raisonnements ensemble de mani?re ? former un syst?me indestructible, qui dure une dizaine d'ann?es. Et c'est pourquoi la critique objective est la seule bonne.
Il n'y a pas plus de critique objective qu'il n'y a d'art objectif, et tous ceux qui se flattent de mettre autre chose qu'eux-m?mes dans leur oeuvre sont dupes de la plus fallacieuse philosophie. La v?rit? est qu'on ne sort jamais de soi-m?me. C'est une de nos grandes mis?res. Que ne donnerions-nous pas pour voir, pendant une minute, le ciel et la terre avec l'oeil ? facettes d'une mouche, ou pour comprendre la nature avec le cerveau rude et simple d'un orang-outang? Mais cela nous est bien d?fendu. Nous sommes enferm?s dans notre personne comme dans une prison perp?tuelle. Ce que nous avons de mieux ? faire, ce semble, c'est de reconna?tre de bonne gr?ce cette affreuse condition et d'avouer que nous parlons de nous-m?mes chaque fois que nous n'avons pas la force de nous taire.
M. Bruneti?re, apr?s avoir cit? ces lignes, remarque tout de suite . Je pourrais peut-?tre lui r?pondre qu'il n'y a aucune contradiction, comme aucune nouveaut? ? dire que nous sommes condamn?s ? ne conna?tre les choses que par l'impression qu'elles font sur nous. C'est une v?rit? que l'observation peut ?tablir, et si frappante que tout le monde en est touch?. C'est un lieu commun de philosophie naturelle. Il n'y faut pas faire trop d'attention, et surtout il n'y faut pas voir de pyrrhonisme doctrinal. J'ai regard?, je l'avoue, plus d'une fois du c?t? du scepticisme absolu. Mais je n'y suis jamais entr?; j'ai eu peur de poser le pied sur cette base qui engloutit tout ce qu'on y met. J'ai eu peur de ces deux mots, d'une st?rilit? formidable: . Leur force est telle que la bouche qui les a une fois convenablement prononc?s est scell?e ? jamais et ne peut plus s'ouvrir. Si l'on doute, il faut se taire; car, quelque discours qu'on puisse tenir, parler, c'est affirmer. Et puisque je n'avais pas le courage du silence et du renoncement, j'ai voulu croire, j'ai cru. J'ai cru du moins ? la relativit? des choses et ? la succession des ph?nom?nes.
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