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Words: 33193 in 9 pages

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L'ILLUSTRATION,

No 0009, SAMEDI 29 AVRIL 1843

Ab. pour Paris.--3 mois, 8 fr.--6 mois, 16 fr.--Un an, 30 fr Prix de chaque N?, 75 c.--La collection mensuelle br. 2 fr. 75.

Ab. pour les Dep.--3 mois, 9 fr.--6 mois, 17 fr--Un an, 32 fr. pour l'?tranger -- 10 -- 20 -- 40

SOMMAIRE.

Courrier de Paris.

MONROSE.--MADAME DAMOREAU.--LES BOUTIQUES ET LES COMTESSES.--M. LE PRINCE DE MOSKOWA.--LE LILAS ET LA PIERRE DE TAILLE.--LA POLITIQUE ET LES CASSEROLES.--M. ALEXANDRE DUMAS.--LES DEMOISELLES DE SAINT-CYR.--LES POETES AU D?SESPOIR.--UN MOT DE BOILEAU.--LE CHAMP-DE-MARS A LOUER.

La semaine a commenc? tristement, avec la nouvelle de la mort de Monrose. Comment ne pas s'occuper d'abord de ce tr?pas subit qui nous enl?ve un de nos plus adorables et de nos plus spirituels com?diens? L'autre jour, un millionnaire expirait dans son luxe et dans sa magnifique oisivet?. Qui s'en est inqui?t?? Quels regrets cette mort splendide a-t-elle excit?s dans la ville? On a dit: Il vivait, il est mort, et un instant apr?s, except? les h?ritier>>, personne n'y songeait plus. Monrose meurt, il meurt pauvre, et voil? que partout on s'en afflige. Ainsi la foule a d'admirables moments de discernement et de justice; elle est ingrate parfois, et les philosophes n'ont pas manqu? de l'en accuser. Mais entre deux tombes, il est rare qu'elle se trompe et ne se contente pas de donner un regard de curiosit? au mort fastueux, pour aller accompagner de ses adieux le mort utile. C'est ainsi que Monrose a recueilli la part des souvenirs et des regrets, dans cette rencontre fun?bre. Avec le riche s'est ?teint le bruit de ses f?tes retentissantes: sur la tombe de Monrose, survit la m?moire de ses services, de son talent et de l'honn?te plaisir qu'il a donn?. Et qui pourrait nier que la vie d'un com?dien comme Monrose ne soit aussi regrettable qu'elle a ?t? agr?able et utile aux autres? N'est-ce donc rien d'avoir attir? la foule, pendant plus de trente ans, aux jeux po?tiques de la fantaisie et de l'esprit, pour lui offrir anim?s et vivants, par une sorte de merveilleuse incarnation, tous les types sortis du cerveau de nos meilleurs auteurs comiques? L'acteur qui s'associe avec ce bonheur, cette v?rit? et cette puissance aux cr?ations de l'esprit et du g?nie, n'honore-t-il pas, ? son tour, son pays et son ?poque? N'a-t-il point sa place marqu?e ? la droite des hommes illustres dont il a ?t? le traducteur habile et le v?ridique interpr?te?

La com?die avait tout pr?par? pour que Monrose ne p?t lui ?chapper. Fils de com?dien, n? en pleine com?die, il fut pour ainsi dire ondoy? dans la coulisse. Vers 1785, ? Besan?on, naquit Monrose. Autour de son berceau, tout jouait la com?die: p?re, m?re, tantes, fr?res et soeurs. On peut dire que Monrose su?a, au biberon, des fragments de Moli?re, de Regnard, de Marivaux et de Beaumarchais. Enfant, il avait d?j? des airs ?veill?s de Frontin, de Figaro, de Labranche et de Mascarille. Devenu jeune homme, il ne d?g?n?ra point de ses p?res; Monrose lit ses premi?res armes en province, comme Moli?re peut-?tre, entre quatre chandelles sur quelques planches mal closes. Puis, il vint ? Paris; ce fut un grand jour pour notre artiste que le jour o? il monta, Figaro imberbe, sur le th??tre des jeunes ?l?ves, arm? de la guitare et coiff? de la r?sille. On l'applaudit; car il ?tait difficile ? cet oeil intelligent, ? cette vive et mobile physionomie, ? toute cette verve et ? tout cet esprit, de ne pas r?ussir d?s son premier mot. De l?, Monrose passa au th??tre Montansier; par Thalie! c'?tait faire un pas de g?ant. Il y rencontra Brunet et Tiercelin; Potier ne devait pas tarder ? compl?ter le triumvirat. Monrose, tout Figaro qu'il ?tait, eut peur de ces grands noms et de ces grandes renomm?es; dans un acc?s de modestie, il alla chercher des rivaux moins en cr?dit; et ainsi Monrose ?chappa au vaudeville. Moli?re s'en r?jouit et l'adopta d?finitivement.

Monrose fit rire Bordeaux, ?gaya Nantes, amusa l'Italie, ? la suite de mademoiselle Rancourt qui avait l'emploi de l'?pouvanter; quand la sombre Cl?op?tre ou l'implacable Athalie avait donn? le frisson ? Naples et ? Milan, Monrose arrivait, et le sourire et la gaiet? avec lui. L'invasion de 1814 for?a Monrose de rentrer en France, comme s'il e?t ?t? un corps d'arm?e ou un capitaine. Les succ?s qu'il obtint sur le grand th??tre de Lyon ?murent la Com?die-Fran?aise, qui l'appela enfin et lui dit: Sois mon Figaro!

Depuis ce moment, Monrose s'?tait donn? corps et ?me ? l'?tude de son art, au culte des ma?tres de la sc?ne, ? la prosp?rit? du th??tre, aux plaisirs du public, pr?tant aux po?tes anciens et nouveaux le feu de son regard, l'accent vibrant de sa parole, la vivacit? et l'ardeur de son talent incisif. Et partout, en tout temps, avec tout le monde, soit qu'il e?t affaire ? Moli?re ou ? Regnard, ? Dancourt, ? Beaumarchais, ? Boissy, ? Destouches, ? Marivaux, ? Le Sage; soit que Picard, Alexandre Duval, ou M. Scribe, l'appelassent ? leur aide, il leur pr?tait ? tous avec prodigalit?, vieux ou jeunes, hommes de g?nie ou hommes d'esprit, les tr?sors de verve comique dont il ?tait dou?: un organe sonore, mordant et souple, un geste prompt, net, expressif, ?tincelant, un coup d'oeil plein de hardiesse, d'intelligence et de feu, la singuli?re mobilit? d'un masque enjou? et provoquant, la charmante l?g?ret? du jarret et de l'allure, la promptitude du trait et de la r?partie aiguis?e au fil de la parole, et tous ces jets ?blouissants, toutes ces fantaisies audacieuses qui caract?risent le Frontin, le Mascarille et le Figaro; art charmant, qui faisait de Monrose le com?dien le plus piquant, le plus spirituel, le plus d?li?, le plus hardi, le plus entra?nant, et aujourd'hui le plus regrettable.

Maintenant, cette gaiet? est ?teinte et ensevelie. Mais le public sait-il assez tout ce que co?te ? l'acteur le rire qu'il excite et le plaisir qu'il donne? A la fin de sa vie, Monrose ?tait tomb? dans une sombre m?lancolie; il est mort inquiet et profond?ment triste. O public! amuse-toi et ris ? gorge d?ploy?e!--Le cort?ge fun?bre ?tait nombreux: les lettres et le th??tre s'y montraient en deuil. M. Samson a prononc? sur la tombe des paroles touchantes; et qui pouvait mieux parler de Monrose que l'homme dont le talent survivant adoucit sa perte? A ce titre M. R?gnier, de la Com?die-Fran?aise, aurait pu louer Monrose ? cot? de M. Samson.--Ainsi, tout est dit, en ce monde, pour ce charmant com?dien, qui fut en m?me temps un homme de talent et un honn?te homme. Mais quelle voix d?licate et souple chante m?lodieusement du c?t? de l'Op?ra? Cette voix a une douceur et un charme auxquels nous ne sommes plus accoutum?s; elle arrive et chatouille notre oreille meurtrie par les efforts violents et les oeuvres assourdissantes. Qu'est-ce donc? un gosier de fauvette ou madame Damoreau? C'est madame Damoreau! Vraiment, nos seigneurs et ma?tres les th??tres lyriques sont de singuliers sultans: ils avaient l?, en leur pouvoir, cette voix exquise et suave, cette m?lodie qui s'appelle madame Cinti-Damoreau, et les maladroits l'ont laiss?e partir et s'envoler de royaume en royaume, jusqu'au fond de la Russie, comme un ?cho charmant qui s'?teint en s'?loignant, et qu'on ?coute encore. L'?cho est revenu, la f?e m?lodieuse vient de repara?tre au milieu de son cort?ge de notes gracieuses et caressantes, mais de repara?tre un soir seulement, pour recueillir la moisson dor?e et parfum?e d'une repr?sentation ? b?n?fice. N'aurez-vous pas, cette fois, le bon esprit de la garder et de la retenir? et faudra-t-il qu'elle aille encore attendrir les rochers de quelque Norv?ge-, adoucir et civiliser les ours du Volga ou du Don, ou faire marcher les murailles de Novogorod?


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